Une semaine. Cela faisait une semaine que j'etais dans ce putain d'hopital a attendre qu'on me dise que je pouvais enfin sortir et rentrer chez moi. Je venais de rater une semaine de cours pour rien. Et j'avais serieusement besoin d'avance dans mon projet. C'etait ma derniere année. Je devais excellencer dans mon projet, et pour le moment, j'etais au stade « developpement du concepte ». En gros, j'etais nul part. J'avais essaye d'avancer pendant mon sejour a l'hosto, mais les medecins faisaient tout pour que j'evite d'etre devant un ordinateur. Du coup, j'avais des tests, des IRMs quasiment tout le jours. C'etait LITTERALEMENT l'horreur. Je suis atteind de Parkinson et ma crise de dimanche soir avait ete du a cela, rien de plus. Y avait pas besoin de me faire une centaine de petit tests pour verifier si cela pouvait provenir d'autre part. Non, Parkinson et voilà. Une crise. Une crise comme tant d'autre. En fait, quand j'y pense. Cette crise etait comme la derniere, il y a quelques mois. Celle qui avait fait que j'ai mis fin a ma relation avec Josh. Je suis un connard ouais mais je voulais pas qu'il souffre encore plus alors j'ai mis, sans donner de raisons. Et quand j'y pense aujourd'hui, ca me fait mal. J'ai toujours quelques choses pour lui. Y a toujours quelques choses mais vu qu'on a coupe tout contact, c'etait plus qu'une histoire du passe.

Il devait etre dans les environs de midi quand les medecins vinrent me voir pour me dire que je pouvais enfin quitter le batiment. Oh putain enfin. J'en avais marre. J'ai vite signe les papiers de decharges, dit au revoir aux infirmieres -quand même un minimum de politesse- et je suis partie. En sortant de l'immeuble, je me suis accidentellement heurte contre quelqu'un. Dans la precipitation, j'avais pas du faire attention. Je me suis retourne pour m'excuser et il etait la. Josh. Je pensais pas le revoir un jour. J'etais abasourdi. Je savais pas quoi dire. Bouche-be, j'etais la a le regarder. Un silence s'installa. Je l'interrompu. «Josh... »

A quoi bon suer sang et eau pour faire quelque chose ? Tôt ou tard, je finirais par crever dans une ruelle sombre sans personne pour chialer ma mort, sans personne pour tenir ma main ou même se souvenir de moi. J’ai plus envie de faire d’effort pour qui que ce soit, j’ai envie de me laisser crever. Je sais plus quoi faire, plus qui aduler ou même comment me tirer de la fange dans laquelle je me traine. Misérable, pathétique. Merde, qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour reprendre une vie épique ? Je veux vivre avec de grands airs, avoir de vrai valeurs, avoir un coeur. Mes doigts gelés glissent dans mes cheveux alors que mes yeux restent rivés sur le bitume sur lequel mes pas s’enchainent. Je ne suis plus assez con pour croire qu’un jour je pourrais me tirer de cette merde. Au final, mon corps c’est tout ce que j’ai à offrir. Pourtant, à un moment donné dans ma vie, je pensais sincèrement pouvoir m’en sortir. C’était l’époque où Alexej et moi étions encore ensembles. Il me rendait heureux, me faisait vibrer. Pour lui, j’aurais absolument tout fait. J’avais l’impression de vivre le parfait idylle. Promis à une carrière d’architecte, parfait en tous points, je n’ai pourtant jamais réussis à lui dire ce que je fais pour bouffer. Peur de sa réaction, peur qu’il se mette à me haïr, peur qu’il se rende compte à quel point j’allais le faire sombrer, ... Peur qu’il me jette surtout. C’est d’ailleurs ce qu’il a fini par faire. « Désolé Josh, mais je peux plus continuer. C’est fini. » Et je ne l’ai plus jamais revu après ça. Je ne me suis jamais senti aussi seul de ma vie. J’ai jamais autant chialé aussi. Il a laissé un trou béant dans ma poitrine. Putain, j’suis trop sobre. Éclair de lucidité de merde. Je tuerais pour une dose ou un joint, n’importe quoi.

On me rentre dedans, retour à la réalité. Je n’essaie pas de cacher mon agâcement, poussant un juron alors que mes yeux se posent sur l’importun que je m’apprête à engueuler. Aucun mot ne sort pourtant de ma bouche alors que je dévisage l’homme qui se tient devant moi. Alexej. Mon coeur cesse de battre quelques instants avant de s’affoler dans ma cage thoracique, menaçant de me briser quelques côtes au passage. Alexej. Alexej. Son nom résonne dans mon crâne à l’infini. Tout mon être tremble. Pendant de longues secondes, peut-être même une minute ou deux, je suis incapable d’aligner deux mots cohérents. Alexej. J’ai envie d’hurler de joie à la vue de sa gueule d’ange, de lui hurler à la gueule, de l’embrasser, de le frapper, mais au lieu de ça, je ne fais rien. « Alexej. » Entretenant simplement ma mine désabusée, je me contente de le dévisager. Je me sens tellement idiot. La putain de douleur que j’ai jusqu’alors oublié me suffoque à présent. Merde, comment il a pu me faire ça ? Comment il a pu me quitter sans un mot de plus ? Sans une explication ? Pourquoi est-ce que je l’aime toujours autant ? Je le déteste de me faire ressentir tout ça. T’es qu’un putain de sadique Alexej. « Tu vas bien ? » Tentative maladroite pour le garder auprès de moi un peu plus longtemps. Nerveusement, je regarde autour de nous, ne parvenant plus à soutenir son regard. Je crève d’envie de savoir s’il est passé à autre chose, s’il m’a déjà remplacé.

