Par un beau mois d'avril est née Charlie-Zoé Desrosiers, jeune fille promit à un brillant avenir. Fille unique, je profitais de la fortune de mon père, compensant dès mon plus jeune âge son absence ainsi que celle de ma mère - ayant quitté le domicile familial pour raison inconnue lorsque j'eus six ans - par l’argent.
DESROSIERS, ce nom de famille semblait être attribué qu’au père et à moi, sa fille car je n’avais jamais entendu parler d’une grand-mère, d’une tante ou même d’un cousin. Tout droit plongée dans le monde des gens riches et célèbres, j'ai toujours mené une vie facile, comparable à celle d’enfants de star. Mon père bien que celui-ci s'avérait froid et hautain en ma compagnie me battait régulièrement. En apparence, il ne paraissait guère violent ni même méchant mais ce côté sombre et déplaisant, il ne le montrait qu'à sa fille. Je me faisais effectivement rouée de coups par mon paternel - de temps en temps, lorsque mon père rentrait de ses longues semaines passées à l'étranger - Âgée seulement de treize ans je me remémorais tant bien que mal ce qu'il se produisait chaque semaine, le week-end - généralement lorsque mon père rentrait las et épuisé de son métier, à vrai dire il avait encore une petite ressource d'énergie pour assouvir ses sauts d'humeur - dans leur vaste maison où ils s'étaient installés non loin de New York, aux États-Unis. Tous les soirs, je me décidais à écrire tout le mal enduré par la faute de mon père dans une sorte de carnet personnel, un journal intime ; mon père savait-il au moins qu'il risquait de tuer sa fille, sa propre fille ? Peut-être était-il ignorant .. ou tout simplement un père trop occupé à voyager à travers le monde.
→ journal intime de Charlie-Zoé.« Cher X, voilà maintenant un mois jour pour jour que mon anniversaire est passé. J'ai eu treize ans le vingt-cinq avril 19** et on peut dire que j'en suis fière enfin, une partie seulement en est fière. A vrai dire, l'autre partie de moi-même n'en peut plus. Je ne peux supporter ces conditions et surtout cette vie qu'on m'a donnée. Je suis jeune, mais tellement las de tout cela. Je ne veux plus faire partie de ce monde, je le clame haut et fort. Pourquoi mériter des coups de la part de son paternel ? Pourquoi se faire battre tout simplement parce que son père en marre des conditions dans lesquelles il travaille ? Ce dernier ne semble pas avoir accepté le fait que je sois sa fille. Il est vrai qu'il aurait tant préféré avoir un garçon. De même que ma mère je suppose.. Bien que je ne la connaisse pas vraiment. Mon père me dégoute, il est pitoyable ... je le déteste. »
Jusqu’à ce que j’aie quinze ans, je ne me posais pas trop de questions sur la vie que mon père menait, lequel prétendant œuvrer dans les « affaires ». Par ailleurs, je n’étais que peu attaché à lui, froid et silencieux lorsqu’il était présent à la maison et qu'il cessait de temps à autres de vouloir à tout prix s'acharner sur mon pauvre corps. Je m’occupais donc comme je le pouvais ; les premières années de ma vie, une nounou prenait soin de moi 24h/24, quand je suis entrée à l’école, je me consolais de la solitude et du désespoir qui régnait dans la grande maison vide, en sortant avec des amis que je charmais avec mon caractère sociable et la vie qui m’animait. Aussi, je pris longtemps des cours de piano, une de mes activités favorites, pour passer le moins de temps possible à la maison.
Populaire dès la petite école, je me distrayais avec ce que je pouvais : De petits amis, par exemple. À quinze ans ce n’était pas très sérieux, mais je multipliais les relations avec les garçons. Qu'aimaient-ils réellement chez moi ? Mon côté mystérieux et séducteur ou bien ma sociabilité et mon manque de tact ? Je n'en savais rien mais tout ce que je ne pouvais nier était qu'à cet âge-là j'avais essayé plus de choses que la plupart des jeunes filles de mon âge; l’alcool, bien sûr, la cigarette, ainsi que les drogues que j'essayais quelques fois simplement pour voir si ce qu’on disait était vrai. Il ne fallut qu'un jour, qu'une seule nuit pour que tout bascule : le 12 novembre 2000 ; en rentrant chez moi comme à mon habitude, un affreux spectacle se dressait devant mes yeux: Des voitures de police encerclaient mon immense maison, et une limite interdisait l’accès au terrain. Les cris, les sirènes, les pas pressés; j'avais les yeux remplis de larmes, je pleurais en sachant, mais sans le savoir... Je parvins à me faufiler entre tous ces gens en uniformes, entre ces curieux qui observaient la scène avec une expression qui trahissait leur avidité de savoir. J'entrais, tout en percevant une voix hurler mon nom et en sentant un policier me prendre par le bras pour tenter de m’entraîner hors de portée de la scène que j'avais sous les yeux ; Le corps de mon père gisait, inanimé, dans un coin, appuyé contre une commode, transpercé de la lame d’un couteau. Cette image restera gravée pour toujours dans ma mémoire, mais il m'évoque toujours des sentiments opposés; Le déni d’abord, semblable à la première étape qu’affrontent tous les autres face à la mort. Je ne pouvais le croire, c’était trop irréel, horrible ... Mais le sang dans lequel baignait l’homme avec qui j'avais vécu durant toutes ces années était là, rouge, écarlate ... La tristesse ensuite, déception d’avoir perdu un être « proche », « cher », après tout c’était mon père, n’est-ce pas ? Puis la culpabilité de ne l’avoir jamais appelé « papa », de l’avoir négligé ; Tout comme je l’avais fait, mais tout de même. Finalement la colère, la colère de comprendre tout ce que j'avais repoussé de mon esprit jusqu’à présent. Cette colère contre lui, mais contre moi-même aussi. On ne m'avait rien dit, on avait refusé de parler. Mais les pièces du puzzle s’assemblaient dans ma tête; j'eus le temps de réfléchir à cette énigme qui m’opposait à l’accomplissement de moi-même, les deux longues années qui suivirent.
➷ aujourd'hui, je suis lieutenant-stagiaire de police ...
Je me suis accrochée, j'ai finis par terminer mes études et me lancer dans la police. Je semblais partir à l'aveuglette et pourtant, j'ai réussi haut la main le concours d'entrée. S'ensuivit plusieurs examens, des formations à tout va .. Mes études sont belles et biens terminées. A présent, je suis rattachée au lieutenant du commissariat ; c'est lui qui me supervise et qui, entre autre, me donne des conseils. Il est plutôt pas mal et pas inintéressant (...) loin de là même. Pourtant, en tant que flic, on peut facilement tomber bien bas. Les flics ripoux ou corrompus pullulent les rues de la ville. Reste à savoir si je ne tomberai pas moi non plus dans ce genre de situation : seul l'avenir me le dira.