► OOH LA LA PARIS.
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ooh la la paris, réouverture. 02/11/14.

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 i found a home in your eyes. (alense)

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MessageSujet: i found a home in your eyes. (alense)   i found a home in your eyes. (alense) EmptyVen 1 Nov - 20:13



Citation :
alex et hortense
Ils ne demandaient rien d'autre que d'être heureux ensemble. Même pas heureux d'ailleurs, ils n'étaient plus si exigeants. D'être ensemble, c'est tout.

Les métros sont bondés, les restaurants blindés. Y'a des embouteillages partout dans Paname, on va jusqu'à piétiner les clochards qu'ont l'trottoir pour seule baraque. On pense qu'à soi, tout l'temps, qu'à sa sale gueule qui s'ra un jour plus qu'des rides et d'la peau flasque. Les gens se bousculent, oublient de s'excuser, se poussent et et se repoussent quelques mètres plus loin. Ils veulent le premier taxi, la première place assise dans le bus. Les gens sont pressés. Pressés de vivre, mais pas d'mourir. Et au milieu des gens pressées, y'a Hortense, Hortense qu'a la nausée de toutes ces vies réglées à la s'conde près, de toutes ces vies foutues en l'air pour un tic tac qu'empêchera pas l'destin de tirer son coup, demain ou dans vingt ans. Alors elle évite la foule, prend les ruelles, les p'tites dans lesquelles personne s'aventure jamais, celles qui lui foutent tous sauf la frousse. Elle, c'est la foule qui lui file des frissons, la foule à l'allure de monotonie. Elle aime pas les gens parce qu'ils sont tous foutus pareil. Ils partent tous bosser à huit heures tapantes, prennent leur pause déjeuner à midi-trente, quittent le bureau à dix-sept heures pour rentrer chez eux terminer leur journée qu'a exactement la même gueule que celle de la veille, que celle d'avant encore et que toutes les autres. Elle supporte pas ça, elle. Elle supporte pas les lendemains semblables aux hier, les toujours qu'ont l'goût des jamais. C'est p'tet pour ça qu'elle refuse de coucher deux fois de suite avec le même type. Hier c'était Philippe, aujourd'hui Louis. Demain, ce s'ra Jean, Marc ou bien Francky. Elle sait pas, elle s'en fout, tout c'qu'elle sait, elle, c'est qu'ce sera pas Alex et ça, ça lui tort le bide. C'est un truc qui lui colle à la peau, un truc dont elle aimerait bien s'débarrasser mais qu'elle arrive pas à arracher. Ça lui r'vient à la gueule chaque fois qu'on la déshabille, chaque fois qu'on s'allonge sur elle, qu'on la fout à quatre pattes ou qu'on la plaque contre un mur. Ca lui r'vient à la gueule à longueur de journée, cette sensation d'voir son corps se souiller un peu plus chaque fois qu'elle réalise que ce n'sont pas ses mains à lui, ses mains calleuses, ses mains qu'ont trop joué d'la musique mais qu'on zappé tout l'reste, l'important, l'invivable. Elle continue quand même, pourtant. Elle continue d'chercher d'autres hommes, des plus vieux, des plus cons, des plus riches. Elle continue d'se faire baiser par d'autres que lui parce que ça crève les yeux qu'ils sont pas faits pour être ensemble, tous les deux. Ils sont bien, là, comme ça, à courir dans les veines de l'autre à travers des éclats d'joie des éclats d'eux. Ils sont bien, là, comme ça, à squatter les rires de l'autre et chacun d'ses sourires. Le reste, c'est qu'dupoison, du superflu. Si elle pouvait, elle jetterait aux égouts tout cet amour en rab qu'elle a pour lui, cet amour qui sert à que dalle sinon la foutre dans d'sales états. Elle y est presque. Elle est en retard, comme toujours. Parce qu'Hortense est cette nana qui n'vit que pour être en retard, qui n'vit que pour se demander si l'autre attendra ou s'il s'en ira. Elle trouve que c'est une belle question. Une question à graver sur les tombes. Dis, est-ce que tu seras là ? Dis, est-ce que tu reviendras ? Une question tellement belle qu'on peut s'foutre de la réponse, du silence pesant qui vient souvent après. Lui, il l'a attendue. Il l'attend toujours. Ils sont meilleurs amis, après tout. Ils se prennent comme ils sont, avec leurs retards et leurs mauvais