[Café Le Fumoir] Amies à la scène comme à la ville || feat. Andrea

Amies à la scène comme à la ville

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Il était rare de faire des rencontres inoubliables en boîte de nuit, il fallait bien l'avouer; et Dalilas faisait partie des gens qui admettaient volontiers que cette hypothèse était souvent vraie. La jeune Suédoise ne pensait pas que ce genre d'endroits étaient propices à une vraie rencontre qui allait déboucher sur autre chose qu'un petit coup vite fait dans les toilettes entre deux slows langoureux ou deux morceaux "clubs". Honnêtement, tout le monde savait très bien qu'à partir du moment où vous entrez dans une discothèque vous êtes une proie potentielle pour tous les gens qui posent les yeux sur vous, hommes et femmes confondus. C'est la chasse à...la relation d'un soir. Ou plus précisément, de "ce soir-là".
Eh bien, cette croyance s'était effondrée il y a peu de temps. Dalilas avait rencontré une fille dans une boîte, pas pour la draguer ni pour coucher avec, justement. C'était devenu une amie au fil de la soirée, alors qu'elles étaient sorties pour s'entendre un peu mieux que par-dessus le vacarme ambiant qui régnait à l'intérieur. Elles étaient restées longtemps dehors, alors que Dalilas fumait sa cigarette occasionnelle qu'elle ne sortait qu'aux soirées; et elles avaient parlé d'un tas de trucs différents. De Paris, de leurs vies, de leurs frères et soeurs, de leurs origines – vu l'originalité du prénom de la jeune Suédoise, elles en étaient venues à ce sujet-ci au fur et à mesure de la conversation – et puis, une chose en entraînant une autre; Andrea, puisque c'était le prénom de la fameuse jeune femme, avait évoqué en passant, le sujet du théâtre. Prenant le temps de tapoter sur sa cigarette afin d'en détacher les cendres, la jeune blonde l'avait reportée à sa bouche et regardé sa nouvelle amie avec beaucoup d'intérêt. Visiblement, sa nouvelle amie était très intéressée par le domaine en question, et Dalilas l'informa qu'elle étudiait justement le théâtre. Voyant que ses yeux s'étaient mis à briller, elles avaient donc enchaîné une longue conversation sur le sujet, la blonde ne pouvant guère s'arrêter de parler. Le théâtre était une passion qui l'animait depuis de nombreuses années, et c'était la chose dont elle préférait le plus parler.

Au cours de cette soirée, alors qu'elles étaient toutes deux venues avec d'autres personnes, elles avaient peu à peu vu sortir leurs amis respectifs, qui s'étonnèrent de les voir dehors, qui plus est en grande conversation l'une avec l'autre, alors qu'elles ne se connaissaient pas encore quelques heures auparavant. Elles rirent de la coïncidence, et avant de se séparer Dalilas laissa son numéro et son adresse mail à Andrea, en ajoutant que ce serait trop bête de se perdre de vue maintenant. Elles avaient parlé de cours de théâtre sur Paris à de nombreuses reprises pendant ces quelques heures, et elle ajouta donc qu'elle lui donnerait de bonnes adresses si elle voulait trouver un bon cours abordable dans les rues de la capitale.
Elles restèrent donc en contact, par SMS, par mails et bientôt grâce au célèbre réseau social au bandeau bleu dont tout le monde connaissait l'existence aujourd'hui.

Et quelques jours auparavant, Dalilas avait reçu un texto d'Andrea, lui signalant qu'elle s'était finalement inscrite à un des cours dont elle lui avait donné les contacts; et qu'elle venait d'assister à sa première séance. Visiblement, elle aurait aimé avoir son avis "en tant que professionnelle", précisait son amie; et la Suédoise ne put s'empêcher de sourire et d'être flattée. Elle accepta de bon coeur et en cette journée maussade qui recouvrait le ciel parisien, tandis qu'elle marchait vers le café du premier arrondissement dans lequel elles s'étaient donné rendez-vous; Dalilas se surprit à penser que plus jamais elle n'affirmerait haut et fort que les boîtes n'étaient que des lieux tout faits pour trouver des couples à forniquer dans tous les coins, plus ou moins discrètement d'ailleurs.

