« - C'est juste.. juste un ami. Napoléon. » Juste un ami ? Je lève les yeux au ciel. Ce n'est pas à moi qu'elle va sortir cette stupide excuse. Non, surtout pas. Cela veut tout dire à la fois, comme rien du tout aussi. Je me retiens comme jamais pour ne pas lui faire subir un interrogatoire ? Ils se sont connus au lycée ? Ailleurs ? Il a quel âge ? Il est de quel genre ? Je pourrai limite passer pour sa grande sœur du coup, mais elle doit en avoir assez de la sienne. « Si tu le dis... » Je relève la tête avec une certaine fierté. Nous devrions aller avant d'être en retard et de croiser des gens bizarres dix fois plus saouls que nous ou avant que je ne sois plus capable de mettre un pied devant l'autre. Pavés, alcools et talons ne font pas toujours bon ménage. « - Oh. non. Pas la pluie quoi.. » De la pluie ? De quoi parle-t-elle ? Lisa-Rose a du trop boire. J'espère que des personnes censées, comme ses parents, n'y verront que du feu. Je tends un bras. Rien... Quoique, elle n'a peut être pas si tort que cela. En attendant, je ne sais toujours pas si les parents Maurin sont dotés d'éthylotest à la place des yeux ou du nez. « - Dis moi que t'as un parapluie, je t'en supplie. » Erf. C'est nul. Je prends le temps de réfléchir cinq minutes. Oui, il se pourrait. Quelle fille sortirait sans un parapluie l'hiver ? En dehors des lycéenne un peu inconsciente. « Mh, oui je pense. » Je me lance à la recherche de ce petit objet si pratique et manque de vider mon sac sur la voie publique. On y trouve jamais rien là dedans. L'idée de le laisser tomber au sole et de fouiller dedans en me baissant m'effleure l'esprit. Toutefois, je ne suis pas assez ivre pour me mettre en scène de cette façon. « Tadaaaaaaaaam. » Je finis par brandir le parapluie comme s'il s'agissait d'un trésor, un peu comme dans Zelda... Vous savez quand Link trouve un truc super important dans un de ces coffres. Bref. C'est pas que l'on nous attend, mais presque. « Allons retrouver ton preux chevalier ! » Je lui tends le parapluie afin qu'elle s'abrite, lui attrape la main et me lance dans une expédition quelque peu hasardeuse.

« winston. » Son hésitation pour prendre cette simple main tendue me surprit. Je restais juste souriant, m'amusant avec la petite Emma qui semblait apprécier le petit doigt que je lui avais donné. Puis il arriva. Ce type à l'allure paumé et au regard défoncé. Il salua son ami. « on se connait, non ? » Je le dévisageais. Il me disait vaguement quelque chose également. Mais je ne saurais dire où j'avais bien pu le croiser. « toi...espèce de fils de putain ! » Le ton grimpait. Je repris possession de mes deux mains, délaissant le petit bout de chou pour me concentrer uniquement sur mon accusateur. Son prénom, aucune importance. Son ivresse, un point faible. Sa colère, ma motivation. Il ne devrait pas se mettre dans cet état et alors que je redressais mes épaules, une tiers personne entra dans la danse. « allez Camel on s'calme hein, t'énerve pas » « Ouais, calmes-toi gamin. » Camel, bordel ! C'était évident. Je me doutais en plus que ce doux prénom rimait avec poubelle. Allez savoir pourquoi... En même temps, il suffisait d'observer ce déchet sur patte pour comprendre. Son regard le trahissait et son haleine nous pétrifiait. Autrement dit, c'était une véritable ordure. « toi là, la prochaine fois que tu veux baiser, fais comme tout les désespérés de ton genre et va t'payer une pute aux bois de boulogne » Je sentais monter l'énervement. S'il ne se calmait pas, la soirée pourrait rapidement changer de ton. « j'y crois pas... y'a marqué 'putain' sur mon front ou quoi ?! » J'acquiesçais d'un signe de tête tout en répondant à sa question avec un grand plaisir. « On pourrait croire... » Il me poussa. Je me raclais la gorge. « aller va y, retentes, t'gênes pas et j'te jure que cette fois t'auras pas le temps de te casser à nouveau, pauvre con » Ma réaction ne se fit pas attendre. J'attrapais violemment son poignet et le tirais jusqu'à moi. « Fais pas ta pute, morveux. » Lui murmurais-je dans le creux de son oreille. « Tu te crois mieux parce que tu n'as jamais toucher le fond ? Regardes-toi, bordel. C'est quoi ça ? Hein, dis-le moi ? Tu te prends pour qui pour me manquer de respect comme ça. Une putain ou un alcoolique ? » Je le lâchais, jetant un œil autour de moi. J'étais vraiment désolé qu'Albane assiste à cette dispute. Mais elle seule, ici, connaissait toute la vérité à mon sujet. « Vas-y, fermes-la et casses-toi ! » Lui hurlais-je une dernière fois au visage avant de lui tourner le dos.

