► OOH LA LA PARIS.
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ooh la la paris, réouverture. 02/11/14.
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 VOYOU. (FÉLIX)

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Victor Trompette
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Victor Trompette
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MessageSujet: VOYOU. (FÉLIX)   VOYOU. (FÉLIX) EmptyMer 23 Oct - 14:04


À quoi tu joues le ciel ? Tu veux pas décider de ta couleur un peu ? Et puis laisse plutôt faire la lune, c'est à elle de nous veiller maintenant, c'est son heure, c'est son tour. Va briller au dessus des canadiens. On a plus besoin de toi ici tu comprends ?
Tu m'énerves.
Tout m'énerve.
J'ai l'impression d'avoir vécu dix vies sans être mort entre chacune. D'être un vieux souffle qui s'étrangle de la vie. Qui veut dormir pendant quelques éternités.
Je ne supporte plus les sirènes des pompiers le matin, les rires des gens devant la boulangerie, l'obscurité qui s'éternise le matin, les devantures de magasins qui brûlent les étoiles dans la nuit, les bus qui détruisent la musique des vivants. Les musiciens de rue, les SDF, le métro.
Ça me sort par les yeux sous forme de larmes.
Et je ne supporte plus les nuits sous le métro. J'y laisse Ondine en lui promettant mal que je rentrerai avant qu'elle s'enfuie dans ses rêves. À l'aurore quand je reviens, elle m'engueule même pas, elle me parle pas non plus de la peur qui lui a contracté le cœur toute la nuit, la peur d'être seule, étouffée par ces quatre murs.
Ondine et moi.
Deux âmes qui s'éloignent en restant ensembles.
Manquerait plus que nous deux aussi on se sépare.
Il disait souvent que je partirai un jour. Je comprenais pas ses mots. Partir, c'est quoi partir ? Partir, pourquoi partir ? Lui, il a fui, c'est autre chose, c'est moins élégant. Fui les yeux amoureux d'Ondine, fui les ténèbres du métro, fui le vide au ventre, fui moi.
C'est drôle la vie.
Mais ça fait pleurer aussi.
Je ne supporte plus les nuits sous le métro, ouais. La nuit je sors, la nuit j'erre. Je traque son fantôme hantant les rues parisiennes, je cours après mon ombre, même elle ne veut plus de moi. Ce soir le voyage sous le ciel endormi s'achève au parc Monceau. Premiers pas posé là et je sais que c'est ici que je vais passer la nuit. À chasser les oiseaux et prier Musset pour un miracle.
Un grand miracle en cinq lettres.
Je trébuche dans les cailloux, j'approche du lac. Il y a un garçon là-bas, face à l'étendue, loin de moi encore, à la posture élégante, le cheveu mal coiffé, le regard suspendu au-dessus de nous, comme épris du soleil qui rend les armes.
J'en serais amoureux, de ce garçon, si je le connaissais un peu. J'approche, alors.
- Vous allez vous brûler les ...
C'est un garçon, c'est mon garçon, mon miracle qui tient en cinq lettres, mon Félix. Plus grand, plus beau, mais Félix toujours.
- Tu pourrais l'dire quand tu reviens. Envoyer une p'tite carte.
J'essaie d'écraser un caillou, j'essaie de pas le regarder, j'essaie de pas crier, hurler, beugler, tu m'as manqué, j'ai cru mourir sans toi.
J'essaie d'adoucir mon cœur. À la vue de Félix, il a dégringolé. Il était là tranquille, entre mes deux poumons. Puis il s'est décroché, il est tombé, comme une étoile filante. Mon cœur en chute libre dans mon organisme. Il a fini son périple au fond de mon estomac, et maintenant ça me fait tout drôle de le sentir rempli, pour une fois, mon ventre.
- Ça va ? (D'une voix rogue et émue.)
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MessageSujet: Re: VOYOU. (FÉLIX)   VOYOU. (FÉLIX) EmptyMer 23 Oct - 22:40

Le bruit des voitures dans les oreilles revient. Il résonne dans mes tympans, surtout sous mon crâne. Je le déteste autant que la fourchette qui grince contre l'assiette. J'ai beau lever la tête au ciel, le bruit des vagues ne me revient pas. Tout semble soudainement absent. Le cœur lourd, c'est à peine si je parviens à le tenir entre mes doigts trop pâles. Posté là, à fixer le lac, la ville lumière chante sa mélodie insupportable. C'est certainement elle qui m'a manqué le moins, pendant tout ce temps. Parce que oui, pour mettre fin à toutes interrogations oui, j'ai essayé de fuir. J'ai voulu abandonner Paris. Paris et son métro. Le métro et ce qu'il contenait. C'est à dire : Théotime et Ondine. Surtout Théotime et toute une flopée de souvenirs. De sentiments, aussi.
J'ai abandonné tout ça, comme ça, sous un coup de tête mal placé. Un peu fou.

