Le week-end. Deux jours dans la semaine qui sont considérés comme sacrés et sont attendus, le reste de la semaine, comme certain(e)s croyant(e)s attendent les messies. Deux jours où on peut se permettre de sortir un petit peu de son quotidien et de faire des choses qu’on ne peut pas faire le reste de la semaine. Il peut s’agir de choses anodines comme faire des courses, le ménage ou du rangement, comme d’autres plus intéressantes comme sortir au cinéma ou bien au restaurant. En général, le week-end, on en profite pour faire tout ce qu’on n’a pas le temps de faire du lundi au vendredi. Puis, bien sûr, c’est l’occasion idéale pour se reposer et recharger ses batteries : c’est à ça qu’ils servent, en même temps, ces deux jours. Steve Walkers a la chance de pouvoir profiter de deux jours complets par semaine, grâce à son métier d’instituteur. Le week-end, il arrive à se montrer très productif. Il range son appartement, fait le ménage ainsi que les courses. Il se rend à des endroits comme la Banque, pour régler d’éventuelles petites choses anodines. Il en profite, aussi, pour préparer ses cours de la semaine qui arrivent, corriger des copies ou mettre au point certains projets. Steve arrive même à s’accorder certains plaisirs le week-end : par exemple le samedi soir, il se fait une soirée Wii ou bien encore une soirée Mcdo’. En plus, maintenant qu’il vit avec Nelson, il a encore plus d’occasions de passer de bons week-ends. Nous sommes, aujourd’hui, dimanche. Le jour du Seigneur. Comme il est de tradition, au fur et à mesure qu’avance l’automne, le dimanche est une journée pluvieuse. Steve avait prévu de se reposer, aujourd’hui. Nelson n’est pas là car il travaille (le pauvre travaille à Disney Land) et son colocataire a donc l’appartement pour lui tout seul. On ne peut pas dire que sa journée fut très productive, comparé à son samedi. Il s’est levé à presque 09h30, il a pris une douche, mis un peu d’ordre dans l’appartement et il fut rapidement l’heure de manger. Il se prépara son repas du Midi, tout en se regardant deux épisodes des Simpsons (bien qu’il les connait par cœur). Une fois la vaisselle terminée, il se lava les dents. Aux alentours de 14h00, quelqu’un sonna chez lui. Surpris, Steve alla ouvrir. En regardant dans le judas, il vit de qu’il s’agissait. Il se hâta alors d’ouvrir et ne put s’empêcher de dire : « Manech ! ». Il se retient par contre de lancer un « Mais qu’est-ce que tu fais là ? », ça risque d’être mal interprété. A la place, il préféra demander (tout en étant sûr de la réponse) : « Nous avions rendez-vous aujourd’hui ? » Steve ne se doutait pas que Manech avait envie de le surprendre, en lui rendant visite sans prévenir, pour le voir tout simplement.

► love on the beat.

Saint Augustin écrivait qu'on trouverait au Paradis un dimanche éternel, que la vie n'était juste qu'une longue attente jusqu'au week-end. Si cela s'avérait véritable, je voulais bien mourir tout de suite. J'avais passé la semaine à travailler au black pour une entreprise de maçonnerie, autant dire que mes journées m'avaient parues bien longues, mais je m'étais fait de l'argent et ça, ce n'est jamais refusable. J'avais parallèlement écoulé assez de poudre et de pilules en tous genres pour me permettre quelques petits plaisirs. Le problème, c'est que j'ai l'argent, j'en ai assez pour m'offrir un voyage si je le voulais, mais j'étais comme blasé de cette vie, je n'avais envie de rien. Je ne sais pas, c'est comme s'il me manquait quelque chose mais que je n'arrivais pas à savoir quoi. Je sens tous mes muscles qui se tendent sous mon t-shirt, mes mains tremblent comme des feuilles, prêtes à se détacher de leur branche, et je sens que je vais exploser si je ne sors pas de chez moi. Mon instinct me conduit dans le troisième arrondissement, je me balade au marché des enfants rouges, parce que c'est toujours un endroit intéressant à voir, puis je m'arrête prendre mon « repas » de midi au Chicha Café. J'aime bien cet endroit, des vapeurs de senteurs différentes planent avec délice dans l'ambiance tamisée du petit lieu. J'y oublie le temps et lorsque je repose les yeux sur mon téléphone, deux heures ont déjà passé. Je sors, m'allume une cigarette améliorée contenant cette substance agréable nommée hash, et repense à Steve, qui n'habite qu'à quelques pas. Et je me dis, après tout, pourquoi pas lui rendre une petite visite ? Nous n'avons jamais réellement eu le temps de nous retrouver tous les deux.