Le réveillon. Putain, c’que t’es mal ! T’avais rejoint tes potes dès treize heures et depuis, vous enchainiez les verres et les joints. Autant te dire qu’à quelques minutes des douze coups de minuit, t’as l’impression d’être dans un autre monde. Il pleut, mais tu t’en fous, t’as ta casquette plantée sur la tête et ça te gêne pas. Et le gros pull que tu portes t’empêche de ressentir à quel point ça mouille dehors. Sans compter ton état d’ébriété qui ne te fait plus rien calculer à ce moment précis. En ce moment, t’es en mode « j’m’en branle, je fête la nouvelle année ». Tu parles fort, tu rigoles fort, tu fais chier le monde et t’as déjà eu des remarques des gens que t’as bousculé devant la Tour Eiffel. Tu sais même pas ce que tu fous là, Ana et Winnie t’ont dit qu’ils étaient présents, et tu t’étais ramené avec les autres, sans même être au courant de ce qu’il s’y passe. « Oh Kyhan, jotem ! » entends-tu un peu plus loin. D’habitude, t’aurais reconnu la voix, mais là, t’es trop défoncé pour comprendre et tu lâches un « Qui que tu sois, je t’aime aussi, surtout si t’es canon ! » Tu sens des bras qui t’enlaces, un baiser sur tes lèvres, et tu finis par ouvrir les yeux pour capter que c’est ta meilleure pote ! « Mais non, j’croyais que j’allais pécho là, j’étais déjà refait ! ». Eclat de rire général pour bien se foutre de ta gueule, mais toi aussi, ça t’fait rire. Tu la regardes serrer la main à tous les autres, et prends un air fier puisque t’es le seul à avoir reçu un baiser. Pendant ce temps, tu tires sur ton joint, et une fois qu’elle a fini son tour, tu la choppes par la main et tu commences à avancer, tout en lui expliquant où vous allez. « Faut trouver Winnie, je sais pas où il est ! Ouvre les yeux pour moi, j’crois j’ai un voile devant les miens ! » Et t’avances, jusqu’à ce qu’elle te signale qu’il n’est plus qu’à quelques pas de vous. Alors, tu sors quelques pétards de ta poche que t’allumes avec ton briquet, et tu les balances dans leur direction. Tu te mets à courir vers eux, et une fois que les pétards ont explosé et répandu de la fumée, tu sautes au milieu d’eux, les bras en l’air, et tu lâches un énorme « KABOUM ! » avant de prendre un air fier et d’ajouter « La meilleure partie de votre soirée vient d’arriver les amis ! ». Et sans attendre les réactions, tu sautes sur Winston « Mon Winniiiiie chériiiii ! Tiens, c’est cadeau parce que t’es le plus beau ! » Tu lui files trois joints, avant de déposer un baiser dans son cou. Puis, tu viens derrière lui et l’enlaces par la taille, avant de regarder tout le monde. « Alors, c’est quoi le sujet de conversation, vous avez des gueules d’enterrement les gars ! C’est la fêêêêêêêeête, faut rigoler ! ». T’as vraiment le don d’ouvrir ta gueule quand il faut pas, toi.

les verres se sont alignés, un à un, parfois deux par deux. tu n'en as guère senti l'effet, vraisemblablement. lui non plus, d'ailleurs. ce n'est pas pour s'en plaindre : tout semble plus beau lorsque l'alcool nous berce tranquillement. le désespoir n'est plus qu'un vague navire qui quitte le port, et le bonheur teinté d'oubli, un de ces merveilleux produit qui vous est amené des contrées étrangères. aussitôt, vous l'aimez et il est impossible de s'en séparer. si bien que ce sournois liquide vous est indispensable, et que l'on s'en abreuve aussi souvent que possible. ce sourire que tu arbores n'est qu'un pâle effet de la boisson, qui s'estompera une fois que tu auras décuver. ainsi, tu seras perpétuellement en recherche de cette merveilleuse sensation, jusqu'à atteindre la limite. mais peu t'importe, l’illusoire, tu t'y es habituée. tu sillonnes les rues, cramponné à ton ami, derp te rappelle ton cerveau tu te cramponne à lui, à la manière d'un semblant de réalité qui t'échappe. vous vous dirigez tout deux vers la tour eiffel, ou ce grand machin qui brille, comme tu l'as si poétiquement fait remarqué tantôt. ici, la fête bat son plein, pour ne pas te déplaire. toi qui d'ordinaire n'est guère friande de ce genre d'attroupement. vous y êtes désormais, et vous y entrez sans attendre. bousculant de pauvres couples qui ne vous ont rien demandé. ils n'osent pas réagir, ils ont sans doute peur que vous allez leur vomir dessus. sur eux ou sur le sol, ça n'a guère de différence pour toi.

