Des pleurs recouvrirent le bruit de l'eau qui coulait. Albane poussa un juron particulièrement grossier, se rinça en vitesse accélérée et se hâta de sortir de sa douche, manquant de se casser royalement la figure au passage. Elle dérapa sur le carrelage mouillé, s'emballa soigneusement dans une longue serviette, grimaça au contact du tissu éponge contre son dos brûlé par le soleil. Les pleurs continuaient toujours. Emma était réveillée. Sans s'habiller plus que ça, la jeune mère se précipita dans le salon et cueillit la petite dans son berceau. « Là, je suis là, ma chérie. » Elle la berça un instant avant de la déposer sur sa table à langer histoire de pouvoir la changer tranquillement. Emma poussa un gazouillis joyeux et lui offrit un sourire humide tout en agitant vigoureusement ses petits poings serrés. « C'est mieux comme ça, pas vrai ? » En un tour de main purement expert, Albane la rhabilla et se tortilla un peu pour pouvoir lui donner le sein correctement. Sa vie se résumait à ça en ce moment. Bosser un peu, s'occuper de sa fille beaucoup, sortir de temps en temps, choper des coups de soleil. Rien de bien intéressant.
On frappa à la porte à ce moment là. Sans réellement se soucier de sa tenue, Albane se leva du canapé en calant Emma contre son épaule, jeta un coup d'oeil dans le judas et se hâta d'ouvrir. Elle connaissait bien la tête brune qui attendait derrière la porte avec un colis dans les bras. « Hé, Siem. Rentre, j'vais coucher la petite. » S'effaçant, elle se rendit dans sa chambre pour coucher Emma dans son petit lit à barreaux. La petite s'endormit presque aussitôt avec un soupir de contentement, aussi sa mère se contenta d'allumer le babyphone avant de retourner dans le salon en rajustant sa longue serviette autour de sa poitrine. « Tu veux un truc à boire ? »

Un bruit strident brise le silence profond de la vieille maison. J’me redresse à la vitesse l’éclair, les cheveux et la gueule en vrac. Qu’est-ce que c’est ? Mon dieu, je pense à grand-père, il lui ait peut-être arrivé quelque chose. Sans prendre le temps de passer un t-shirt, je descends en caleçon dans le salon, personne. « Papi ? ». Aucune réponse, j’entends du bruit dans la cuisine. Comme s’il y avait quelqu’un d’inconnu qui trafiquait quelque chose. J’remonte en speed dans ma chambre, prends ma batte de baseball à deux mains, j’redescends en s’cred. J’ne suis pas du genre violent mais là, j’flippe, un truc de malade. J’m’aventure dans la cuisine, la batte en l’air, près à frapper. Là, j’vois grand-père bidouillait la cafetière. Il me voit, sursaute, se retient à la tablette de la cuisine, la main sur le cœur. « Fils, tu veux me tuer ? ». J’lui explique le truc, il m’explique que la cafetière a lâché. Je regarde la vieille pendule, parce que ouais, tout est vieux à la maison, pas rococo non plus, vieux mais stylé. De toute façon, c’est l’heure de se lever. J’embrasse son front, cours enfiler quelque chose et redescend déjeuner. J’m’empiffre sous les yeux jamais rassasiés de mon grand-père. J’fous tout ça dans l’évier, cours prendre ma douche, me changer. J’redescends, papi m’attend déjà en bas. On part pour la boutique, qui n’est même pas à cinq minutes à pied. J’prends ma mythique planche. J’dois livrer aujourd’hui, j’regarde la liste, quatre personnes.


La journée passe aussi vite que j’roule sur mon skate. La dernière livraison est pour Albane, le meilleur pour la fin. J’monte l’escalier à toute blinde, sonne à sa porte. Elle sourit en me voyant, je fais de même, un peu timidement. « Hé, Siem. Rentre, j'vais coucher la petite. ». J’m’exécute en la saluant, j’avance dans l’appartement, il est … très Albane. J’aime bien cette ambiance. Sa fille est vraiment mignonne, et Albane est très … peu habillée. Je n’me sens pas totalement à mon aise en sachant qu’elle ne porte qu’une serviette. « Tu veux un truc à boire ? ». Pourquoi pas ? Non mais c’pas dans ma tête qu’il faut que je parle, elle me garde, c’est vraiment une belle fille. Je rougis un peu. « Oui, je veux bien. Je te laisse choisir quoi. ». J’avance dans le salon, j’pose ma planche dans un coin, m’assoit et met le paquet sur mes genoux avant de capter qu’il faudrait que je lui donne. « Oh, et je t’apporte ça bien sûr. ». Je lui tends le paquet avec un sourire gêné de pas y avoir pensé avant.

