Ça y est, nous y sommes. Tu souris, t'arrêtes pas de sourire, tu sais faire que ça en fait. Toujours des lèvres étirées laissant apparaître tes dents et un air satisfait. Tu marches dans les rues de Paname, tu t'sens grand, tu t'sens puissant. T'es plus toi, non t'es quelqu'un d'autre, si quelqu'un de ton entourage te croiserait, il ne te reconnaîtrait pas. Personne ne connaît cette image sombre de toi. Cette partie de ton être ayant sombré dans la folie. Skeleton. Il est là, en toi, il a pris possession de ton être. Tu peux plus rien contre lui. Parce que ce dingue qui coule dans tes veines, c'est toi. Celui que tu t'efforces à dissimuler depuis que t'as changé de vie. Mais non, tu ne peux pas. Tous les efforts du monde ne suffiront pas à l'anéantir. Tu le vois au loin, cet appartement à présent vide. Tu le vois et jubiles à l'idée de passer la soirée seul comme un chien. Deux jours. J'pensais que t'allais tenir plus, Skeleton. Mais non, tu l'as déjà envoyé balader. Tu étais avec elle sans savoir pourquoi, tu l'as laissé sur le côté sans savoir pourquoi. Tout se passe toujours de la même façon chez toi. Il n'y a pas de raisons. Pas de 'parce que' qui définissent des actes. La seule chose qui compte dans cette histoire c'est toi, ta petite personne Skeleton. Et tu souris encore. Ton bras te fait souffrir mais tu t'en balances. Tu pourrais souffrir mais t'y arrives pas, la drogue te donne ce que tu cherches depuis toujours. L'apaisement. Y a juste un truc que tu comprends pas, c'est qu'une sensation. Éphémère. Dans tes yeux, y a cette flamme qui se rallume. Celle qui porte en elle la renaissance de Skeleton. Comment t'as fait pour l'oublier hein ? COMMENT T'AS FAIT POUR REJETER L'HOMME QUE T'AS TOUJOURS ETE ? Et tu marches, tu marches, tu marches. Tu t'avances malgré toute la douleur que ton corps endure. Rien ne peut te faire tomber. Tes veines te brûlent. Ton corps possède en lui toute la haine d'un être trop longtemps laissé à l'abandon. Le froid de la nuit te lâche. Tu entres dans ton appartement et c'est là qu'tu sens un poids violent t'écraser les entrailles. Douleur.

Descente en enfer.

La flamme s'éteint. Une vague glaciale traverse mon corps. Douleur, again. Mon regard se pose sur l'appartement vide. Alecto n'est pas là, Alecto n'est plus là. Elle ne reviendra plus, elle s'est barrée avec Kable. Elle s'est barrée avec son sourire de fée et ses yeux à faire fondre un iceberg. J'l'aimais peut-être pas autant qu'elle m'aimait mais merde. Claque dans la gueule. J'ai décidé de l'éloigner de ma vie pour les beaux yeux de Jéricho. J'suis con, con et amoureux de la personne qu'il ne faut pas. Mes yeux explosés se posent sur mon bras lacéré par les piqûres de drogue injectée à de trop nombreuses reprises. Une grimace déforme mon visage. Puis là, je sens les larmes de rage couler sur mes joues. Une rage contre moi même. Contre l'être que je suis. Contre ma connerie. « On arrête tout. » Une phrase lancée si facilement à la figure d'une personne qui aurait pu me rendre meilleur. Mais j'm'en balance, j'ai toujours été attiré par ce qu'il ne fallait pas. Pourquoi ça changerait maintenant ? Mais merde, j'peux pas m'empêcher de m'en vouloir. Lâche donc ta rage contre ces meubles. Je pose mes mains sur mes oreilles, juste pour refuser de l'entendre me murmurer. Si j'en suis là, c'est uniquement de sa faute. Skeleton était là lorsque j'ai décidé de faire des promesses à Alecto. Il a aussi été présent lorsque je lui ai demandé de partir. Puis, finalement, comme à chaque fois, j'me laisse doucement posséder par le démon. Parce que de toute façon, je ne peux rien contre lui. Il est plus fort que tout. Et je détruis ce qui se trouve sur mon passage, cette pile d'assiettes. Ce tableau, cette chaise. Mais ça ne changera rien, tu es seul comme un chien.

schizophrénie, nom féminin - Maladie mentale qui se caractérise par un repli sur soi et une perte de contact avec la réalité.