Boire le ventre vide t'as vite rendu dans un état second. Mais tu ne pouvais tout simplement pas te résoudre à manger. Tu n'avais pas le droit. Ces derniers temps, ton poids t'obsèdes encore plus que d'habitude, sans vraiment savoir pourquoi. Tu as peur de redevenir aussi grosse qu'au collège. Tu as peur que plus personne ne veuille de toi. Tu te sens mal, tu te sens laide. Et tu as cru que l'alcool t'aiderai à oublier. Mais ça a plutôt eu l'effet inverse, à vrai dire. Pourtant, t'essaies de garder un sourire qui fais plus ou moins vrai sur ton visage. Autant dire que ce n'est pas facile. Et tu sais que tes proches remarqueront bien vite que tu ne vas pas très bien. Tant pis, tu les éviteras. T'as passé la soirée à danser avec des inconnus. A essayé de te vider la tête. T'en as embrassé un ou deux. Peut être trois. Tu n'as fait que boire et danser. Tu as même fumé un joint, bien que ce ne soit pas ton genre de faire ça. Tu es bien, sans vraiment l'être. Tu planes autant que tu déprimes. Puis il y a cet homme avec qui tu as échangé quelques baisers qui t’attrapes par la taille et t'entraînes dans les rues de Paris. Tu te laisse faire. Et sans comprendre le pourquoi du comment, tu te retrouves en face de la tour Eiffel. La place est noire de monde. Tu connais certaines personnes, d'autres non. Tu vois, par exemple, pas si loin de toi, ta petite soeur. Sobre, ta première pensée aurait été de te dire qu'il était dangereux pour elle de se trouver dans un endroit de la sorte, où tout peux arriver. Mais là, tu ne penses plus. Plus à ça, du moins.

Affalés sur le canapé, deux carcasses déglinguées. Le légiste parlera de consommation excessive. Et les rires monteront. L’alcool irrigue les veines, noie le cerveau. Dans vos têtes, c’est le grand déluge. Le chaos tourmenté des âmes maudites. Et cette fois, Noé ne sera pas là pour sauver notre grande race décadente. Mais vous vous en foutez comme de l’an quarante-deux. Tout ce qui t’importe c’est les bouteilles qui se vident trop vite. C’est sa présence à tes côtés, si rassurante, si incompréhensible. Vous voilà à attendre la nouvelle année à deux, un joli petit couple tout frais. Mais c’est bien plus compliqué. Ça s’est décidé comme ça. Coup de tête de ta part. Elle n’était pas sûre de venir. Vous vous voyez trop souvent. Ce n’est pas bien. Ça chamboule trop le quotidien. Pourtant Louve a fini par venir. La sonnerie de ton appartement a retenti et t’es allez ouvrir, avec le sourire. Et de fil en aiguilles vous en êtes venus à regarder ce grand machin qui brille en plein milieu de paris. Parce qu’autant, elle n’est qu’un vulgaire tas de ferraille à un œil sobre, autant sous l’emprise de l’eau de vie et toute auréolé de lumières, elle apparait comme un ange à vos yeux émerveillés. Alors ni une ni deux, vous voilà dans l’escalier, à manquer de tomber à toutes les marches. L’un soutenant l’autre en riant et réciproquement. Le monde défile trop rapidement. Y’a de quoi en être fou. Les alentours deviennent flous. Même les parisiens semblent chaleureux. Tous unis dans la joie de terminer une autre de ces années inutiles, avec son lot de résolutions avortées, de déceptions et de peines. Alors y’a cette fausse joie, que tout cela est enfin fini et loin derrière nous. Alors que vos deux silhouettes instables tanguent sur le pavé des champs elysées. Là où la fête bat son plein, bousculant qui se trouvent sur leur passage, vos rires claires qui résonnent dans la nuit. Vous finissez par échouer là, deux brebis égarées. Tout près d’une altercation qui ne vous concerne pas, d’ailleurs, vous ne les connaissez même pas. Les insultes fusent, ça te donne mal au crâne. Nausée qui monte. Vous débarquez au milieu du groupe. « Mais arrêtez de parlez aussi fort, vous m’faites mal aux oreilles d’abord. Et puis il faut rire et chanter et danser, vous voulez danser avec nous, vous ? Parce que c’est la fête hein ? »

