L'évolution.
Ma vie commençait comme toutes les autres vies. Une chambre blanche, des efforts interminables, un cri puis la vie. Je suis né au début de l'année 78. Mes parents étaient fou de joie de m'accueillir, étant leur premier enfant. Ma mère m'a souvent décrit l'extrême bonheur qu'elle avait ressentit en me voyant pour la première fois et ce petit récit m'avait toujours donné envie d'avoir des enfants. Mes parents ont eu deux autres enfants après moi. Nous étions une famille très soudée. Je ne cache pas que bien souvent mon frère et ma sœur me tapaient sur le système mais au fond je les aimais. Mes parents nous ont inculpés une éducation plutôt bonne, fondée sur quelques principes, selon eux, fondamentaux. Ainsi j'ai appris à faire mes propres choix, à être indépendant et surtout j'ai appris que la famille était le pilier d'une vie. J'ai toujours eu une vie paisible, mes études se passait. Je n'ai jamais été un brillant élève mais je savais ce que je voulais et mon rêve le plus cher était de devenir médecin. Je m'étais donc lancé dans des études longues et fastidieuses et comme dans les romans , rien ne s'est passé comme je l'avais prévu.
La rencontre.
J'avais tout pour être heureux. J'étais en sixième année de médecine, j'avais un bel appartement en plein Paris que je partageais avec ma copine de l'époque. Tout se passait merveilleusement bien, je coulais de jours heureux sans me soucier du lendemain. Nous avions décidé de nous fiancer et nous préparions le mariage avec entrain. Helena était ma copine depuis le lycée et je me voyais parfaitement avec elle dans l'avenir. J'avais pris le plis de la fac et j'étais devenu brillant et beaucoup de professeurs portaient de grands espoirs sur mon avenir. Mais tout a basculé durant cette soirée de mai. Alors que je rentrais chez moi après des révisions avec un collègue, je passais dans cette petite ruelle un peu sombre. Un cri féminin attira mon attention. Je tournai à l'angle et découvrais un spectacle qui me terrifiai. Une jeune femme était en train de se faire sauvagement agresser par un type. Sans hésiter, je lâchai tous mes cours à terre et courrait vers ce type. Lui attrapant l'épaule, mon poing vint violemment percuter son arcade. Il n'était pas bien grand et avec chance, ma carrure assez sportive le fit fuir. Aussitôt, je me penchais vers la jeune femme en pleure et l'entourait de ma veste que je venais d'ôter. Des larmes coulèrent sur ses joues et instinctivement, je la prenais dans mes bras en lui murmurant des mots rassurants. Restant avec elle durant quelques dizaines de minutes, elle m'avoua qu'elle ne savait pas où aller, qu'elle n'avait nulle part où dormir. Helena n'était pas à l'appartement ce soir là et devant ce petit visage terrifié, je l'invitais chez moi, le temps d'une soirée et d'une nuit. Elle demeurait sur le choc mais j'avais tout fait pour lui faire oublier cet épisode. J'étais resté éveillé à ses côtés toute la nuit, nous avions parler des tas de choses et un réel feeling s'établissait entre nous. Elle était bien plus jeune que moi mais je me fis la promesse de toujours la protéger. Le matin arrivant, elle disparut en me donnant le nécessaire pour la recontacter. Bizarrement, à partir de cette nuit, l'amour que je portais à Helena s'estompa. Je pensais très souvent à Mia, à son visage d'ange, son sourire expressif et ses cheveux blonds et soyeux. Elle hantait mes rêves et mes pensées et cette rencontre allait définitivement faire tourner la roue.
La révélation.
A notre rencontre, Mia était encore mineur. Mais lorsqu'elle atteint l'âge de 18 ans, notre relation s’accéléra. Durant l'année suivant notre rencontre, on se voyait souvent, j'adorais passer du temps avec elle et je la considérais comme ma petite protéger, celle à qui il n'était pas question de faire du mal. Tout me bouleversait chez elle, de son rire , au son de sa voix en passant par ses gestes gracieux. Le jour de ses 18 ans, je passais la soirée avec elle. Je lui avait offert un jolie collier et ce soir là, elle devint mon amante. Je trompais Helena avant que nous soyons mariés. Bizarrement, je ne ressentais aucun remord. Je n'étais plus vraiment amoureux d'Helena mais le mariage était programmé. Mia et moi, c'était dans l'ombre, à l'abri des regard et cela rajoutait une petite touche excitante. La veille de mon mariage, les idées dans mon esprit étaient en véritable chantier. J'ignorais si je faisais le bon choix. J'étais à présent convaincu de l'amour que je portais pour Mia et je me dégoutais à l'idée de me marier avec une femme que je n'aimais pas. Alors que le jour de mon mariage arriva, je précisais au chauffeur qui me conduisait à la mairie d'emprunter un autre chemin. C'était décidé, je n'allais pas me marier. Arrivant chez Mia, je sonnais à la porte. Elle parut très surprise de me voir là, en ce fameux jour. Le bonheur que je ressentis en la voyant fut le sentiment qui vint rassurer une bonne fois pour toute la décision que j'allais prendre. Empoignant mon courage et mon amour, je dévoilais de bute en blanc tout ce que j'avais sur le cœur ; la pureté de mes sentiments, l'envie irrésistible d'être avec elle, la force de l'amour que je lui portais, mon désir de construire un avenir avec elle. Elle était sous le choc d'une telle révélation, mais elle finit par me sauter dans les bras. Échangeant notre premier baisé en tant que vrai couple, je savais que le bonheur à l'état pur allait enfin débuter.
