Donnes moi la main, tu t'es perdu en chemin.

On ne sait pas toujours pourquoi mais on s’attache parfois au gens à vitesse grand V. Pia et moi n’étions que deux potes qui nous retrouvions parfois en soirée mais ce n’était rien de plus. Pourtant un jour, nous avons commencé à nous parler bien plus que ça. Je suis devenue une petite à protégée et elle est devenue une deuxième mère pour moi, n’ayant pas assez confiance en la mienne pour lui parler à cœur ouvert. Sans compter qu’elle aurait fait un bond de plusieurs mètres de haut si elle avait appris comment ma vie se déroulait dans son dos, loin de l’idée qu’elle se faisait du quotidien d’une adolescente : lycée, devoirs, dodo… En parlant de ma mère, elle ne pouvait pas deviner non plus qu’en me mettant à la porte, elle allait entretenir mon amitié avec cette jeune femme extraordinaire qui la remplaçait volontiers. En effet, à la rue, sans travail et sans personne d’autre à qui m’adresser, j’étais venu sonner à sa porte, en larmes. J’avais pris le métro dans cet état, me moquant complètement de ce que les gens pouvait penser de cette jeune fille décoiffée, avec du maquillage partout, en jogging et sanglotant sans bruit. Je venais de me faire mettre à la porte par ma mère, plaquer par mon copain et le soutient financier de mon père ne m’était pas d’un grand réconfort. Elle avait été vraiment compréhensive et avait tout de suite proposé de m’héberger. Je ne m’attendais pas à ça en venant lui demander de l’aide mais c’était déjà un problème de résolu et je n’étais pas en état de refuser son hospitalité. Elle m’a ensuite laissé vivre à mon rythme quelque jour avant de me dire qu’il était temps que je me trouve quelque chose à faire de mes journées, c’était soit je retournais au lycée, soit je me trouvais un travail. La deuxième solution me parut meilleur. Ma plus grand ambition dans la vie n’était pas de bosser à seize ans dans un supermarché mais je ne voulais pas retourner affronter le regard des autres lycéens qui étaient à coup sur au courant de ma situation. De plus, je ne voulais pas être un fardeau pour mon hôte qui m’accueillait déjà gracieusement dans l’appartement où elle vivait avec son copain et sa sœur.

Ce dimanche matin là, je dormais encore quand j’entendis quelqu’un frapper à ma porte et me demander si j’étais réveillée. Je répondis un « oui » encore endormi. C’est fou ce que ce tout petit être qui grandissait en moi pouvait me fatiguer. Je vis la porte s’entrebâiller et Pia passer la tête à travers l’ouverture. Ma main se tendis vers ma lampe de chevet et le jour se fit dans la pièce. Mes yeux mirent un moment à se faire à la lumière. Je me redressai un peu dans mon lit et vit que la jeune femme m’apportait mon petit déjeuner au lit. Elle était trop gentille avec moi : Non seulement elle m'hébergeai sans rien demander en retour qu'une maigre participation aux taches ménagères mais en plus elle prenait plus soin de moi qu’on ne l’avait jamais fait dans ma vie. Je ne savais pas quoi faire pour la remercier de toute cette attention qu'elle me portait. J'avais beau lui faire de petits cadeaux quand j'en avais l'occasion, cela ne me paraissait pas suffisant pour toute sa gentillesse.