finis vite ton verre Coco, j'en ai marre d'ici. la tête pas claire, tu regardes autour de toi. t'es en boîte, t'as bu pas mal de verres, et l'atmosphère devient étouffante. tu sors dehors, Coco te rejoint, et tu lui balances on rentre pas tout de suite, c'est le 31, l'est même pas encore 00h00. tu repères un banc, tu t'assois sur le dossier, les pieds dessus, tu te poses, tu te prends la tête dans les mains, tu réfléchis. tu lui souris, t'attends qu'il propose, parce que c'est vrai, p'têtre il voulait pas sortir maintenant. tu vois ses yeux briller devant la tour eiffel au loin, tu lui sors un vieux "let's go" et tu marches un peu plus rapidement, pour fuir les vieux clodos qui te matent de leurs yeux vitreux. c'est ta dernière soirée 2012, et tu pouvais pas espérer mieux, parce que t'es avec ton meilleur pote. tu l'attends, parce qu'il faut pas méga speeder non plus. tu souris, parce que t'es heureuse, parce que tu passes un putain de bon temps. t’arrive devant la tour eiffel, tu restes à côté de lui, à regarder le célèbre monument briller de mille feux. t'en profites pour prendre sa main, à moitié inconsciemment, il la dégage pas, il comprend. il fait un peu froid, mais la simple main de Garrel suffit. y a des gens autour, la plupart sont dans le même état qu'eux : émerveillés et pas tout à fait cleans. et tu souris, parce que tu vas forcément croiser des bêtes de potes.

Juste papillonner de bar en bar, voilà l'idée de départ que j'avais prévu pour Lisa-Rose et que je lui avais promis. Enfin, officiellement, nous devions nous rendre à une soirée plutôt calme chez des amis de la famille, le genre de truc un peu mondain où l'on parle de la pluie, du beau temps et de toutes les œuvres de charités prévues pour l'année suivante. Le pire ? C'est que notre famille y croit dur comme fer et que, par dessus le marché, je n'ai pas réussi à croiser le chemin de Celim, comme prévu. Faites que je le retrouve d'ici la fin de la nuit. En attendant, je n'avais pas prévu à ce que l'on se fasse offrir un verre dans chaque bar et que je danse avec les premiers venus. Si bien que j'ai oublié les dix sept ans de ma belle sœur. Du coup, rejoindre les jardins du Trocadéro et la Tour Eiffel n'est pas une tâche facile. Enfin, en ce qui me concerne. J'ai peut être bien un verre de trop ce soir. Mais nous devons y aller. Absolument. D'une part, c'est un rendez vous mythique pour tous les parisiens : la foule, les lumières. D'autre part, il semblerait que nous ayons déjà des plans prévus dans le coin. Bien que je n'ai pas posé la question officiellement, j'espère bien que ma personne pointera le bout de son nez. « Donc la personne qui vient te chercher, ce n'est pas n'importe qui en plus d'être compliqué. Tu m'expliques ? » Ma curiosité me travaille depuis son message la veille. J'ai l'impression de me revoir il y a quelques années. Je trépigne presque d'impatience. Je passe un bras par dessus son épaule comme si tout ce qu'elle pouvait me dire ne sortirait pas. Après tout, je lui avais bien dit que tout ce qui se passerait dans la nuit du 31, resterait dans la nuit du 31. Je ris, oubliant peu à peu les tracas des derniers jours.

Trente et un décembre, vingt-trois heures trente. Huit degrés, une écharpe autour du cou, un manteau chaud sur le dos et un bonnet enfoncé sur le crâne, des gants aux mains, Albane sort Emma de son landau. La gamine, malgré l'heure tardive, a les yeux grands ouverts et regarde tout autour d'elle, l'air curieux. Elle semble se demander pourquoi sa mère l'a emmenée avec elle dans les jardins du Trocadéro, avec tout ce monde qui se presse. Juste devant elles, la tour Eiffel brille de mille feux, dressée vers le ciel comme un défi aux nuages. Trente-et-un décembre.... C'est bientôt la nouvelle année, 2013 arrivait tranquillement et la petite brune ne peut s'empêcher de tenter de faire un point sur 2012. A quoi bon, après tout ? Elle soupire, se fraie un chemin au milieu de la foule, essaie de trouver un coin où s'asseoir. Peine perdue, les bancs semblent assaillis de gens plus ou moins avinés. « Je crois qu'il va falloir qu'on reste debout, chérie ! » Emma se contente de lâcher des sourires humides et édentés aux gens qui captent son attention, agitant ses bras dans tous les sens. Elle est surexcitée, apparemment. Albane soupire, lui plaque un baiser sur le crâne et rajuste la combinaison molletonnée qu'elle lui a fait enfiler. Il n'y a plus qu'à attendre que le feu d'artifice commence.