Je panique. Mes mains tremblent, je suis en proie à des sueurs froides, mon coeur bat de plus en plus vite, je frôle la syncope. Il n’y a que lui pour me faire ça. Alexej. Qu’est-ce que tu fous là ? Pourquoi tu me fais autant de mal ? Merde. Quel con je fais. Tout mon corps l’appel. Toute mon âme hurle son nom. Reste avec moi. Que je suis pitoyable. Il doit certainement se foutre de ma gueule quand j’ai le dos tourné. Alexej espèce d’enfoiré. Je veux le serrer dans mes bras, l’embrasser, lui parler comme avant, me blottir contre lui, m’ennivrer de cette odeur si particulière, ... Je veux qu’il me reprenne. D’ailleurs, je hais ça. Je hais ma dépendance à cet homme. Il est mon héroïne, ma bouée de sauvetage. Le mec avec qui j’aurais aimé finir ma vie. Enfin, c’est pas comme si j’allais crever vieux avec toute la merde que je consomme. Les mains tremblantes, je roule tant bien que mal une cigarette que j’allume. Je ne lui en propose pas. Aucune envie qu’il se ruine la santé lui aussi. Déjà qu’il n’est pas bien solide, il a pas besoin d’une dose de nicotine en plus. Un sourire prend place sur les lèvres du jeune architecte. Mon regard dévie alors que mon coeur a cessé de battre quelques secondes. Lorsqu’il me répond, je ne peux pas m’empêcher de me marrer. Menteur. Je sais qu’il sort de l’hôpital, je suis pas con à ce point. Je ne lui fais pourtant aucune remarque. Après tout, on est plus ensembles. Je ne suis plus censé en avoir quelque chose à foutre de lui. Ça m’angoisse pourtant, j’aimerais savoir ce qu’il foutait là-bas. « Non. » Non rien ne va. Plus rien n’est pareil depuis son départ, depuis qu’il m’a quitté. J’ai envie de lui hurler à quel point il m’a fait mal, à quel point il m’a détruit, à quel point je le hais, à quel point je l’aime surtout. Le jeune homme se rapproche de moi, une petite voix dans ma tête me hurle de me tirer, parce que je risque de faire une connerie. Pourtant, je la fait taire, laissant mon ex s’approcher de moi, ma respiration se fait de plus en plus courte. Il marque un moment d’hésitation et j’attend qu’il se décide. Ses bras s’enroulent autour de ma nuque, je le serre fort contre moi, comme si j’avais peur qu’il ne s’envole, que l’on me l’arrache de nouveau. Putain il m’a manqué. Le simple fait de le sentir contre moi m’arrache des frissons. Sans réellement réfléchir, par méchanisme je suppose, je cale mon menton sur le haut de son crâne, lui caressant doucement le dos. « C’est bon Alexej, ça va aller. » Je veux l’embrasser. Sentir ses lèvres contre les miennes. Une boule se forme dans ma gorge tandis que mon estomac se tord. Quel con. Embrasse le merde, dit lui que tu l’aimes. j’en ai envie, mais je n’y arrive pas. J’ai tellement peur. Peur qu’il me rejette de nouveau. Alex semble bouleversé lui aussi, j’essaie de me montrer rassurant, de lui faire comprendre que je suis toujours là pour lui. Mes lèvres se posent sur son front. « Tu m’as manqué. » Je lui dit comme d’autres diraient bonjour. Un simple constat.