J'ai essayé de fuir.
Mais il faut croire que c'est un cercle vicieux dont on ne sort jamais. Je resterai le garçon au sourire lumineux et à la peau trop blanche. Celui qui chante avec ses cheveux décoiffés et ses vêtements sales. Je ne sais pas vraiment ce que j'espérais en disparaissant. J'avais juste besoin de plus grand, de plus beau, de plus agréable. Je n'en pouvais plus de ces murs qui se resserraient sans cesse, jusqu'à m'étouffer. J'avais beau tendre les bras pour les repousser, rien ne me rendait mes ailes. Paris me faisait prisonnier d'une minuscule cellule. La voix de Roger résonnait en moi, inlassablement. Je frissonnais sous ses mots défoncés par le désespoir. C'est peut-être à cause de lui, au fond, si j'ai décidé de partir. Il a tellement de rêves au bout des doigts que c'en est devenu contagieux. J'ai eu peur, je crois, de ne plus rien avoir à raconter. Le monde entier me dictait la beauté de leur vie sentimentale. Je n'avais qu'à leur répondre un sourire triste, désespérément lucide. Je devenais petit à petit un fantôme du métro, comme tous ces clochards désespérés. À peine capable de tendre la main pour une pièce. J'étais un mystère pour tout les autres : même Théo.
Et j'en suis toujours un. Triste vérité.

Les mains dans les poches, la cigarette reste plantée entre mes lèvres. La fumée s'évapore dans l'air, elle ne parvient même plus à mes poumons, ne se souvient pas de sa fonction première. Ce n'est plus qu'un bâton de cendres inutile qui termine sa trajectoire contre mes chaussures boueuses. L'été s'en va et je le regarde fuir au loin, pendant que les heures se creusent depuis mon retour à Paris. -Vous allez vous brûler les … Sursaut, à cette voix familière. Sursaut aux sentiments qu'elle peut soudainement faire naître, en un quart de seconde. Tu pourrais l'dire quand tu reviens. Envoyer une p'tite carte. Mon visage peine à se retourner vers lui. C'est pas le moment. Il me faut plus de temps, pour remettre mes idées en place, puis trouver une raison valable à cet abandon. J'ai envie de lui dire, à Théo, 'reviens plus tard, je vais te décevoir, encore'. Mais ça risque d'empirer les choses.
Puis il sera quand le 'bon' moment, hein ?
Même moi j'en sais rien.

Ça va ?
La question est courte. Quatre lettres au total, c'est pas sorcier de répondre à ça, après tout. Y en a qui opte pour toujours répondre par un oui. Aujourd'hui, j'arrive juste à l'éviter. Mes yeux gris/bleus, surtout brillants de le revoir se plantent dans les siens. Le sourire ne trouve pas sa place dans cette situation. Ma gorge est si nouée qu'elle refuserait presque de me laisser le droit de parole. « C'est plutôt à toi que l'on devrait poser la question. » Le ton est froid, j'ai plus que ça pour me défendre. Tu m'as pris au dépourvu, Théo mais il va falloir que je prenne les choses en main. Que j'assume tout ce que j'ai pu faire, ou plutôt ne pas faire ces derniers temps. « Me regarde pas comme ça, Théo. » La cigarette tombe au sol. Elle s'éteint pendant la chute. Les flammes brûlent à l'intérieur de mon âme. « Dis-moi tout de suite ce que t'as sur le cœur. Tu peux me le dire, comme quoi tu penses que je suis un gentil bonhomme . Puis que j'suis pas meilleur que les autres. Mais t'as raison. Bien sûr que oui, t'as raison alors, vazy. » Les deux dernières phrases ne sont plus qu'un murmure et mon regard s'est détaché de lui. Le besoin de liberté peut parfois se payer. On ne part pas sans rien dire, comme ça. C'est dégueulasse.
J'ai juste voulu me tester au fond : épuiser les limites et ne plus avoir peur de rien.
Même de l'absence de Théo.
Ce que j'en ai découvert, au bout du chemin, est effrayant : c'est à deux que l'on avance.
Pas autrement.
Ça t'en bouche un coin, hein, Félix?
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Victor Trompette
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MessageSujet: Re: VOYOU. (FÉLIX)   VOYOU. (FÉLIX) EmptyJeu 24 Oct - 20:46

