j'arrive à son immeuble et puis comme elle est longue à arriver, j'appuie sur tous les interphones jusqu'à ce qu'on m'ouvre. ça marche, puis j'fais les étages pour trouver sa porte. ça ira toujours plus vite que de l'attendre t'façon. j'y suis, je cogne fort. « putain lola bouge ton gros cul ça fait trois plombes que je t'attends là! »

elle sort. enfin. heureusement elle est quand même canon, ça m'aurait fait chier d'attendre aussi longtemps pour rien sinon. « j'viens te chercher puisque tu te montrais pas. il fait froid dehors putain. » je passe mon bras à ses hanches pour l'entraîner avec moi, sinon j'sens qu'on n'y arrivera jamais à ce foutu bar, puis encore moins chez moi.

on commence a descendre les escaliers, elle est qu'à moitié là. et puis j'ai plus tellement envie d'aller dans un bar. je l'arrête dans la cage d'escaliers et puis j'embrasse un peu sa mâchoire, ma main à ses fesses. « et sinon tu veux pas qu'on reste ici? je t'offrirais un verre une autre fois. »

ouais, ok, j'me prends une belle veste. repousse-moi lola, surtout, j'te dirais rien, bien sûr. fous-moi des vents, puis c'est pas grave, hein. et puis elle parle presque tout bas. y a quoi, c'est un immeuble de vieux? j'm'en fous, moi, j'me sens comme à la cité. « y a quoi? pourquoi on reste pas ici? t'as honte de ton petit appart' d'étudiante ou quoi? » si elle savait comme je m'en tape. du moment qu'y a un lit ou un canapé, moi, ça m'suffit. enfin, de toute façon, on s'en va, puis c'est pas comme si j'avais le choix hein.

pfff. « t'es chiante. » ouais, carrément. clairement chiante. en plus j'ai une trace de rouge à lèvres violet vampire sur la joue, j'ai l'air fin moi maintenant comme ça. fait chier. j'passe ma main dessus mais ça part pas vraiment. je souffle et puis on arrive dehors. je lâche sa main pour les mettre dans mes poches et aller jusqu'à la voiture.

hein? de quoi? non mais, elle me perd, celle-là. moi, j'comprends plus rien. « quoi je m'enfuis? je m'enfuis pas, je vais à la voiture. t'as besoin que je te tienne la main jusque là-bas en plus? » lola c'est une petite fille. elle a réellement vingt-et-un ans? sérieusement? et elle traîne les pieds. c'est ça, boude, sale gosse. je lui ouvre la portière, sinon elle va râler pour ça aussi.

un geste qui répare tout d'un coup. il a juste fallu que je lui ouvre la portière. hé, lola, t'es pas bipolaire, des fois? sérieusement. elle se colle directement à moi pour m'embrasser avidement. bon, moi, j'suis pas contre ça. je fais juste la coller un peu plus pour lui rendre son baiser, j'cherche pas à comprendre. mais quand même. elle est bizarre, cette nana-là. heureusement, j'm'en tape : j'me la tape. j'glisse mes mains sous son haut sans lâcher ses lèvres ; alors lola, tu changes d'avis un peu? on remonte?

merde. bien tenté. elle avait bien commencé sa phrase pourtant. oui, on monte. non, pas à son appartement. merde. tant pis. je la lâche, tant pis. c'est ça, monte, mets-toi au chaud dans la voiture et puis ferme-la. ris à ce que je dis, puis on boit rapidement un verre et on s'en va. tu sais quoi? j'vais nous commander un shooter chacun. ça se boit si vite, un shooter. on pourra vite repartir du bar, on pourra vite aller chez moi. t'en dis quoi? c'est une bonne idée, j'trouve. j'referme la portière derrière elle puis j'monte aussi. puisque j'ai le choix. « si j't'offre une bière chez moi, ça compte? » allez, c'est bon lola, sois indulgente, putain.

je roule, je roule. non, j'ai pas envie d'aller dans un bar. oui, c'était une excuse. oui, je veux directement rentrer. oui, lola, je veux te sauter. après une bière, pourquoi pas. autant que tu voudras, même. j'm'en fous, si tu savais. j'm'en fous complètement. alors, tu dis quoi? tu dis oui? « j'suis une homme de parole, tu l'auras ta bière. » j't'offre un petit sourire, lola. tu sais, le sourire de charmeur qui peut si vite faire chavirer ton coeur? ouais, voilà, celui-là. comme ça, tu vas un peu plus craquer et me sauter dessus un peu plus vite. alors? attends, j'glisse ma main droite sur ta cuisse pour que tu craques vraiment.

c'est bien, tu souris, mais n'abuse pas. c'est bon lola, arrête de sourire comme ça. t'as l'air conne. j'te jure. un peu c'est sympa, mais trop ça devient juste chiant. tu t'arrêtes, oui? putain. j'lève les yeux au ciel. « que la bière, tu parles. t'es là pour la même raison que moi, t'sais. » prendre ton pied, puis partir sur un autre chemin. on s'est bien mis d'accord, j'sais bien que t'es là pour ça. j'me gare puis je sors, je ferme la voiture et j'commence à aller à l'appartement sans l'attendre. ça va, elle connaît le chemin. puis elle peut rentrer tranquillement, y a personne pour lui dire quoi que ce soit, là. vasy, rentre, désape-toi et attends-moi dans le lit. tu seras mignonne.

on rentre, j'ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle commence déjà critiquer. elle est insupportable, chiante, parfois même détestable. qu'est-ce qu'elle fout là, déjà? ah ouais, elle baise bien. elle a au moins ça pour elle. c'est déjà ça. elle pourrait faire carrière un jour, si elle ne veut plus faire ce qu'elle fera après ses études. ma foi. au moins ça rapporte, puisqu'elle a du talent. « c'est pas parce que j'vis dans la banlieue que ma bière est dégueulasse. » faut pas déconner non plus. j'attrape deux bières et prends sa main pour la tirer avec moi jusqu'à ma chambre. je retire mon blouson et roule un joint. mets-toi à l'aise lola. j't'en prie.

allez, t'as rien dit mais c'est tout comme, t'sais. tu l'as pensé tellement fort que je l'ai entendu. quoi, j'exagère? pas du tout. c'est toi la marseillaise j'te rappelle, pas moi. petit cagole. vraie fausse cagole. ben oui, enlève tes chaussures, j't'en prie. installes-toi, fais comme chez toi. ouais, c'est déjà fait. j'allume mon joint et puis j'm'assieds en tailleur, j'pose le cendrier entre nous. battle de regard. « t'as passé une bonne journée à rien foutre, sinon? » ouais, allez, j'suis gentil un peu.

à quatre pattes, lola. tu sais combien je me retiens de te dire que t'es une petite chienne? ma petite chienne, ce soir. oh ouais, j'me retiens très fort. t'imagines même pas, j'suis sûr. j'claque tes fesses doucement au passage. tes fesses rondes. merci d'me ramener ma bière, t'es bien mignonne. je l'ouvre, je bois. ah, ta clopes est toujours éteinte? t'attends quoi? que le feu tombe de nulle part, qu'elle s'allume seule? putain, j'suis gentil, quand même, à te tendre mon briquet, allumé, jusqu'au bout de ta cigarette. « si t'allais en cours tu t'ferais pas chier. » quoi, c'est moi qui dit ça? la blague.