jours, avec leurs rires et puis tout l'reste. Elle entre dans l'café et va l'rejoindre à la table numéro dix-sept. C'est leur table, cette-là. Ca fait des années qu'ils ne s'installent qu'à cette table, elle sait plus bien combien d'années exactement, elle sait juste que c'est un numéro qui fait partie d'elle, maintenant. Un numéro qui rime avec eux deux. « Salut, j'suis désolée pour le retard. » souffle-t-elle avant d'embrasser la joue d'Alex. En vérité, c'est faux, elle s'en fout d'être en r'tard, ça lui plait, à elle, de voir qu'il continue d'l'attendre même après tout c'temps, ça lui dénoue un truc dans l'estomac, un truc qui fait qu'ils s'ront encore là dans dix ans, à s'unir plus qu'à se désunir. Elle lui présente les mêmes excuses qu'la dernière fois, comme ça, par politesse, par principe, elle a jamais vraiment su. « J'ai fini tard le boulot. » Elle parle de c'qu'elle fabrique quand elle n'est pas avec lui comme elle pourrait parler du froid qu'il fait dehors. Au début, elle avait du mal à l'dire à voix haute. J'ai fini d'me faire sauter tard. Elle voyait tout l'dégoût dans l'regard des gens, elle voyait comme ça avait l'air dégradant vu d'ailleurs. Avec le temps, elle a appris à n'plus faire gaffe aux yeux qui s'posent sur ses épaules et aux voix qu'arrêtent de chuchoter sur son passage. « Fais pas la tête Alex, bon sang. » Elle s'assied sur la chaise en face de lui et va s'effondrer dans ses pupilles. Il a les pupilles noires d'ces hommes irrités, rongés par la colère, d'ces hommes qu'on a trop longtemps secoués et qui sont sur l'point d'imploser. Parce qu'Alex n'explose jamais vraiment. Ça reste toujours à l'intérieur de lui, au beau milieu d'sa cage thoracique. Suspendu entre son coeur et son foie. Un peu comme l'amour qu'elle lui porte, l'amour qui valdingue à l'intérieur d'elle et qui r'pousse toujours, même quand elle le crache. L'amour qui prend jamais la fuite. Comme une encre à la mer.  
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MessageSujet: Re: i found a home in your eyes. (alense)   i found a home in your eyes. (alense) EmptySam 2 Nov - 1:14

Citation :
alex et hortense
La main qui les suspend dans l’espace n’a écrit qu’un mot en lettres de feux. Ils vivent parce qu’ils se cherchent et les soleils tomberaient en poussières si l’un d’entre eux cessait d’aimer.
Du bruit, rien que du bruit, partout du bruit. C'est une vraie putain de cacophonie et ça devient plus gérable. Dans le café, les gens parlent, gueulent, rient, les machines s'activent, font couler le café à flot. A droite, un serveur tire un demi de bière avant de poser brusquement la chope sur un plateau. Devant, un couple roucoule dégueulassement, se pelote en discutant du bout des lèvres, tandis qu'une vieille dame élégante les regarde avec l'air de vouloir gerber sa pâtisserie sur la table. Soudain, un cri. Une petite serveuse vient de renverser sur un gros homme gras et suant le café fumant qu'elle lui apportait. Il se lève, lui hurle dessus, elle pleure. Le silence se fait dans le café, tous les regards sont fixés sur le gros homme et la petite serveuse. Puis le patron vire la gamine derrière le comptoir, s'excuse platement auprès du type, qui part en claquant la porte. Et la vie du café reprend son cours. Ils sont tous là, ces gens qui n'ont rien à voir ensemble, mais se mêlent comme s'ils participaient tous à une grosse réunion de famille. Y a sexy, le p'tit couple mignon tout plein, à la limite du mielleux, le père de famille, macho, qui gueule sur sa fille. Puis Alex, le mec à part. Il se mêle avec personne, regarde personne, préfère fixer l'écran noir de son portable posé sur la table devant lui. Il attend, attend qu'elle appelle, qu'elle lui envoie un message. Elle va le faire, il le sait. Hortense est pas si conne, pas assez stupide pour le laisser tout seul, dans le marasme noir et puant de l'attente. Elle l'a déjà fait, pourtant, des centaines de fois. Hortense est toujours en retard, et Alex reste toujours, pour elle, pour son sourire, pour ses yeux, ses cheveux, ses jambes, son rire, pour le regard que les hommes ont