Je récupère mon cœur au fond de mon estomac et le remets à sa place, en lui faisant promettre de ne plus défaillir, surtout pas pour Félix, hein petit monstre, surtout pas pour Félix, après ce qu'il t'a fait.
Je tripote ma comète de tâche de naissance, là, sur mon poignet, comme un pâle tatouage.
Nervosité.
Je le regarde pas et je sais que lui non plus. Quinze ans de nous, et tu vois, on peut même pas échanger un regard. Allons bon, il nous arrive quoi, c'est qu'on n'est même plus caps de se regarder dans le vide des prunelles, maintenant ?
Notre musique résonne à mes oreilles et ça m'attriste, ça m'attriste de nous voir rendus là, à avoir peur des yeux de l'autre.
Ça va ?, j'ai dit, et lui tu dit ni oui ni non. Mais il bloque son regard dans le mien et il dit, glacial comme un flocon en hiver :
- C'est plutôt à toi que l'on devrait poser la question.
Oh, non, prenons pas ce chemin, cette tranchée.
Regard mouillé, je sais pas pourquoi.
- Me regarde pas comme ça, Théo.
Il en perd sa cigarette, de mon regard, et je me passionne un instant pour la cigarette qui continue de brûler lentement, de s'achever elle-même. Affligeant spectacle, mais c'est toujours mieux que d'affronter les beaux yeux de mon vieux frère.
Au moins, dans le spectacle de la cigarette, y a qu'elle qui souffre.
- Dis-moi tout de suite ce que t'as sur le cœur. Tu peux me le dire, comme quoi tu penses que je suis un gentil bonhomme . Puis que j'suis pas meilleur que les autres. Mais t'as raison. Bien sûr que oui, t'as raison alors, vazy.
Alors c'est pour ça que t'es revenu, pour qu'on te blâme d'avoir mis les voiles sans nous servir le « hasta la vista » ? Mais non. Maintenant que t'es là, on va pas te jeter à la Seine.
Allez Félix. Chasse les nuages pour nous donner du soleil, vole, à tous les sens, dans tous les sens. Aime-nous, à ta façon, c'est-à-dire n'importe comment. Ramène le (sou)rire dans nos yeux. Fais ce que tu sais faire de mieux :
rallume la lumière.
Mais compte pas sur moi pour t'enguirlander, je suis pas ta maman.
- J'ai pas envie de te parler.
Mais si, mais si, bien sûr. Lui parler du vide qu'il a laissé en partant. Lui dire que, toujours, on, JE voudrais de lui, ici, partout. Lui dire pardon, pardon, pardon. Lui dire qu'il est ma lumière, mon phare, et que je sais que c'est dur, d'être ces choses-là pour quelque chose.
Lui demander tous les détails sur son voyage en solitaire. Lui demander où il a été, ce qu'il a vu, senti, ressenti.
Parce que pour la première fois de la vie, il a vécu quelque chose sans moi, vu des routes que mes yeux n'ont pas contemplé. Pour la première fois, on a la tête pleine d'images différentes.
Soupir. Long comme un cours de maths (si je me souviens bien).
- Allez salut.
Un au revoir qui veut dire, viens.
Et au revoir pour aller où ? Rentrer au métro ?
Non, pas sans Félix.
Mais je vais pas le supplier, en plus.
Alors je fais quelques pas ridicules, des poussières de mètres. Je suis le dessin du lac, tout près du bord, je pourrais tomber. Mais je suis jamais tombé, pas tant que Félix était là. Et Félix est là, je le sens, pas loin, il me suit pas encore, mais ça va venir.
Et sinon, ça veut vraiment dire que tout est foutu et bon pour la poubelle.
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MessageSujet: Re: VOYOU. (FÉLIX)   VOYOU. (FÉLIX) EmptyVen 25 Oct - 19:11

J'ai pas envie de te parler.
C'est évident, Félix, tu peux pas partir et revenir, comme ça, en espérant un collier hawaïen et des feux d'artifice.
A chaque battement de cœur, c'est un peu comme si sa phrase venait résonner dans tout mon être. Un écho qui me répète toujours la même chose, qui m'incite à ne perdre aucune miette de sa froideur. Un soupir quitte mes poumons, un nuage de fumée se forme au creux de mes lèvres et disparaît dans l'air un peu trop frais de la fin du mois d'Octobre. Ah, on est déjà Octobre. Comme quoi, le temps passe plus vite que je ne le pensais. J'ai l'impression que mon départ date d'hier. Je me revois encore avec mon sac sur le dos : pas assez d'affaires, même pas de nourriture et quelques pièces. Juste au cas où. Et le pouce se lève.
Les ailes se déploient, enfin, un peu froissées.
C'est l'heure de l'envol, le reste n'a plus d'importance une fois que la liberté se mêle au cœur.

J'ai encore l'espoir naïf que Théo ne pense pas ce qu'il dit. J'espère, comme un idiot, qu'il va rire m'ouvrir ses bras. Le genre de sourire qu'il avait avant. Mais sa voix réduit mes rêves à néant. Allez salut. Son dos, c'est que je vois. Mon regard se pose sur sa nuque, comme si ce simple regard allait suffire à l'arrêter. Comme si. On passe pas au dessus de ça d'un simple regard. Ce serait trop facile. Et y a rien de facile, dans la vie. Ma tête se baisse, en direction de mes pieds, encore. Le mégot de cigarette éteint se retrouve envolé par un coup de vent. C'est peut-être cette caresse glaciale qui me donne de la force. Oui, ce doit être ça, un petit coup de pouce venu de nulle part. Mes pieds, d'abord hésitants, suivent ses pas. Je marche si doucement qu'on pourrait croire que je fais du sur place. C'est pas suffisant, alors, j'accélère le mouvement pour rattraper les mètres qui nous séparent. On se croirait dans un film à l'eau de rose. L'homme qui rattrape sa bien aimée. Sauf que cette fois, de l'autre côté de la distance, c'est Théo. Et Théo, il vaut bien plus qu'un amour idiot. Qu'un amour qui passe. Ce qui nous lie tient le coup depuis qu'on a cinq ans, il est fait pour durer. Les oiseaux dans les arbres nous scrutent, ils doivent bien rire de nous deux. Surtout de moi.