« Putain mais vous êtes complètements cons ! » Je tournais mon regard vers la jeune femme. Je ne savais pas qui elle était et je ne désirais pas en savoir plus car je compris rapidement vers qui elle se tournerait dans sa dispute en la voyant discuté avec Saad. J'allais péter un câble. Je n'avais rien demandé à personne et je regrettais même d'être descendu dans la rue pour fêter la nouvelle année, abrutis que j'étais ! J'essayais de me calmer, de ne pas m'emporter mais le deuxième frère Al-Kâtib me poussa également. Je le regardais d'un air ahuri. Je me retrouvais seul contre tous. « ne t'avise même plus de lui parler encore une fois comme ça, tu m'as bien compris ? » Je lui soupirais au visage, indiquant ainsi l'importance de son discours pour moi, c'est-à-dire aucune. « évite de chercher encore plus les emmerdes et excuse-toi » Je ne pus m'empêcher de rire ouvertement. Il déconnait, non ? Je n'avais rien demandé. Je n'avais donc aucun compte à rendre et à personne ici présent hormis Albane et la petite Emma. Je leur tiendrais tête quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe. « Jamais, tant que ton frère n'en fera pas autant. » « et bordel arrêtez de vous traiter de pute, ça se saurait si vous faisiez l'trottoir quand même ! » « Enfin quelqu'un d'à peu près censé d'esprit ! » Hurlais-je, exaspéré. Je gonflais ma poitrine, respirant fortement pour tenter de rester calme en toute circonstance. Deux nouveaux protagonistes entrèrent en jeu. J'en reconnus un. Vadim. L'autre n'était qu'un inconnu, ivre mort. Je secouais la tête, me tournant vers Albane. « Je suis désolé pour tout ça. J'vais rentrer. Passe tout de même une bonne soirée. » Je me détournais vers tous les autres et en particulier les frères Al-Kâtib. « C'est bon, j'me tire d'ici. Vous avez gagné. » Je m'approchais de Camel et, par pure provocation, je lui donnais une légère tape sur la joue. « A la prochaine, mon beau. Et n'oublie de m'informer de tes tarifs pour notre future entrevue nocturne... » Sourire narquois et je les dépassais. Les Al-Kâtib me tueront.

j'ai limite la sensation d'être au cinéma, ou d'assister à un match de tennis : gauche, droite, gauche, droite. ça fuse dans tous les sens ce soir. je me sens un peu dépassé par les évènements. il avait pas l'air méchant cassandre, alors pourquoi est-ce que camel en avait après lui de cette façon ? genre pas qu'un peu voyez vous... il ne manque plus que le pop corn... « Mon Winniiiiie chériiiii ! Tiens, c’est cadeau parce que t’es le plus beau ! » et kyhan. même pas besoin de me retourner pour savoir que c'est lui. défoncé, déchiré et tutti quanti. c'est beau à voir. j'attrape son 'cadeau', sourire aux lèvres. je suis un peu à l'ouest comme mec, mais pas con. je lui tape l'épaule en guise de remerciement et ne bouge pas lorsqu'il m'enlace. un soucis ? un truc qui colle pas ? non, je ne vois pas de quoi vous voulez parler. je finis par allumer un joint, discrètement, toujours un peu en retrait dans la conversation avant de tenir kyky de la même façon. quitte à continuer de les regarder se chamailler, autant se mettre bien. « Alors, c’est quoi le sujet de conversation, vous avez des gueules d’enterrement les gars ! C’est la fêêêêêêêeête, faut rigoler ! » non, vraiment kyhan mets la en veilleuse par moment. je lui donne un léger coup de coude dans les côtes. « C'est bon, j'me tire d'ici. Vous avez gagné. » wuuuut ? j'ai raté quelque chose dans la bataille ? c'est dommage qu'il s'en aille, il m'avait l'air bien sympathique lui. je me sens tout triste d'un coup avant de retourner planer tranquillement. merci l'herbe. "winston...t'es en couple avec....ça ?" je jette un coup d'œil en direction du 'ça' qu'il pointe du doigt. kyhan. moi. couple ? je ris. pourquoi, c'est pas normal de se comporter ainsi avec quelqu'un ? lui tenir la main dans la rue et tout et tout, sans la moindre arrière pensée ? « en couple... avec kyky. non, noooooon pas du tout. » je cligne plusieurs fois des yeux ahuri par la situation. je veux bien qu'ils soit saoul lui aussi, mais faut pas déconner non plus.

