❝I know you're afraid. I know the world seems like a hard place sometimes, but you've got people who love you.❞
I'm talking. The pain will be unbearable, but you won't be able to move... A bullet usually travels faster than this, of course. But the dying? It seems like it takes forever. Something, isn't it? One tiny piece of metal destroys everything. It ripped her insides out... It took her light away. From me. From the world... And now the one person who should be here is gone - and a waste like you gets to live. A tiny piece of metal. Can you feel it now?

Ne me demandez pas pourquoi, ni comment, je l'ai fait, c'est tout. Et si ça vous étonne encore, alors laissez-moi vous raconter comment tout ça s'est déroulé, car croyez-le ou pas, j'étais pleinement conscient du sacrifice que j'allais m'imposer et du mal que je risquais de causer autour de moi. Stupide ou pas, j'assume ce qu'il s'est passé ce jour-là dans cette chambre d'hôtel misérable. Je crois que quelque part, ça m'aura aidé à fermer une plaie qui saignait encore trop, qui me brisait encore trop. L'échine courbée, coucher avec Joshua m'aura au moins permis de lever la tête et de poursuivre ma route. Non, ne me demandez pas pourquoi je l'ai fait, une simple impulsion, une envie, un besoin. Finalement, ça c'est fait, voilà tout. Aucune raison d'aller chercher plus loin, j'assume.

Il est assis sur son lit, un lit de fortune, ce n'est pas son lit. Les yeux plaqués sur le sol, il patiente. Dix minutes, voilà ce que Joshua lui a promis. Dix minutes pour regretter d'avoir eu une idée aussi saugrenue, dix minutes pour s'en vouloir et puis, la machine sera lancée et reculer ne sera même plus envisageable. Le regard éteint, il pousse un premier soupir et se lève. Il marche, fait les cents pas. Dehors, il ne pleut pas, la journée est plutôt ensoleillée et pourtant, son coeur n'est pas à la fête. L'hôtel dans lequel il crèche depuis sa sortie de l'hôpital est la seule chose qui le définit encore et qui lui permette de croire encore en sa capacité à rester vivant. Il n'a plus rien, il n'a plus personne. Jéricho n'est même plus qu'un prénom perdu dans les méandres d'un passé qu'il a cherché à oublier, dans l'alcool et la fumette, la veille au soir. Quant à Cheshire, le chemin pour le reconquérir sera long, plus long encore lorsqu'il apprendra ce qu'il s'apprête à faire, mais il est trop tard pour se résigner. Il regarde sa montre... Cinq minutes encore, il soupire une nouvelle fois et se rassied. Que faire, quoi dire, comment se comporter. Il n'aime pas Josh, il ne l'a jamais aimé. La cause de nombreuses de ses déceptions, Joshua n'exprime pour lui qu'un dégoût dont il ne peut pas se défaire. Et pourtant… Trois minutes encore, et sa respiration se coupe. Il regarde la porte de sa chambre et s'attend, à chacun des battements de son propre cœur, à ce qu'on y frappe. Il s'attend à Joshua car il l'a provoqué, il l'a cherché. Un besoin plus qu'une envie. L'envie de prendre son pire ennemi, l'envie de le baiser et d'oublier Jéricho, de passer à autre chose et de tourner la page, définitivement, sur cette relation qui n'en était même pas une… Une minute et Julian sent la tension le gagner. Le faire, ne plus le faire ? La question ne se pose même plus car déjà, on tambourine à la porte. Se redressant sur ses jambes, il ouvre la porte et esquisse un sourire à l'adresse de Joshua. « Tu es en avance. » Il laisse le jeune homme entrer dans la chambre, se pousse légèrement de la porte et la referme derrière eux. Fermant ainsi la porte sur son passé, s'enfermant avec le diable, goûtant à l'enfer.

Ne pas penser, oublier. Oublier jusqu'à l'odeur de Jéricho et aux souvenirs qu'ils ont partagés, oublier jusqu'à cette chambre dans laquelle il se trouve par la faute à cet amour dévastateur qui, au passage, avait réduit son cœur en miette. Oublier, ne pas penser. Il ouvre la porte et se retrouve face à Joshua, une seule phrase, certainement la seule qu'il prononcera. Il ne sait pas pourquoi il se retrouve entraîné dans cette histoire-là, ne sait même pas ce qui l'a poussé à donner l'adresse de son hôtel à celui qu'il a longtemps considéré comme son pire ennemi. Un simple coup d'œil, un simple regard. Pas de complicité, rien de tout ça. Ce n'est que du sexe, du moins, c'est ce dont il essaie de se convaincre. La réponse de Josh suinte l'ironie, la mauvaise foi même. Julian n'aura pas le temps de la relever, de rajouter quoi que ce soit. La porte à peine close, Josh le pousse jusqu'au lit sur lequel il se laisse péniblement tomber. Aucun commentaire, juste les yeux dans les yeux et seul le silence pour les accompagner. Julian se contente d'enlever son propre t-shirt avant d'accueillir son camarade de jeu en posant ses mains sur les cuisses de celui-ci. Jeu, ce n'est qu'un jeu, rien de plus. Une fichue mascarade par laquelle il espère, une bonne fois pour toute, éluder définitivement Jéricho de son esprit. Une seule pensée à son égard et brusquement, Julian se sent revigoré. L'envie d'y mettre un terme le transporte et sans attendre, il attire le visage de Joshua contre lui, capturant ses lèvres pour y déposer un baiser tout ce qu'on fait de plus fougueux et sauvage. Il se fait violence, ils se font violence. Ils ne se sont jamais aimés, Julian ne l'aime toujours pas. La seule différence, c'est qu'aujourd'hui, mise à part les lèvres de Joshua, il ne lui reste plus grand-chose à quoi s'accrocher. Ce n'est que du sexe. Ne pas penser, juste oublier, s'oublier dans les bras de Joshua. Les lèvres toujours plaquées sur les siennes, il glisse ses mains sous le t-shirt de son amant et lui caresse doucement l'échine, y retrouvant certains réflexes. L'image de Jéricho traverse son esprit, il rompt le baiser, avale sa salive difficilement et ouvre les yeux. Joshua. Il lui suffit de penser à son seul prénom pour réaliser la stupidité de ce qu'ils sont entrain de partagés, ensemble. De ses deux mains, il attrape l'extrémité du t-shirt de Joshua et l'invite à le retirer. Toujours allongé sur le dos, il glisse ses mains sur le bassin de son amant et l'attire à nouveau contre lui pour échanger un nouveau baiser… violence, tout se fait dans la violence et la folie de l'instant. Une autre image traverse son esprit, celle de Cheshire, et son cœur fait un bond dans sa poitrine. Mesurant à peine les conséquences qu'aura son geste sur ceux qu'il aime, sur celui qu'il aime, Julian prend les devants et renverse son amant, de sorte à se retrouver à califourchon sur lui. Occultant de ses pensées les moindres images qui pourraient encore troubler ce qu'il s'apprête à détruire en plongeant, une nouvelle fois, sur les lèvres de Joshua.