Ma main, un peu baladeuse attrape son bras, pour l'empêcher d'aller plus loin, de m'échapper. Mais le bras ça suffit pas, non, alors, doucement mes doigts descendent jusqu'au sien pour lui prouver ma présence. C'est toujours mieux la peau, c'est un contact réel, sans barrières. Parce que sur le moment, j'ai envie de briser le mur qu'on a monté entre nous. Nerveux, mon corps rejoint le sien, je me mets devant son chemin. C'est terminé, Théo. Les conneries, on les arrête. Ma voix, s'élève, claire, lumineuse, celle que je pourrais employer pour chanter. Elle brise le silence et une pluie d'étoile semble nous tomber dessus. « Je suis allé voir la mer, parce qu'elle me manquait. J'ai fait tout un tas de choses mais je me souviens surtout du sable et des vagues. Avant on y allait souvent, même si ma grand-mère gueulait. » Un rire nerveux quitte ma bouche avant de reprendre, sur le même ton, un peu ailleurs, un peu heureux. « Y avait des jolies filles aussi. Tu sais, avec les cheveux longs et un peu humides, à cause de l'air marin. Leurs lèvres avaient le goût du sel. Le soir, y avait toujours un feu de camp sur la plage. N'importe qui pouvait y aller. J'ai chanté, un soir. Ils avaient les yeux brillants. J'ai eu l'impression qu'ils en avaient quelque chose à faire, de ce que je faisais, pas comme tous ces connards du métro. Eux, ils me prenaient pas de haut, non, eux … ils dansaient. » C'est peut-être pas malin de lui dire ça, à Théo. Mais il le sait, au fond, qu'Ondine ne fait pas battre mon cœur. Que l'amour et toutes ces bêtises, ça ne me convient plus depuis longtemps. Ma main libre laisse tomber mon sac contre mon bras pendant que mes doigts, un peu glacés, y dénichent quelque chose. « Regarde. » il est encombrant le coquillage mais surtout infiniment lisse. Il brille, à lui seul. Ça change de l'obscurité du métro. De la pâleur de Paris. « Tiens, c'est pour toi. Tu pourras écouter la mer dedans. Tu sais on dit qu'ils la chantent. Suffit de tendre l'oreille, un peu et tu entendras les vague s'échouer. » A ces mots, mon regard bleuté se pose contre le sien. Mes doigts sont toujours liés aux siens, incapable de le lâcher par peur qu'il disparaisse.
Je le regarde, parce que c'est la seule chose que j'ai à lui offrir.
Des jolis mots.
Même pas d'excuses.
Et un coquillage. Il est important, le coquillage.
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Victor Trompette
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MessageSujet: Re: VOYOU. (FÉLIX)   VOYOU. (FÉLIX) EmptySam 26 Oct - 10:12

