veille du classico. j'étais passée chez Émilie pour dîner avec elle. rien de plus. pas d'alcool, rien. je tiens à ma place, je suis pas fou. mais comme toujours, j'ai pas vu le temps passer. il est déjà tard dans la nuit et je dois aller me reposer. sinon demain, j'vais être une loque sur le terrain. et ça, y'a pas moyen. je dis au revoir à Émilie, j'lui fais promettre de me regarder demain soir à la télé. je veux pas la voir dans les grandins, on sait jamais ce qui peut se passer dans ce genre d'ambiance. et j'm'en vais. à pieds. j'ai pas ma voiture. j'suis con. va falloir que je prenne un taxi pour rentrer jusqu'à chez moi. j'erre dans les rues de Paris quelques minutes. avant de me foutre sur une grande avenue, histoire de trouver un moyen de transport. j'attends quelques minutes dans le froid. je déteste attendre. je souffle, je m'impatiente un peu. jusqu'à ce que j'aperçois un taxi qui descends l'avenue. c'est ma chance. je fais des grands signes, j'ai l'air d'un con mais j'm'en fous. la voiture s'arrête à mon niveau. je grimpe dedans. le chauffeur me demande d'un drôle d'accent ou je veux aller. mais j'ai pas le temps de lui répondre que la portière s'ouvre une nouvelle fois. une jeune femme s'installe dans la voiture, comme si cette dernière n'était pas occupée. je la regarde quelques instants, j'essaye de pas trop m'énerver alors que j'm'adresse à elle. excuses moi, mais t'as pas l'impression d'être un peu de trop. c'est mon taxi, qu'est ce qu'elle vient s'incruster.

 le nettoyage d'après soirée. on dit que ce sont des gens raffinés qui vont toujours aux vernissages, ils ont de raffiné que leur accent snob parce que merde, je pensais pas que remettre la galerie en ordre serait si long. tu comprend vite pourquoi les galeristes prennent des intérimaires. bref, le boulot de meeerde qui me fait sortir à pas d'heure quand bizarrement, y'a plus grand monde dans les rues et que prendre le métro pourrait mener droit à la rubrique fait divers. la galerie fermée, je m'empresse de rejoindre une rue plus importante à la recherche d'un taxi. je ne comprend pas d'ailleurs pourquoi il n'y en a presque pas à cette heure. ça doit être l'heure moment de la journée. personne prend les transport en commun la nuit. m'enfin, il y'en a un qui descend l'avenue, je lui fais signe, je veux qu'il s'arrête, mais il continu plus bas. gentil bonhomme . de toute façon, je ne laisserais pas ce qui pourrait être le dernier taxi de la soirée me filer entre les mains parce qu'il s'arrête plus près de quelqu'un d'autre. non non non. alors, je me précipite moi aussi, j'entre à l'intérieur et oui, il y'a comme qui dirait un problème. excuses moi, mais t'as pas l'impression d'être un peu de trop. je croise les bras, prend mes aises au fond du siège. et toi ? t'as pas l'impression de m'avoir pris mon taxi, juste devant mon nez. j'utilise le même ton. on peut aller très loin comme ça. il a l'air en colère, j'suis presque en train de me dire qu'il faudrait que je fasse gaffe mais rien n'y fait, je ne décolle pas. oh j'habite dans le cinquième. fis je avec un grand sourire au chauffeur. quoi, je ne vais pas prendre racine ici.

d'habitude, je suis pas du genre à parler comme ça aux gens. mais il est tard. je suis fatigué. et j'aime pas les taxis. je déteste les taxis, en fait. et je comprends pas là, pourquoi elle s'incruste comme ça. c'est quand même pas le dernier non? bon... vu l'heure, peut être que si. je souffle, je suis prêt à concéder. jusqu'à ce qu'elle se mette à parler. oh, d'accord. elle veut continuer sur ce terrain là. parfait. très bien. excuses moi mais jusqu'à preuve du contraire le taxi s'est arrêté devant moi et les taxis appartiennent pas tous à mademoiselle non ? oh ce que j'aime pas être comme ça. c'est pas du tout moi. mais par contre, je suis pas du genre à lâcher le dernier mot. et c'est pas parce que c'est une fille que je vais la laisser gagner. non, non. ça va bien cinq minutes. je veux juste rentrer chez moi en paix merde. elle sourit, d'un grand sourire en annonçant son arrondissement au chauffeur. ce qu'elle m'énerve. je souffle. je respire. et moi dans le seizième. pas question qu'on fasse un détour pour l'arrêter en premier. manquerait plus que ça, tiens. je suis prêt à payer. j'aime pas faire ça putain. mais je suis tellement prêt à tout pour être juste dans mon lit. quitter ce taxi, ne plus être en sa présence. et elle vient juste de rentrer dans le taxi. eh merde.