« a call from the sky... »

❝ JAYDEN Ҩ CASSANDRE ❞

Il faisait beau aujourd'hui. Entre la pluie et le vent, le beau temps avait fait son apparition. Étant de repos, je profitais de cette opportunité pour me promener dans les rues de Paris et pas n'importe lesquelles. Je marchais dans le 4ème arrondissement et plus précisément dans le quartier de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris. Ce monument était pour moi incontournable dans cette ville et il restait l'un des plus beaux de la capitale. J'étais donc sur cette île, l'île de la cité et je décompressais, je me détendais pendant ce jour de repos. Je marchais sans faire attention aux nombreux touristes. Vêtu d'un simple bermuda et d'un tee-shirt signé Free Licks, j'arpentais ces magnifiques rues piétonnes tout en restant dans mes pensées et sans que personne ne vienne m'interrompre. Désormais les choses rentraient à peu près dans l'ordre. Maintenant que je m'étais expliqué avec certains sur mon comportement et qu'ils avaient fait suivre l'information, j'étais moins sous les projecteurs. Je pouvais à nouveau être moi-même sans reproche, ni pitié de la part de mes proches. Je pouvais être Cassandre Lefèvre sans addiction et sans problèmes. Je n'étais qu'un infirmier travaillant à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière avec des horaires des dingues à certains moments. Pourtant, j'adorais ce métier et je pense l'aimer jusqu'à ma mort. C'était ma voie, mon envie, ma carrière d'être soignant et d'aider les autres. Mais aujourd'hui, je n'étais rien de tout ça. J'étais un simple citoyen, un parisien parcourant les rues de sa ville, si chère à son cœur. Paris était mon coup de cœur d'adolescent et elle resterait éternellement ce choix du cœur.

L'après-midi était déjà commencé lorsque j'arrivais sur le parvis de Notre-Dame. Les touristes étaient toujours aussi nombreux malgré le fait que ce soit un jour de semaine. C'était agréable de se fondre dans la masse et de n'être qu'une personne, qu'un homme parmi tant d'autres. J'appréciais cet anonymat. C'était réconfortant et plaisant que je me laissais même à quelques douceurs fraichement sorti du four dans cette pâtisserie. J'achetais deux cannelés. J'en dévorais un dès ma sortie et je gardais l'autre pour plus tard. J'étais gourmand. C'est pourquoi je me régalais avec ce premier cannelé tout en réussissant à garder l'autre pour un petit plaisir culinaire en fin de journée. Marchant en direction de la cathédrale, je ressentais l'envie de la visiter. Ce n'était pas la première fois que j'y mettrais les pieds mais j'adorais ce lieu. Allez savoir pourquoi... Je n'étais pourtant pas pratiquant. Je ne croyais pas spécialement en Dieu. J'étais juste un parisien, amoureux de sa ville et de ses monuments.

J'entrais donc dans Notre-Dame-de-Paris, rangeant mon second cannelé dans le sachet qui je déposais dans ma poche. C'était un havre de paix et de prière. Silencieux, je restais un moment planté devant la grande allée à regarder le cœur de la cathédrale. Si j'avais su en cet instant que j'étais suivi de près, je n'aurais certainement pas attendu comme ça. Mais je n'étais pas encore au courant et je ne savais pas que cet homme me suivait depuis l'extérieur. J'étais un ignorant et je continuais, dans mon ignorance, ma visite du monument parisien. Entre les différents touristes, les flashs d'appareils photos et l'odeur d'encens, je recommençais à marcher. Je soupirais. J'étais toujours émerveillé par cette sublime architecture. Je me retournais et observais alors le magnifique vitrail qui ornait l'entrée de bâtiment religieux. Les rayons du soleil venaient même le traversaient pour rendre le tout encore plus spectaculaire. On me bouscula et mon regard tomba alors sur un homme que je n'aurais imaginé pouvoir venir ici. Jayden. Je l'observais un instant et remarquais rapidement qu'il savait que j'étais là. Je repris ma route, espérant qu'il ne me suivait pas. Je passais au travers des touristes, tentant de me cacher de cet homme qui n'arrêtait pas de ma faire des avances à chaque fois que l'on se voyait. Il était peut-être agréable à regarder, il était peut-être bon au lit. Mais jamais, je ne cèderais. Je lui résisterais comme je l'avais fais jusque là. Et même s'il me cherchait encore, même s'il me suivait jusqu'à chez moi, jamais je n'irais plus loin que notre relation actuelle. Autrement dit, rien de bien particulier. Je continuais d'avancer, remarquant un endroit mon fréquenter. Je m'y dirigeais pour lui échapper. Malheureusement, je sentis quelques minutes plus tard sa présence derrière moi. Je me retournais et plongeais mon regard dans le sien. Je ne disais rien. Je ne faisais que le regarder. Le silence est d'or dans ce genre d'endroit et je respectais le recueillement de certaines personnes en ces lieux.