Le vent balaye mes cheveux et les feuilles au sol. Je t'attends Félix, et si tu bouge pas ... je saute. Dans le lac. Et je me noierai pas. Et ça servirai à rien. Mais peut-être que t'aurais peur. Peur de me perdre. T'as pas eu peur de ça quand t'es parti, hein, et puis là tu reviens la tête haute.
Non j'exagère.
Tu reviens. C'est tout. Et mon cœur bat déjà un peu mieux.
Des pas derrière moi. Ceux de Félix, sûr. J'ai évolué à leurs côtés, couru, sauté, traîné avec eux. C'est comme sa respiration particulière. Ses foulées, son souffle, deux trésors que je reconnaîtrai dans une foule parisienne.
Ou chinoise. Ou tchécoslovaque.
Il agrippe mes doigts, je sais que c'est lui.
C'est sa peau brûlée.
Et il m'oblige à le regarder, Félix, à l'écouter dans le silence de la nuit qui est tombée maintenant. Dans le silence des étoiles qui nous observent.
- Je suis allé voir la mer, parce qu'elle me manquait. J'ai fait tout un tas de choses mais je me souviens surtout du sable et des vagues. Avant on y allait souvent, même si ma grand-mère gueulait.
Son rire, petit, carillonne, pas le mien.
C'est trop triste de penser à ces choses-là. Le bruit de la mer, et sa grand-mère.
C'est triste, parce que c'était quand on était heureux.
- Y avait des jolies filles aussi. Tu sais, avec les cheveux longs et un peu humides, à cause de l'air marin. Leurs lèvres avaient le goût du sel. Le soir, y avait toujours un feu de camp sur la plage. N'importe qui pouvait y aller. J'ai chanté, un soir. Ils avaient les yeux brillants. J'ai eu l'impression qu'ils en avaient quelque chose à faire, de ce que je faisais, pas comme tous ces connards du métro. Eux, ils me prenaient pas de haut, non, eux … ils dansaient.
C'est quoi ça dans mes yeux ? Des larmes ? Oui des larmes. Des larmes de joie, des larmes de rage, des larmes de malheur. Un beau maelström de larmes.
Et des larmes de tristesse préventive. À t'entendre, Félix, t'as l'air de vouloir y retourner. Peut-être pas avec moi, peut-être que t'es juste là pour dire salut. Là, sur le départ. Près déjà à repartir à la mer avec les filles qui sont moins amoureuses de toi qu'Ondine, avec ces gens qui aiment ta, notre musique.
Pars pas.
Reste.
Il a un grand coquillage dans les mains, un beau coquillage, on dirait de la porcelaine. C'est pour moi il paraît, un cadeau, mais j'ose à peine le toucher. Il est trop beau pour moi. Il contient la mer en plus. Je le prends dans mes bras, comme un bébé chat, un bébé tout court.
C'est quoi ce cadeau ? C'est un cadeau de retour ou d'au revoir ? Comme si lui il allait repartir voir la mer, et que moi, je pourrais juste l'écouter dans ce coquillage au fond de mon métro.
C'est pas la peine de revenir si faut repartir après.
Mais il a un air quand même. Un air de retour. Un air de douleur de savoir qu'il est de retour ici et que rien n'a changé.
Tu vas rester, hein.
Je serre le coquillage contre moi, osant pas le faire avec le corps de Félix. Il le mérite pas, encore. Je renvoie les larmes, aussi, de là où elles viennent, dans la gorge, là, et les y laissent.
Et je me mets à dire des mots. Je les choisis au hasard, je sais pas où je vais avec ces mots, dans quelle phrase je vais m'en servir, et combien de temps elle va durer, cette phrase.
- On est rien tu sais. On compte plus aux yeux du cosmos. Toi, Ondine, moi. On vote pas, on travaille pas, on a pas de compte à la banque, on consomme pas. C'est pas important tu m'diras, c'est pas important tant qu'on est heureux avec la musique et le métro. Mais c'est pas l'cas, hein. Pas depuis que t'es plus là. On vivait bien avec toi. Comme des poupées avec des ficelles. Tu tirais les nôtres pour nous faire sourire. Et puis t'es parti. On s'est affaissés, Ondine et moi, l'un contre l'autre, comme deux chiffons. Avec toi on savait vivre et respirer, sans toi, on tombait. T'es parti. La vie s'est allongée. On t'attendait. Comme un train qui viendra pas. Ondine ... Ondine elle a commencé à se décolorer. Ondine est en noir et blanc maintenant. Visage gris, mains blanches, cheveux noirs. Ondine s'en souviendra de son premier amour. Mais Ondine ... c'est pas l'pire. J'regrette, mais le pire, c'est moi. C'est pas le fait que tu sois parti, sans rien dire, sans moi. C'est lié évidemment. Mais le vide il vient de ... de cette habitude de voir ta tronche tous les jours. Pour la première fois en quatorze ans - c'est long quatorze ans - quand j'appelais ton nom j'avais pas d'réponse. Pas un grand OUI comme tu les dis, tes oui pleins d'allégresse, comme si le bonheur te tombait d'ssus. J'me suis demandé c'que j'avais fait de mal. Je crois pas que j'aie fait quelque chose mais j'l'ai cru, un peu. J'ai veillé la nuit, je t'ai épié la nuit. Je t'ai cherché partout. Dans les ruelles et dans les pars, dans les hôpitaux et les boulangeries, librairies, gendarmeries. T'étais nul part. Et puis j'me suis éteint, moi aussi. Jusque là j'continuais de briller sans grande conviction, tu sais comme une ampoule en fin d'vie. Mais j'en pouvais plus, j'me suis éteint. Fantôme moi aussi. Ondine et moi, on fait zombies. Clodos et zombies. Et c'matin en me réveillant je savais que y avait un truc spécial. J'pensais pas que ça aurait rapport avec toi. Et en fait ça en a pas, pas vraiment. C'est mon anniversaire. J'ai vingt ans aujourd'hui. Youpi ... T'es aussi un truc spécial dans ma journée évidemment. Mais j'me demande : est-ce que t'es un fantôme de passage ou une réalité venue pour rester ? Parce que je ... j'veux pas que tu repartes. C'est ... c'est pas poss ...
Mais je m'arrête là, j'en peux plus. La nuit est devenue noire pendant que je vagabondais avec mes mots.
Une, deux, trois respirations. Et je porte le coquillage à mon oreille. Oui le bruit des vagues est là. Elles respirent au même rythme que moi. Elles me font oublier un peu ... tout.
Je souris un peu.
Oh, ça tire dans les joues.
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MessageSujet: Re: VOYOU. (FÉLIX)   VOYOU. (FÉLIX) EmptyLun 28 Oct - 15:30

La nuit qui tombe. La nuit qui nous accompagne dans notre détresse. J'ai l'impression qu'elle est plus lourde que les autres. Que son voile se pose sur mes épaules et m'y étouffe. La lune n'est qu'une croissant, ce soir. Un croissant à peine visible dont la lumière est trop faible pour nous illuminer correctement. Puis de toute façon, les nuages la cachent, les nuages Parisiens, ceux qu'on appelle Pollution. L'air est sale, dans mes poumons, l'air porte une odeur de fin qui ne nous ressemble pas. Tout petit, on avait fait ce pacte bidon, celui que tous les gamins idiots font au moins une fois dans leur vie : ensemble, jusqu'à la fin. Mais le lendemain, l'un est cadre, l'autre voyage à l'autre bout du monde. Ils finissent par s'oublier, dans le mouvement de la vie. Je suis entré dans une vague un peu trop tumultueuse. Ma main attachée à celle de Théo. Ce pacte, je voulais le tenir, qu'il soit fier de nous. Fier de cette connerie qu'est l'amitié.
Pourtant, dans un courant un peu trop fort, j'ai vu mes doigts lâcher les siens.
Mes doigts, trembler dans le vide.
Et son corps tomber au fond de la mer.
Elle aime garder ses trésors, la mer.