premièrement, il y a du vent. deuxièmement, il fait plutôt frais. troisièmement, il pleut et pas qu'un peu. genre le déluge pour bien terminer 2012, vous voyez ? entre nous, je préfère le froid et la neige. tableau parfait des fêtes de fin d'année, même si mon cher skate doit rester au placard. bref, ce soir c'est tout pour rester chez soi et regarder les alcooliques du quartier par la fenêtre. cigarette entre les lèvres, je m'extirpe de chez moi, juste parce que j'ai promis à certaines personnes de les retrouver pour le passage de la nouvelle année et que je suis incapable de leur faire faux bond. et dire que je suis sur le point de me mêler à la foule rien que pour quelques têtes. je me traîne la carcasse jusqu'à la tour eiffel. personne. du moins personne que je suis censé retrouver. pourtant, je suis à l'heure. vraiment. pas en avance (pour une fois) et surtout pas en retard, auquel cas je ferai une crise d'angoisse sur le champ. parce qu'il y a Albane. avec son adorable petite (bien qu'un peu trop bruyante par moment) fille. je consulte une nouvelle fois ma montre, puis mon téléphone histoire de me rassurer. non, c'est vraiment bon, mais cela ne semble pas suffire à ma conscience. je me faufile jusqu'à elles. je lui embrasse doucement la tempe. « une revenante. » c'est vrai, cela fait un bout de temps maintenant. enfin, j'en demande pas plus. je suis toujours aussi peu bavard, oui et toujours pas du genre à me mêler de la vie privée des autres. et je jette un coup d'œil en coin, histoire de vérifier si les autres ont eu le courage de venir malgré le temps.

Le temps s’accélère. L’heure où nous dirons « au revoir 2012 » pour « bonjour 2013 ». J’ai plutôt hâte ouais’ Juste histoire de dire que la roue tournera, parce qu’il serait peut-être un peu temps que la naiveté que je place en chaque souhait du nouvel an paye un peu. Je suis au rendez-vous sous la Tour Eiffel. Enfin si on peut dire puisque j’ai choisie de passer la soirée seule donc pas de rendez-vous. Pas d’alcool – à part peut-être un petit verre – mais pas de beuveries entre amis conduisant à la frontière du coma éthylique. Juste moi et ces centaines de personnes venus comme moi pour compter les dernières minutes de l’année en espérant qu’elle exauce les promesses et prières de chacun. On est bien naïf parfois. A chaque fois qu’on a une occasion de l’être en fait et je ne déroge pas à la règle. J’ai bien l’air ici, toute seule, après avoir voulu jouer les superstitieuses. Pourtant mon raisonnement peut se tenir nan ? L’année dernière, j’étais entourée d’amis, j’ai célébré la nouvelle année comme je le devais et après ça ? Tout a empiré. Alors pour prévenir, autant passer un vieu nouvel à se les geler sous la flotte – comme là – et connaître meilleure année que faire l’inverse. On verra l’année prochaine si l’année est concluante. En attendant, je vais me contenter d’avoir l’air con à regarder le ciel comme je fais. Sans parapluie, ça va être un coup à choper la crève en plus comment il s'est mis à pleuvoir. Très franchement, c'est à se demander comment j'aurais pas pu le prévoir. Le karma me test là et il vous a pas prévenu. Je bouge alors, je marche, en direction d'un possible abris même si faut pas rêver, vu la cohue toute les places sont prise.

Aller savoir pourquoi je m'étais dit que sortir pour le 31 décembre me ferait du bien alors que j'aurais pu rester chez moi, bien au chaud, à regarder les minutes défilées comme une personne anti-sociale. Ce que je n'étais pas, évidemment. Le fou que j'étais, solitaire et aventureux à ses heures perdues, s'était promis de fêter dignement l'année 2013. A Paris, les festivités et le magnifique feu d'artifice se jouait dans le 7ème arrondissement aux pieds de la dame de fer. Vêtu d'un pull épais, d'un blouson et, par miracle, d'un parapluie que j'avais ouvert dès les premières gouttes de pluie, j'avançais parmi la foule envahissante et déjantée. Me traînant jusqu'à la tour Eiffel, j'aperçus un visage familier. Albane et la petite Emma. Ce petit bout de chou que j'adorais autant que sa maman. Je m'avançais vers elle alors qu'un autre homme venait de les rejoindre également. « Bonsoir, mesdemoiselles. » Je penchais tout d'abord sur Emma, venant déposer délicatement mes lèvres son front tout en lui donnant mon petit à jouer alors que j'embrassais la mère. Je tournais ma tête vers l'inconnu. « Salut. Je suis Cassandre. » Lui dis-je simplement en lui tendant la main que j'avais de libre.