lorsqu'ils se retournent sur sa copine. Il est fier, fier d'aimer cette fille, mais ce qu'elle fait d'elle-même, de son corps... Nan, ça, ça le rend malade. Il supporte plus d'imaginer les autres hommes posant leurs mains dégueulasse sur la peau pâle d'Hortense. Quand il ferme les yeux, ils les voient, ces gros dégueulasses, ces vieux richards, qui la baisent, son Hortense, son soleil, sa vie. Il la voit aussi, et elle rit, elle danse, belle à se damner dans une robe neuve, payée par l'un des gros dégueulasses, ou grâce à l'argent qu'ils jettent à la gueule de sa copine. Elle tourne, tourne, tourne, et tombe dans ses bras, le souffle court, et il ne sait pas si c'est à force de rire ou si c'est la baise qui l'empêche de respirer. Il resserre son étreinte, lui murmure des mots d'amour, et elle éclate de rire. Elle se moque de ses murmures, de son regard mélancolique et de la musique qu'il joue sans cesse pour elle. Elle est cruelle, Hortense. Elle fait du mal et rit encore, longtemps, longtemps. Et Alex pleure, sur Hortense et ses hommes, sur son coeur en miette, à la dérive. Il a raison, de pas vouloir d'elle. Elle a rien à foutre dans son appart', c'est le dernier endroit où il voudrait la voir. Pas tant qu'elle se vend corps et carte de crédit aux gros dégueulasses. Puis d'un coup, elle est là. La cloche du café sonne au-dessus de sa tête, Alex lève les yeux. Et Hortense. Et Hortense, enfin... Elle s'avance vers leur table, un sourire aux lèvres. Salut, j'suis désolée pour le retard. Elle plaque un baiser sur sa joue et reste plantée debout, à le regarder avec un air de crois moi sur le visage. Il agite la main. Il s'en fout, du moment qu'elle est là. Alex a peur, tout l'temps, qu'Hortense vienne pas, qu'Hortense vienne plus, qu'elle le laisse tomber comme une vieille chaussette. J'ai fini tard le boulot. Il lève les yeux sur elle, sans rien répondre. Qu'est-ce qu'il pourrait dire, de toutes façons. Qu'il pètera la gueule de tous ces types, un jour ou l'autre. Qu'il leur fera payer d'avoir osé toucher à Hortense. Et tant qu'à faire, y a des jours où l'envie lui prend, une envie terrible, de la prendre et de la plaquer contre un mur, pour lui foutre un pain. Histoire de lui faire comprendre qu'à ces types, elle devrait même pas adresser un regard. Y a que lui qu'il devrait regarder, et ça, Hortense, elle le capte pas. Ca le rend dingue, de pas être le seul dans son regard. Il baisse les yeux, fixe encore son téléphone. Fais pas la tête Alex, bon sang. Il l'entend tirer la chaise et s'asseoir en face de lui. Alors il ose planter ses iris dans ceux d'Hortense. Elle a l'air tellement perdue, son Hortense, sa blonde. Il tend une main, attrape une mèche de cheveux et joue avec. J'fais pas la tête, Hortense. J'aurais préféré qu'tu m'téléphone pour me dire quand t'arriverais. Que j'reste pas comme un con à moisir là, à t'attendre. Et la prochaine fois, tu s'ras gentille, lave-toi avant d'venir me voir, ça évitera que t'amènes avec toi l'odeur puante des connards qui te passent dessus à longueur de journée. J'sens d'ici le parfum hors d'prix, ça m'donne envie de gerber sur tes chaussures neuves. Il détourne la tête, hèle la petite serveuse, qui s'est essuyé les yeux, et lui commande un café noir. Il a besoin d'avoir dans les narines une autre odeur que celle de la baise d'Hortense. Ca, il en veut pas, ça l'intéresse pas, pas tant que c'est pas lui, Alex, qui sert la fille dans ses bras, qui la couvre de baisers. La serveuse hoche la tête, leur jette un dernier regard et repart vers le comptoir. En face de lui, Hortense ne dit rien. Elle a pas l'air honteuse pour autant, et ça l'énerve, putain c'que ça l'énerve. Elle a l'air tellement fière de c'qu'elle fait, de c'qu'elle s'inflige avec tous les gros dégueulasses de Paname. Elle comprend pas, Hortense, qu'elle est en train d'se souiller, d'perdre sa pureté, son innocence. Bientôt, y aura plus qu'Alex pour vouloir d'elle, quand elle sera trop sale pour les autres, qu'elle se sera trop traînée dans la boue, dans la fange putride de la baise pour le fric, sans sentiments et sans honneur.