Le coquillage entre ses doigts semble représenter le lien qui nous unie. Il est palpable, tout lisse et pourtant pleins d'imperfections. Avec Théo, tout n'est pas aussi parfait qu'on le voudrait. C'est vrai quoi, on rêvait de paillettes, on a seulement droit à la poussière qui brille au soleil. Ça brûle les poumons et ça fait tousser. C'est qu'une illusion auquel on ne peut même pas croire. Et les larmes noient son regard. Ses deux yeux brillants que j'ai trop longtemps regardé, le sourire aux lèvres. C'est rare quand il pleure, Théo. Il le fait jamais ouvertement, pas devant moi, parce que j'aime pas ça. J'ai jamais aimé ça. La détresse, c'est effrayant. Je l'ai connue, gamin, c'est pour ça que je tapais sur les autres : pour ne pas la dévoiler au grand jour. Mais parfois, elle devient si forte et prenante qu'on ne parvient plus à la retenir. Ce coquillage, c'est peut-être la goutte de trop. J'ai soudainement envie de le briser. Ou de le jeter dans le lac. Mon regard se pose sur lui, l'accuse. Je pourrais presque y voir mon reflet.
C'est toi, Félix, le coupable.

D'ailleurs, la voix de Théo s'élève. Elle ne porte plus sa lumière. J'ai l'impression que son écho résonne en moi. L'intérieur de ma joue crie au secours, mais c'est trop tard : mes dents la lacèrent. Son timbre suffit à hurler comme tout peut aller mal sous le métro. Le métro que j'ai abandonné. Le métro où je n'ai pas encore mis un pied, peut-être parce que j'ai peur. Peur d'y trouver toute la tristesse qu'il contient. Je n'sais pas si cette fois, je serais assez fort pour rendre le sourire à Théo et Ondine. Elle a l'air de bien les avoir amochés, la douleur, quand même. Je le reconnais à peine, lui, sous sa chevelure sale. Il est trop mélancolique pour être le même garçon d'autrefois. La vie lui a sauté dessus, faut croire. Et moi, je l'écoute, impuissant. Je l'écoute comme on écoute une mélodie que l'on aime pas, au fond. On vivait bien avec toi. Comme des poupées avec des ficelles. Tu tirais les nôtres pour nous faire sourire. Et puis t'es parti. On s'est affaissés, Ondine et moi, l'un contre l'autre, comme deux chiffons. Avec toi on savait vivre et respirer, sans toi, on tombait. T'es parti. J'ai le cœur qui se serre, là, perdu dans un trou de mon âme. Il se serre et laisse couleur quelques larmes.  Vois le mal que tu as fait, Félix. C'est ce qu'il murmure à mon oreille. Plus les mots me percutent, plus la culpabilité se fait grande. J'ai envie de lui dire de se taire, de le prendre dans mes bras et puis l'embrasser. Lui faire un bisou sur le front, comme avant. Un bisou de grand-mère peut-être, mais c'est pas grave. J'regrette, mais le pire, c'est moi. C'est pas le fait que tu sois parti, sans rien dire, sans moi. C'est lié évidemment. Mais le vide il vient de ... de cette habitude de voir ta tronche tous les jours. Je sais même pas comment je fais, à ce moment là, pour le regarder encore. Ses yeux tristes accompagnent ses paroles et c'en est encore plus douloureux et sincère. J'ai le doigts qui se resserrent, là, contre les siens. Je vais finir par les lui broyer. Mais vaut mieux quelques doigts en moins qu'un cœur brisé. Les doigts, on peut s'en passer. C'est mon anniversaire. Y a quelques années de ça, je me serais débrouillé pour lui faire une jolie fête, avec le peu qu'on a. Des pâtisseries volées sur le marché, une bougie en papier journal, qui brûlent avant même qu'on ai eu le temps de souffler dessus. Des ballons de baudruche qu'Ondine accrochait un peu partout, pour mettre un peu de joie et de légèreté. Un véritable anniversaire, si on enlève le bruit des trains, évidemment. Mais aujourd'hui, je l'ai oublié.
Et ce serait mentir de dire que je suis de retour pour ça.
C'est un hasard, un drôle de hasard quand on y pense.

