Amour. Affliction. Douleur sans remède. J'avais beau me hurler d'arrêter, mon cœur avait décidé de ma mort. Une mort lente et douloureuse. Je comprenais même pas pourquoi j'étais là devant cet entrepôt au milieu de nulle part ? Sous cette pluie battante à attendre devant cette porte que Winston m'ouvre. J'avais proposé mon aide pour la prochaine soirée, comme si je n'avais aucune vie. La salive acre de mon propre mensonge coulait dans ma bouche et mon excitation battait mes tempes. Je ne savais même pas ce que Winston avait fait pour me plaire. Son sourire, un geste amical ? Je me répugnai sous cette pluie, ma main tambourinant sur l'unique porte visible. Je grelotai, mes bras autour de moi essayant de me soutenir alors que le froid mordait chacun de mes muscles. Mon champ de vision été maintenant complétement recouvert par mes mèches blondes, mais je m'en fichais car je pleurais. Est-ce qu'il n'y avait pas plus pitoyable ? Je le pensais pas et pourtant je savais qu'il fallait que j'arrête de tomber amoureux tous les quatre matins: d'abord Alee, puis Maxime, et enfin Niels. Qu'est ce qui n'allait pas chez moi ? Mais, je me sentais si seul, c'était ma croix et mon angoisse la plus profonde. Je ne demandais qu'à être aimer. Il était où le bonheur pour moi ?

J'entendis un déclic de l'autre côté de la porte et je ravalai toutes mes peurs. La pluie avait au moins la douce bénédiction de couvrir mes larmes. Je passai rapidement mes paumes sur mes yeux. Car, il était hors de question de pleurer devant Winston. Il me connaissait infatigable, souriant et cette joie de vivre au bout du fusil. Alors, quand il ouvrirait cette porte, c'est ce qu'il aura. Je lui sauterais dessus. J'exploserais de rire. Je le taquinerais de mes doigts coquins. Je lui raconterais quelques blagues et je redeviendrais le Roxan que tout le monde connait et qui n'a jamais mal. La porte s'ouvrit finalement et mon masque était en place. Sourire email diamant, la magie du blanc. « C'est pas trop tôt ! Tu as mis du temps !? Tu te branlais là-dedans ou quoi ? » , tonnai-je avec humour tout en allant le chatouiller de chaque côté de sa taille.

La dernière soirée de la team 8th Wonderland vient de se passer et ils ont tous fêter ça en bonne et due forme. Pour la peine, Winston n’a pas encore quitté le studio depuis quelques jours. Pour la peine, les messages vocaux – qu’il n’écoutera sous doute jamais – doivent s’accumuler sur sa boîte vocale, tout comme le courrier dans sa boîte aux lettres. C’est dingue quand même quand ils se retrouvent tous les huit, il n’y a aucune tension, le brun ne voit même pas le temps passer. D’ailleurs, ça fait combien de temps exactement qu’il traîne ici seul comme une larve ? Bref, tout ça pour dire qu’à son plus grand étonnement, personne ne s’est entretué. Alors qu’en dehors du « boulot », les relations sont plutôt tendues entre Morgan et Winston, par exemple. Ça doit être l’effet « on est les mecs les plus cools de la capitale » qui fait ça. Bref et avec tout cette histoire, Winston en aurait presque oublié la visite de Roxan. Il lui avait répondu vaguement qu’il n’avait qu’à passer ici un de ces quatre, histoire qu’il arrête deux secondes de lui sauter autour. Quelqu’un tambourine à la porte… Même la pluie battante ne l’a pas dérangé. Winston grogne, ouvre un œil, le referme. Il doit certainement rêver. Il se retourne sur le canapé et le bruit recommence de plus belle. Putain. Il se traîne jusqu’à ladite porte. Pas besoin d’une description et encore moins d’une image pour visualiser la scène. « C’est pas trop tôt ! Tu as mis du temps !? Tu te branlais là-dedans ou quoi ? » Outch, ça parle trop vite tout d’un coup. Et puis, qu’est-ce qu’ils ont tous avec cette expression ? « Se branler. » Tout de suite. Le brun hausse un sourcil. À moins qu’il y ait autre chose à comprendre derrière ça. Non, depuis le temps Winston n’a pas encore retenu que cela signifie tout simplement « qu’est-ce que tu faisais ? » Il lui en faut du temps à ce petit, mais promis il y travaille et ce soigne pour ce genre de choses. Il essaye de passer outre la remarque du blond, parce qu’il doute que ce dernier s’intéresse vraiment à ce genre de chose. La pile électrique en question a beau être curieuse, le photographe a bien compris que presque tout est à prendre sur le ton de la plaisanterie avec lui. À peine la porte ouverte, Roxan se jette sur lui pour le chatouiller alors qu’il est trempé jusqu’aux os. Avec la pluie, il ne remarque même pas les larmes. Détail qui l'aurait de toute façon étonné de la part de Roxan. Un sourire se dessine sur les lèvres de Winston. En temps normal, le brun aurait moyennement supporté qu’un petit chien traîne aussi souvent dans ses pattes en gémissant, jappant. D’une part ça fait trop de bruit, d’autre part ça ne l’aide pas à se concentrer. Asperger ça le bouffe horriblement, jusqu’au bout, vous aurez compris. Sauf qu’avec cette petite tête blonde angélique, Winston a littéralement craqué. « Allez, reste pas là gamin. » Et il l’attrape par le poignet pour l’entraîner à l’intérieur rapidement avant qu’il tombe malade.