C'est le nouvel an et comme chaque personne normalement constituée et ayant un minimum de vie sociale, je sors ce soir. Alors certes, pas de grosse soirée, d'alcool, de danseuses à moitié à poil mais je passe tout de même un bon début de soirée avec ma famille au grand complet (il manque Eirwenn, comme toujours). On fait une prière dans notre langue maternelle en se tenant les mains, on mange, on parle... Un repas de famille normal, avec la présence de mon frère Elidyr, débarqué du Pays de Galles spécialement pour les fêtes de fin d'année. La vie va pour le mieux, dans le meilleur des mondes. Surtout qu'Elidyr vit chez moi pendant qu'il est à Paris, afin de pouvoir voir mon nouveau mode de vie. Je n'ai pas osé lui dire que j'avais revu Eirwenn, qui a quitté la maison quatre ans auparavant. Après ce diner, tout ce qu'il y a de mieux, je finis par rentrer chez moi accompagnée par mon frère. Celui-ci, fatigué par sa journée, s'endort avant même qu'il soit minuit, tandis que je me prépare à aller au pied de la Tour Eiffel afin de prendre part à la fête. C'est d'ailleurs sous la flotte, ou plutôt sous mon parapluie, que j'arrive. A vrai dire, il y a une masse de monde et une autre masse de personnes ont l'air énervés et légèrement entrain de s'embrouiller. « tu peux toujours te branler mon pote. » Eh bien, on dirait que j'arrive au bon moment. Je suis profondément choquée par ce que viens de dire cette personne. On était pas censés s'amuser ici ? Eh bien, je me sens obligée de dire quelque chose, je ne peux pas rester les bras croisés... « Pourquoi donc tant d'obscénités ? » Je commence, ça ne me regarde pas mais ce genre de comportement m'exaspère au plus haut point. « Notre Père n'accepterait pas de tels comportements Messieurs... »

La pluie qui se met de la partie, Camel et Cassandre qui se mettent à s'engueuler... Albane a l'impression de planer dans une quatrième dimension. Elle rabat la capuche de son manteau sur son crâne, idem pour Emma qui fronce le nez en sentant les gouttes d'eau sur son visage. Tout a bien commencé pourtant. Winston est arrivé, Cassandre aussi, deux amis auxquels elle tenait beaucoup, puis Camel... Et, on ne sait pas pourquoi, ils ont commencé à se hurler dessus, tellement qu'Emma commence à pleurer, effrayée par leurs vociférations. « Du calme, chérie... Du calme. » Albane s'éloigne un peu pour la bercer tout doucement, ses doigts caressant son crâne, mais déjà son baby-sitter favori décide d'abandonner la partie. Elle secoue légèrement la tête à ses excuses, lui adresse un sourire. Pas grave. Pas la peine de s'excuser. Il faudra quand même qu'on lui explique...
Oui, vraiment, c'est la quatrième dimension. Le temps qu'Emma se calme, d'autres personnes ont débarqué. Des inconnus, pour la totalité, même s'il y a un certain air de famille entre Saad, Najia et Camel. Frères et soeur ? Sûrement. « Hum. On m'explique qui est qui, là ? J'suis un peu paumée. » finit-elle par se manifester en levant une main pour la secouer. Ouais, des inconnus. Pour la plupart complètement bourrés... « J'm'appelle Albane, sinon. » Ouais, il faut vraiment qu'elle se remette à jour. Emma est calmée, toutefois, et elle adresse des bonjours maladroits aux nouveaux venus.

