13h41.
j'émerge. enfin.
putain, j'ai mal à la tête.
putain, je suis en retard.

j'ai rendez vous avec Émilie à 14h30. va falloir que je me dépêche si je veux pas trop la faire attendre. je souffle. je me lève en vitesse. j'attrape une plaquette de doliprane. j'en avale un avec la bouteille d'eau qui traîne au sol. la moitié de la bouteille d'eau, en fait. et je saute sous la douche.

14h05.
je suis prêt.
je vais pas être trop en retard.
j'espère.
elle va me tuer, sinon.

avant de sauter dans la voiture, j'envoie un texto à ma petite soeur. un simple t'inquiètes mimi, j'suis sur la route. comme ça, elle sait. elle sait que j'aurai quelques petites minutes de retard et je me ferai pas trop engueuler. je fais aussi vite que la circulation de Paris me le permet pour rouler jusqu'au point de rdv. je chante derrière mon volant pour pas m'énerver que le trafic soit un peu lent en ce début d'après midi. j'peux m'en prendre qu'à moi même. j'avais qu'à me lever à l'heure. j'avais pas qu'à rester chez moi hier et pas être sorti en boîte.

14h39.
je me gare.
ça va, j'suis pas trop en retard.

je cherche ma Mimi des yeux et je la vois. elle est belle ma Mimi. comme toujours. je souris. elle est de dos. je vais faire un truc de gamin, tiens. je m'approche doucement d'elle, jusqu'à arriver derrière son dos. et comme le grand gamin que j'suis, j'pose mes mains sur ses yeux.

devines qui c'est!

que j'suis con quand j'm'y mets hein.

elle s'était endormie chez étienne, encore une fois. il fallait qu'ils travaillent sur le fanzine du mois prochain, c'était un peu la galère en ce moment. ils avaient un peu travaillé, beaucoup parlé. elle avait un après-midi de libre, c'était rare chez émilie. elle courait toujours de partout, dans tous les sens. généralement, les heures libres qu'elle dégageait de son emploi du temps, elle les réservait à hugo. c'était comme une évidence en fait. elle s'était levée, il était déjà parti. il lui avait laissé un vulgaire mot : "claque bien la porte avant de partir", super. elle pouvait se réjouir qu'il ne l'ait pas mise à la porte.

elle avait préféré faire un saut chez elle, c’était plus pratique. elle voulait pas s’éterniser. c’était un peu comme si elle n’était pas la bienvenue. ça lui faisait ça tout le temps.

"t’inquiètes mimi, j’suis sur la route."
elle s’inquiétait pas mimi. hugo finissait toujours pas arrivé même si attendre mimi, elle détestait ça. genre, vraiment.
"j’y suis déjà."
elle était rarement en retard. elle était là debout au milieu de la foule. elle avait son manteau h&m sur le dos, c’était un nouveau. y’avait cinquante pourcent dessus.

un sursaut léger. elle avait les mains d’un inconnu sur ses yeux. il n’y avait qu’une personne pour faire ça.
« devines qui c'est! »
« ryan gosling ? »

un rire cristallin. elle se retournait lentement et le visage d’hugo apparaissait.

« oh non ! moi qui croyais que ryan avait enfin compris que j’étais la femme de sa vie. » lançait –elle en faisant une moue déçue.

elle déposait un léger baiser sur sa joue.
«  mais bon t’es pas mal non plus même avec dix minutes de retard. »
oui, émilie lui faisait remarquer.

j'ai vingt trois ans. mais j'suis qu'un grand gamin.
c'est pour ça que je pose mes mains sur les yeux de mimi.
et que j'lui demande qui c'est.

ryan gosling ?

questionne conne, réponse conne.
elle rit de son rire cristallin ma mimi.
et son rire est contagieux.

oh non ! moi qui croyais que ryan avait enfin compris que j’étais la femme de sa vie.
désolé pour la fausse joie mimi.

que je réponds en souriant. elle s'est retournée vers moi et je la regarde quelques instants. ma petite soeur. je souris alors qu'elle dépose un baiser sur ma joue en guise de bonjour.

mais bon t’es pas mal non plus même avec dix minutes de retard.

je me mords la lèvre inférieur tout doucement. comme un enfant pris en faute. je sais bien qu'émilie elle aime pas trop attendre. mais je le fais pas exprès. je suis presque toujours en retard. je crois que j'ai un petit problème avec la ponctualité moi.

désolé, j'suis sorti la nuit dernière et j'ai pas entendu mon réveil.

dis-je d'un air penaud. mais je finis par lui sourire. et j'attrape sa main dans la mienne. je la sers doucement et j'l'entraîne avec moi. au milieu de la foule. mais je sais pas trop où on est censés aller, en fait.

tu veux aller où mimi ? t'as des trucs important à acheter ?

tant pis pour ryan gosling. une prochaine fois, elle ne désespérait pas. elle le regardait se mordre la lèvre inférieure signifiant qu'il était fautif. ça la faisait sourire. elle connaissait hugo par coeur, surement parce que c'était son frère, mais surtout parce qu'elle avait pris cette habitude de traîner avec lui de longue, tout le temps. elle a eu le temps de l'observer son frère. émilie parfois elle parle pas beaucoup, mais elle observe tout le temps tout, tout le monde. elle aime bien regarder ce qu'il y a autour d'elle.

« t'as fait quoi ? »

c'était une excuse comme une autre, elle était valable. de toute manière, hugo, elle ne pouvait pas lui en vouloir même s'il avait vingt-quatre heures de retard, qu'elle lui trouverait une excuse. bon tout ça après avoir fait la gueule, un peu.

elle se laissait entraîner par son frère au milieu de la foule.

« oui, j'ai des collants à acheter. on peut aller dans n'importe quel magasin. de toute manière vu l'espérance de vie de mes collants, autant ne pas les payer trop cher. »

oui, acheter des collants était important. émilie adorait par-dessus se balader en short levi's qu'elle avait acheté en fripes à cinq balles. ouai, elle kiffait ça. si elle ne pouvait se balader qu'en short en jean, elle le ferait sauf qu'émilie a une mère et que cette mère lui veut du bien. alors, émilie se résigne à porter autre chose qui lui vont tout aussi bien. émilie jolie.

« t'as besoin de quelque chose toi ? Parce que j'me disais qu'on pouvait commencer à regarder voir si on trouve pas des idées de cadeaux pour noël, pour maman et pour les filles, aussi. »

hugo et émilie faisaient souvent les courses de noël ensemble. émilie aimait bien les rituels. émilie était une nana à rituel. d'ailleurs, elle a toujours und calendrier de l'avent. chaque année c'est la même histoire.