« What started out as a
simple altercation turned

into a real sticky situation

! »

❝ JOHAN Ҩ CASSANDRE ❞

Johan Calvin Laurent. Un emmerdeur. Un fou la merde. Un homme que je préférais oublier mais que je ne pouvais pas nier. Il était mon frère. Mon demi-frère pour être plus exacte. Je ne l'aimais pas. Il le savait. Ma sœur aussi. Je ne le détestais pas pour ce qu'il était. Je ne le connaissais pas. J'entretenais simplement une certaine haine envers lui pour tout ce qu'il représentait. Il était le fils illégitime de mon père, me révélant alors l'infidélité de ce dernier et le lourd secret qu'il avait gardé durant toutes ces années face à ma mère qui était sans doute encore ignorante aujourd'hui. Il était celui qui venait foutre sa merde dans une famille qui tournait bien. Il était le vilain petit canard et je lui avais demandé de faire un test ADN pour être certain de son lien de sang avec les Lefèvre. Les résultats, je les avais actuellement en main. Je n'avais pas pu les regarder. Je préférais attendre Johan pour voir la tête qu'il ferait si jamais le test était négatif. J'espérais qu'il soit négatif. Cependant, je ne contrôlais rien face à la génétique. Je n'en étais qu'un pantin puisque nos chromosomes nous créés de toutes pièces.

Je lui avais donné rendez-vous par un simple texto, puisque je lui avais presque ordonné de me donner son numéro afin que je ne le perde pas de vue. J'étais déjà arrivé. Le jardin des Tuileries était grand, c'est pourquoi notre lieu de ralliement serait la fontaine en son milieu où des enfants jouaient actuellement avec des bateaux téléguidés. Je tournais autour de la grande fontaine, attendant l'arrivée de ce jeune homme. Je le reconnaîtrais parmi des milliers de personne. J'avais photographié son visage et il ressemblait comme deux gouttes à mon père étant plus jeune. On m'avait fait le même compliment mais avec Johan c'était flagrant. Malgré tout, j'espérais que le test ADN serait négatif. Je me voilais la face. je le savais très bien. Mais tout l'espoir que j'y mettais devait bien servir à quelque chose.

Assis sur l'une des chaises installées autour de la fontaine et armé de mes lunettes de soleil, j'attendais. J'attendais qu'il arrive. J'attendais que le verdict tombe. Et surtout, j'attendais qu'il s'en aille, qu'il quitte Paris pour retourner chez lui car je n'avais pas envie de l'avoir ici. Pour moi, il n'était rien. Il n'était qu'un inconnu que je ne chercherais même pas à connaître. Il resterait l'infâme conséquence de l'infidélité de mon paternel. Au loin, je le voyais enfin arrivé. Observant l'heure sur ma montre, je constatais un retard de presque un quart d'heure. S'il voulait que je tente au moins de l'apprécier, il s'y prenait très mal. Arrivé à mon niveau, je restais confortablement assis. Aucun bonjour, aucun salut. Je ne disais rien et je le fixais derrière les verres teintées de mes lunettes. « Enfin là. J'aurais presque pu m'endormir en t'attendant. » Commentais-je. J'étais froid presque non respectueux. « J'ai les résultats du test ADN. » Lui dis-je. je ne voulais pas traîner en longueur et passer par d’innombrable politesse avant d'en venir au fait. Je ne donnais pas ce droit à Johan. Sans lui demander s'il était prêt j'arrachais l'enveloppe. Je sortis les feuilles et les regardais avec attention. Je restais impassible face à ce que je voyais. 100%. Ce chiffre était écrit en gras et en rouge. 100%. Son patrimoine génétique était à 100% le même que le mien. C'était mon demi-frère. « Tiens, regardes par toi-même. » Je lui balançais les feuilles.

Me retrouver ici, dans ce jardin, n'était pas réellement un choix, surtout lorsque l'on connaissait l'homme qui devait me rejoindre. Installé près des fontaines, je l'attendais. Il était déjà en retard et ce n'était pas pour me plaire. J'attendais quelques minutes et le voilà qui pointait enfin le bout de son nez. Je soupirais, blasé. Dans quelle histoire notre père s'était-il encore foutu ? Je ne comprenais pas tout et je ne voulais pas en savoir. Enfin, j'essayais de m'en convaincre. ma curiosité était si grande que ces paroles, ces promesses ne tiendraient jamais. Je le saurais. C'était indéniable. Je saurais le fin mot de l'histoire. Du pourquoi et du comment, cela a-t-il pu se produire. Les secrets étaient fait pour rester enfoui. Malheureusement, la vérité se fraye toujours un chemin jusqu'à la surface pour éclater au grand jour et anéantir toute la stabilité qui s'était construite au fil des années. Johan était l'élément déclencheur de toute cette histoire. Il était le fouteur de merde, le gringalet qui ne pensait qu'à sa pomme. Et moi, j'étais spectateur de son arrivée dans la famille. Qu'aurais-je dû lui dire ? « Bienvenue dans la famille » avec un grand sourire et des bras grands ouverts prêt à l'enlacer ? L'hypocrisie n'était pas mon genre.

Papier en main, j'eus la délicatesse d'attendre que le jeune Laurent soit face à moi pour ouvrir et regarder par moi-même les résultats de sa prise de sang. Le constat était irrévocable. Nous étions de même sang. Nous étions frères, demi-frères. Pourtant, les liens du sang ne me feront pas l'aimer, ni même l'apprécier. Cela ne changeait rien à ce que je pensais de lui. Je lui balançais les papiers, me levant pour ramasser deux/trois cailloux que je balançais alors dans la fontaine. Je contenais ma colère. Il avait beau être faible, apeuré, je ne voyais en lui qu'un homme cherchant à briser un mariage heureux, une famille unie. « Cassandre, ce n’est pas moi qui est choisi cette vie ! » Je me retournais vers lui. « C'est la meilleure, celle-là ! » Lui rétorquais-je froidement. Je plongeais mon regard noir dans ses yeux bleus. « Certes, tu n'y es pour rien pour cette question d'héritage génétique... Mais c'est bien toi qui a pris la décision de venir ici, de nous rencontrer, de foutre ta merde dans nos vies. » Je commençais à tourner autour de lui, marchant lentement et l'observant. « Tu n'as pas choisi d'être le fils d'un Lefèvre mais c'est bien toi seul qui a pris la décision de monter sur Paris. J'me trompe ou pas ? A moins que ça ne soit un pur hasard que tu sois venu me voir comme ça ? » Je continuais de le regarder, reprenant ces papiers en les lui arrachant des mains. Je les déchirais.

Physiquement, ce geste avait tout d'un homme en colère. Symboliquement, il reflétait mon envie de le voir disparaître de nos vies. Je voulais qu'il se sépare de nous et qu'il oublie notre famille. D'ailleurs, nous n'étions personne pour lui comme il n'était personne pour nous. Que cherchait-il ? « T'es bien silencieux... » Commentais-je en jetant ces foutus résultats dans la première poubelle que je trouvais à nos côtés. « Tu n'as plus rien à dire pour ta défense, Johan ? Ce fut donc bien plus simple que je ne le pensais. Retournes chez toi et laisses-nous tranquille. »