Cette soirée, c’est devenu du n’importe quoi en quelques minutes. Si tu captes bien, des gens s’embrouilles, des gens veulent danser, on te pointe du doigt. « Winston... t'es en couple avec... ça ? » « C’qui "ça" ? T’es en couple mon Winnie ? » T’as la bouche grande ouverte. Il avait donc oublier de raconter ça ? « en couple... avec kyky. non, noooooon pas du tout. » En fait, on parlait de toi. Tu te mets à rire. Même si t’adores ta relation avec ton meilleur ami, tu te vois pas un jour lui faire une fellation, ou le prendre par derrière. Ton entre-jambe métallique est entièrement réservé aux filles, et de toute manière, y a jamais eu aucune ambiguïté entre Winston et toi, bien qu’on puisse penser le contraire. T’ignores la suite de la conversation pour te mettre à danser avec Vadim et Derp, à qui tu lances : « Derp, comment tu vas depuis le temps ?! » Pas sûr qu’il se souvienne de toi, encore une fois. T’as pas le temps de capter la réponse, qu’une voix vient s’ajouter au groupe. Tu tournes la tête. Wow. C’est qui ce canon ? « Notre Père n'accepterait pas de tels comportements Messieurs... » Tes yeux s’ouvrent grand. Ca, c’était une nouvelle. « Arrêêêêêête ! On est frère et sœur ? Papa et Maman me l’ont jamais dit, j’croyais être fils unique ! » Tu t’avances vers elle et l’enlaces sans lui demander son autorisation. T’as un sale sourire au visage. Tu rejoins les bras de ton meilleur pote. « Hum. On m'explique qui est qui, là ? J'suis un peu paumée. » Tu fais un tour d’horizon avec tes yeux, puis prends la parole avant tout le monde. « Moi, c’est Kyhan, et ça, c’est ma sœur… Comment tu t’appelles en fait ? », dis-tu en pointant Llywelyn.

« Qui que tu sois, je t’aime aussi, surtout si t’es canon ! » S'il savait... C'est la fille la plus canon de l'univers qui vient de venir le voir ! Il ouvre les yeux et la phrase qu'il s'empresse de dire vient droit du coeur... « Mais non, j’croyais que j’allais pécho là, j’étais déjà refait ! » J'éclate de rire, parce que c'est vraiment drôle et parce que l'alcool qui circule dans mon sang décuple mes émotions. « Un jour, peut-être que t'auras le plaisir de me pécho ! » C'est pas sérieux, évidemment et je sais qu'il ne relèvera pas. Tant mieux d'ailleurs. J'ai juste le temps de dire bonjour aux autres (et de piquer une clope à Rodolph) qu'il m'embarque déjà dans ses aventures... Et cette fois, c'est à la recherche de Winnie qu'on va. « [...] Ouvre les yeux pour moi, j’crois j’ai un voile devant les miens ! » Je ris, de nouveau. Parce que Kyhan bourré, c'est toujours drôle à voir. Alors je l'aide et lorsque nous arrivons près du groupe, il lâche ses pêtards et fais une arrivée vraiment hilarante. J'me marre, parce que j'ai l'impression d'être la complice de ça, et aussi parce que Kyhan me fait vraiment, vraiment rire. Il saute sur Winnie, fais des réflexions et tu peux toujours pas t'empêcher de sourire. Tu l'aimes trop ce mec, il est parfait. Il semble que Saad ne t'ai pas remarqué alors tu prends quelques bouffées de ta clope, qui, tu l'espères, ne s'éteindra pas à cause de la pluie et attend de l'avoir presque terminée pour t'approcher de Saad. Tu le prends par la main, tout prenant bien soin de garder ta cigarette contre la cuisse opposée à lui pour pas qu'il la voit. Et puis, après la bataille, comme une fleur, une blonde entre dans le cercle et commence à faire la morale à Camel et Cassandre. Je ris, parce que y'a rien d'autre à faire. Et puis, elle est ridicule cette fille ! Et c'est bien sûr à cet instant que Kyhan refait des siennes... « Arrêêêêêête ! On est frère et sœur ? Papa et Maman me l’ont jamais dit, j’croyais être fils unique ! » Je ris de plus belle... Une autre brune semble paumée et demande à connaitre l'identité de tout le monde. Et il continue... « Moi, c’est Kyhan, et ça, c’est ma sœur… Comment tu t’appelles en fait ? » Suspens suspens ! « Moi c'est Ana. » dis-je simplement avec un léger sourire, j'ai tout de même réussi à retrouver mon calme...

