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 Départ Père Lachaise, métro ligne 2 direction Porte dauphine, arrêt Jaurès, métro ligne 7b direction Pré-St Gervais, arrêt Buttes-Chaumont | M A R T Y

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Le chemin était un peu en pente, et par terre il y avait toutes les feuilles tombées des arbres, si bien qu'Adelin marchait en trainant des pieds, comme s'il y avait deux taupes à la place des chaussures, des taupes qui creusaient des tunnels dans les feuilles, en faisant un bruit de cigare qu'on allume, mais multiplié par mille. Un bruit jaune, et rouge.
Bachir, devant lui, marchait en silence mains dans les poches, il marchait toujours comme ça Bachir, avec une cigarette minuscule au coin des lèvres, très fine, qu'il roulait lui-même avec des feuilles spéciales. Plus petites que les réglementaires, c'est elles qui font que ses mégots semblent aussi ridicules qu'une brindille. Il a une petite veste en faux cuir, entre le beige et le marron, avec un col en laine bon marché. Il jette un oeil sur Adelin derrière, lui aussi il est petit, et il porte sous un de ses bras courbé rond comme un dessin, un énorme cerf-volant écarlate. Bachir sourit quand il pense qu'Adelin est, lui aussi, très tôt ce matin, porté sur le bord des lèvres d'un cerf-volant, aussi rouges que celles d'une femme, comme la cigarette sur le bord des siennes.
Le cerf-volant, c'était lui qui l'avait volé, à un Japonais qui vendait des plats japonais faits en cire. C'étaient des plats au sens de choses à manger, genre du poulet et du céleri, du poisson cru, des choses comme ça, à ne pas y croire tellement c'était parfait, tu avais du mal à voir que c'était du faux. Ils arrivaient même à faire les soupes. Ca ne devait pas être facile de faire une soupe en cire, se dit Bachir, il fallait être fort, c'était pas quelque chose qu'on peut improviser, comme ça, sur le pouce. Bachir au début, ne savait pas si le cerf-volant volerait. Quand tu es dans un magasin de trucs à manger faits en cire, parfaitemen identiques à du vrai, tu finis par t'attendre à ce que tout soit faux là-dedans, tu n'arrives plus à bien faire les différence. Ca doit être ça. Et jusqu'à ce qu'il l'ai essayé, il y a une petite heure déjà, en arrivant, Bachir était persuadé qu'il ne s'élèverait pas, parce que pour lui le papier rouge était faux, le bois était faux. Et il a volé, comme ça, il a filé en haut, soulevé par la main de Dieu, avec une telle légèreté, une telle délicatesse qu'on en penserait même que Dieu est une femme. Bachir ferme les yeux, elle serait blonde, aux grands yeux de biche bleue, une peau claire, de longues jambes, de petits seins et des poignets fragiles.

Adelin s'arrêta et se retourna. Il y avait les deux sillons creusés par ses pieds au milieu des feuilles, bien longs, jusque là-bas. Tu pouvais imaginer que quelqu'un, peut-être des heures après, marcherait là en mettant ses pieds dans les deux couloirs, lentement, en s'amusant à les garder toujours dans les deux couloirs. Adelin fit un saut sur le côté et s'éloigna en marchant doucement, en essayant de ne pas laisser de traces. Il regarda en arrière les deux sillons qui s'interrompaient, brusquement. Les aventures de l'hommes invisible, pensa-t-il.
Quand il veut refaire face à Bachir, ses yeux croisent la silhouette aux larges épaules mais élancée d'un homme assis sur dans un rond d'herbe. Tout autour de lui, les gens sont allongés, le visage sereinement souriant ou endormi, dans les genoux d'un conjoint qui n'aura jamais semblé aussi doux et amoureux. Les dos s'étirent et se reposent douloureusement, pendant que celui-ci reste droit. La tête tombe pourtant, il ne voit pas son regard, juste sa nuque où des cheveux bruns commencent. Ils sont beaux, se dit Adelin, en passant lui-même sa main dans ses propres cheveux qu'il n'aimait plus tant, ils reculaient, grandissant son front. Il prenait un soin tout particulier, chaque matin, muni d'un peigne humide, à les lisser et les tirer en arrière, comme un bel homme des années 20. Ceci dit, Adelin n'a jamais su à quoi ressemblait un hommes des années 20. Il jette un oeil à Bachir, qui ne faisait pas attention à lui, et aussi discrètement que faire se peut, il s'écarte du chemin. Son énorme cerf-volant sous le bras, il traverse lentement le rond d'herbe. Il se sent comme un chat, il jette une main en l'air pour contrebalancer son poids. Le but n'étant pas de faire fuir, et encore moins d'attraper sa proie. L'homme semble ne pas entendre les pas du gros homme  froisser l'herbe. Mais ce n'est peut-être qu'une impression ? Peut-être sait-il déjà que quelqu'un s'approche, derrière lui à pas de ce qui aimerait être loup. Peut-être serait-ce lui qui va l'attraper ? De peur d'être surpris, Adelin s'arrête à une bonne dizaine de pas, sourcils froncés de l'enfant concentré, bouche pincée, mais regard grand et toujours aussi clair. Il reste un long moment, comme ça, à contempler son dos, attendant qu'il rugisse. Peut-être il est mort. Ou il dort. Il reste un long moment, comme ça. Il ne sait pas comment le prendre, cet homme, par quel bout s'y prendre, comment commencer. Il est bizarre. Adelin, il a pas vu que le monsieur, il dessine. Il a rien vu de tout ça. Ce qu'il voit c'est ça :

