Invité Invité
| Sujet: « Oh it's so funny to be seeing you after so long, dude. » JAYDEN Jeu 3 Mai - 22:38 | |
| Harassée. J’étais complétement harassée. Pourtant, j’avais à peine passé une heure dans ce putain d’avion. Osef, les voyages, ça m’avait toujours tuée. La sédentaire que je suis n’est pas faite pour ça, faut croire. La voix de l’hôtesse ne tarde pas à venir briser le silence de mort qui régnait au sein des passagers. Cette dernière nous priait d’attacher nos ceintures pour nous préparer à l’atterrissage. Amen. C’était pas trop tôt. Une minute de plus dans cet engin de malheur et j’assassinais le vieux qui était assis à côté de moi. Ce mec, quand il dormait, c’était un vrai film d’horreur à lui tout seul. La bouche grande ouverte, le bruit d’aquarium et le filet de bave en bonus. Et quand il était réveillé, c’était encore pire. Sur une heure de temps, je m’étais demandé un nombre incalculable de fois comment faire taire ce vieux croulant. C’est pas que sa vie ne m’intéressait pas le moins du monde, mais c’était tout comme. Et vu son âge, il devait en avoir des choses à raconter. Bref, revenons-en à nos moutons. Quand l’avion s’est immobilisé, je me suis immédiatement ruée vers la sortie pour être la première dehors mais aussi pour fuir le plus loin possible mon infâme voisin de siège qui ,en plus d’être extrêmement chiant, puait de la gueule. BREF, me voilà enfin sur le sol parisien. J’pousse un soupir de soulagement. Le plancher des vaches m’avait manqué. C’est vrai quoi, si les hommes avaient été fait pour voler, ils auraient eu des ailes, cqfd.
Me voilà donc seule avec mon sens de l’orientation. J’sens que je vais aller loin. J’suis à peine sortie de l’aéroport que je sais déjà plus quelle direction prendre. J’attrape un passant par le bras pour lui demander mon chemin. Vu les yeux de poissons frits avec lesquels il me regardait, j’ai vite compris que je ne pouvais compter que sur moi-même. A l’instant même où je le lâche, il se barre presque en courant. Merde quoi. C’est à cause de gens comme lui que j’vais finir par croire que j’suis laide à faire peur. Je roule des yeux, complétement exaspérée. Anyway, si je devais déprimer à chaque fois que je croisais un cassos dans cette ville de cassos, j’en avais encore pour longtemps à pleurer sur leur triste sort. J’me remets alors en marche. J’me rappelle que JJ m’avait précisé que son appartement se trouvait à proximité des Champs Elysée. Aaah, les Champs Elysée. Enfin un nom connu. Sauf qu’étant donné que c’était la première fois que je foutais les pieds à Paris, ça allait pas m’aider des masses. J’saute donc dans le premier bus que je vois. J’vais d’abord voir où il m’emmène et après, je réfléchirais à un plan d’action.
Après m’être ruinée en transport en commun, je finis enfin – ô joie – par arriver à destination. Et en un seul morceau qui plus est. Comment j’ai su que je me trouvais au bon endroit ? Tout simplement parce que ça puait le fric à des kilomètres à la ronde. Ca ne m’étonnait même pas de mon frère. Il avait toujours eu des goûts de luxe. J’pense que c’était la plus grosse différence entre lui et moi. Je me contentais de rien, il lui fallait toujours tout. BREF, inutile de préciser que je dénotais légèrement au milieu de tous ces bourges portant des fringues dernier cri. Le fossé entre eux et moi est tellement profond que j’ai carrément l’impression d’être dans un univers parallèle. Décidée à ne pas m’attarder sur ce territoire hostile, je m’empresse de me rendre avenue Matignon. C’est avec détermination que je pousse la porte de l’appartement n°13, avenue Matignon. Sans même prendre la peine d’annoncer ma présence, je galope en direction de JJ qui tournait le dos à l’entrée et je lui saute dessus comme une folle furieuse. Six longs mois se sont écoulés depuis la dernière fois que je l’ai vu et pourtant, j’ai l’impression de ne jamais l’avoir quitté.
« DEVINE QUI C’EST ! » Je lui beugle dans l’oreille sans me soucier de le rendre sourd. J’ai pas que ça à penser. « Oh mais .. Que vois-je ? » Mes doigts viennent jouer dans ses cheveux. J’me fous alors à rire comme une débile. « Un cheveu blanc ! C’est que t’as pris un coup de vieux mon pauvre D8. » Je me laisse alors glisser à bas de son dos et l’attrape par les épaules pour l’obliger à me faire face. « Puis c’est quoi cette bedaine ? Il m’semble qu’il y a un p’tit laisser aller, va sérieusement falloir songer à te foutre au régime frérot Ö. Je t’ai ramené du pudding pour t’y aider, j’sais bien que t’adores ça. » Sourire narquois. Je finis enfin par prendre un air sérieux. « Non sérieusement. Quoi de neuf docteur ? J’veux tout savoir. »
|
|