Le jeune homme rit. Vous avez déjà fait une bonne partie, pour ne pas dire la totalité, enfin, je vais essayer d'argumenter tout ça. Tout d'abord bonjour à tous. Pour les personnes qui ont déjà entendu parler de moi, je me nomme Cayden Nguyen, mais comme beaucoup de mannequins ce n'est que mon nom de scène. Mon véritable prénom est Saru Tran. Nguyen, c'est le nom de jeune fille de ma mère et Tran le nom de mon père. Et non mes amis, je ne me nomme ping-pong, kimono ou Mikado comme j'ai pu l'entendre de mes chers compatriotes mannequins Occidentaux. Désolé de vous décevoir. Comme vous avez pu vous en rendre compte de par mes traits, je suis asiatique. Ou plutôt un mélange exotique (Ndl : les mélanges exotiques sont des apéritifs purement asiatiques, avec à l'intérieur plusieurs sortes différentes de préparation), ma mère étant Cambodgienne et mon père Vietnamien. J'ai d'ailleurs grandi là-bas en quelques sortes. Comme la dit la journaliste, je suis née au Cambodge et j'ai grandi entre celle-ci et le Vietnam. Pour être sincère, personne n'attendait ma venue cette année de 1991. Mes parents avaient déjà deux grands enfants, un fils Directeur général d'une boite de communication au Vietnam et une fille marié travaillant comme médecin pour un hôpital. Ils étaient tellement fiers. Mes parents, quant à eux, voyageaient souvent et profiter pleinement de leur vie à deux, jusqu'à ce que l'on remarque que ma mère était de plus en plus souvent malade. Et ce fut ma grande sœur qui eut l'honneur d'annoncer à ma mère qu'elle était enceinte de 8 mois. Avec un ventre aussi plat, elle était enceinte ? Elle n'y croyait pas pourtant le lendemain son ventre avait quadruplé de volume. Et oui comme vous le devinez, j'étais ni trop attendu ni trop désiré. Pour vous dire, ce n'est pas mes parents qui m'avaient nommé, ils n'avaient pas le temps pour ça. C'était ma grande sœur, la seule personne de ma famille avec qui j'étais un minimum proche. C'était elle, mon exemple. Les trois autres n'en avaient pas grand chose à faire de ma venue. Je n'étais pas désiré à la base donc bon, j'étais rejeté en bloc. J'étais donc soit seul à la maison familiale, soit chez ma sœur ou chez des cousins. C'est d'ailleurs grâce à l'une de mes tantes que j'ai appris pour mon QI. Je me faisais trop chier à l'école, élève dissipée, rêveur, ennuyé par l'école... Mais avec de grande capacité. Elle avait conseillé ma tante de me faire aller voir un psy et il leur à dit qu'en me faisant faire quelques tests qu'il l'a découvert ça... Ça n'a pas changé grand chose à ma vie. Sauf que mes parents étaient peut-être plus souvent à la maison à la demande du psy. Mais ils faisaient comme-ci je n'existais pas et n'ont même pas prit la peine de s'informer sur les écoles spécialisées. Bref. Puis à mon année de brevet, ma sœur eut une super opportunité aux États-Unis et l'a prise de suite... Autant vous dire qu'après ça, j'étais beaucoup plus mal. Surtout que concrètement, c'était ma « seule amie ». Au collège, je n'étais pas très populaire... Gros, mal sapé, cheveux gras, légèrement geek sur les bords... On trouve mieux quoi. Plus le temps passé moins ça allait.J'étais en lycée pro et à mon année de 1re, je décidais donc que quelle que soit la résultante de la fin de cette année, je me débrouillerais pour m'en aller. Plus rien ne me retenait ici de toute façon. Cette vie ne m'apportait plus rien, je ne voulais plus qu'une chose ; y échapper. Alors après avoir eu mon BEP mécanique, j'avais trouvé un moyen pour quitter le Vietnam avec toutes mes affaires. Je me retrouvais donc en Taïwan. J'y ai passé 4 ans de ma vie. Et c'est là-bas que je m'étais recréé. C'est là-bas qu'est né Cayden. Taïwan étant beaucoup plus libre et excentrique que tout le reste de l'Asie, ça m'a permis d'ouvrir une partie de moi que je n'avais jamais vu et je me sentais enfin libre et entier. Bien sûr, les changements physiologiques avaient déjà commencé avant mon voyage, mais c'est là-bas que je m'étais vraiment fait. C'est là-bas que j'ai eu mes premiers amis de mon âge, mes premières petites copines, mes premiers émois aussi, mon premier travail, coloration. Bref, ce fut les années de toutes mes premières fois. Avec le temps j'ai appris qu'un gars faisait transporter des gens vers la France clandestinement.. J'avoue, j'étais tenté. Je me visualisais déjà dans un duplex parisien, avec une vue direct