Mais j'me demande : est-ce que t'es un fantôme de passage ou une réalité venue pour rester ? Parce que je ... j'veux pas que tu repartes. C'est ... c'est pas poss …
La question tant attendue. La plus évidente aussi. Le futur, il ne se dessine plus devant moi depuis trop longtemps. Je peux lui promettre, à Théo, de ne plus jamais repartir. Oui, mais ce serait trop facile de la briser, cette triste promesse. Alors, silencieux, je le prends dans mes bras, enfin. J'ai tout un tas de choses à lui dire au creux de l'oreille pour que lui seul l'entende. Même les oiseaux, je les trouve trop curieux pour le leur raconter. Je le serre, un peu trop fort peut-être. Mais c'est beau, de mourir dans un câlin, non ? J'ai les yeux qui se ferment et ma joue collée à la sienne. « J'suis désolé Théo. » Des excuses, c'est ça, le cadeau d'anniversaire ? Elles sont si rares. « J'espérais qu'en partant tu puisses construire quelque chose avec Ondine. J'ai vu l'amour dans tes yeux. Je l'ai trouvé si grand que j'ai pas su comment réagir. J'ai eu peur, oui, que tu m'abandonnes pour elle. J'en avais marre du métro, aussi, j'avais l'impression de m'enraciner alors j'ai quitté les lieux. Comme ça, tu m'aurais plus dans les pattes. Mais j'ai pas tenu, tu vois, je suis revenu, pour toi. » Mes yeux ne s'ouvrent toujours pas, je me laisse guider par le son de ma voix. « C'était mal de ma part mais … j'suis là maintenant. J'suis là et je compte pas repartir. C'est pas grave si on chante plus, j'ai volé une vieille radio, elle fera de la musique pour nous, dans le métro. Y a une solution à tout, tu vois, faut juste un peu d'imagination. » Un rire quitte mes lèvres, un peu brisé, encore tâché par les mots de Théo.
Mais ça va aller, maintenant, non ?
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MessageSujet: Re: VOYOU. (FÉLIX)   VOYOU. (FÉLIX) EmptyMar 29 Oct - 21:04

Je crois pas avoir aligné autant de mots à la suite de toute ma vie, même pas dans une chanson. Je reprends mon souffle à l'aide de mon cœur. Et j'en ai, du mal à respirer, mais c'est pas le trop plein de mots, c'est Félix je crois, j'en suffoque de son retour, de sa froideur, de notre froideur.
Et puis soudain je respire tellement mieux.
J'ai un cœur qui bat contre le mien, c'est le sien. Nos deux coeurs, ces deux vieux frères, battant à nouveau côte à côte. Pour une durée indéterminée. Mais pour longtemps moi j'espère.
Joue contre joue. Tes bras autour de mes épaules et les miens de ta taille. J'ai grandi ? Autrefois je sombrais dans ton torse.
- J'suis désolé Théo.
Rire ému, soulagé, triste dans la chaleur de son cou. Mouillé, le rire.
- J'espérais qu'en partant tu puisses construire quelque chose avec Ondine. J'ai vu l'amour dans tes yeux. Je l'ai trouvé si grand que j'ai pas su comment réagir. J'ai eu peur, oui, que tu m'abandonnes pour elle. J'en avais marre du métro, aussi, j'avais l'impression de m'enraciner alors j'ai quitté les lieux. Comme ça, tu m'aurais plus dans les pattes. Mais j'ai pas tenu, tu vois, je suis revenu, pour toi.
Et le coquillage dans ma main gauche me coupe la peau mais ça ferait presque du bien, un mal pareil.
Ondine, Ondine, Ondine, je l'ai jamais rendue que plus triste, tu sais.
- C'était mal de ma part mais … j'suis là maintenant. J'suis là et je compte pas repartir. C'est pas grave si on chante plus, j'ai volé une vieille radio, elle fera de la musique pour nous, dans le métro. Y a une solution à tout, tu vois, faut juste un peu d'imagination.
Alors c'est fini. C'est fini la haine pour lui, Félix qu'est parti, parce qu'il est revenu maintenant, pour rester. Envolée, l'aversion. Il rit un peu, Félix, un rire qui tremble.
On se détache de l'autre et on se regarde comme des imbéciles heureux, c'est ça l'expression je crois, et alors ? C'est juste beau d'être un on à nouveau.
- On rentre alors, que je dis.
Et je sais que j'ai un ton et une face bizarres. Un air de c'est-bon-t'as-passé-le-test-de-récupération-tu-peux-revenir-avec-nous-mais-je-ne-t'offrirai-point-mon-sourire.
On foule Paris pour la millième fois, Paris qui nous appartient, et pas l'inverse. Parce qu'on connaît Paris, ses visages obscurs, son métro sale. Nous ne sommes pas ses enfants mais ses parents, ses chefs. Mais Paris, malgré tout, fait ce qu'elle veut de nous, cette vieille garce.
On marche côte à côte comme avant mais pas exactement. C'est triste de marcher, je voudrais qu'on rit et qu'on court.
Trop tôt j'imagine.
Paris sous la pluie soudain. Le ciel pleure et je ne pleure pas avec lui parce que j'ai Félix maintenant. Il pleut et les parisiens qui traînent là sortent leur parapluie. Mais non les gars ! Pourquoi il faut toujours que vous vous protégiez de tout ?
Du soleil qui sourit, avec vos Ray Ban.
Des étoiles qui font pipi.
De la neige qui blanchit Paris.
Pourquoi pas accepter ce qu'on vous offre.
La pluie elle glisse sur vous un peu, vous nettoie de vos dévergondages. Et pour nous autres c'est une bonne douche. Allons, allons, profitons. La nuit brille tellement joliment ce soir.
Et enfin je souris. Il chancelle un peu. Mais j'ai confiance en lui. Avec Félix tout près de moi, le sourire, il va bien finir par s'installer convenablement sur mes lèvres. Comme avant.
Avec le retour de Félix, y a tout qui revient, aussi, et le sourire, et la vie.
Félix dans ma main gauche avec ce grand coquillage, dans ma main droite de ses doigts.
Quand on était petits et qu'il pleuvait, tu t'souviens ? On ouvrait grand les yeux et on y récoltait les gouttes de la pluie. Ça piquait un peu au début. Mais on en avalait, des larmes, par nos prunelles. On se marrait, on disait qu'ensuite on pleurerait de la pluie.
Jeunes âmes déjà poètes.
Mais je garde mes mots pour moi et le silence au dessus de nous. On grimpe des escaliers rapidement, mais pas ceux du métro. Ceux de l'immeuble qui nous a faits dominer Paris, il y a quelques vies de ça. Là où j'ai crié et Félix fumé.
Et après on est retournés au métro. Et quelques jours plus tard, Félix s'en allait.
Pas de métro pour l'instant. Ondine m'y attend je sais bien, elle doit avoir peur que je rentre pas, encore une fois. Je veux pas y retourner à cause d'elle cette fois. Elle m'accaparerait Félix. Et il faut qu'on se retrouve, nous deux, qu'on prenne le temps de se rejoindre.
Et on en a, du temps.
Alors je m'installe sur ce bord d'immeuble comme sur un canapé où on va passer deux heures devant un film de la télé. Jambes qui balancent dans le vide, cœur qui se balance dans le vide, et qui revient à moi de ses ailes, quel crâneur celui-là, il se sent plus depuis que Félix est revenu s'occuper de lui.
Et dans mon oreille, le bruit de la mer.
- J'viens souvent là la nuit ... J'abandonne Ondine - j'm'en occupe tellement mal tu sais depuis qu't'es parti, en fait - et j'viens ici quelques fois, te ... te parler.
Te retrouver. Mais c'est bon maintenant.
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MessageSujet: Re: VOYOU. (FÉLIX)   VOYOU. (FÉLIX) EmptyDim 10 Nov - 18:03

