✧ ÂGE : la moitié de quarante ✧ COEUR : y a des fantômes ✧ MESSAGES : 636 ✧ HERE SINCE : 15/05/2013
Sujet: LARME À GAUCHE. (OCTAVE) Lun 4 Nov - 20:33
Arabesques de couleurs, cubes, ronds, hexagones triangulaire, voluptés fascinantes. Coups de couleur à la Van Gogh, des preuves que quelque chose vit sous ce papier. Pics de lumière par ci par là, dessins enragés ou juste étalages d'une couleur unique, juste belle pour ce qu'elle est. Tout ça c'est la mise au propre de mes rêves d'enfant brouillons - maintenant, moi je fais plus que des cauchemars en noir et blanc. - On devrait les couvrir comme ça, nos quatre murs. C'est à moi que je parle, ou alors au fantôme de Félix. Nos murs du métro sont gris, gris-béton, gris-désespoir et c'est comme ça. Pour casser tout ça il u a juste quelques mots de la main de mon ami, un début de poème-chanson, gribouillés un jour où on n'avait plus de feuilles à carreaux. Moi si je devais faire un métier, ce serait vendeur de papier peint, c'est sûr. Du silence s'amène dans mon dos, c'est le silence d'Octave; c'est Octave. Octave c'est le fantôme silencieux derrière vous, l'oiseau qui progresse jusqu'à vous de ses ailes tellement abîmées qu'elles n'en font plus aucun bruit. Octave c'est le vendeur. On pourrait jouer à moi qui ferait semblant d'acheter et lui de me conseiller. Mais je crois que ce serait vite déprimant pour moi, et pour lui aussi, parce qu'il est toujours déprimé, Octave. Sourire pour le dérider. Peine perdue, il sourit pas, il sourit jamais je vous dit. - Tu m'emmènes quelque part ?
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Sujet: Re: LARME À GAUCHE. (OCTAVE) Lun 4 Nov - 22:23
Et lui. Théotime. Qu'est-ce qu'il foutait, toujours, dans ce magasin ? Il contemplait, il admirait. Comme s'il y avait eu quelque chose à admirer. Des papiers-peints pour la plupart importés de Taïwan, des pots de peinture, des sous-couches, et puis quelques accessoires par-ci par-là, le genre de trucs qu'on décorait soi-même pour l'accrocher fièrement dans son salon en se prenant pour un artiste. Rien d'extraordinaire. Mais ça semblait comme le fasciner. Comme s'il voyait quelque chose d'invisible, comme s'il percevait quelque chose que les autres étaient incapables de voir. Demandez-le à n'importe qui. Ça ? C'est juste de la tapisserie, avec un air dédaigneux et surpris sur le visage. Et puis demandez-le à Théotime. Ça devait être autre chose. Alors quoi, il se faisait du mal, le gamin ? La nuit, rêvait-il de tapisseries ? Octave, lui, il la vomissait. Et Théotime, il ne pouvait pas s'en payer. Pourtant, si ça avait été son magasin à lui, Octave lui aurait donné un rouleau de tout ce qu'on faisait, du faux cuir en passant par les papiers-peints de chambre d'enfant. Comme ça, il aurait peut-être pu mettre des couleurs dans sa vie, Théo.
Il aurait bien voulu, des fois, qu'il sorte illico presto du magasin, parce qu'il ne voulait pas le voir. C'était pas de la peine, c'était autre chose. Parce que ce gamin, il n'avait rien à faire ici. Et rien nulle part. C'était la petite âme secrète du magasin. C'était une histoire de tapisserie. Un truc que les gens ne peuvent pas comprendre.
« Tu m'emmènes quelque part ? » Oui, je te paye un Mac Do si tu veux. C'aurait été déplacé, pour Théotime et son sourire vain. Ouais, mais Octave, il travaillait, lui. Pour alimenter sa vie à crédit, pour voir Louise, encore, toujours, parce que si ça n'avait tenu qu'à lui, il serait rentré près de sa mer, et basta les papiers-peints. « Bah... Si tu veux. Je leur dis que je prends ma pause, et je reviens pas, j'ai pas envie. On peut aller aux Tuileries, si tu veux. » Ouais, Louise, elle bosse pas loin. Et puis, je sais pas où aller, moi. C'est toi qui veut sortir.
Victor Trompette membre
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Sujet: Re: LARME À GAUCHE. (OCTAVE) Dim 10 Nov - 20:49
- Bah... Si tu veux. Je leur dis que je prends ma pause, et je reviens pas, j'ai pas envie. On peut aller aux Tuileries, si tu veux. Oh, moi, les Tuileries, j'y mets plus les pieds. Je suis trop moche pour cet endroit, trop crado, mais aux côtés d'Octave, je me sens toujours un peu moins minable, un peu comme avec Félix. Un peu. Et puis c'est sympa de me sortir un peu de mon métro pour une fois, de pas m'accompagner aux tréfonds de mon existence, mes existences plutôt, parce que depuis que y a plus l'autre, je suis comme une nouvelle personne dans une nouvelle vie. C'est sympa et j'ouvre les lèvres pour le lui dire. Et après je les referme et je garde les mots. Octave et moi, on parle pas. Ou on parle trop. Mais on dit jamais « c'est sympa », c'est nul, on dit pas bonjour, merci, comment ça va la vie en ce moment, regarde comment cette dame est habillée, oh il pleut, on dit jamais ça, avec Octave, on dit que les choses d'importance. On brasse pas les mots dans le vide, jamais. Et on fait de la musique et de la magie, voilà. Sur le chemin du jardin - où je vais tellement jamais que je ne connais pas les rues qui y conduisent - je l'ouvre. Il doit pas entendre avec tous les bruits de vie autour de nous. Je m'en fous. C'est à lui que je parle, mais de toute façon, qu'est-ce que tu veux qu'il me dise. Alors, qu'il m'entende ou qu'il m'entende pas, hein. - C'qui me tue c'est que ... J'aurais voulu partir, moi. Pas lui. Les laisser tous les deux au fond du trou qu'on a creusé ensembles. Partir, quoi, deux-trois mois. Respirer un véritable air, autre chose que c'te dioxyde de carbone hypocrite. Il a fallu qu'il m'pique mon idée de fuite évidemment. Y a fallu qu'il le fasse avant moi et que ce soit moi qui me retrouve dans l'malheur. Il est bien où il est j'suis sûr. Tell'ment bien qu'il reviendra pas, hein, si ça s'trouve. Un pied devant l'autre, toujours, c'est plus facile avec quelqu'un à ses côtés, même si c'est un magicien vendeur de papier peint dépressif.