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MessageSujet: Re: i found a home in your eyes. (alense)   i found a home in your eyes. (alense) EmptySam 2 Nov - 17:50

Citation :
alex et hortense
Mais les gens désespérés ne se rencontrent pas. Ou peut-être au cinéma. Dans la vraie vie, ils se croisent, s’effleurent, se percutent. Et souvent se repoussent, comme les pôles identiques de deux aimants.
 C'est chez eux, la table numéro dix-sept. Comme une deuxième baraque, un truc à part, un truc à eux. Ça fait des années, maintenant. Des années qu'ils viennent là plusieurs fois par semaine. Au début, c'était pour faire leurs devoirs, jouer au vieux flipper qui traîne au fond d'la salle. Mais le flipper a arrêté de fonctionner et eux, ils ont arrêté de venir ici pour travailler. Aujourd'hui, la table numéro dix-sept leur permet de se retrouver, de discuter, de s'engueuler, de s'observer, de se chercher, et puis aussi de se quitter. Jusqu'à la prochaine fois. Parce qu'il y a toujours une prochaine fois. Même après les disputes, même après les mots qui laissent des bleus sur l'corps et les adieux, les adieux qu'ils s'balancent quand ils ont plus rien à s'dire, les adieux auxquels ils croient jamais vraiment. C'est pour ça qu'elle arrive toujours en r'tard avec lui, Hortense. C'est une tricheuse, Ho', une fraudeuse. Elle fraude avec eux deux parce qu'elle sait. Qu'il partira pas après une minute de retard, ni dix, ni vingt. Qu'il s'rait foutu de rester là jusqu'à la fermeture, de s'battre avec le propriétaire pour pas qu'il l'vire d'la table numéro dix-sept, de s'faire casser la gueule et puis d'attendre encore. Elle fraude avec le r'tard et les pupilles noires d'Alex qu'ont perdu tout leur éclat à force de l'attendre. Et putain c'qu'elle le trouve beau, là, avec sa gueule triste à mourir et l'éclat qu'a foutu l'camp d'ses yeux. Il est beau, Alex. Il est tout cabossé par la vie mais ça l'rend beau, lui, cette mère crevée un peu trop tôt et ce père à l'allure de fantôme. «  J'fais pas la tête, Hortense. J'aurais préféré qu'tu m'téléphone pour me dire quand t'arriverais. Que j'reste pas comme un con à moisir là, à t'attendre. Et la prochaine fois, tu s'ras gentille, lave-toi avant d'venir me voir, ça évitera que t'amènes avec toi l'odeur puante des connards qui te passent dessus à longueur de journée. J'sens d'ici le parfum hors d'prix, ça m'donne envie de gerber sur tes chaussures neuves.  » Hortense hausse les épaules, sourit quand il attrape une de ses mèches rebelles pour jouer avec.  Elle s'en fout, elle, d'sa morale à deux francs. Elle s'en fout d'avoir sur ses fringues l'odeur puante des connards qui lui passent dessus, comme il dit. « Je te préviendrai la prochaine fois, Alex. Promis.   » Elle lui sourit, encore. Et tant pis si elle ment, tant pis si l'écran du téléphone de son meilleur ami restera noir la prochaine fois et toutes celles qui suivront. Elle est comme ça, Hortense, ça aussi, elle s'en fout. Des promesses qui tiennent pas. Elle en fait comme elle respire, des promesses, elle en fait du matin au soir, à n'importe qui, n'importe comment, et n'importe quand.  Elle promet parce que tout l'monde le fait autour d'elle sauf qu'elle, elle y croit pas aux promesses. Et lui non plus, il ne croit pas aux siennes. Elle continue quand même. P'tet que c'est sa façon à elle de s'excuser, ou p'tet que ça fait juste partie d'elle, ces mensonges à la pelle qu'elle lui délivre chaque fois qu'il transpire la lassitude et l'ennui. L'ennui d'elle. Y'a l'café noir d'Alex qui arrive. Le café bien noir,comme le ciel dans ses yeux. Hortense en profite pour commander un chocolat chaud à la serveuse. Elle la tutoie, même si elle sait rien d'elle sinon la sale journée qu'elle a l'air de passer. Elle tutoie tout l'monde, Ho', de toute façon. Ceux qu'elle connait d'puis toujours et ceux qu'elle connaît d'puis jamais. « Pourquoi tu réagis toujours comme ça ?  » Elle r'porte son attention sur lui, y'a qu'ça qui lui importe, après tout. « C'est pas le parfum de ton père qu'imprègne mes fringues, si ? » Bien sûr que non, c'est pas l'sien. Elle a pas vraiment d'principes, Hortense, surtout avec les gens, mais avec lui, c'est différent. Avec lui, elle fait gaffe même sans l'vouloir. Elle fouille dans l'portefeuille de ceux qui l'achètent, à chaque fois, et elle vérifie qu'y'a aucun D'Aubigny d'inscrit sur les papiers. Parce qu'il est cabossé pile comme il faut, Alex. Et que s'il l'était un peu plus, alors il s'rait foutu. Il est bien, là, comme ça, avec des cicatrices dans ses sourires et du vide dans ses iris. Il est bien, là, comme ça, un peu paumé surtout ailleurs. « Regarde les gens autour de nous. Y'a la petite serveuse qu'a l'air d'avoir chialé, ce couple qui s'bécote sans rien connaître de l'amour. Et de ce côté, tu la vois, la femme, là-bas, celle qui boit son café sans prendre le temps, juste parce qu'elle sait qu'il y a plein de trucs qui l'attendent à la baraque, les gosses, la bouffe, la routine. Puis le vieillard, à la table quatre, celui qu'a l'air tellement épuisé de vivre. Ils ont tout fané, ces gens-là. Comme des fleurs qu'on aurait oubliées d'arroser. J'ai pas envie de finir comme ça, Alex.  » Elle soupire. « J'ai pas envie d'être fatiguée à l'idée de vivre.  » Alex est comme un cerf-volant. Il est toujours dix mètres au dessus d'sa gueule. Et quand elle se met à parler, ses mots agissent comme le vent et l'envoient valdinguer encore plus loin, à hauteur des oiseaux. Elle arrive pas à savoir si ça les rapproche ou si, au contraire, ça les éloigne, toutes ces confessions qu'ils se font d'puis des années. Un peu des deux, sûrement. « J'ai besoin de thunes pour m'barrer. Et des thunes, ces connards, comme tu les appelles, ils en ont. On veut pas tous prendre la poussière et crever ici, Alex. Excuse-moi d'avoir de l'ambition. » Elle colle son genou à celui de son meilleur ami, sous la table, tout doucement, comme pour lui dire excuse moi. Elle y a p'tet été trop fort, p'tet qu'elle aurait pas dû dire tout ça, même si elle a l'impression qu'cette discussion, ils l'ont d'jà eu des milliers d'fois. Dans ce café. dans la piaule d'Alex, en cours. Et même dans leurs silences. P'tet qu'elle a soufflé trop fort et qu'Alex est trop haut, maint'nant. Ou p'tet qu'elle se trompait, p'tet que c'est elle, le cerf-volant. Le cerf-volant rêvant d'évasion et d'faire péter la ficelle qui la raccroche à Paris, à ses parents, et même à lui, parfois.    


i'll taste the devil's tears, drink from his soul but i'll never give up you.
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MessageSujet: Re: i found a home in your eyes. (alense)   i found a home in your eyes. (alense) EmptyDim 3 Nov - 23:39

Citation :
alex et hortense
nos coeurs à la lumière et nos âmes en enfer.
Il avait cru, longtemps, qu'un jour, elle s'rait sienne. Qu'un jour, elle s'loverait contre lui, jouerait avec ses ch'veux, s'perdrait dans son r'gard, gémirait sous ses caresses. Il pensait qu'elle lui dirait des mots d'amour, qu'elle le giflerait pour le temps passé à sa guitare, pleurerait parce qu'il l'avait mise en cloque, puis finirait par tout lui pardonner, comme ça, parce qu'elle l'aimait. Il croyait qu'il la soupçonnerait d'le tromper, la suivrait pour découvrir qu'elle préparait juste une surprise pour son anniversaire, et lui tiendrait la main pendant qu'elle expulserait 3kg de chair et de sang. Il voyait d'ici les années à vieillir ensemble, Hortense en robe blanche, majestueuse, irréelle. Puis au lieu d'ça, c'est d'autres qui la baisent, d'autres qui profitent d'son corps, d'ses lèvres. Les images dans sa tête le dégoûte, lui donne envie d'quicher ses tripes sur le sol. Et Hortense, qui dit rien, qui se contente d'empocher le fric. Il lève à nouveau ses yeux bleus sur elle et c'est comme s'il la voyait pour la première fois. Belle, rebelle, atypique, ambitieuse. Elle transpire la fierté, la fierté d'elle, de son corps, de son intelligence. Et il l'adore pour ça. Hortense s'aime, Hortense se baise toute seule quand elle se regarde dans un miroir. Hortense, elle a pas de complexe, elle se prend comme elle est. Elle est c'que toutes les nanas voudraient être, bien roulée, intelligente, sûre