Je m'arrête au Starbuck du coin, achète deux de leurs meilleurs cafés, puis sonne à la porte de l'appartement du jeune enseignant. Je me sens déjà tout électrique, il fallait croire que même la chicha et le joint n'avaient pas réussi à me détendre. J'étais souvent ainsi en ce moment, n'arrivant jamais vraiment à m'apaiser, hélas. Alors je venais me changer un peu les idées. La porte s'ouvrit rapidement, je n'eus pas l'impression d'attendre. « Manech ! Nous avions rendez-vous aujourd'hui ? », demanda-t-il. Je ne pus réprimander un léger sourire avant de répondre moi-même. « Un rendez-vous ? Non, ça c'est pour les amants qui ont besoin de se voir en cachette et de planifier la prochaine fois qu'ils devront se retrouver entre deux nuits chez leurs conjoints. Je ne donne jamais de rendez-vous. », soufflais-je, un air malin scotché au visage. « En fait, j'ai acheté du café. T'es tout seul ? », demandais-je en mettant en évidence les-dits cafés comme s'il ne les avait pas encore vus. Mon regard détailla le jeune homme sans que je ne m'en rende compte, j'étais en train de -littéralement- le reluquer. Terrible réflexe, qu'il fallait d'ailleurs que je perde. Je ne me rendais pas compte non plus que, des fois, je parlais beaucoup, et je pouvais également me montrer très franc, très direct. C'était une qualité que certains appréciaient, d'autres moins.

Quand Steve vit qui venait de sonner chez lui, il fut tout d’abord surpris. Il ne s’attendait pas à recevoir une visite, par un dimanche pluvieux. Dans sa tête, il s’était imaginé passer le reste de sa journée seul, attendre éventuellement le retour de Nelson et se faire un diner tranquille en sa compagnie. Ou, au pire, si jamais son colocataire avait autre chose de prévu, passer une journée et une soirée en solitaire ne faisait jamais peur à Steve. Au contraire même, il préfère : malgré tout, c’est quelqu’un de très solitaire, qui aime bien rester tranquille et ne pas devoir dépendre des autres. Donc, tout ceci explique la surprise du jeune homme. Une surprise qui devient très vite agréable, vu la personne qui lui rendait visite. Manech Lyod-Hampton. Un beau brun rencontré, pendant les vacances, lors d’une soirée organisé par des amis en commun. Un beau brun qui avait de suite attiré Steve, de part son côté très masculin et qui, aussi surprenant que ça puisse paraitre, avait l’air très intéressé par le jeune enseignant. « Un rendez-vous ? Non, ça c'est pour les amants qui ont besoin de se voir en cachette et de planifier la prochaine fois qu'ils devront se retrouver entre deux nuits chez leurs conjoints. Je ne donne jamais de rendez-vous. » Steve se retient de lever les yeux au ciel. Il avait employé le mot « rendez-vous », comme s’il avait parlé de la pluie qui tombe dehors ou bien encore s’il avait fait son lit ou pas ce matin. C’est-à-dire que c’est quelque chose, un mot, normal pour lui. Il a fini par l’employer souvent, par rapport à son métier, aux rendez-vous pour les réunions, les sorties etc. « Façon de parler ! » se contenta de dire Steve. Il sourit un peu et s’appuya contre la porte, tandis que Manech tandis les bras et montra les gobelets de café qu’il avait entre les mains. « En fait, j'ai acheté du café. T'es tout seul ? » Steve approuve d’un signe de tête silencieux. Il fit de la place et laissa rentrer le beau Lyod dans son appartement. Il referma la porte derrière lui, et la verrouilla également. « Mon colocataire travaille aujourd’hui, et il rentrera sûrement en début de soirée, je pense. » Bien que Steve connaisse un peu l’emploi du temps de Nelson, il peut toujours changer si jamais il doit aller voir quelqu’un après le boulot. Il se dirigea dans le salon et invita Manech à se mettre à l’aise. Il finit par conclure : « Nous sommes donc seuls, toi et moi. » Bizarrement, Walkers employa un côté séducteur dans sa phrase, sans le vouloir réellement, tout en cherchant à présent à plaire (voir même excité, faire naitre des idées) à son invité surprise.

pas de réponses, j'archive.