« a call from the sky... »

❝ JAYDEN Ҩ CASSANDRE ❞

Le mois de juin à Paris est pluvieux à ce que j'ai remarqué, et après on dit que c'est dans mon pays qu'il pleut tout le temps. Bon je sais aussi que l'année dernière c'était le manque de pluie le problème dans ce pays. Trop de pluie ou pas assez, ce pays n'arrive pas à avoir un équilibre. En tout cas, c'est le soleil qui gagne aujourd'hui, il montre enfin son éclat ce qui ne fait pas de mal surtout que j'ai mon après-midi de libre ainsi je pourrais profiter du soleil et sortir sans avoir à prendre mon parapluie comme j'ai du le faire trop souvent à mon goût. Si j'entends encore un français dire qu'il pleut tout le temps en Angleterre, je crois que je vais devoir payer le meilleur avocat à cause d'un homicide tout à fait involontaire. Sortant de mon appartement du huitième arrondissement pour venir voir Notre-Dame-de-Paris … pourquoi est-ce-que je suis là déjà ? Ah oui, ''on n'est pas parisiens tant qu'on a pas visité la plus belle cathédrale du monde'' on m'a répété tant de fois. Je ne suis pas un fan d'architecture et disons que la religion et moi ne nous accordons pas vraiment. Parce qu'entre être un abomination et avoir réussi à mettre dehors tout un couvent pour le vendre à une famille plus que riche on peut dire que je n'ai pas un rapport amical avec cette institution. Mon père n'aurait jamais dû m'obliger à aller chaque dimanche à la messe et me confesser chaque mercredi jusque mes douze ans surtout avec ce prêtre étrange qui, j'en suis certain, fumé de l'herbe tout ce qu'il y a de plus naturel mais aussi illégal – mais sur ça je ne le blâme pas.

Je suis devant cet immense édifice et je trouve cela … potable et c'est un compliment. Big Ben est mieux tout de même. Il y a une tonne de touriste et le cliché affirmant que les japonais adorent Paris est vrai même si il y a un paquet de chinois et de philippins aujourd'hui – oui je sais les différencier. Au moins je n'ai pas un appareil photo pendu à mon cou et j'espère ne pas faire autant touriste qu'eux. Assis à une table à l'extérieur d'un bar, je suis en train de boire une bière ( allemande évidemment ) quand je vois Cassandre se diriger vers la cathédrale. Cassandre Lefèvre, un homme plus que séduisant qui aime les hommes – et peut être les femmes mais je m'en fiche totalement – et qui résiste à chaque fois à mes tentatives de coucher avec lui. Lefèvre, ce nom m'est trop familier. À peine majeur et en vacance à Marseille, j'ai rencontré Antoine que j'ai payé pour me satisfaire. Je l'ai revu à de nombreuses reprises, n'hésitant pas à faire un détour par Marseille pour le voir. Il y a peu, croyant le revoir, j'ai de nouveau couché avec lui et comme avant je l'ai payé même si on n'avait pas parlé d'argent. En fait j'ai couché avec son frère jumeau. J'ai finalement revu Antoine et dire que ça c'est mal passé est un euphémisme. J'ai vraiment un truc pour cette famille il faut croire. Voir Cassandre me fait penser à Antoine et cela me blesse pour une raison que j'ignore – ou plutôt que j'ai décidé d'ignorer.

Je finis ma bière d'une traite et laisse un billet pour payer ma consommation ainsi qu'un généreux pourboire. Je me dirige vers la cathédrale dans laquelle je rentre et suis Cassandre. Et non contrairement à la croyance populaire, je ne suis pas mort foudroyé en rentrant dans un lieu de culte. Je suis le Diable en personne pour certains certes mais je ne suis pas le vrai Diable. Je me demande si Cassandre est croyant pratiquant et va se confesser ce qui me rappelle mon enfance et mes confessions obligatoire. Je le suis mais j'en profite aussi pour regarder le lieu. C'est beau mais ce n'est pas une ambiance qui me plaît. Maintenant que j'ai mis un pied ici, je suis un vrai parisien pour certains. Cassandre me remarque finalement et il n'a pas l'air ravi de me voir. Il ne vient même pas me saluer d'ailleurs et il fuit. Je le suis une nouvelle fois et on se retrouve dans un coin bien peu fréquenté de la cathédrale. « On vient se confesser Cassandre ? » je lui demande sur un ton amusé. « Je ne te pensais pas pratiquant. » je lui dis, sans jugement même si je trouve cette idée d'un Dieu ridicule – car si Dieu il y a il devrait être connaître la peine capitale pour génocide, crime contre l'humanité et je ne sais quoi encore. Étrangement, j'ai envie de savoir si il sait qu'Antoine est de retour en ville – ce dernier ayant caché sa présence d'après ce que j'ai compris – et aussi de savoir comment il va.