L'Australie, pays des Kangourous, des Koalas et pays qui a retenu Nemo contre son gré dans un aquarium à Sydney. Ven y est né, à Melbourne précisément et ce grâce à l'union d'un Australien et d'une touriste française qui s'y installa suite à un coup de foudre. Il faut dire que le père de ce garçon n'avait rien à envié à personne. Sa mère aurait pu se refaire le nez mais ce n'est qu'une histoire de physique. Une enfance banale, digne d'un film hollywoodien où l'on montre la naissance et que seules quelques minutes suffisent à faire défiler douze ans du héros. Le père de l'enfant était anesthésiste tandis que sa mère travaillait comme secrétaire dans une grande multinationale dont les produits étaient avant tout composés d'alcool. Je vous assure, il n'a manqué de rien, même pas d'amour malgré le travail prenant de ses parents. Il y avait tout de même quelque chose qui gênait légèrement les parents, leur fils était créatif, beaucoup trop créatif. Un ami imaginaire à quatre ans, c'est normal mais lorsqu'il continue à exister dans la tête de l'enfant jusqu'à l'âge de treize ans, il y a un léger problème quelque part.

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Anabelle ϟ Avery Ven McTwist tu vas arrêter ça tout de suite !
Ven ϟ Arrêter quoi ?

Il arqua un sourcils tout en regardant sa mère. Il ne comprenait absolument pas ce qu'elle lui voulait alors qu'il était tout simplement dans sa chambre.

Anabelle ϟ De parler seul ! Tu vas arrêter de discuter tout seul, ça deviens grave tu sais !
Ven ϟ Je parle pas seul maman, je LUI parle...

Elle soupira, exacerbée par cette réponse qu'elle redoutait tant. Anabelle commençait à avoir peur de son propre fils, qui discutait seul dans sa chambre, prétextant que son interlocuteur était son ami imaginaire. Ven la regardait encore, comme si tout ce qui se passait autour de lui était logique. Il se retourna ensuite, regardant son mur et il reprit son monologue comme si tout était normal.

Ven ϟ Ce soir, j'ai envie qu'on regar...

Un hurlement strident parcourus la maison. Anabelle n'en pouvait plus ! Son fils avait-il un problème mental ? Qu'avait-elle fait pour que cela lui arrive, à elle. Son mari était sein d'esprit, tout comme elle et voila que son fils conversait avec un mur à longueur de journée. Il la regarda, choqué par sa réaction lorsqu'il avait parlé à son ami imaginaire. Elle l'attrapa par l'avant-bras et le tira jusqu'à la cuisine, l'obligeant à s'asseoir sur une chaise pendant qu'elle préparait le repas. Elle le regarde, désespérée par le cas de son fils et lui dit, à la limite de la crise de nerfs.

Anabelle ϟ Ose dire un mot, un seul et ça va aller mal pour toi ! Tu as douze ans Ven et à cet âge là, les amis imaginaires, ça n'existent plus ! Alors, tais-toi !

Il acquiesça lentement tout en la regardant, terrifié. Elle prépare le dîner pendant qu'il la regardait, sans prononcer un seul mot de peur des représailles. Il tourna la tête un instant vers une chaise à ses côtés et sourit. Il n'était pas seul avec elle dans cette cuisine, son ami était là, sans pour autant faire ressentir sa présence.

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Avoir un ami imaginaire est une chose peu commune pour un enfant de onze ans. Les psychologues étaient conscients que son cas n'était pas commun. Une maladie mentale se cachait-elle sous cet aspect étrange de sa personnalité ? Tout semblait aller vers cette hypothèse. Treize ans, l'âge où il commença à avoir des cauchemars. La nuit, les hurlements du pré-adolescent réveillait ses parents. Le prétexte de tout ceci : des bruits étranges, des paroles sortant de nulle part, des ombres mouvantes longeant les murs et les fenêtres. Son psychologue l'envoya voir un psychiatre qui suite à un examen du sujet, lui donnèrent des médicaments dont il n'a jamais retenu le nom. Tout se calma, sans pour autant quitter l'esprit du garçon...

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Un craquement de bois. Les pas se rapprochèrent tandis que l'ombre diminuait de taille sur le mur. La chambre était légèrement éclairée par la lumière bleutée de la lune. Un dernier bruit, très près, trop près de lui et un hurlement brisa le silence qui régnait en maître dans la maison.

Ven ϟ MAMAAAAN !!! PAPAAAA !!!!

Encore une fois, un cauchemar ? Ils se réveillèrent, ne dormant qu'à moitié, connaissant les insomnies de leur fils. Anabelle et son mari se levèrent tout de suite, courant jusqu'à la chambre de leur fils. Elle alluma la lumière, il était caché sous ses couvertures, les yeux fermés. Elle s'approcha, doucement, attristée par la situation qui semblait s'aggraver de jour en jour.

Anabelle ϟ Ven, c'est maman... Ne t'en fais pas mon chéri, tout va bien, il n'y a personne...