Trente et un décembre deux mille douze. Finalement la fin du monde n’a pas eu lieu. On n’a pas fini enterré sous l’océan. Brûlés vifs par les volcans. Pour nous laver de tous nos péchés. Les mayas étaient juste des putains de rigolos. Blague de mauvais gouts diront certains. Mais ça serait mentir de dire que t’as pu croire à cette connerie. Comme si un peuple éteint depuis plus de mille ans aurait pu prévoir pareille événement. S’ils avaient été si intelligents, ils auraient encore les rênes du monde ou du moins de leur territoire. Pourtant parfois, tu te dis que ça n’aurait pas été plus mal, que la race humaine se soit éteinte un soir comme ça. Y’a peut-être encore un espoir pour s’accorder qu’ils ne se sont trompés que de quelques semaines. Mais maintenant, c’est l’heure de fêter une nouvelle année. Les paris sont ouverts, qu’elle sera encore pire que l’année dernière. Profitons donc de l’instant présent, une excuse pour se bourrer la gueule. T’es sorti avec quelques amis, avec ton coloc gothique. Faut dire qu’il s’y connait en beuverie. Et voilà que sur le coup de vingt trois heures, l’alcool a du vous monter au cerveau. Pour vous mener tout droit dans un nid de touriste. Le clou de tout paris, la grande dame de fer. Et voilà que tu les as perdus dans la foule. Que la putain de pluie se met à tomber sur le crâne. Pourtant tu parviens à récupérer un parapluie chez un arabe à la sauvette. C’est toujours mieux que rien. C’est bien parce que c’est le nouvel an que tu restes dehors à cette heure. Tu les cherches dans la foule. À la place, tu revois naïs. Tu la vois se faire trempée par la folie céleste. Tu ne sais pas pourquoi tu finis par aller la voir. Elle semble chercher un abri, venir vers toi sans te voir. Pour finir par te rentrer dedans. « On dirait que l’année va bien commencer. Heureusement que j’suis là pour te sauver d’un mauvais rhume. » T’as un léger sourire flottant. L’alcool qui embrume l’esprit.

J'aurais pu passer mon nouvel an devant Patrick Sébastien, avec une canette de bière. J'aurais pu ouais. Non sérieusement vous y avez cru ? J'ai une tête à être fan de Patrick Sébastien moi ? Quoique quand j'suis bourré il m'arrive de me mettre à beugler quelques unes de ses chansons. Enfin bref, toujours est-il que ce soir j'ai décidé de me bouger le cul parce que changer d'année c'est un bon prétexte pour faire la fête et se défoncer. Pour une fois que j'en ai trouvé un, de prétexte, j'compte pas le lâcher. J'me suis donc habillé en conséquence, et pis j'suis parti pour le 7ème et la jolie dame de fer. Sachant que c'est pas la porte d'à côté, j'ai pris le métro, et quand j'en ressort, il pleut comme pas possible. Super. Je rabat la capuche de mon sweat sur ma tête et je cours pour arriver à temps à la tour Eiffel. Si j'ai fait tout ce chemin, c'pas pour louper un bout du spectacle, merde ! Les rues commencent à être de plus en plus bondées, j'suis sur la bonne voie. J'reçoit entre temps des messages de potes qui me demandent c'que je fous ce soir. J'leur répond que j'vais m'émerveiller et m'défoncer les tympans devant les feux d'artifices de la Tour Eiffel. Je scrute les alentours à la recherche de têtes connues ou d'un abri. Enfin bon, avec tout le peuple qu'il y a, l'espoir fait vivre.