HJ ; j'me rattrape au prochain. @@

Mes doigts serrent son haut alors que je ferme les yeux, me délectant de cet instant tandis que ma main passe doucement sur ses hanches, profitant de cette proximité. J’abuse de son instant de faiblesse, essayant de m’immiscer de nouveau dans sa vie. J’en ai pas le droit. Dieu que c’est bon de le retrouver, de le sentir tout contre moi. En sécurité dans ses bras, je m’abandonne complètement à lui. J’ai besoin de cet homme. Aide moi Alexej au lieu de me déchirer, de me détruire. Trop égoïste pour le partager avec le reste du monde, trop lâche et faible pour prendre le risque de le perdre à nouveau, je ressens subitement le besoin de l’enfermer pour ne plus qu’il me fasse deux fois le même coup. Pour la première fois depuis des mois, j’éloigne la rancoeur et cette rage qui me ronge de l’intérieur depuis qu’il m’a abandonné, depuis qu’il s’est détourné de nous. La colère laisse place à l’espoir. Je veux tout recommencer avec lui. Partir de zéro pour nous reconstruire sur de nouvelles bases et tout le bordel. Si seulement il pouvait me laisser faire. Ma main quitte le bas de ses reins et je marque un temps d’arrêt avant de caresser sa joue avec tendresse. « Ne me laisse plus seul Alexej. Plus jamais. Même si tu ne veux pas qu’on soit de nouveau ensembles, je m’en fous. M’abandonne plus, c’est tout ce que je te demande. » Ma voix tremble, je suis sur le point de craquer. Je refuse pourtant de le faire devant lui. Ego à la con. Mon souffle chaud s’écrase contre sa nuque, avant que je ne m’écarte un peu de mon ex. J’ai soudainement honte. Ma fierté, je l’ai certainement oublié au placard. Je me marre nerveusement avant de passer une main dans mes cheveux. De nouveau, le russe s’excuse et une vague d’agacement m’envahit. Mon caractère de merde reprend le dessus. Pardonne moi Alexej, mais je refuse de souffrir encore une fois. « Arrête de t’excuser. » Dans ma tête, c’est le bordel. Le chaos. Je ne sais plus où j’en suis, ce que je dois faire, ce qu’il me veut. Je me renferme sur moi-même, m’éloigne de nouveau de lui. Cette fois, c’est moi qui prend la fuite. Merde, dis moi Alexej. Dis moi ce que tu attends de moi. Mon regard se repose sur son visage. Je veux sentir ses lèvres contre les miennes. Tu sais que t’es une drogue Alex’ ? La pire de toute. « Écoute, je comprends que t'ai voulu tout arrêter. C'est pas grave. Je pourrais juste jamais te pardonner de m'avoir laissé comme une merde. » Peut-être que je suis trop dur, mais ça fait des mois que j'ai envie de lui dire ce que je ressens, ce que j'ai vécu à ce moment-là. Je veux lui montrer à quel point il m'a fait mal, le faire souffrir autant que moi j'ai souffert. Ha. J'aimerais, mais je ne serais jamais capable de lui faire de mal.

Le voir aussi heureux à mes côtés suffit pour me transporter de bonheur. Je l'aime. Je l'aime tellement que c'est douloureux. Mon coeur saigne, pleure, me supplie de l'oublier, mais je ne peux pas. Autant se tirer une balle dans la tempe. Alexej c'est le seul et unique. Celui pour qui je ferais absolument tout. Son sourire est un châtiment divin et je crève un peu plus d'amour à chaque regard qu'il me lance. Son visage se rapproche du mien, ma respiration devient plus saccadée, mais je n'ose pas esquisser le moindre mouvement, de peur qu'il prenne de nouveau la fuite, qu'il m'abandonne sur le trottoir. Mon coeur cesse de battre. Nos lèvres se touchent. Mon corps se presse contre le sien, mes mains glissent autour de son visage alors que je l'embrasse avec passion. Dans ma tête, il y a un véritable feu d'artifice, c'est l'anarchie encore, mais je m'en fous. Je l'aime. A contre-coeur, je m'arrache finalement à notre étreinte. « Si tu veux toujours de moi, je resterais. Je t'aime Alexej. » Je me sens idiot de lui avoir dit, mais je me sens mieux. Bien que toujours flippé à l'idée qu'il prenne peur, je veux qu'il comprenne une bonne fois pour toute qu'il est mon seul et unique. Le mec de ma vie et tout le bordel qui s'en suit. Peut-être même qu'un jour, je lui dirais pour mon boulot et tout ça, mais maintenant, je veux simplement qu'il me reprenne.

HJ ; nul @_@

De ma vie, jamais je n’ai aimé ou voulu quelqu’un autant qu’Alexej. Il a bouleversé ma vie, foutu tous mes principes en l’air, m’a fait crevé plus d’une fois avant de me ramener à la vie. Pourtant, je reste à ses côtés, je dégage quand il veut pas de moi, je reviens comme un petit chien dès qu’il me rappel. Ça ne me dérange pas. L’amour que je lui porte me rend certainement trop con. Non pas que ça me dérange, je serais prêt à attendre une éternité s’il le fallait. C’est le seul qui me fait autant rire et autant sourire, le seul qui parvient à me faire oublier ma vie de merde. C’est mon remède à tout. Honnêtement, ce que j’ai avec lui, c’est la seule chose qui passe avant ma dope. Le seul pour qui j’arrêterais d’ailleurs. Alors, qu’il ne réponde pas à ma putain de déclaration me frustre. Je dois avoir l’air d’un idiot, un véritable con. Ou alors, j’en demande trop de lui. Peut-être que je devrais le laisser tranquille ou l’attendre. Il me faut un certain temps pour me reprendre, pour me calmer. J’ai la rage au ventre, je lui en veux de ne pas m’avoir dit ces trois mots. Les seuls que je veux entendre de sa bouche d’ailleurs. Nerveusement, je regarde l’heure sur mon portable. Faut que j’aille rejoindre mon client, il m’attend déjà. « Je suis en retard... Écoute, je te rappel. » Départ brusque. Trop soudain. A contre-coeur, je recule, mes lèvres se déposant sur son front une dernière fois. Il me manque déjà.