Le bonheur.
J'appris par la suite que Helena était totalement détruite depuis le mariage et je sentis que mes parents m'en voulaient terriblement. Cependant, je ne flanchais pas devant leurs sermons. J'étais heureux et je me fichais bien de ce que pouvais penser les autres. Personnes, au final, ne pouvait me reprocher d'avoir voulu être heureux. Avec Mia, nous vivions une vie parfaite. Je l'avais poussé à faire des études et elle était à présent chroniqueuse. Pour ma part, j'avais enfin obtenu mon doctorat de médecine et le moment était venu de me lancer dans la profession. A 29 ans, à la veille de commencer ma profession libérale, je demandai Mia en mariage. C'était la suite logique de notre bonheur. J'avais attendu trop longtemps, je voulais que le monde entier sache que je l'aimais. Elle accepta, nous étions donc officiellement fiancés. Nos parents respectifs reçurent la nouvelle avec beaucoup de scepticisme mais rien ne nous atteignait. Nous étions plus fort que tout. Une semaine après la demande en mariage, Mia m'annonça qu'elle était enceinte. Tout allait très vite, et je paniquai un peu. Après de longue discussions, et quelques petits accrochages, je me résignais, je voulais cet enfant plus que tout et la peur m'avait paralysé au début. J'étais l'homme le plus heureux de la terre, ma fiancée était la plus belle du monde, elle portait le fruit de notre amour et ma carrière professionnelle allait s'envoler. Rien ni personne ne pouvait venir détruire notre cocon de joie. Si seulement.
L'enfer.
Notre petite fille pointa le bout de son nez le 3 mais 2006. C'était un bonheur indescriptible, exactement le même décrit par ma mère. J'étais l'homme le plus comblé de la terre et je m'adonnais avec grand plaisir au nouveau rôle que j'endossais. Seulement trois petits mois après la naissance de Julia, tout bascula. Je fus accusé d'un meurtre. La nouvelle tomba comme un coup de masse et les policiers vinrent m'arrêter à l'appartement. La terre semblait immobile, je ne comprenais rien. Mes proches et ma famille me tournèrent le dos. La sentence tomba, j'étais coupable d'un meurtre que je n'avais pas commis. Une erreur judiciaire qui me coutait 5 années de ma vie. Je fus condamné à 15 ans de prison ferme mais grâce à mon honnêteté et à la discrétion avec laquelle j'exécutais mes jours d'enfermement, ma peine fut raccourcis. Ce séjour en prison me parut durer une éternité. Je pensais chaque seconde à Mia et Julia, les deux femmes de ma vie, que j'avais abandonné contre mon gré. A ma grande chance, Mia ne croyait pas à cette accusation et elle fut la seule à rester à mes côtés. Elle venait me rendre visite le plus souvent possible et ses rares moments m'emplissaient de courage et de force. Les cinq petites minutes durant lesquelles je pouvais la serrer contre moi, gouter à ses lèvres et parler avec elle m'étaient vital. Elle m'apportait des photos de Julia que je voyais grandir à distance. Elle avait les yeux de sa mère. Elle était belle. Cinq ans passèrent et l'enfer pris fin. Il était temps.
La liberté.
Il n'y a rien de plus déstabilisant que de fouler le bitume de la rue après cinq ans d'enfermement. L'air y est plus frais, le vent plus vrai, tout prenait une nouvelle dimension. Elle était là à ma sortie, comme elle me l'avait promis. Après cinq interminables années, je pouvais enfin la serrer dans mes bras tout en étant libre. Nous avions à présent toute la vie pour être ensemble. Plus rien ne nous sépara. Il restait pour moi, un défis de taille. Conquérir l'amour de Julia, cette petite fille pour qui je n'étais qu'un inconnu. Toute ma vie est à reconstruire mais tant qu'elle est à mes côtés, rien ne peux plus me détruire. Un nouveau départ, une nouvelle vie, une nouvelle chance.