► au risque de s'y plaire.

Au risque de s'y plaire, au moment de s'y croire, sonnez les courants d'air, faites donner l'exutoire. Les paroles de « comme elle vient » de Noir Désir résonnent à fond les ballons à travers les murs peu épais de ma chambre d'adolescent. J'pense sérieusement à m'en aller de chez mes parents, d'ailleurs, j'en ai parlé avec eux, ils sont d'accord, j'vais m'trouver un p'tit appartement en colocation, histoire de voir ce que j'vaux lorsque je n'ai pas papa et maman pour m'aider. À dix-huit ans, il est temps de voler d'ses propres ailes, vous n'croyez pas ? J'pose mon regard sur ma table de bureau et j'y constate avec satisfaction l'invitation pour une soirée au Baron, ce fameux bar-discothèque du huitième, archi-privé, où t'es obligé de faire des pieds et des mains pour pouvoir avoir la chance d'entrer. Combien d'fois j'avais vu des gens s'y faire refouler ? J'y avais mis les pieds deux fois en tout, deux fois en toute mon existence dans la capitale, deux fois en dix-huit ans. Et ce soir était une soirée tout à fait spéciale, puisque le lieu avait aménagé un casino dans ses bâtiments, et nous étions conviés à l'ouverture. Bien sûr, on m'avait offert les places parce que j'avais des relations qui savaient frauder comme des professionnels ; et sur le petit bout de papier cartonné, on pouvait lire : « Inauguration du Casino, Le Baron. Invitation valable pour deux personnes. ». je n'avais pas eu besoin de réfléchir bien longtemps pour savoir que j'allais y emmener ma chère et tendre cousine, Yaëlle. Puis j'avais bien envie d'une soirée sympathique avec elle, c'était pas tous les jours qu'on avait l'occasion d'passer du temps que tous les deux.

Je débarque devant chez elle, il est vingt-et-une heure trente cinq. J'ai cinq minutes de retard, ce qui est un record quand on voit la vitesse avec laquelle mon chauffeur a pu traverser le boulevard. On se serait cru aux heures de pointe ! J'passe chercher la jeune femme et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, nous voilà partis dans les ruelles de la capitale, direction le huitième arrondissement. Il fait bon dans l'Audi R8 noire qui nous conduit et qui ronronne à chaque coup d'accélérateur. Quelle classe cette voiture ! J'jette un coup d'oeil à ma cousine, assise silencieuse à côté de moi. « on t'a déjà dit que t'étais belle ? J'suis étonné que mon oncle t'ait laissé sortir habillée comme ça. », soufflais-je, malicieux.

On arrive devant le bar-discothèque, y'a déjà une file d'attente pas possible. Il est vingt-deux heures quinze et la soirée commence dans cinq minutes. On va s'placer derrière tout le monde et on attend notre tour, sagement. Jettant un coup d'oeil au reste des personnes présentes, je ne peux réprimander une petite remarque, passant mon bras autour d'la taille de ma cousine. « j'te lâche pas c'soir, ils te regardent déjà tous comme des vautours. », ironisais-je. C'était assez marrant d'ailleurs, cette sorte de jalousie possessive que j'pouvais ressentir à l'égard de ma cousine. Ma famille, presque mon sang à un degré inférieur. Nous aurions aussi bien pu être frère et sœur, tant nous étions proches ; j'me souviens bien avoir toujours voulu me marier avec elle, j'le répétais sans cesse quand j'étais tout gosse. Ça avait un petit côté malsain quand on y regarde de plus près, deux cousins proches comme nous l'étions et tout le monde nous pensait un couple. J'en riais, j'aimais m'en amuser et même pire, j'en jouais.

pas de réponses, j'archive.