À chaque instant qui vient, tu te demandes encore ce que tu fais encore là. Sur les champs noirs de monde, comme si tout le peuple de paname s'étaient donné rendez-vous. La tour effeil ? Très peu pour toi, t'as beau être un étranger, encore un de ces sales immigrés. Ça reste un tas de feraille bien empilé. Ils auraient vraiment dû le démonter après l'exposition universelle. Y'a que le peuple français qu'est capable de se satisfaire d'un monument aussi vulgaire comme symbole de leur pays. Chez toi, ça ne se passe pas comme ça. Y'a des monuments sublimes dans toutes les grandes villes. Bref, tu te donnes encore cinq minutes, planté sous la pluie pour retrouver les autres ou de te barrer chez toi. De toute façon, tu commences à être crevé et tu ne diras certainement pas non à une douche chaude et un bon lit. Ouais il en faut peu pour être heureux comme diraient les connards à la joie de vivre. Mais t'as beau scruter pas de coloc à l'horizon, c'est bien pour ça que tu ne supportes pas les foule. Tiens voilà Naïs qui te rentre dedans. Collision de deux âmes qui n'auraient jamais dû se rencontrer en premier lieu. Comme quoi le destin n'a pas fini de vous jouer des mauvais tours. Et pendant un instant c'est comme so t'avais de nouveau vingt ans et elle à peine quinze ans. Avec toi qui joue le prince charmant. Celui qui lui fournir un abri. Le bon samaritain, ah quelle blague. Elle finit quand même par te remercier. Faudrait qu'un peu trop de politesse lui écorche la bouche. « J'y travaille encore, mais faut croire que j'fais de grands progrès. » Trois ans que tu la pas vu et voilà que tu la recroises deux fois dans le même mois. C'est assez surprenant dans le fond. « T'inquiètes pas, j'pense que Paris devrait être assez grand pour nous deux. » Légère teinte de sarcasme. On ne se changera pas. Tu te demandes si elle est venue toute seule. Elle semblait pas accompagné tout à l'heure. « Bah alors, t'es toute seule pour fêter le nouvel an ? C'est bien triste, ça. »

tu t'agrippes à lui, à la manière d'un bâton de vieillesse dont tu te serres afin de ne pas déchanter. tu le remercies de te soutenir ainsi, aussi bien concrètement que moralement. sans lui, tu serais surement d'avantage dérangée, à porter un cœur ainsi valdingué. à vrai dire, vous formez tout deux un couple assez spécial, même si dans la situation présente, ce terme désigne innocemment l'association de deux personnes dont les idéologies s'accordent quelque peu. lentement, tu te laisses emporter par lui, ou par les bruits, allez savoir. l'eau de vie a remplacé ton sang, si bien que tu peines à discerner les voix, ou encore le contexte. des insultes ? sans doute. même si tu n'en as guère intérêt des états d'âme d'autre personne, tu ne peux que le suivre, sachant pertinemment que tu déchanteras sans t'appuyer sur ton preux chevalier. tes oreilles te transmettent un brouhaha infernal tandis que tu tires sur ta robe, histoire de ne guère paraître presque nue devant l'assemblée. surtout que vous êtes là, au milieu de ce groupe, ton ami déjà en train de bavasser. tu manques de t'écrouler sur le côté. un type semble acquiescer aux propos de derp, auquel du t'accroches comme un bouée bien aimable. bientôt, tu enlaces son cou, comme pour rechercher plus d'appui. malgré cela, ce qui t'entoure se comporte étrangement. tu te sens comme à tes huit ans, cramponnée à cette licorne de carrousel, rouspétant comme feu ton père pour qu'il te regarde toi. ainsi, à voir le décor tourner, et à te sentir de plus en plus désemparée. « ooooohhh, diiiiites ! » t'exclames avec le peu de dignité qu'il te reste. « pourquoi c'est tout flou ? » tu es pitoyables. ta robe te couvre à peine, avec ce dos nu, cassé par un col claudine, mais ravagé par cette longueur dérisoire. tu ressembles aux catins que tu dénigres, à ces filles qui te donnent le haut-le-cœur. louve, tu n'es guère au-dessus de cela, te susurre ton esprit, un sourire narquois peint sur le visage. « deeeeeerp, deeeeeeerp ! » tu minaudes désespérément. « on est oooù ? »