sur les champs. Il fallait que je sois du voyage ! En quittant l'Asie j'étais plein de rêves et arrivé en France ce fut la désillusion. Tout l'argent que j'avais accumulé pour pouvoir subvenir à mes besoins pour au moins un an en Taiwan me suffirait pour 4 mois ici. Il fallait que je me trouve un logement, des contacts, et ce, très rapidement. Heureusement que celui qui m'a fait venir ici avait été assez bon pour me laisser le numéro d'un gars qui faisait des faux titres d'identité et tout le reste... Je me disais que ça allait passer le temps que je fasse tout ce qu'il fallait pour pouvoir en avoir des vrai, ne serait-ce qu'en demandeur d'asile. Ou autre connerie de ce genre. Le gars me fit mes papiers, je fus hébergé par des personnes résidentes en foyer, que j'avais rencontré avant et ils me trouvèrent un emploi au black en tant que strip-teaser. Vous savez, ce métier où il ne faut pas avoir honte de son corps. Et l'exhiber fièrement. Et bien, quand t'as un passé de gros, c'est un peu plus difficile. Après j'ai quand même beaucoup changé depuis mes années collège et ça faisait 7 ans que je faisais du Taekwondo donc ma musculature n'était pas mal. Pas incroyable, mais j'étais un peu dessiné quoi. Mais ma première fois sur scène n'était pas super, cependant au fur et à mesure, j'y arrivais de mieux en mieux. Jusqu'à je prenais des cours de danse pour pouvoir me perfectionner sur scène en plus du taekwondo. C'est d'ailleurs là-bas que je rencontrai ma manager actuelle. Elle était totalement saoule et avait demandé une séance privée avec moi. Et pendant toute la soirée, elle n'arrêtait pas de me dire que j'avais un physique particulier, que je plaisais qu'elle pourrait faire de moi un mannequin si je le voulais. Que je valais mieux qu'un club miteux et que c'était la reine des miracles.. Apparemment elle avait pas tort Il rit de plus belle. Elle me laissa sa carte après ça et j'hésitais vraiment à aller la voir. Une semaine après je me décidais à me rendre dans son agence, et au début, elle m'a fait virer des lieux, mais j'étais revenu une nouvelle fois, mais cette fois-ci, je sortais la carte des enregistrements de la boite et que je me ferais un plaisir de dévoiler à la presse people qu'un si grand nom du mannequinat puisse aller dans de tel lieu. Et c'est comme ça qu'elle me fit signer mon premier contrat. Et de fil en aiguille, j'ai fait mon book, j'ai recherché des castings, des agences et j'en profitais pour me créer avec Eve, ma mana, une petite liste de contact. Puis j'ai eu mon premier shoot avec un célèbre photographe : Peter Lindbergh. Qui parla de moi en bien à certains autres de ses contacts, tel que Gille Belsimon, photographe pour vogue magasine. C'est comme ça que je pus rencontrer Karl Lagarfield qui me permit de faire quelques shooting photo en tant que modèle professionnel, Yves Saint-Laurent qui m'assura avoir beaucoup de potentiel et qui me permit de défiler lors d'une ses présentation haute couture, et ainsi de suite les passages en pub, figurant dans quelques films, des défilés de plus en plus prestigieux. J'ai commencé cette aventure à 20 ans et maintenant, grâce à Ève à bientôt 24 ans, je vis ce que personne sur Terre ose imaginer... Et finalement je l'ai eu ce duplex sur les champs Il rigole. Aujourd'hui, J'ai mes VRAI papiers, j'ai créé récemment une association qui vient en aide aux étrangers immigrés pour les aider à trouver une solution et améliorée leur manière de vivre, car, pour l'avoir vécu, je sais qu'il y a très peu de jours heureux. Et encore mon histoire n'est pas la plus à plaindre, je m'en suis sorti avec un joli happy-ending, ce n'est pas le cas de tous. C'est pour cela que j'ai crée cette assos'. Il y en a 2 sur paris et une à Chicago, mon second lieu de résidence. Depuis je revois très souvent ma sœur et m'a affirmé être fière de moi, mais je donne plus de nouvelles au reste de la famille. Je retourne souvent à Taipei pour revoir ma famille de substitution. J'ai continué la danse et le Taekwondo mais arrêté le strip. Et je suis heureux de faire un métier dans lequel je m'épanouit et que j'adore autant. Je parle 5 langues : le Cambodgien, le vietnamien, le Taïwanais, le français et l'anglais tout cela avec un petit accent sexy il rit. Et j'essaie de vivre avec la discrimination tant que je peux. Et surtout de profiter de chacun des instants présent avec ce que j'aime.