La voix de Rémi gronde une dernière fois dans le hall de l’immeuble. Personne ne comprend ce qu’il veut dire. Tout du moins, Malo veut faire semblant de ne pas comprendre ce qu’il lui dit. Il fronce les sourcils, analysant les quelques mots scandés par son ami. Fais – attention – à – toi. Etait-il sérieux dans ses propos ? Faire attention à soi. Le breton secoua énergiquement la tête, se contentant alors d’un bref signe de la main pour saluer une dernière fois son ami. Rémi avait décidé d’endosser le rôle du grand frère, du paternel de la soirée. Quel rabat joie. La porte se referma violemment, ne prenant même pas la peine d’écouter les douces paroles prônées par son ami. Il fera attention à lui, bien entendu. De toute façon, que pouvait-il lui arriver ce soir ? Rien. Ou tout du moins, pas grand-chose. Malo était assez grand pour se défendre, pour se protéger. Tout seul. Tout seul comme un grand. Il n’avait pas besoin des paroles de ce bienfaiteur pour cela. Pour faire attention à lui. L’air frais nocturne vint doucement le gifler. Et cette calotte amicale le tenait éveillée dans cette nuit bien sage. Sur ses pas, pas un chat dans les petites ruelles qu’il traversait. Les quelques lampadaires lui éclairaient son chemin éphémère, et telle une âme sans peine, il laissa ses pas fouler le macadam noir. Il allait rencontrer chez-lui. Dans quelques minutes, dans quelques heures. Quand son corps l’aura décidé. Il se retrouvait sur ses environs qu’il connaissait, qui ne lui étaient pas inconnus. Certainement, parce qu’il venait y courir de temps en temps. Mais cette nuit-là, plus rien ne ressemblait à ses terres d’entrainement. Un voile de candeur s’était déposé sur ces endroits. Un rire enfant et cristallin s’échappa furtivement entre ses lèvres, et s’envola au loin dans ce ciel étoilé. Il était seul, tout seul. Mais…
Promis, je ferai attention.
Il s’approcha timidement, curieusement sur ces jouets qui jadis avaient meublaient son enfance. Enfance. Cette période qui semblait bien loin derrière lui à présent. Cette époque où tout était simple, trop simple. Cette époque où l’on n’avait pas à prendre des décisions, à part de savoir si Juliette ou Flavie sera notre amoureuse aujourd’hui. Cette époque qui respirait la naïveté insouciante, où la candeur se respirait à plein poumon. Tout cela était derrière lui à présent. Et pourtant. Il émit un petit rire amusé, et taquin en s’approchant du tourniquet. Il était seul, tout seul. Mais cela n’allait pas l’empêcher s’amuser. S’amuser. Tout du moins, de s’amuser comme son inconscient en avait décidé. Il fit tourner le jeu d’enfant de toutes ces forces, avant de rire grassement en le voyant tourner. Tourner, encore et encore. Tourner à lui en donner mal à la tête. A moins qu’il ait déjà mal à la tête, avant cela. Il ne savait plus l’origine de ce mal de tête. Malo ne réfléchit plus un instant, et tenta de sauter sur le tourniquet en fonctionnement. Il se laissa violemment tomber. Demain, il aura un bleu, mais ce détail n’avait plus d’importance maintenant. Allongé sur le dos, il regarda le ciel étoilé qui tournait, encore et encore au-dessus de lui. Un nouveau rire enfantin fusa entre ses lèvres. C’était drôle. Ce soir, il vivait. Il revivait. « Promis, j’ferai attention ! » répliqua-t-il, tel un enfant taquin.

Leho et toi, vous vous êtes incrusté à une soirée dans le 10ème arrondissement. Tu n'as évidemment aucune idée d'où tu es, tout ce que tu sais c'est que tu restes accrochée à Leho comme à une bouée. Ses doigts sont entrelacés avec les tiens et tu ne peux décidément pas te résoudre à lâcher celle-ci. Ce serait un peu comme perdre le seul repère que tu as dans cet appartement, tu navigues avec lui de la cuisine au salon, tu manges la pizza des autres et tu bois de la vodka que tu n'as pas payé. mais à vrai dire, t'en as rien à foutre et tu ne t'en préoccupe même pas. l'important ici, c'est l'ivresse d'un vendredi soir que tu passes avec Leho. Doggy et Kyhan ? Doggy te boude depuis que vous vous êtes séparés et tu sais qu'il veut passer le moins de temps possible avec toi, et le plus de temps possibles avec de jolies nanas qui sont... tout sauf comme toi. Kyhan, il a juste tellement bu qu'il a vomi et que maintenant, il dort comme un bébé sur un matelas dégueulasse. Depuis que tu es rentrée dans la salle, les gens te toisent avec un air arrogant, se demandent ce que tu fous là et pourquoi tu as été invitée. Il faut dire qu'avec ton sac à dos accroché à tes épaules, avec Nounou à l'intérieur, bien caché, tu ne te sens pas à l'aise du tout et les autres se posent des questions et devinent. Oui, ils devinent ce que tu as avec toi, ils savent que Nounou est là, ils le sentent. C'est le genre de grosse fête auxquelles tu n'es pas habituée et heureusement que Leho est là, parce que tu aurais sûrement paniqué. Et puis finalement, alors que tu prends la dernière gorgée de ton verre de Vodka-Redbull, Leho te tire du canapé et t'entraine sur le pallier. Il lâche ta main, ce que tu n'aimes pas beaucoup, mais s’accroupit légèrement devant toi. Ni une ni deux, tu montes sur son dos, pose ta tête sur son épaule et regarde devant toi pendant que Leho marche. Aucune peur, il a toute ta confiance et l'aura toujours. Tu te laisses juste bercer par les pas de Leho, le doux mouvement que tu ressens mais qui ne t'atteint pas. C'est comme si tu étais sur un petit nuage. Et finalement, tu n'as pas vu le temps passer que vous arrivez près d'un endroit où vous entendez des cris et des rires. Ton regard vitreux et vide se tourne vers l'origine de ses bruits et tu sais que Leho est de toutes façons attiré par ce genre de mélodie enfantine. Un tatoué est la tête dans le sable, apparemment coincé à une balançoire, tandis qu'un brun est dans le tourniquet et se laisse porter par l'engin. Tu sais que Leho sait que tu as le regard qui vient de s'illuminer, tu sais également que Leho a exactement ce même regard. Tu descends de son dos et en attrapant sa main au passage, tu cours vers l'un des jeux pour enfant. « Le premier arrivé en haut ! » dis-tu, soudainement souriante et apaisée par la vue de ce jeu qui consiste à grimper sur une structure faire de cordes afin d'atteindre le sommet. Une sorte de toile d'araignée, et autant dire que tu adores ce jeu et que tu te prendrais presque pour Spider Man. Et finalement, lorsque tu arrives à 10 mètres de hauteur, tu te cales contre des cordes et quitte ton sac à dos (histoire que Nounou puisse admirer la vue) qui tombe au bas de la structure. « NON, NOUNOU ! » cries-tu, les larmes aux yeux. Dans ton imaginaire, Nounou est tombé dans un ravin et il est maintenant presque certain que celui-ci est décédé. Les larmes te montent aux yeux, tes pommettes deviennent rouges et tu ne peux t'empêcher de crier : « A L'AIDE, A L'AIDE ! »