assise derrière ta caisse les clients se succèdent, en allant de la petite vieille à qui il faut compter les pièces, au jeune mec qui a l’air pressé avec juste une boîte de capote, jusqu’au sexagénaire qui fait des blagues vaseuses et parfois assez dégueulasses. la journée n’est qu’un défilé du monde qui t’entoures, sans aucun intérêt, des petits sourires, des gentillesses et c’est tout. c’est presque l’heure de la fermeture, il ne reste que quelques clients. tu pestes. puis là, tu lèves la tête et tu la reconnais la jolie xo, celle que tu voyais aux soirées étudiantes quand tu en étais encore une. « ohhhh xo » dis-tu avec un large sourire. « que taaaaal ? cuanto tiempo sin verte niña !!!! » t’as le sourire aux lèvres ça t’fait plaisir de la voir, tu te lèves un peu embrasse ses joues, y a plus personne pratiquement dans le magasin, tu peux te permettre quelques familiarités avec les clients que tu connais.

ce soir, j'improvise une soirée à l'appart. les colocs sont même pas encore au courant. j'm'en fous et j'suis sûre qu'eux aussi. ça serait pas la première ni la dernière fois de toute façon que j'improvise des petites soirées comme ça. ils connaissent tout les deux mon penchant pour la fête et le partagent assez bien eux aussi. le problème, c'est que y'a rien à l'appart. vraiment rien ou pas assez pour une soirée comme je les organise. du coup, j'me suis barrée en vitesse pour aller faire le plein de tisse à la supérette du coin. peut être un peu de bouffe aussi. ou alors on commandera des pizzas, j'sais pas. bref, j'fais le tour des rayons, j'remplis assez vite mon caddie et me dirige droit vers la caisse pour payer le tout. une petite vieille devant moi prends tout son temps. allez sexy, j'ai pas toute ma journée moi. je sais que les gens c'est mignon, mais je suis sûre que la caissière en a rien à taper des tes trois chats. finalement, elle s'en va la vieille. c'est mon tour. et là, la caissière prononce mon prénom. fin mon surnom. je lève les yeux vers elle. oh bah merde alors, coïncidence de fou! oh mona, no sabía que estabas trabajando por aqui! en même temps, ça fait un bail que j'l'ai pas vu, mais ça fait grave plaisir. claro, hace mucho tiempo! muy bien y tu? que dices desde la ultima vez? on se dit bonjour comme deux vieilles copines, mona sourit. moi aussi. j'avais l'habitude de la croiser dans des soirées étudiantes et puis du jour au lendemain, j'l'ai plus vu. j'crois qu'elle a fini ses études.

ça fait plaisir de la voir. ça égaye la journée. journée banale. avec un rayon de soleil, c’est xo le soleil. « siiiii trabajo aqui desde … dos meses, creo » tu souris, jusqu’aux oreilles presque. une-vraie-bonne-surprise. tout relié parce qu’accentué, parce que c’est vraiment une très très très bonne surprise de la retrouvé là. « muy bien tambien !! hm, no mucho, sabes… he pasado vacaciones de verano en australia, he terminado los estudos, trabajo aqui .. es todo. y tu ? tengo un poco de tiempo no hay muchos clientes » dis-tu en riant. c’est vrai, que c’est plus facile de discuter à cette heure-ci que pendant les périodes de rush.

de voir mona, j'en oublie qu'à la base, j'étais pressée. puisque j'me suis improvisée une petite fête. mais tant pis, je peux bien prendre quelques minutes et profiter de ses retrouvailles. on s'en fout, on a toute la nuit pour faire la fête! oh vale, como nunca te he visto aqui antes! bon.. faut dire aussi que j'vais pas souvent à la supérette moi. j'aime pas trop ça, faire les courses. des fois j'me dis que j'suis pas une nana normale. bref. j'l'écoute poursuivre, sourire aux lèvres. faudra que je penses à plus perdre contact avec elle! me alegro! australia, realmente? como fue tu viaje? oh ahora entiendo porque no te encuentro mas en las fiestas de estudiantes jaja! yo estoy todavia a la universitad.. toco la guitara por ahi y ahora misma voy hacer una fiesta que j'lui réponds, en riant. jaja, muy bien! entonces podemos hablar un buen rato! histoire de rattraper le temps perdu quoi.