(nolanantilope) Ҩ retouchant le dessin de la ligne d’un sein, du galbe d’une hanche.
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Sujet: (nolanantilope) Ҩ retouchant le dessin de la ligne d’un sein, du galbe d’une hanche. Mer 11 Juil - 14:03
retouchant le dessin de la ligne d’un sein, du galbe d’une hanche.
(début juillet) _ De l’autre côté de la rue, j’observais la devanture de la galerie d’art ‘Dix Grammes d’Arc-en-Ciel’ que j’avais découverte un peu par hasard, il y avait quelques semaines. J’avais eu besoin de marcher, peu importait où ; j’avais eu envie de me vider l’esprit et j’étais arrivé devant cette porte vitrée. Elle semblait m’appeler, m’inviter à entrer. Jusqu’à présent, je n’avais jamais eu un grand intérêt pour la peinture. La photographie était ma seule passion. Et pourtant j’étais entré et j’avais été submergé par toute cette ardeur dans les toiles exposées. Comme un enfant devant un cadeau de Noël, j’avais passé près de deux heures trente à faire le tour de la galerie, m’arrêtant devant chaque toile pour en étudier le dessin – comme si j’y connaissais quelque chose au fond. Pourtant, même si je n’étais qu’un néophyte concernant la peinture, j’avais senti les couleurs et les déliés me toucher, réellement. Le regard absorbé par le rouge, le jaune et le bleu, j’avais tout oublié et j’étais entré dans ce monde qui m’était jusque là inconnu. Je n’avais pas vu le temps passer, j’avais arrêté de penser pendant un instant. L’endroit était si calme, si reposant. C’était pareil à un univers parallèle où on vous retirait tout sentiment dès que vous y entriez. Et ça faisait un bien fou. Finie la culpabilité, oubliés tous mes sentiments, envolés chacun de mes souvenirs. J’étais pareil à une coquille vide le temps de m’imprégner de toute cette vie dans les tableaux exposés. Le cerveau sur pause, je n’avais eu qu’à profiter de l’instant présent et ne plus penser au reste. Pour une fois, ça avait été facile de ne plus réfléchir à l’énorme bordel qu’était ma vie. S’il n’y avait pas eu cet anneau à mon doigt, j’aurais peut-être même pu oublier que j’étais marié et surtout infidèle. Je supportais de moins en moins cette bague qui n’avait plus aucune signification à mes yeux. C’était pareil à un énorme mensonge accroché à mon doigt. C’était comme hurler à la face du monde entier que je n’étais qu’un imposteur, sans même chercher à le cacher. Chaque jour, elle me rappelait mon infidélité, mon amour pour une autre femme que la mienne. Pourtant, entouré de toutes ces toiles, je me sentais comme apaisé. Mieux. C’était mon moment particulier que je ne partageais avec personne d’autre. Il était question de moi, de ce que j’aimais. Et même si ça me rappelait ce goût amer au fond de ma gorge d’avoir abandonné la photographie, j’appréciais cette plénitude qu’un instant dans la galerie d’art m’offrait. Je reprenais peu à peu ma vie en mains. J’avais repris contact avec Kacey, mon aînée ; je remettais petit à petit ma famille sur les rails. Depuis quelques temps, je rentrais moins tard du travail. J’avais arrêté de me droguer - même si quelquefois le manque se faisait cruellement sentir. Je ne buvais plus autant qu’avant. Je faisais beaucoup d’efforts pour me reprendre et arrêter mes conneries. Seulement tout ça signifiait m’éloigner peu à peu de Melissa, perdre contact. Ne plus la voir quand je le désirais. Je la délaissais et ça me bouffait également. Je détestais devoir la laisser de côté alors que je n’avais qu’une envie, celle de la retrouver enfin. J’étais désormais tellement accaparé par mes filles et ma femme enceinte que je ne prenais plus le temps d’être aux côtés de Lily-Rose. Quand j’avais un instant de vide, je pensais à elle. À nous. Je me demandais encore combien de temps j’allais tenir sans elle, sans ce pilier qu’elle était. Sans cette force qu’elle m’insufflait. Je savais bien que c’était elle qui m’avait convaincu de redevenir un père et un mari exemplaire – comme avant, mais je souffrais du manque d’elle. Et elle, comment allait-elle ? Que faisait-elle ? Dans un peu plus d’un mois, nous allions partir en week-end prolongé rien qu’elle et moi, s’en souvenait-elle encore ? Avait-elle oublié ? J’étais impatient de pouvoir la retrouver. Peut-être que je pourrais passer un jour dans la semaine pour déjeuner. Soupirant légèrement, je poussai la porte de la galerie tout en sentant à nouveau ce calme devenu presque habituel m’envahir. J’étais venu tant de fois en si peu de temps que c’était comme si je connaissais la galerie par cœur. J’avais regardé chacune des toiles au moins trois fois, détaillé les couleurs, cherché des sens à des peintures qui n’en avaient peut-être pas. Je m’amusais presque comme un gamin devant chaque tableau tant et si bien que je n’avais plus aucune surprise en venant ici. Mais ça ne m’empêchait pas de revenir, encore et encore, parce que c’était le seul endroit où je m’arrêtais de penser pour de bon. Je me demandais seulement pourquoi je ne reprenais pas, moi aussi, ma passion. Qu’est-ce qui m’en empêchait après tout ? J’étais adulte, je faisais ce que bon me semblait. Et Melissa m’avait offert un appareil photo des plus incroyables. J’avais toutes les cartes en mains pour m’adonner à nouveau à la photographie. Et pourtant quelque chose me retenait. Cette angoisse au creux de mon estomac qui m’empêchait d’avancer. Pour une raison qui m’était inconnue, je ne me laissais pas le droit de toucher à cet appareil. Alors que j’en avais envie. Agacé, je reléguai ces pensées interdites en un pareil endroit dans un recoin sombre de mon crâne et trouvai finalement une nouvelle toile. Un jeune artiste, fraîchement découvert, qui exposait pour la première fois. J’aimais les nouveaux artistes, ils étaient toujours synonymes de fraîcheur, de candeur. De nouveauté, parfois. Et cette toile ne manquait pas de caractère.