« Oui, je veux bien. Je te laisse choisir quoi. Oh, et je t’apporte ça bien sûr. » Il n'avait pas l'air à l'aise. Un léger sourire amusé étira les lèvres de la demoiselle alors qu'elle récupérait le colis bien sagement, pour le déposer ensuite sur le plan de travail de la cuisine. « Coca, ça te va ? » Sans réellement attendre de réponse, elle sortit deux canettes de coca de son frigo et les ramena dans le salon, avec une assiette couverte de cookies faits maison. « Sers-toi. Et merci pour le colis, ça faisait un moment que je cherchais une montre comme celle-ci.. » Avec un petit soupir, la jolie brune finit par s'accroupir devant une boîte métallique dans laquelle elle fouilla un moment pour en retirer un gros tube de Biafine. Son coup de soleil qui couvrait la quasi totalité de son dos, depuis les épaules jusqu'au niveau des reins, la brûlait désagréablement. Tellement qu'elle n'était même plus capable de dormir sur le dos, ce qui était pourtant sa position fétiche. Sa peau avait viré au rouge ketchup. Très esthétique, donc. Heureusement que ce n'était pas Emma qui avait subi cet... inconvénient. « Je peux te demander quelque chose ? » fit-elle en se tournant vers Siem, un petit sourire gêné aux lèvres. « C'est un peu compliqué de se couvrir le dos de crème toute seule... Hm... Tu veux bien le faire ? S'il te plaît. » Le tout souligné par une adorable moue suppliante.

Pour le Coca, j’approuvais de la tête. J’adorais le Coca, bon ce n’était pas ma boisson favorite mais j’aimais beaucoup sentir les bulles gazouiller contre mes joues. « Sers-toi. Et merci pour le colis, ça faisait un moment que je cherchais une montre comme celle-ci.. ». Mon dieu, des cookies maison. Il faut pas qu’elle laisse ça là, sinon j’vais descendre l’assiette. Oui, j’assume totalement mon statut de goinfre sénile. Et encore, goinfre est un bien grand mot. Je lui souris, satisfait de m’en foutre pleins la panse mais la prochaine bouchée allait mal passée. Elle se dirigea avec une boite en métal, elle en sortie un tube de crème. Et là, mes yeux se posèrent sur son dos cramé. Pitié non, pas moi. « Je peux te demander quelque chose ? ». God save me, pleaaaase. J’crois que je serais les fesses à ce moment-là, comme Percy dans la Ligne Verte, quand l’autre taré de Billy The Kid l’prend à la gorge. Non, vous ne l’avez pas vu ? Tant pis pour vous. Je stressais à mort, j’étais déjà mal à l’aise, là c’était le top. J’voyais trop comme une maison ce qu’elle allait me demander. « C'est un peu compliqué de se couvrir le dos de crème toute seule... Hm... Tu veux bien le faire ? S'il te plaît. ». Dans ma tête, c’est le cataclysme. J’manque de m’étouffer avec le mini morceau de cookie qui me restait dans la bouche. J’me maudis, j’vais trembler comme une feuille là. Je la regarde, en plus, elle fait une petite assez … suppliante et attendrissante. « Euuh … Si tu veux oui. ». Je me lève, ôte ma veste pour être plus à l’aise. Mon t-shirt dessine un peu plus mon corps musclé que ma veste. Je m’approche d’elle, sourire gêné, comme toujours.

« Euuh … Si tu veux oui. » Un grand sourire étira les lèvres d'Albane. « Génial, merci ! » Elle ne se fit pas prier pour suivre le jeune homme du regard, appréciant sans le cacher ce qu'elle voyait, avant de déposer le tube de crème sur la table. Ensuite, elle releva ses cheveux bruns en un épais chignon sur le dessus de sa tête et... fit tomber la serviette. Enfin, pas exactement. Le tissu était assez lâche pour découvrir son dos mais restait encore bien présent sur les... disons, zones sensibles. Suggestif, quoi. Avec un soupir, elle se laissa tomber sur le canapé, une main occupée à retenir le tissu éponge qui couvrait encore sa poitrine, l'autre amenant sa canette de coca vers sa bouche. Elle en but une longue rasade et se tortilla légèrement, faisant soigneusement rouler ses épaules sous sa peau rougie par le soleil. « Une heure de balade avec Emma en robe dos-nu hier, et voilà ce que ça donne. T'y crois toi ? » Elle avait pourtant toujours bien supporté le soleil. Elle bronzait vite, bien, et n'avait jusque là pas vraiment eu besoin de protection solaire. Les choses changent après un accouchement, apparemment. « Enfin bref... C'est gentil de ta part en tout cas. »