pourquoi je suis si niaise, comme ça? pourquoi je me laisse avoir? j'aurais dû couper les ponts et lui refuser l'accès à mon appartement dès le début. j'aurais dû le refouler et tout refuser.
c'est ce que j'aurais dû faire et que j'ai pas fait.
tant pis. j'vais remettre les choses à leur place.
ou au moins j'vais essayer.
ou au moins j'y ai pensé.
j'ouvre la porte et rentre. fais comme chez toi, nassim. j'ai plus besoin de te le dire,je crois.
j'enlève mon bomber et mes chaussures. bim, moins treize centimètres.
j'attache mes cheveux en queue de cheval et me sers un verre d'eau.
- tu veux quelque chose?
n'dis pas 'toi'. pas ça nassim. ne dis pas ça.

c'est ça, ris, moque-toi. moque-toi de moi et de ma petite taille. je ris aussi, beaucoup. surtout quand tu te mets pile en face de moi et que je suis obligée de lever la tête pour voir ton visage. ton beau visage pétillant. ton beau sourire.
ça me rend heureuse que tu ries, comme ça. pourtant tu viens pas de passer la meilleure année de ta vie.
le tour du propriétaire? ça n'a pas beaucoup changé depuis la dernière fois, tu sais.
je prends ta main dans la mienne et je te tire un peu avec moi aux quatre coins de mon studio.
la salle de bain, la cuisine, le canapé, et puis mon côté chambre.
- et là mon lit, et mon beau dressing. tu vois, rien n'a vraiment bougé.
mon dressing, si on peut appeler ça comme ça. ça m'attriste de n'pas avoir de pièce rien que pour ça. enfin bon.
je m'assieds sur le lit, posé à même le sol.

voilà, on a fait le tour. ça te plaît toujours? c'est pas grand, c'est vrai, j'aimerais bien avoir un loft immense mais je fais comme je peux, aussi. et puis au moins, tu n'te perds pas, rien n'a changé, tu peux garder tes repères.
enfin, normalement tu n'devrais pas avoir à les garder, j'devrais trouver le courage de te dire que tu n'reviendras plus. mais j'peux pas. pas maintenant.
t'as vu comme tu me regardes? je souris un peu et baisse les yeux comme si c'était à nouveau notre toute première soirée, y a deux ans. tu t'en souviens?
je me tourne d'un quart vers toi et croise mes jambes en tailleur.
- je t'ai beaucoup manqué?
dis-moi que t'as crevé d'impatience de me retrouver. j't'en supplie, j'en ai besoin. réconforte-moi, ne me laisse pas croire que tu n'es venu me voir que par habitude ou que parce que je suis la seule fille à qui tu aies pu penser suffisamment faible pour t'accueillir.

c'est vrai tout ça, nassim? t'as pas arrêté de penser à moi? j'étais un peu ta motivation alors, ta lumière au bout du tunnel. ton rayon de soleil entre tes quatre murs.
ça m'fait sourire. et ça m'rend malade. j'suis à deux doigts de vomir le kebab que j'ai pas mangé. j'me sens presque mal de pas t'avoir attendu, en fait.
- j'suis désolée d'être pratiquement pas venue te voir. j'me sentais pas vraiment à l'aise, tu sais.
pas vraiment dans mon élément, trop bien pour ces murs sales.
y a de ça, et puis que j'me suis dit que j'pourrais pas jouer à la parfaite copine juste après m'être faite défoncer par un autre.
tu m'en veux pas hein?

- j'étais sûre que tu comprendrais.
non, en fait j'étais persuadée du contraire, que tu m'en voudrais à mort et allais me le faire payer.
j'me suis encore trompée.
attends de voir quad tu sauras le reste, j'suis pas sûre que tu comprendras encore.
mais en attendant, j'sais pas ce qu'on fout là, assis sur mon lit à papoter alors qu'on n'a rien à se dire et que t'es même plus mon mec.
on continue de se regarder dans le blanc des yeux jusqu'à se qu'on s'endorme, sans rien faire d'autre?
j't'embrasserais pas la première. je glisse juste mes doigts sur ton bras.

