Je me demande vraiment quel est mon but dans la vie. Je ne sais pas si je dois rester ici à Sydney, ou bien partir ?
Hein, oh pardon. Je ne me suis pas présentée : Enimie Martin. Comme je n’ai pas envie de vous perdre en route, parce que je voudrais votre avis, je vais tout reprendre depuis le début, ça vaut mieux.
Je suis née il y a vingt-deux ans, à Sydney, en Australie, mais ça… ça va tout le monde le situe à peu près. Si ce n’est que la moitié de cette planète pense que Sydney est la capitale de l’Australie, mais ça, c’est un autre débat et je n’ai pas le temps de le développer, on est pressé. Enfin « on est pressé » surtout moi, en fait.
Ah oui, c’est le problème avec moi : j’ai tendance à me disperser. J’ai toujours été comme ça, je me lance dans un truc, et puis autre chose attire mon attention, puis encore autre chose, et ainsi de suite, ça peut paraitre mignon, mais finalement, c’est un peu dérangeant. Une fois, j’avais seize ans, je suis partie m’acheter une glace, j’ai vu un beau rayon de soleil sur la plage, j’y suis allée, là j’ai croisé un de mes amis, je l’ai suivi, je suis rentrée tard le soir et je n’avais même pas acheté de glace… Vous voyez, je suis un peu du genre : allez on bosse… oh un papillon !
Ok, tout ceci est ridicule, promis, j’essaie de rester concentrée, ne me lâchez pas tout de suite. Alors, où j’en étais ? Ah oui, Syndey. Donc, je suis née à Sydney, en mars 1990. On était même deux à arriver, puisque j’ai un frère jumeau : Nemo. Quant bien même, je me considère comme la grande sœur. Aussi loin qu’on puisse remonter, je n’ai jamais été aussi proche de quelqu’un que je l’ai été avec mon frère. C’est un truc de jumeau il parait. Je n’y crois pas trop à ces trucs là, je pense juste qu’on est fait pour être ensemble. Je veux dire, même avec mes autres frères et sœurs, c’est pas pareil. Nemo, c’est mon double, mon autre moi.
Pendant toute notre enfance, nous n’avons jamais été séparés. Nemo avait un problème aux jambes et j’ai toujours pensé que c’était à cause de moi, même si au fond, il faut le reconnaitre, je n’avais rien fait. Comment voulez vous qu’à peine née, j’ai déjà pensé à tout foutre en l’air ? C’est impossible. Zut, je m’égare encore une fois. Donc bon… Je passais des heures avec lui à l’hôpital, personne ne pouvait me chasser dehors.
Et puis alors, on grandi, c’est comme ça. Si je vous jure, ouvrez tous les bouquins que vous voulez : on est condamné à grandir, puis à vieillir. C’est le cycle de la vie, si vous voulez. Ça ne s’arrête jamais. Les jumeaux Martin n’ont pas fait exception à la règle.
On allait dans le même lycée, mais non n’avions pas tous nos cours ensemble ; si ça aurait pu nous éloigner, je crois que ça nous a encore plus rapproché, le reste du temps. Pourtant, je vivais aussi ma vie de mon coté, comme Nemo. Je me faisais des amis, je sortais avec eux, sans me préoccuper de mon frère.
Je commençais même à sortir avec des garçons. Je n’étais pas vraiment excessive quand je sortais, je n’étais pas du genre à boire trop, fumer trop et ce genre de choses, même si je devais reconnaitre que j’aimais bien ce coté rebelle. Mais il me correspondait pas, ce n’était pas moi.
Moi, j’étais la gentille Enimie. Il fallait bien que je fasse avec… Et dans le fond ça ne me dérangeait pas plus que ça, tout le monde m’aimait bien. J’ai toujours eu beaucoup de facilité pour me lier aux autres, je ne sais pas, je suis le genre de fille qui plait bien… Pourtant, il ne faut pas me chercher pour autant, je ne suis pas pour autant du genre bonne pâte, et me laisser faire.
Oui, pardon, je reprends le fil…
Et donc bon, un jour mon frère a décidé de partir à Paris. Moi, je ne me sentais pas encore prête à quitter l’Australie, j’aimais bien cet endroit. C’était… mon endroit, j’y avais toujours vécu, alors j’avais du mal à me faire à l’idée de partir. Dans le fond, cette rupture entre nous était nécessaire pour nous apprendre à vivre chacun de notre coté, il fallait qu’on apprenne à être moins ensemble.
Mais on ne pouvait pas être séparé bien longtemps. Et j’ai décidé d’aller passer l’été dernier en France, à Paris, chez mon cher petit frère. Mais je ne pensais pas qu’un truc du genre « histoire d’amour » allait me tomber dessus...
Non si on me l’avait dit, franchement, je n’y aurai pas cru. Je suis donc partie passer l’été avec mon frère. Lorsqu’il n’était pas là, je sortais de mon coté. J’aimais l’air ambiant de cette ville. Et puis j’ai rencontré ce garçon : Yannie. Vous connaissez forcement une chanson sur les histoires d’amour d’été, c’est obligé, il y en a des centaines. C’est un thème tout à fait adapté pour des chansons, parce que tout le monde à un moment ou à un autre, vit (ne serait-ce que quelques jours) une histoire comme ça. Bref, je suis tombée dedans aussi, l’été dernier. J’aurais voulu… je ne sais pas, ne pas m’accrocher. Je savais très bien que j’étais de toute façon condamnée à retourner à Syndey. Mais non, lorsque je n’étais pas avec Nemo, j’étais avec Yannie, et j’étais bien, vraiment vraiment bien. C’était peut-être presque paradisiaque, s’il n’y avait pas cette fin qui s’approchait à grand pas.
Et quand elle est arrivée… je suis repartie, comme j’étais arrivée, j’ai dit au revoir à mon frère et j’ai pris l’avion pour traverser la Terre. Je ne savais pas si je laissais un vide dans la vie de Yannie. Il en laissait un dans la mienne, mais après tout c’était de ma faute, je n’aurais pas du me lancer là-dedans.
La vie a repris son cours. C’était la seule chose à faire. J’ai repris mes études de lettres. Je parlais à mon frère dès que j’en avais l’occasion, je ne voulais rien manquer de sa vie.
Je suis sortie avec un garçon, que j’ai quitté juste avant de décidé de partir finir mes études à Paris, vers Nemo.
Et voila où j’en suis rendue : mes valises à la main dans l’aéroport de Sydney. Paris, j’arrive !

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Grayson, Yannie, Ella, Lumen, Cheshire, Glagla, Jayden & Albane