« Pourquoi tu fais pas comme les autres ? Pourquoi tu t'allonges pas ? Pourquoi tu joues pas au ballon ? Et... et pourquoi tu fais pas voler un cerf-volant, ou pourquoi tu manges pas un pique-nique ? »

Avec un poulet froid, une salade verte, des oeufs durs. Et puis finalement, Adelin pose la question, qui n'est que des mots pour lui et qui pourtant est une question pour le grand monde. Pour l'adolescent mal dans sa peau, pour l'artiste, pour l'ermite, pour les grands penseurs, pour les ratés, aussi. Ca pourrait presque être un soupir. Une question qui fait mal, quelque part, qui donnerait envie de pleurer.

« Pourquoi tu fais pas comme tout le monde ? »

Pourquoi tu fais pas comme tout le monde...
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ARRET BUTTES CHAUMONT
ft. adelin



Journée glandouille. J'avais décidé que cette journée serait placée sous le signe du rien-faisantisme.
Non, vraiment, il faisait beau, avec une brise légère, des nuages par-ci par-là, un joli ciel comme sur les cartes postales, et il aurait fallu que quoi, j'aille m'enfermer dans mon studio ? Ah, plutôt mourir. Un temps pareil se fêtait dignement. Pas trop chaud, pas trop froid, un temps à voir courir des gamins dans de la pelouse -même si, à vrai dire, je doutais encore que les gamins sortaient de chez eux, quel que soit le temps, plus occupés par les consoles que par l'air frais, quoique, j'avais été de ceux-là, mais il fallait croire que j'avais changé depuis mes dix ans, ce qui n'était peut-être, au fond, pas plus mal-.
Enfin. J'avais cet avantage et ce privilège de bosser dans le secteur tertiaire. Et plus que ça, de bosser à mon propre compte. Autrement dit, c'était vamos a la playa dès que je l'entendais comme ça, alors je laissais mes associés s'occuper du studio, je disais que je ne me sentais pas très bien -ce qui était tout à fait faux mais eux n'en savaient rien-. Hop, pas de feuille de congé à poser, pas de sécu à consulter, nada, j'étais débrouillard, et j'adorais ça. Faire ce que je voulais, oh oui, j'aimais tellement ça. Et en finesse de surcroît. J'étais un homme doué, et accompli -selon certaines sources dont la situation financière était déplorable-, ce qui n'était pas donné à tout le monde, alors autant profiter tant que je le pouvais.


Profiter. Joli mot que celui de profiter. J'aimais profiter de certaines choses -dont, pour la plupart, je ne l'aurais pas admis-. J'aimais profiter de mes soirées DVD accompagnées d'un pot de glace de Ben&Jerry's -même si ça fait très gonzesse, ce pourquoi personne ou presque n'était au courant-, j'aimais profiter de ces moments où j'arrosais les quelques plantes de mon appart, j'aimais profiter d'un café correct et pas trop cher sur une terrasse douteuse,  j'aimais profiter de mon petit-déjeuner et des croissants encore chauds dès le matin, j'aimais profiter des voyages en métro assis à côté d'une jolie inconnue, j'aimais profiter des douches froides en été, et de ces petits trucs qui arrivaient à me mettre de bonne humeur -ou plutôt, d'excellente humeur parce que j'étais toujours de bonne humeur-.

Donc profiter de cette journée, oui. Mais cette fois-ci, pas de DVD, pas de glace, pas de plantes vertes, pas de café, pas de croissant, pas de métro ni de douche. Juste un parc, moi, et mes crayons.
Ce que j'aimais faire, qui me faisait beaucoup rire et rire autrui -ou autre, selon de le degré de sensibilité à l'humour de la personne-, c'était de me poster tranquillement dans mon coin dans un endroit public -parc, métro, magasin, tout fonctionne-, et à l'insu de la personne en question, la dessiner. Je la croquais rapidement, j'en faisais un portrait plus ou moins ressemblant -oui, j'avais des ratés, comme tout un chacun-, et si le dessin me convenait, je l'offrais à la personne. Y'en a que ça faisait sourire, d'autres me regardaient l'air de dire tu m'as fixé, et reluqué, saligaud, d'autres apparaissaient manifestement outrés, comme pour signifier mais bon sang, j'ai pas autant de rides, oh mon dieu oh mon dieu, connard, ou d'autres, et c'était dieu merci la majorité, se mettaient à rigoler en me remerciant bien chaleureusement. J'avais de tout, et ça faisait -souvent- plaisir à tout le monde.