d'elle et fragile à la fois. Elle est lumineuse et aveugle Alex tous les jours qu'ils passent ensemble. Y a des fois où il en a marre, d'aimer cette fille qui l'embarque dans un tourbillon de fêtes, de lumières, de luxe, qu'il a toujours rejeté tout en profitant largement de ses avantages. Y a des fois où il voudrait l'emmener avec lui, partir élever des chèvres dans le Larzac, loin, loin des boutiques, du bahut, et des gros dégueulasses. Il se mord la lèvre inférieure, machinalement. Je te préviendrai la prochaine fois, Alex. Promis. Il agite la main, avec un air de cause toujours tu m'intéresses. Elle le f'ra pas, elle le fait jamais. Et il déteste ces jamais qui le laisse toujours dans l'inquiétude. Il voudrait lui implanter un mouchard sous la peau, pour savoir H24 où elle est, où elle crèche, où elle couche. Avec qui, il s'en fout, il met tous ces types dans l'même foutu panier; y en a pas un qui vaut mieux qu'les autres. Franchement, s'taper une môme comme Hortense quand on a soixante piges, c'est immonde. On est pas un homme, quand on fait ça. Et elle s'en fout, se pose pas la question. Une queue est une queue, du moment que le portefeuille de son propriétaire est bien garni et prêt à se délester de quelques centaines d'euros. La p'tite serveuse revient et dépose devant lui un café noir fumant. Il entreprend de jouer avec la cuillère posée sur la soucoupe. Pourquoi tu réagis toujours comme ça ? C'est pas le parfum de ton père qu'imprègne mes fringues, si ? Il la r'garde comme si elle lui avait d'mandé d'se foutre à poil là, maintenant. Putain. Comment elle peut dire ça ? Il y avait jamais pensé, mais si ça s'trouve, elle se tape vraiment son père. Putain. Putain de bordel de merde. Dans sa tête c'est l'apocalypse. Il veut même pas imaginer qu'ce ça serait d'trouver Hortense dans les bras d'son père. Putain, Ho', j'sais pas lequel de vous deux j'tuerais le premier si ça arrivait. Promets moi qu'ça arrivera jamais, bordel. Mais il sait qu'même si elle promet, il pourra même pas la croire, même pas lui faire confiance, alors qu'elle est sa meilleure amie, la femme qu'il aime à s'en déchirer le coeur. Et quand elle fait des promesses, il a l'impression d'plus la connaître, d'plus savoir qui elle est. Il passe une main dans ses cheveux tout en continuant d'la fixer. Regarde les gens autour de nous. Y'a la petite serveuse qu'a l'air d'avoir chialé, ce couple qui s'bécote sans rien connaître de l'amour. Et de ce côté, tu la vois, la femme, là-bas, celle qui boit son café sans prendre le temps, juste parce qu'elle sait qu'il y a plein de trucs qui l'attendent à la baraque, les gosses, la bouffe, la routine. Puis le vieillard, à la table quatre, celui qu'a l'air tellement épuisé de vivre. Ils ont tout fané, ces gens-là. Comme des fleurs qu'on aurait oubliées d'arroser. J'ai pas envie de finir comme ça, Alex. J'ai pas envie d'être fatiguée à l'idée de vivre. Il jette un rapide coup d'oeil aux gens qu'elle évoque, qu'il a déjà observé avant qu'elle débarque. Et la réalité lui saute aux yeux. Hortense a raison, ils ont l'air tous épuisés par la vie, à moitié déjà mort. Et lui, Alex, il veut pas finir usé à vingt ans, mais usé d'avoir rien fait. D'avoir rien foutu d'ses dix doigts. La réalité est une grosse gifle qui l'envoie voler à trente mètres. A dix-huit piges, enfermé dans son bel appart' du IIIème, il regarde Paname, il regarde les gens en bas, sans jamais vraiment les voir, ces gens qui n'ont rien en commun avec lui, ces gens qui n'ont rien du tout même, pas d'euros par milliers, juste un putain d'prêt qu'ils légueront à leurs mômes, pas d'maison dans la famille depuis des siècles, juste un logement social dans un hlm pourri. Et Hortense, même si ça s'voit pas, Hortense elle vient d'là, elle a dû se battre bec et ongles pour arriver là où elle est, même si ses méthodes manquent un peu de classe. Elle s'en fout, après tout. Et Alex, à qui tout est dû, il comprend pas. Il comprend pas qu'on ai pas déjà tout à la naissance. J'ai besoin de thunes pour m'barrer. Et des thunes, ces connards, comme tu les appelles, ils