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Sujet: Re: (nolanantilope) Ҩ retouchant le dessin de la ligne d’un sein, du galbe d’une hanche. Lun 16 Juil - 17:26
« Nolantilope ; Voilà l'art t’envahis, quand tu pense à ta vie. ».
'Dix Grammes d'Arc-en-Ciel', un nom aussi subtile, aussi doux pour une galerie d'art aux tendances déjantés . J'essayai de me faufiler dans cette masse de gens venue voir mes oeuvres, mes collaborations avec d'autres artistes aux mains de peintre. Cet air d'art nouveau, ses couleurs qui remplissaient la salle, tout ça me mettait en ecstasie, une ecstasie de joie immense. Qui t'envahie, qui te fait comprendre que t'a enfin pu faire quelque chose de toi, quelque chose qui a du sens. Je remarquai aussi les bons clients, ceux qui revenaient comme ensorceler par le noir ébène qui ornait une robe de paysanne dans l'un de mes tableaux, ou ce gris magnifique dans les yeux d'un chient errant sans domicile ou peut-être était-ce cette simplicité dans mes toiles à raconter ce que les hommes n'arrivent pas à voir parce qu'ils sont trop occupés à raconter leur vie.
Mais, ce jour de juillet, il ne m'est pas passé inaperçu ; cet homme , il avait les yeux d'un photographe, ses yeux sensibles aux rayons du soleil et qui arrive a apercevoir une toile d'une valeur incroyable en l'ayant vu qu'une fois. Il regardait avec ses yeux d'enfants perdu devant un tas de cadeaux, il regardait le plus souvent la vitre comme hésitant à y rentrer . Il m' incita à m'intéresser à sa personne, à ses doigts rugueux , à ses lèvres charnues quand il les pince pour essayer de toucher du pouce un de mes tableaux. Une fois il s'est arrêté devant l'une de mes toiles, deux enfants se tenaient la main, chose trop simple, chose trop belle, ils courraient sur une terre souffrante sans végétation, le ciel était noir et tout tournaient autour d'eux, on ne voyait que leur dos, on pouvait voir que la petite fille était africaine et le petit garçon blanc, ils portaient des vêtements du 19eme siècle.
Et il est resté là comme submergé par la simplicité et la beauté de cette toile, ses yeux étaient humides et il regarda d'autres toiles. Il m'intrigua. Il était comme submergé par la peinture elle-même , alors je suis tombée amoureuse de cette manière de voir la peinture, je voulais avoir ses yeux pour voir ce qu'il voyait dans les peintures, ce qu'il voyait dans ce tas de couleur sans sens, dans ses formes, ces gens que je prenais au dépourvu, à ses couples entrelacés l'un sur l'autre, à toutes ses choses...
Un jour, il est rentré , il a arrêté de regarder par la vitrine de ma galerie, comme s'il était propulsé par l'envie d'en connaître plus, de pénétrer dans mon monde à moi. Il était là pendant deux heures, les autres se promenaient, d'autres me demandaient le prix de certaines de mes oeuvres ou quelles étaient mes sources d'inspirations, à ceux-là je leur répondais ; la misère, l'amour, ...Mon regard se concentrait sur lui, je le surveillait , je ne connaissais ni son prénom, ni son métier, mais il était lié à mes peintures , alors je me sentais dans le besoin de le suivre, de le chercher.
J'ai alors tout fait pour éviter mes clients potentiels en protestant que je devais aller chercher dans mon stock, une petite peinture qui pourrait les intéresser. J'ai semé leur regard et j'ai essayé tant que mal d'arranger ma mini-jupe en cuir, je ne voulais pas paraître vulgaire et puis je trouvais que ma chemise en jeans froisé camouflait , la vulgarité de ma mini. Une mèche rebelle de mes cheveux s'est abattue devant mes yeux, quand j'ai essayé de descendre ma jupe, je me suis avancé vers lui, il regardait pensif mon tableau préféré ' Sauvage', il était plein de candeur, plein de fraicheur, on y voyait un jeune garçon, un modèle que j'avais peint quelques mois auparavant, la coupe carré et une longue mèche, il était brun, un air rockeur, séducteur, il fumait une clope et en-dessous de lui était écrit' ceci n'est pas un garçon qui fume ' en hommage à la trahison des images de Magritte. J'hésitai à le sortir de son monde, il était plongé dans ma peinture, il rêvait peut-être de sa vie et c'est ce que j'aimais dans mon art, c'était d'amener les gens à une réflexion parfois envahissante sur leur vie.
J'ai alors mis fin à sa réflexion en posant une main chaude et délicate sur son épaule, il était robuste.
Antilope « Vous semblez submergé par la peinture, comme-ci elle arrivait à vous faire voir vos joies, vos inquiétudes, l'espace d'un instant ... Je suis amoureuse de la manière dont vous voyez mes tableaux, quel est votre secret ? »
(nolanantilope) Ҩ retouchant le dessin de la ligne d’un sein, du galbe d’une hanche.