Battement après battement, je ne quittai pas cette photo de vue, mes cils se fermant plusieurs fois sur mes yeux me laissant le temps d’une demi-seconde dans la pénombre. Je souris. C’est plus fort que moi, cette femme m’apportera toujours quelques choses même si elle était loin de moi depuis plus de dix ans à présent. Dans un coin de mon cœur, elle y avait sa place et elle avait sans aucun doute la plus grande place. Elle avait joué un rôle si important dans ma vie, elle était celle qui parvenait à dire à mon père, qu’il ne fallait pas me haïr pour la mort de ma mère. Je me haïssais déjà toute seule alors le fait qu’il m’accompagnait dans mes remords m’aidais à me rendre plus forte. Silencieuse, chose pourtant si rare chez moi, j’étais une bavarde, je ne racontais pas ma vie, mais parlais de tout et de rien, les choses de la vie quotidienne qui m’importaient énormément. « Tu rêves ou quoi ? » Lui, il faudrait qu’il apprenne à se taire, mais c’était apparemment trop demander à ce mec. Malfrat de pacotille. J’avais envie de le foutre entre quatre murs, mais il avait trouvé la bonne méthode pour s’en sortir, balancer ses potes. Il était malin après tout, il était sûr de finir dans les rues de la capitale avec un de ses prétendus amis en prison. Il se débarrassait surtout des personnes de son entourage prenant trop de place dans ses affaires. « Toi, tu vas te taire ! Sinon, je te jette en prison et adieu monsieur l’arrangement. » Je finissais donc de noter ce qu’il me disait sur cet homme qui avait trempé de prés dans une affaire d’enlèvement. J’essayai de lui en faire dire plus, mais comme à son habitude il savait se préserver histoire d’avoir d’autre roue de secours pour la prochaine fois qu’il se ferait chopper en pleine transgression de sa liberté surveillée. Un jour ces maudits arrangements passés avec lui ne seront plus bons et enfin je pourrais le foutre dans une cage et le regarder dans les yeux en souriant pleinement. Je me levais, le mettant dans l’une des cellules le temps que sa garde à vue passe, le foutre dehors aurait été plus sympathique, mais il n’était pas bête celui-là, il n’avait pas envie d’être considéré comme une balance. Quelquefois j’avais juste envie de tous les mettre dans la même prison pour qu’ils se débrouillent seuls, enfin, j’avais droit de rêver. Je clôturai mon rapport et je jetai un rapide coup d’œil à l’heure. J’esquissai un sourire me levant de ma chaise pour me rendre dans les vestiaires. Je pris une rapide douche remettant des affaires propres, laissant mes affaires que j’avais mises aujourd’hui pour travailler dans mon casier histoire à les remettre le lendemain.

Je marchai dans les rues de Paris, mon regard observant chaque chose s’y déroulant. Mon métier était ancré en moi à présent, je ne parvenais pas à avancer sans scruter chaque mouvement des passants que je croisais durant mes promenades. J’arrivai dans la petite ruelle où j’avais garé ma moto. Je vérifiai que cette dernière allait parfaitement bien avant d’enfiler mon casque et de monter sur cette dernière. Je laissai le moteur rugir un peu avant de laisser l’engin décoller se frayant assez rapidement un passage dans l’épaisse circulation de cette ville fréquentée à tout moment de la journée et de la nuit. Je savais exactement où je me rendais, j’avais dans l’intention de retrouver un vieil ami. J’arrivais dans le huitième arrondissement où habitait l’homme que je voulais voir. Il était presque huit heures du soir, je n’étais pas sûr qu’il fût chez lui à cet instant précis, mais il fallait que je m’explique et surtout que tout ce qui s'était passé n’était pas à cause de mon travail, mais bien parce que je désirais cela. Je venais de prendre l’ascenseur alors que ma claustrophobie avait encore du mal à s’en remettre je frappai à la porte de la personne que je venais voir sans même avoir prévenu de ma présence.