Il sortit doucement de sa couverture, ouvrant les yeux pour apercevoir la lumière et ses parents. Un léger sourire rassuré se dessina sur son visage tandis que sa mère s'approchait de lui, le prenant doucement dans ses bras. Elle le serra doucement contre lui, afin de le consoler de cet affreux cauchemar qui semblait bien réel pour lui. Son père retourna dans sa chambre afin de se recoucher.

Ven ϟ J'ai entendu des bruits maman, il était là, près de moi...

Elle a soupiré doucement, sans qu'il puisse l'entendre. Il n'arrêterait jamais. Ses médicaments faisaient effet, mais pas assez vite pour elle. Il était vrai que ses réveils en pleine nuit étaient de moins en moins fréquents mais tout de même, cela n'était pas assez rapide pour Anabelle.

Anabelle ϟ Tu vas dormir mon ange maintenant ? Si tu veux, allumes ta lampe de chevet.

Elle quitta la chambre après avoir allumé cette petite lumière. Ven n'était pas rassuré mais, doucement et suite à la fatigue, il réussit à s'endormir malgré les bruits qui n'arrêtaient pas tout autour de lui.

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Une psychose hallucinatoire chronique, voila le terme exacte de la maladie dont souffre Ven. Des voix se font entendre et des images non-réelles sont transmises à son cerveau, lui permettant de les voir. Mais voila, il est le seul à les voir. Tout cela lui semblait normal lorsqu'il était enfant, et encore aujourd'hui cela lui parait parfois normal. Des cauchemars réelles, voila la seule chose qui lui permet parfois de comprendre qu'il est malade. Psychose, ce genre de trouble parait normal pour le patient, mais ne l'est absolument pas. Voila une brève définition du psychiatre de l'adolescent. Il commence à comprendre qu'il a un problème, grâce à cette fameuse psychothérapie cognitivo-comportementale qu'il doit suivre de façon assidue. Cela lui permet de grandir correctement, malgré un développement mentale hors norme. Les crises de délires sont parfois violentes et, il arrive qu'elles disparaissent durant plusieurs mois, le laissant vivre sa vie tout à fait normalement. Mais les médicaments, fameux neuroleptiques qu'il avale chaque jour pour atténuer cette maladie si étrange.

Une figure paternelle s'effaça petit à petit. Son père les a quitté il y a plus de dix ans et tous les jours, tout ce qu'il voyait n'était que mensonge. Il n'était plus là, il était réellement malade. Psychose qui ne l'était plus tant puisqu'il comprenait que son esprit inventait des choses. Ven grandit presque normalement, vivant de mieux en mieux avec cette maladie qui, pourtant, lorsqu'elle apparaît, ne lui fait pas comprendre qu'il divague. Selon lui, son père travaille, il part parfois en voyage afin de revenir des mois plus tard. Sa mère ne le voit pas, mais c'est normal, ils sont en froids. Elle qui croyait qu'il commençait à comprendre qu'il n'existait pas, et pourtant il continuait à le voir, s'inventant tout un monde autour de lui. Rien de très dangereux, mais difficile à vivre pour elle et bientôt, pour lui. Un jeune homme qui entra dans sa vie, de passage durant une année avant de disparaître. Etait-il réel ou non ? Pour lui, bien sur que oui !

La maladie se calma, lui laissant de plus en plus de repos. Les moments de lucidités se faisaient de plus en plus nombreux au plus grand bonheur de Ven, qui ne se rendait tout de même pas vraiment compte de tout ça. Il réussit à avoir son Bac comme beaucoup d'autres étudiants de sa promotion. Malgré ses quelques problèmes liés à sa maladie, qui resta secrète pour tout le monde. Ven était un élève doué, ce qui lui permit de venir s'installer à Paris, afin de découvrir la ville où sa mère avait grandit, pour y suivre des études d'infirmiers. Il réussit à passer à travers les mailles du filet pour les inscription, malgré sa psychose.

Trois années de dure labeur, de travail intensif et de secrets qu'il réussit à garder. Il faisait, de temps en temps, des crises mais les gérait de mieux en mieux. Sa psychose devenait petit à petit névrose, malgré que le nom restait toujours le même. Il commençait à comprendre que tout ce qu'il voyait, n'était pas toujours vrai. Sa perception était faussée suite à sa maladie. Cela fait maintenant deux ans qu'il travaille comme infirmier, cachant sa maladie à tout le monde. Il vit une vie tout à fait normale, suivant simplement un traitement continu... Jusqu'à ce qu'il y a de ça quelques semaines, les crises ont repris. Elles sont tout de même moins fréquentes mais restent présentes, pouvant aller à une crise par semaine comme une crise par jour. Ven a peur, peur de retomber dans tout cela et il sait que le moindre choc peut le faire retomber. La chute pourrait être terrible, alors, il se bat et tente de poursuivre sa vie, normalement, même si cela n'est pas toujours facile.