je souris un peu. mes petits ongles t'avaient manqué. bien sûr qu'ils t'avaient manqué. et le moment où ils se plantent férocement dans ton dos pendant que tu me fais l'amour doit te manquer, lui aussi.
je passe des caresses douces à des petites griffures gentilles sur ton bras toujours.
- qu'est-ce qui t'a manqué d'autre, dis-moi?
et ma voix un peu trop suave, un peu trop tentante, elle t'avait manqué?
je passe ma main dans ton cou, dans ta nuque pour faire le même truc avec mes ongles. j'veux te voir frissonner, encore.

oh nassim, mon nassim. ne lâche pas mes lèvres surtout, sous aucun prétexte. j'attendais ça tellement impatiemment.
je me déplace pour m'asseoir sur tes genoux et enrouler mes jambes autour de toi, un peu. c'est pas mieux, là?
toi pour m'embrasser, moi pour te faire frissonner.
t'as qu'à mettre tes mains à mes fesses, t'as qu'à me mordre les lèvres. t'as qu'à te laisser aller. tu sais quoi, fais ce que tu veux, ça m'est égal.
attends, trente secondes que j'attrape le lobe de ton oreille entre mes dents et que je t'y chuchote des mots doux.
- si tu savais comme tu m'as manqué. ne t'en va plus jamais comme ça.

oh, tu veux jouer à ça? je souris un peu.
- oui c'est vrai t'as raison, faut pas, merci de me le rappeler.
je pose un baiser furtif sur tes lèvres, un dernier, puis me relève sur mes pieds.
j'ai envie de rire. oui, j'étais prête à oublier qu'il fallait pas. t'avais qu'à pas l'ouvrir nassim.
mais j'suis toujours prête à l'oublier t'en fais pas.
moi aussi j'veux t'embêter.
viens m'attraper, je m'éloigne.

c'est ça, viens m'attraper, cours-moi après.
je ris un peu en même temps que j'essaye de t'échapper.
deux gamins, ça faisait longtemps, hein.
- tu m'attraperas pas.
ou peut-être que si.
le studio regorge de culs-de-sacs.
j'avais finir par me retrouver coincée

oups, tu m'as attrapée. quel dommage que je sois coincée entre le mur et toi, pas vrai?
- t'es meilleur que moi à ce jeu-là.
je souris un peu, d'autant plus tentatrice et tentée que tu mets tes mains sur le mur, autour de moi.
j'suis bloquée, j'peux plus m'échapper.
de toute façon, j'en ai pas vraiment envie.
je m'évade dans le fond de tes yeux. tes grands yeux bruns.
nassim, t'es beau putain.
je t'attrape par la ceinture pour te tirer à moi et t'embrasser.
désolée, j'ai pas pu m'en empêcher.

tu les aimes toujours, mes cheveux? ils ont pas changé, doux, longs et blonds. comme tu les aimais.
et moi, nassim, tu m'aimes? ou au moins, tu m'aimes bien?
avant c'était différent, t'avais ton business et puis j'te servais aussi à montrer comme t'étais puissant, avec ta belle meuf.
mais maintenant?
dis-moi qu'tu m'aimes pas et qu'tu m'as jamais aimé, que j'étais juste un passe-temps. j'me sentirais moins coupable.
moins coupable de glisser ma main sous ton haut, de jouer avec l'élastique de ton caleçon, comme je l'ai fait à d'autres quand t'étais pas là.
moins coupable d'avoir terriblement envie de toi, mon ex-cocu, mon ancien voyou.
regarde-nous, on a l'air minable. un couple foiré.
bon allez, saute-moi, que j'oublie et qu'on n'en parle plus.

oh, tu enlèves ton haut, déjà? t'es rapide, nassim. impatient, peut-être?
j'avoue que moi je le suis. je me mords la lèvre.
ça faisait trop longtemps, j'avais ton corps en mémoire, mais l'avoir en face de moi, c'est encore mieux.
- t'as fait de la muscu, un peu?
je passe mes mains dessus.
t'es mieux foutu, déjà que t'étais vraiment bien avant. j'mouille presque déjà ma culotte.
je frissonne un peu de tes mains dans mon dos. attends, je défais la fermeture éclair. là, tu peux t'amuser à tout retirer maintenant, tout libérer, je t'en prie, te gêne pas.
et puis moi, j'attaque ton cou, ton torse de milliers de baisers. je veux tout redécouvrir.