Mais ce n'était pas le sujet qui importait vraiment la jeune blonde, en cet instant. Alors qu'elle quittait son petit appartement dans le quatrième arrondissement et qu'elle se dirigeait d'un pas pressé, comme tous les Parisiens me direz-vous, vers la bouche de métro la plus proche, elle espéra que son amie avait apprécié le cours de théâtre auquel elle avait assisté dernièrement. Parce que si tel n'était pas le cas, Dalilas aurait du mal à garder le sourire et rester neutre. Elle se connaissait par coeur et elle savait très bien que son caractère parfois emporté par ses passions pouvait être rebutant par moments. Elle s'efforça de se persuader qu'Andrea avait demandé son avis juste parce que c'était elle qui lui en avait donné l'adresse et les contacts, mais au fond d'elle elle espérait ne pas avoir à argumenter quant au fait que oui, le théâtre pouvait être un passe-temps réellement prenant et intéressant.
Elle sortit du métro deux stations après celle qu'elle avait empruntée près de chez elle, et tandis qu'elle prenait l'escalier, compressée dans la foule qui descendait à Louvre-Rivoli, elle regarda sa montre et constata qu'elle était en retard. Elle se hâta le long de la rue de l'Amiral de Coligny; et arriva bientôt à la hauteur du café Le Fumoir, qui faisait également bibliothèque; et qui était principalement pour cette raison que Dalilas avait donné rendez-vous ici à son amie. Elle adorait ce lieu, et si elle aimait lire, elle était persuadée qu'elle en apprécierait également l'ambiance. En entrant dans le café, elle constata qu'Andrea était déjà là, dans l'espace bibliothèque, et se dépêcha de la rejoindre, essoufflée. Elle s'assit et s'excusa immédiatement, elle qui détestait être en retard par-dessus tout :

" Coucou ! Je suis désolée d'être en retard, j'espère que tu n'attends pas depuis trop longtemps, y'avait un monde fou dans le métro...Pff, c'est toujours pareil sur la ligne 1, ça s'arrange pas..."

Mentalement, elle esquissa un sourire, voilà qu'elle ressemblait de plus en plus aux Parisiens qui adorent se plaindre des transports en commun à longueur de temps, et elle ajouta :

"Enfin bref, excuse-moi. Ca va, toi ? Qu'est-ce que tu bois ? "

Maintenant qu'elle était confortablement installée, elle jeta un oeil alentour et constata que le café était moins bondé que les dernières fois qu'elle était venue ici. La présence des livres l'apaisait étrangement, et elle espérait qu'Andrea apprécierait le lieu.

Dalilas & Andréa

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Formidable, selon le professeur de théâtre, je suis douée autant pour le comique limite pathétique que pour la cruauté. Il parait que c'est lié, j'avais lu un article dans métro, les gens portés sur l'humour, sont en fait, tous sans exception ultra en colère dans le fond, ils se cachent et du coup ils pourraient devenir des sociopathes... Intéressant non? Bref, je le sais que mon humour et ma répartie peuvent passer pour ce qu'ils ne sont pas! Mais au théâtre... ah le théâtre! C'est tellement salvateur! J'ai adoré littéralement, sauf les exercices de respiration avant de commencer, pas que je n'apprécie pas de faire des "a - e - i - o - u" à tout va, mais je n'aime pas particulièrement être ridicule, ce genre de ridicule ne me sciait pas, ce qui est comique pour une personne telle que moi. Le ridicule, la honte et j'en passe fait partie de mon quotidien... Alors quelques "pas pe pi po pu" ne devraient pas me déranger outre mesure!

J'avais donné rendez vous, à mon amie, Delilas, étudiante en théâtre par qui j'ai connu ce cours. Personne des plus étonnantes, avec qui je ne pensais pas possible que je puisse m'entendre. Je suis hyper sociable, oui, mais je m'étais toujours astreinte à avoir des amies de mon âge... Delilas est la preuve qu'à 20 ans, on peut être ultra mature. Je m'installais à une table, attendant qu'elle arrive, quelques minutes plus tard, je vis la petite blonde passer la porte du café. Je lui fis signe, avec un sourire. "Oh non, c'est pas grave, je comprends, ce matin j'ai mit 45 minutes pour aller au travail... un débile avait l'intention de sauter sur les rails au passage du métro..." Lui dis-je en ironisant la situation. "ça va bien sinon et toi?" Je levais le doigt pour que le serveur vienne, et je commandais un martini blanc avec olive verte. "C'est l'heure de l'apéro..." Lui dis-je en riant.

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