théo,nemo et le chat. il sait que je le suis depuis une heure déjà, car je le vois se retourner quelques fois pour me regarder et se lécher. je fais comme si je regardais ailleurs, mais en fait, mes yeux ne quittent pas son ombre. il m'inquiète, car il semble appartenir à quelqu'un, trop affectueux, trop connaisseur en matière de charmer. je le laisse continuer son chemin tranquillement et je rentre dans le restaurant où je dois prendre quelque chose à manger, trop paresseux pour faire à manger, trop paresseux pour aller au marché. les minutes passent, je regarde toujours à l'extérieur, j'ai perdu ce chat du regard, je me sens triste. j'ai enfin mon repas entre les mains, je ressors alors à l'extérieur du restaurant et je regarde les gens passés. les gens me regardent manger, je me sens terriblement gêné, mais je fais comme si j'étais intéressé à quelque chose d'intéressant l'autre côté de la rue, ce garçon avec ce chat. ils semblent bien s'aimer, et je remarque que ce garçon demande de l'argent aux gens dans la rue. j'avale difficilement cette dernière bouchée. j'ai un noeud qui se forme, car moi, je suis en train de manger, devant lui, alors que lui, demande de l'argent pour manger. je rentre de nouveau dans le restaurant et commande un repas pour emporter, je ne peux pas m'empêcher de le fixer. il semble bien avec son chat. un chat, c'est magique. les gens passent, les gens le regardent, d'autres ne font pas attention. un sourire ne fait pas le mal, des dire des mots ne tuent pas, aider c'est aimer. j'ai ce sac dans ma main et je marche pour traverser cette rue qui nous sépare. cette voiture roule, elle ne voit rien, elle ne voit pas ce chat qui traverse cette même rue que moi. je ferme les yeux pour ne pas assister à cette scène. les secondes deviennent longues et puis je le vois il est couché dans la rue, le conducteur en état de choc et puis ce garçon qui ne lâche pas l'animal des yeux. je m'approche de lui et dépose le repas à côté de lui. - c'était ton chat ... ? l'évidence était là, devant mes yeux, bien sûr que c'était son chat. je me retourne et je vois des gens s'occuper du conducteur, mais pas de cette pauvre bête et de ce garçon. je vais lui demander son prénom, car je sais qu'il ne s'appelle pas garçon ou jeune homme. je sors son compagnon de la rue pour le déposer un peu plus loin sur le trottoir . je ne sais pas quoi lui dire. mes sympathies ? qu'il va se retrouver au paradis des chats ?non, je ne fais que le regarder, et j'attends qu'il me parle.
Victor Trompette membre
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Sujet: Re: théotime; le chat. Mer 30 Oct - 12:09
- C'était ton chat ... ? Sursaut. C'est lui, le garçon aperçu dans une autre vie, mon suiveur de ma précédente éternité, quand Kerouac n'était pas une crêpe passé sous les roues d'une auto. Un garçon qui me ressemble. Pas très grand, pas très gros, joli à sa manière, une petite voix. Sauf que si ce garçon a un chat, le sien, est sûrement encore vivant. Pas en compote comme le mien. Comme mon Kerouac, mon bébé, mon tout. - C'est mon chat. Pourquoi du passé ? C'est toujours mon chat. C'est pas parce que son âme vient de se casser au Paradis qu'il est plus mon chat. Et moi face à ce garçon, immobile tout comme moi, j'ai l'impression d'avoir trois ans, j'ai l'impression de n'être plus rien. Que poussière. Les parisiens s'émiettent maintenant. Ils sont contents, la voiture va bien, le conducteur va bien. ET LE CHAT ? Quitte à faire piler une deuxième, troisième voiture, quitte à passer lui aussi sous leurs roues, le garçon court à la route, il m'abandonne au bord de la rue. Et me donne le chaton. Mon Kerouac est tout chaud encore. Plus vraiment roux mais rouge et noir, comme le roman de Stendhal, rouge de sang, noir de Paris. Je le dorlote, Kerouac, je lui murmure des joliesses. C'est triste de parler à un mort, ça ne répond pas. Il me parlait, moi, Kerouac. Des miaous qui voulaient dire « alors ça farte aujourd'hui », « Ondine est terriblement belle ce matin tu trouves pas ? ». Et il se plaignait jamais d'avoir faim. Et il revenait toujours de ses balades en solitaire dans le métro. Un vrai warrior loyal. Et il a jamais mis une fille enceinte. Il savait que ce serait pas commode pour nous. Bon dieu, je me rends compte que je suis grand en vérité, que le chat est minuscule contre moi. Pas plus gros que mon cœur malheureux. Et le garçon est toujours là près de moi, nous, mon chat mort et moi. Il doit attendre qu'on fasse nos adieux mais moi je lui dis bonjour, à Kerouac, il est midi, là, je dirai bonne nuit plus tard, ce soir, ou jamais. Quand on devra se séparer. Ce qui ne saurait tarder. Je ne sais pas, plus, et mes pensées vont dans tous les sens. Dans mon crâne c'est encore plus le foutoir que quand Ondine me sourit. J'ai besoin de quelqu'un. D'un Félix ou autre. Et lui il est là. - Tu viens l'enterrer avec moi ?