alors que je suis littéralement fascinée par les yeux émerveillées de la fille d'Albane, je ne remarque par l'arrivée d'une nouvelle personne. un ami ? cela doit être tout comme. après tout, il est allé l'embrasser. « Salut. Je suis Cassandre. » je remarque la façon dont il approche sa main pour me saluer. il ne va pas me tuer, hein ? si Albane ne s'est pas encore enfuie, c'est que nous ne risquons rien en sa présence, n'est-ce pas ? je finis par tendre la mienne, me permettant une imitation quelque peu incertaine. « winston. », finis-je par murmurer dans un parfait mimétisme cette fois. cependant, je ne suis pas d'avantage rassuré. nouveau coup d'œil vers le point de rendez vous. toujours rien. je lève les yeux au ciel. ils vont finir par être en retard et camel savait à quel point cela pouvait me... travailler, pour ne pas dire rendre dingue. "hé, salut" quand on parle du loup. je soupire. « camel ! » oui, je suis toujours bercé d'illusions. et alors ? et puis ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. trop longtemps. si bien que nous avons pas mal de choses à nous dire. enfin là, ce n'est ni le lieu, ni le moment. je n'ai même pas le temps de faire quoique ce soit, son humeur change soudainement. bonsoir, je vous présente camel torché et défoncé jusqu'à la moelle. "toi...espèce de fils de putain!" et doté d'un charmant vocabulaire. et quand camel est énervé, ce n'est franchement pas beau à voir. comment finir cette année 2012 en beauté. en attendant, je suis incapable de me mouvoir pour le retenir. je reste stoïque face à la situation. ça peut paraître comique ou con dit de cette façon, mais c'est plutôt angoissant de l'intérieur. "allez Camel on s'calme hein, t'énerve pas" heureusement que le frangin arrive à la rescousse. toujours. notre buzz l'éclair de la soirée. au moins, il est l'un des seuls que camel doit bien écouter. enfin, c'est le souvenir que je garde de saad. et sinon, elles sont où les autres brebis égarées de la soirées ? certes, une éventuelle baston pourrait mettre une certaine 'ambiance', mais ce n'est pas à cinq et demi (si l'on garde l'idée que la gamine joue le rôle de demi portion) que nous allons passer une soirée mémorable.

En alerte, je cherche où trouver le moindre petit bout d’abris me permettant de me tenir à l’abri. J’ai pas vraiment le temps de regarder où j’vais ni même ceux qui se trouve sur mon chemin. Elle est torrentielle la pluie ce soir, au final je ne sais même pas si ça sert encore à quelque chose de chercher un abri puisque je suis presque trempée. J’espère que l’expression «Mariage pluvieux, mariage heureux » peut également s’appliquer au nouvel an. On dirait « premier de l’an pluvieux, année heureuse » nan ? Nan, ça sonne beaucoup trop mal. Faut que j’arrête de chercher, on ne va pas contre le karma. « On dirait que l’année va bien commencer. Heureusement que j’suis là pour te sauver d’un mauvais rhume. » Je lui rentre dedans. Je l’ai pas venu venir vers moi et sûrement que s’il n’avait pas parlé, je n’aurais pas arrêté de chercher pour voir celui qui s’est mis sur mon chemin. Un endroit aussi noir de monde, c’est pas ici que j’aurais pensé revoir Diego. Aux dernières nouvelles, moins y’a d’abrutis autour de lui mieux il se porte. Décidément, le recroiser ça en deviendrait presque une nouvelle habitude. Un comble quand on pense qu’il a fallu des années à ça, fin bref. Je suis à l’abri maintenant, sous son parapluie. « Oh mais quel prince charmant ! Tu arriverais presque à te faire passer pour un bon samaritain comme ça tu sais ? » Doucement Naïs ! Faudrait peut-être ne pas trop agressive le premier de l’an. Pensons au karma. « Merci. C’est gentil de ta part. » Et voilà, un sourire et je la ferme. A se demander comment il fait ça. Faudrait pas qu’il refile la recette. « Décidement, ça me surprendra toujours de me dire que tu es dans cette ville. » Je dis à toute vitesse, presque gênée. Très franchement des fois Naïs, tais toi !

Pour une fois, j'm'étais abstenue de me taper "l'affiche couple" avec Saad (qui est déjà bourré et défoncé), histoire qu'il puisse draguer la masse de filles trop bonnes aux cheveux totalement trempés. C'est également pour qu'il puisse draguer (et pour ne pas avouer que je me suis un peu perdue dans la foule présente) que je me suis retrouvée toute seule au bout de quelques minutes. Alors dans ces moments là, j'ai une technique, celle que tout le monde utilise.. Je regarde les gens présents autour de moi avec un air de psychopathe et j'avance en tentant de trouver des têtes connues. Ça marche rarement, admettons-le. Mais ce soir, la chance m'a probablement sourie puisque mon regard tombe sur la casquette. La préférée de Kyhan, celle qu'il pourrait mettre pour dormir (et je suis persuadée qu'il a déjà dormit avec). « Oh Kyhan, jotem ! » dis-je, tout en m'approchant de lui pour le prendre dans mes bras. Je dois bien avouer que je n'ai pas bu que de l'eau depuis plusieurs heures et que je suis presque dans le même état que Saad.. le défoncé en moins. Je donne un baiser à Kyhan, qui l'a quand même bien mérité par le seul fait d'être présent ce soir, puis me retourne vers ses potes qui sont aussi mes potes puisque ce sont ses potes et les miens. Bref, je tend la main au premier en partant de la gauche, lequel ne semble pas près à la serrer puisqu'il se penche pour me faire la bise. « Popopop ! Ca, c'est pour les VIP ! Est-ce que tu t’appelles Kyhan ? Non. Alors c'est la poignée de main ! » Je suis chiante, je suis une fille, bonsoir !