Je m'étire un instant et regarde autour de moi. Je rase le sol, en décortique les moindres chaussures qui pourraient me passer à la hauteur de ma vue. Car oui, en effet, je suis bien assis sur le sol, dans l'eau, à mouiller gentiment mon pantalon. Mais c'est normal vous savez, j'ai toujours aimé patauger dans un quelconque liquide, aussi étrange et visqueux soit-il, et je vous interdis d'avoir de pensées mal placées, parce que oui, je parle bien évidement du liquide auquel vous êtes entrain de penser. Non, tout ceci n'est qu'une blague, en vérité je n'sais même pas à quoi ça ressemble. Premièrement parce que je ne le pratique pas seul. Et deuxièmement parce que je ne le pratique certainement pas à deux. Et puis pourquoi je vous parle de ça moi ? Je frotte mes mains, baille un coup, lève les bras et manque de frapper un des premiers venus. Je suis plutôt costaux pour une personnalité comme la mienne, ce qui a tendance à en étonner (effrayer) plus d'un. Ouais, au moins deux... Voire trois ! Haha. Bref. Et donc je ne suis plus assis. Oui, oui, parce que je viens de me lever. Bon, n'allez pas vous imaginer que le tout s'est fait dans une classe absolue, non, puisqu'avec ma maladresse habituelle, j'en bouscule un, puis deux avant de finalement retrouver mon centre de gravité. Si, si, j'vous jure, je vais mieux, beaucoup mieux. En plus je n'ai pas de capuche, je pourrais presque craindre la pluie sauf que je n'ai même pas de cheveux, ou plutôt que mon épaisseur capillaire est assez proche du nombre de conquêtes que j'ai pu avoir jusque là. Oui, oui, vous devinez bien. Et ainsi, je suis debout, et vous prenez soudainement conscience que mes cinq minutes de speech précédentes ne vous ont appris que cette information, ainsi que le fait que je ne suis pas muni d'une capuche, ce qui en soit, vous intéresse tout autant que le tout peut bien m'amuser. D'ailleurs, j'ai un de ces sourires que les gamins ont sur le visage après avoir fait une vilaine bêtise. Je ne sais pas encore exactement ce que j'ai pu faire, non, ni même si je ferai quelque chose... la seule chose que je sais c'est que, soudain, j'ai envie de sourire. Alors je souris, haha. Et j'ai l'air particulièrement niais pour le coup, mais je ne suis plus à ça près, n'est ce pas ? Je balaye une seconde fois les environs du regard, ne reconnaissant pas grand monde. Il faut dire que je ne connais presque personne. Boh c'est pas grave, j'ai Kiki avec moi. Qui est Kiki ? Comment diable osez-vous ?! Kiki c'est mon bébé chat, je l'ai acheté (volé à la voisine) la veille. Je l'aime de tout mon coeur. Il est là, dans mes bras, tout miaulant, tout roux. Parce que j'adore les roux, c'est comme une marque d'inspiration pour moi. Dieu créa les roux pour mettre de la couleur en ce monde. Parce qu'un jour, les roux brandiront un drapeau couleur arc-en-ciel (les gays ne sont que des copieurs, c'est bien connu), le planteront au dessus de la tour Eiffel (parce que c'est le monument le plus haut que je connais, alors ça doit forcément être l'endroit le plus haut de la terre, si si) et domineront ainsi le monde. C'est pour cette raison que je suis venu ce soir. Parce que sans les roux, nous ne serions rien. Sans les roux, la fin du monde aurait eu lieu le 21, comme prévu (l'empereur roux a demandé un délais à Dieu, le temps de dominer le monde). Alors j'ai pactisé, et avec l'aide de mon chat roux, je compte bien progressivement faire parti de leur clan. Voilà. C'est dit. « Vive les roux. » que j'affirme même à Kiki, fièrement, en un chuchotement inaudible. Mon regard pointe sur le sommet de la tour. L'empereur doit déjà s'y trouver. C'est pour cette raison que je m'étais assis, pour mieux l'implorer. Il pleut des cordes, et je suis presque sûr que la pluie est orange, mais bien évidement, le tout est masqué par nos yeux trop aveugles pour voir la vérité. Par nos cerveaux trop conditionnés. Parce que toute notre enfance, on nous a appris à détester les roux, à les trouver répugnant, alors notre cerveau isole toutes les parties contenant cette couleur et la remplace par une autre, du moins lorsqu'il le peut. L'empereur roux a tout de même réussi à sauvegarder quelques bribes de leurs couleurs en les disposant un peu partout à travers le monde. Sauf en Asie, parce que les chinois sont destinés à être des esclaves, comme si personne ne l'avait remarqué. Regardez, ils étaient déjà conditionnés dès la naissance eux aussi, pour preuve, j'étais presque sûr que c'était des petits chinois qui avaient fait mon tee shirt. Peut-être même avaient-ils fait Kiki... Non, Kiki était roux, c'était un digne héritier de l'empire roux, soit un des descendants de l'homme H, au chromosome R, comme roux. Kiki était d'un sang pur, bon, fort. Mon regard se voulait déterminé, scrutant les cieux, près à dominer le monde !