en ont. On veut pas tous prendre la poussière et crever ici, Alex. Excuse-moi d'avoir de l'ambition. Il se tait, prend sa tasse et la porte à ses lèvres, avant d'avaler une gorgée de café amer. Il aimerait bien qu'elle arrête toute cette merde, qu'elle se démerde autrement. Parce que faire la pute, c'pas glorieux. C'pas digne d'elle. Tu voudrais que j't'en file, moi, du fric ? Que j'te donne c'que tu veux, c'que t'as besoin ? Ou alors c'est l'sexe en lui-même qui t'plaît, et l'argent c'est qu'un à-côté ? Un p'tit plus sympa ? Il aime pas lui parler comme ça, mais elle est comme une gosse à qui faut faire la morale tout l'temps, et ça l'use. Il voudrait l'enfermer chez lui, dans cette chambre qu'il a en plus, qui lui sert pas. Ou si. Qui lui servira le jour où il dira oui à Hortense, où il acceptera d'la voir s'installer chez lui. Il aimerait bien pouvoir lui dire oui, mais sa condition conviendrait pas à Ho'. En échange de sa place à l'appart' qu'elle convoite tant, il voudrait la voir tout arrêter, toute cette merde. Elle est pire qu'un camé, accro au fric qu'elle tire de ses passes. Y a plus qu'ça qui compte, l'argent qui lui passe entre les doigts. Ho', tu voudrais habiter chez moi ?
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MessageSujet: Re: i found a home in your eyes. (alense)   i found a home in your eyes. (alense) EmptyLun 11 Nov - 21:52

Citation :
alex et hortense
C'est une vraie salope, une fouteuse de merde, une qui chie dans les ventilateurs et regarde l'effet que ça fait.

Il parait qu'on rencontre en moyenne un million de personnes au cours de sa vie. En cours. Dans le bus. Au supermarché. A la gare. Dans la rue. Un million de personnes. Et si peu de souvenirs. On se croise, on s'effleure, on se frôle. Mais on oublie. On oublie les visages, les parfums, les moments.  Un million de rencontres. Et que nous reste-t-il à la fin, au moment de cracher son dernier soupir sur un vieux lit d’hôpital ? Une dizaine de visages, tout au plus. Une dizaine de gueules qu'ont marqué notre vie. Et tant pis pour tous les autres, pour ce million d'gueules qu'auraient pu changé notre vie, tant pis pour tous ces kilos de rires et de pleurs qu'on aura pas vécus. Même Hortense, elle s'rappelle pas. Des visages de ceux avec qui elle couche. De ces rencontres. Et de la leur, surtout. Chaque fois qu'elle essaye de r'penser à Alex et elle au tout début, y'a un gros trou noir, un bout d'néant un bout de rien. C'est comme s'il était entré dans sa vie comme ça. Il était absent la veille et le lendemain, c'en était fini de cette solitude à traîner seule. Il n'existait pas un jour et celui d'après, il n'y avait plus qu'lui. Elle sait bien qu'ça ne s'est pas passé comme ça, elle sait bien qu'il a certainement dû l'apprivoiser, que ça a sûrement mis du temps d'apprivoiser une fille comme elle, une fille avec la gueule dans les nuages, mais elle préfère sa version. C'est arrivé tout d'un coup. En un dixième de s'condes, un r'gard, un frôlement. Elle l'a croisé et elle a fait du tri dans ses souv'nirs pour lui laisser d'la place dans son intérieur. Elle a tellement fait d'tri qu'aujourd'hui, les trois quarts d'ses tripes lui sont destinées. Et si parfois ça la fait rire, d'autres fois, ça lui donne envie de remplir des bocaux d'larmes, tout cet amour en rab dont elle ne sait plus quoi foutre.  « Putain, Ho', j'sais pas lequel de vous deux j'tuerais le premier si ça arrivait. Promets moi qu'ça arrivera jamais, bordel. » Elle lève les yeux au plafond jauni du café, soupire. Elle se demande s'il se pose réellement cette question, s'il la pense capable de laisser son père jouir entre ses reins. Elle s'demande si c'est sérieux, tout ça, cette question, cette discussion, eux deux ici, à mettre les choses au clair. Mais quoi, au juste ? Ils jouent avec le vent, voilà tout ce dont ils sont capables. Jouer avec le vent, l'avaler, le mâcher, le r'cracher. Et tant pis pour le reste. Tant pis pour les non-dits, les silences, les microbes d'amour au fond de son bide. « Tu m'fais vraiment pas rire, parfois. » Elle boit une gorgée du chocolat chaud