C'était donc ce pourquoi j'étais dans ce parc. Les buttes chaumont, nom à mon sens bien pompeux pour trois arbres et deux bandes de pelouse -j'exagère à peine, mais enfin, c'était pas non plus central park-. J'avais envie de croquer, dessiner sur le vif, comme ça, trois quatre traits d'un stylo à encre noire. C'était un de mes nombreux passe-temps, et une météo telle que celle d'aujourd'hui se prêtait à merveille à ce digne exercice.
Ce qui était quand même dommage, c'était que dans un parc, croquer quelqu'un ne représentait absolument aucune difficulté. Les gens s'allongeaient comme des sacs de pommes de terre, il restaient affalés dans cette position pendant des heures, sans bouger ne serait-ce que le petit orteil. Dans un magasin, ou même le métro, c'était bien plus intéressant. Parce que j'arrivais bien à cerner les visages, les gens étant plus ou moins entassés -je me voyais mal approcher un couple languissant, en leur disant c'est pour l'art !, ça aurait fait douteux-, et dans ce genre de situations, le sujet était en mouvement, ou du moins, dans le métro, il pouvait se lever à tout instant, je devais donc choisir judicieusement les cibles et aller au plus vite.

Et, comme je n'étais pas quelqu'un qui aimait la facilité -en dessin, dirons-nous-, je m'étais armé de mon habituel carton à dessin abîmé de partout tellement il avait été trimbalé aux quatre coins de Paris, et de quelques mines de plomb que j'avais retrouvé totalement par hasard derrière un pack de bières -que diable faisaient-elles là, ne me le demandez pas-. Posé dans le merveilleux gazon des buttes chaumont, j'avais décidé de m'atteler au paysage. J'avais trouvé l'angle propice, et puis, je ne faisais pas souvent dans le paysage, c'était donc une bonne façon de renouer avec dame nature. Les silhouettes, le fond, ce n'était, mine de rien, pas évident, mais j'aimais ça, de temps à autres. Les ombres, les détails, les feuilles en mouvement, le ciel, les couples en train de se bécoter -part du paysage, tout de même-, tout ça, ça rendait encore pas trop mal sur mon A3. Loin d'être un chef-d'oeuvre, mais convenable.

J'avais d'ailleurs pas mal entamé mon dessin, que je l'entendis. Qui ? Aucune idée. Voix masculine, assez âgé, j'aurais dis, en tout cas, plus que moi. Mais... Une intonation particulière, difficile de dire pourquoi. Quelque peu surpris d'une telle interruption, je m'étais retourné, interloqué, fronçant les sourcils. Dans la concentration et les bruits ambiants, je ne l'avais pas entendu arriver. Ce fourbe. « Pourquoi tu fais pas comme les autres ? Pourquoi tu t'allonges pas ? Pourquoi tu joues pas au ballon ? Et... et pourquoi tu fais pas voler un cerf-volant, ou pourquoi tu manges pas un pique-nique ? » Olà. Que de questions. Émanant d'un mec qui avait bien quarante cinq ou cinquante ans, avec un cerf-volant. Bizarre. Mais bon. J'aimais les gens bizarres. Les gens bêtement normaux n'étaient franchement pas intéressants. Alors, je me laissai prendre au jeu, et je lui répondis, un peu comme une grande personne qui répond à un enfant, sans le considérer comme un débile pour autant comme font souvent les gens quand ils s'adressent à quelqu'un à qui il manque visiblement une case -j'aurais parié que celui-ci n'était pas forcément normal-. « Hé ben, tu vois, j'suis pas tellement fan des jeux de ballons. Mon père m'a longtemps forcé à faire du foot, résultat, j'étais tellement mauvais que j'ai plein de cicatrices partout maintenant. Pis j'ai pas de cerf-volant, mais le tien... Il est sympa. Et un pic-nique... » Je fronçais les sourcils. Que répondre ? En plus, il avait raison le bougre, j'avais la dalle. Alors, je lui répondis avec... Comme un petit pincement au cœur, et pas parce que j'avais faim. « Faut être plusieurs pour faire un pique-nique. J'ai personne avec qui partager ça. Les pique-niques tout seul, c'est nul mon gars, tu devrais le savoir. »

Je crois qu'il avait l'art. L'art de poser des questions. Les questions qui font mouche. « Pourquoi tu fais pas comme tout le monde ? » Pourquoi ? Pourquoi je faisais pas comme tout le monde ? Qu'est-ce que je faisais de différent ? Mais... Pourquoi, oui, pourquoi. Il était touchant. « Parce que faire comme tout le monde, ça sert à rien. » Que dire de plus ? J'avais répondu un peu sèchement. Je m'en excusais donc mentalement. « Et toi, pourquoi tu fais pas comme tout le monde ? » Tiens, renvoi d’ascenseur. Plus personne ne jouait au cerf-volant, plus personne n'avait de moustache, et plus personne n'abordait des inconnus dans des parcs. Alors, mon gars, dis-moi, apprends-moi la vie. Pourquoi tu fais pas comme tout le monde ?
Code RomieFeather



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