t'as le choix ; pervers ou admirateur ?
ALEE-ALLANA ARCHDEACON.
Tu ne l’entendais pas crier, mais tu étais capable de sentir l’intensité dans sa voix. Après, tu n’avais même pas besoin de le regarder pour savoir ce qu’il venait de dire, puisque ça faisait une dizaine de fois qu’il te disait la même chose. Chaque fois que tu arrivais au grand battement, tu perdais l’équilibre. Ce n’étais pas grand-chose, mais juste assez perceptible pour que l’œil de Simon le capte et te cris de recommencer encore et encore. Il ne te laissait même pas le temps de continuer, de terminer l’enchainement, tu devais tout simplement t’arrêter et recommencer du début. Tu pris donc une respiration, tu te replaças dans le fond de la scène. Tu allais recommencer ton enchainement pour une énième fois quand tu vis un jeune homme venir s’asseoir sur l’un des sièges rouges de l’opéra. Ce n’était pas la première fois que tu le voyais venir regarder les répétitions, mais tu ne lui avais jamais parlé. En fait, tu t’étais toujours demandé pourquoi cette tête brune venait toujours pendant les répétitions et jamais pendant les représentations. Quoi que bon, rien ne te disais qu’il ne venait pas aussi aux représentations. Tes pensées se posaient un million de questions, mais elles furent toutes interrompues par un claquement de doigt devant tes yeux.
❝ Qu’est-ce que t’attends ? Que le bon dieu vienne faire l’enchainement à ta place ?
❝ N.. non...
Tu sentais que sa patience avait des limites et que tu commençais à l’atteindre un peu plus chaque fois que tu ratais le même mouvement encore et encore. N’importe qui à ta place serait très certainement parti, mais t’étais trop perfectionniste et déterminée pour juste abandonner comme ça sans te battre un minimum. De toute manière, tu savais que tu finirais par avoir ce mouvement, tu le savais parce que tu l’avais déjà fait une centaine de fois avant aujourd’hui. Tes pieds seraient peut-être en sang lorsque tu le réussirais, mais tu y arriverais, t’en étais certaine. Tu pris une autre grande inspiration et tu recommenças l’enchainement pour la vingtième aujourd’hui. Tu essayais de ne penser à rien, de simplement respirer et suivre le tempo de la musique, mais encore une fois, arrivée au grand battement, tu ne réussis pas à garder ton équilibre plus de deux secondes. Tu le sentis crier dans ton dos, tu vis même tout le monde sortir de la scène et lorsque tu te retournas, il n’y avait plus personnes. Ne voulant pas abandonner tout de suite, t’avais aussi une très bonne idée de ce que Simon venait de dire, tu recommenças l’enchainement. Cependant, cette fois-ci, tu réussis à le faire au complet. Pensant que c’était que de la chance, tu décidas de recommencer encore et encore, mais chaque fois tu réussissais à faire l’enchainement complet. Comme si parce que Simon n’était plus là, tu pouvais enfin le faire.
Après une dizaine de fois, tu décidas d’arrêter. Tu commençais à en avoir marre, tes pieds te faisaient souffrir et la fatigue t’envahissait petit à petit. En enlevant tes chaussons pour faire relaxer tes orteils, tu vis que le brunet était encore là à te regarder. Tu te dirigeas donc vers lui d’un pas tranquille, tes chaussons dans les mains. Tu ne savais pas tellement pourquoi tu y allais, surement pour répondre aux diverses questions que tu avais dans ta tête, mais rien ne te garantissait qu’il n’était pas un pervers, un fou ou encore un mec qui allait te kidnapper. Cependant, tu fais partie de ce type de personne qui imagine toujours le meilleur chez les gens, même les inconnus et qui espère que même les pires personnes peuvent changer. Voilà pourquoi t’as pas peur, tu l’approches comme si tu le connaissais déjà, comme s’il était un ami à toi.
Arrivée à sa hauteur, tu te laisses complètement tombée sur le siège à côté de lui, tu poses tes pieds sur le dossier du fauteuil en avant de toi. Tu le regardes rapidement et tu découvres qu’il est plutôt jeune, en fait très jeune pour aimer la danse classique. Il a des cheveux bruns, mais ça tu pouvais le voir de loin et plutôt bel homme, mais quelque chose te dis qu’il joue dans la même équipe que toi. T’en es pas certaine à cent pour cent, mais tu as des doutes raisonnables.
❝ Pervers ou Admirateur ?
Cette nonchalance ne te ressemble pas tellement, tu ne sais même pas pourquoi tu es aussi relaxe. Tout le monde le sait, toi-même si le sais, t’es coincée comme fille. Une fille comme il faut, sage et qui ne vit aucunement en marge de la société. Alors tu ne comprends pas complètement ce qui se passe avec toi, mais bon, t’en as très certainement marre d’être comme il faut et tu dois être tellement fatiguée, que tu ne veux pas dépenser le reste de ton énergie en étant comme il faut. Tu le regardes, tu attends sa réponse, tu guettes toutes les réactions possibles sur son visage.