que la petite serveuse vient de déposer sur leur table et enchaîne. « Ton père passera jamais sur moi, compris ? Jamais. Je couche peut-être avec tous les gros dégueulasses de Paname mais j'ai encore un minimum de valeurs, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué. » Elle lui sourit, quand même. C'est pas si grave, toutes ces valeurs qu'il semble ne plus remarquer chez elle. C'est pas si grave, cette sale image qu'elle se traîne à longueur de journée. C'est pas si grave parce que même avec tout ça, Alex continue de revenir. Et elle aussi. Ils se sont jamais promis l'éternité, et ils ne le f'ront certainement jamais, mais qu'est-ce que ça importe, au fond ? Il traînera toujours dans ses pattes et elle continuera d'squatter son palier jusqu'à ce qu'il lui fasse une place chez lui, une place rien qu'à elle, un bout de chez lui destiné qu'à ses mèches rousses. Elle croit pas en grand chose, Hortense, mais elle croit en eux dur comme fer. Elle croit en leurs sourires, en leurs yeux qui n'vivent que pour se chercher et se trouver, puis même en leurs disputes.  « Tu voudrais que j't'en file, moi, du fric ? Que j'te donne c'que tu veux, c'que t'as besoin ? Ou alors c'est l'sexe en lui-même qui t'plaît, et l'argent c'est qu'un à-côté ? Un p'tit plus sympa ? » Ca ne fait qu'un tour en elle. Son poing vient frapper l'épaule de son meilleur ami, et tant pis pour la tasse de café qu'il tenait entre ses doigts et qu'éclabousse toute la table. « La ferme. » Elle détourne le r'gard, elle a perdu l'envie d'ses yeux, d'ses traits fins et puis du reste. Elle choisit d'ignorer ses propos, d'les envoyer tout au fond de son crane, avec les autres insultes, les autres coups qui laissent des bleus sur l'coeur. Elle les envoie tout au fond d'elle parce qu'elle a pas d'temps à perdre avec ça, parce qu'Alex va toujours trop loin et qu'elle supporte pas quand il tire comme ça sur la ficelle du cerf-volant pour la ramener sur terre. Elle est tellement en colère qu'elle s'dit qu'un jour, elle la coupera elle-même la ficelle, avec des ciseaux, un couteau ou bien même avec ses dents, elle s'dit qu'elle y mettra ses tripes et toutes ces insultes qu'il lui aura trop souvent lancées comme ça, à la va vite, pour lui coller les pieds avec le béton d'cette ville dont ils n'ont jamais vraiment fait partie. « Ho', tu voudrais habiter chez moi ? » Elle se met à rire, ça doit être plus fort qu'elle. C'est un sale rire, un rire qu'a pris la poussière. C'est un rire à moitié crevé. S'il n'y avait pas tous les autres autour, elle se mettrait à réciter toutes les insultes qu'elle connait comme on récite une poésie, et puis elle se lèverait de sa chaise, contournerait la table et s'en irait comme ça, en le laissant tout seul, comme un con, jusqu'à la prochaine fois. « Tu sais combien de fois je t'ai demandé et combien de fois t'as refusé, Alex ? Trente-deux fois, pour être exacte. J'les ai comptées comme on compte des gifles dans la gueule.  » Elle se rend compte qu'elle s'éloigne du sujet principal, comme d'hab, qu'les nuages la trimballent n'importe où. Alors elle se reprend. « Je te connais par coeur. Je sais que si je te dis oui, là, maintenant, il va y avoir la longue liste des choses à parfaitement respecter pour avoir le droit de squatter chez toi. Mais tu sais quoi ? Je hais les listes. Les listes de courses. Les listes de choses à faire avant de mourir. Les listes des règles à suivre pour avoir le droit de vivre avec son meilleur ami. Alors va te faire foutre. » Elle a des mots à la gueule de bombes dans l'estomac. Elle sait qu'elle va tout faire péter, d'une seconde à l'autre. Elle sait qu'il suffit d'un r'gard, d'un soupir, d'un rien pour allumer la mèche. Et Boum. « Tu sais pourquoi j'en veux pas, d'ton fric ? Parce qu'il est facile à choper. J'veux le gagner, l'argent qui me mènera au sommet. Je ne veux rien devoir à personne, et surtout pas à toi. » Et puis tant pis pour les secousses, tant pis pour les miettes d'eux.


elle était si belle, la poupée, elle que les anges avaient oubliée.
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