you're the queen of the superficial
and how long before you tell me true

Glaciers melting in the dead of night, and the superstars sucked into the supermassive.

Lumière pâle et froide, couverture de nuages gris perle, vent glacial qui oblige les gens à resserrer leurs manteaux autour d'eux. Et moi, au milieu de ça, j'attends sagement que cet abruti de stagiaire finisse de me préparer mon chocolat chaud, au Starbucks du coin. Mes ongles tapotent le comptoir en rythme dans un bruit particulièrement agaçant que j'aime produire, simplement pour voir la tête des autres autour de moi, leurs grimaces et leurs regards de réprobation. Si vous saviez combien je vous emmerde, les gars, sans doute que vous seriez sincèrement vexés. Les gens ne supportent pas qu'on les ignore, ça les énerve, ça les vexe, ça les blesse au plus profond de leur ego. Ils ne savent pas ce que ça fait, l'ignorance, c'est ça qui est jouissif dans une vie. Ignorer les autres et voir leur réaction.

Mon chocolat est servi. Je me grouille pour sortir de cette fichue boutique surchauffée et je retrouve l'air froid de Paris avec un certain plaisir. J'ai jamais aimé la chaleur, contrairement à la majorité des gens qu'on peut croiser, je déteste avoir chaud, c'est pour ça que finalement je serais très bien quelque part en Alaska ou en Islande. Certains me regardent bizarrement, d'ailleurs, faut dire qu'avec mon short en jean mes collants noirs, mes Doc's, mon t-shirt et mon gilet blanc, j'fais un peu peur, genre j'suis en chaleur. J'aime juste le froid, je suis pas vraiment frileuse d'ailleurs. Dans mon oreille valide, les Beatles laissent la place à Nickelback et je me retrouve à chantonner distraitement Rockstar, sans faire gaffe aux regards que je peux attirer sur ma personne. Ouais, je chante en pleine rue, je suis rousse et je vous emmerde les gars.

J'traverse l'île de la cité en sirotant mon chocolat, je sais pas pourquoi ni comment j'me suis retrouvée devant le Starbucks Sébastopol mais finalement c'est pas plus mal, ça me fait visiter Paris. Ca fait environ un mois et demi que j'y suis, presque deux mois en fait, et j'aime déjà cette ville même si mon sens de l'orientation y est déplorable. Finalement j'reviens sur le boulevard Saint Germain, j'vois déjà la silhouette de mon immeuble de loin. Sephora est une putain de fille adorable, j'espère juste qu'elle m'en demandera le moins possible sur ma vie passée. J'aime pas parler de mon ancienne addiction à la cocaïne, je sais pas, j'ai honte. Sans doute par rapport à Celestin...

Bref, j'suis dans mes pensées, le nez levé vers les nuages et mon iPod vient juste de passer à une chanson jouissive de Muse, Supermassive Black Hole, quand je rentre dans quelqu'un avec assez de force pour en lâcher mon sac de bouquins et mon chocolat bouillant qui nous éclabousse tous les deux. J'retiens mon cri, surprise et douleur parce que cette connerie de chocolat me brûle la peau au travers du gilet et du t-shirt, et je relève mon nez sur le mec que j'ai percuté. Le premier truc qui me choque, ce sont ses tatouages – j'ai l'impression de faire face à un squelette sur roues. Et puis je fronce les sourcils. Ce mec me dit quelque chose, seulement j'arrive pas à savoir quoi ; j'suis sûre de l'avoir déjà vu, mais où ? Un p'tit silence. « Euh... Désolée, je regardais pas où j'allais. » Je pique un fard, mes joues me chauffent, j'enfonce mon nez dans mon écharpe en me penchant pour récupérer mes bouquins ; je peux rien faire pour mon chocolat malheureusement. « J'habite juste là. P'têt que vous pouvez rester le temps que j'lave mes conneries. If you want. » Réflexe, je cause anglais, j'me sens gênée et j'attends, j'attends sagement la réponse du mec. Bordel, je l'ai vu où ?