Alors c'est ça ? Seulement ça ? La peur de l'abandon, juste ? Non, doit y avoir tout un tas d'autres raisons pour partir aussi connement. Mais ces raisons là, elles restent coincées dans mon cœur, enterrées jusqu'à ma mort. Ces mots, ils resteront enfermés jusqu'à la fin des temps, ils baigneront avec moi dans mon cercueil en bois. Sauf si mon corps se retrouve abandonné en pleine nature. Ou en pleine mer, ouais. Ce serait tellement mieux que la fosse commune. Un bout de terre où les abandonnés s'y trouvent une ultime demeure. Même mort, moi, j'veux du grand et du beau. J'veux que la nature fasse ce qu'elle désire de mon âme esseulée.
Un peu comme maintenant, avec Théo, j'ai envie de retrouver un semblant de liberté, avec lui.
Seulement lui. Elle est presque égoïste, cette pensée.

Mais ces mots, ils sont opposés à mes pensées. Ils me font même froncer les sourcils, de façon un peu sévère. Un peu ailleurs, aussi. Du genre 'mais qu'est-ce que tu me racontes, on rentre déjà ?'
On rentre alors.
Mes doigts se referment un peu plus sur les siens, plus fins, plus doux. Au toucher, comme ça, on pourrait pas dire que c'est un gamin des rues. Théo, il a la peau toute douce, le genre que l'on caresse du bout des doigts, qu'on effleure à peine, par peur de l'abîmer. Et cette sensation de tendresse contre mon épiderme brute et usée, ça fait du bien de la retrouver. Bien plus que je ne le pensais en chantant au bord de la mer, le soir. Et lorsque la pluie tombe au dessus de nos têtes, c'est un peu comme une libération. Elle brise le silence et masque les mots trop froids. Le froid, il est pas pour nous, de toute façon, non, on vient du sud. Le soleil d'Azur, il est encore incrusté dans nos pupilles, suffit de les fixer un peu pour s'en rendre compte. Même le métro saura pas nous enlever ça. La lumière, elle est en nous, elle est là, comme on possède un cœur, sous notre cage thoracique. C'est une évidence comme une autre. Un gêne donné à la naissance, peut-être un quelque chose donné aux personnes d'Azur. Une sorte de don.

Un sourire naît sur mes lèvres lorsque les parisiens, pressés, se cachent sous un parapluie ou une capuche. Mon visage, quant à lui, se lève un peu vers les cieux, les gouttes polluées rencontre mes joues, caressent ma peau. La ville est belle sous son manteau humide. C'est réconfortant, de voir la lune pleurer, elle aussi. Elle est peut-être émue, juste pour Théo et moi, de nous voir tous les deux main dans la main, à nouveau. Quoi que non, elle doit bien s'en ficher, des deux petits microbes que nous sommes pour l'univers. L'astre pâle ne doit même pas nous connaître. Alors, la pensée un peu trop grande se meurt sous un tas d'autres pensées, un peu moins folles. J'ai le cœur plus léger, aussi, lorsque défilent sous mes pieds les marches du grand immeuble. L'immeuble le plus beau de Paris, certainement, celui qui regorge de nos espoirs. C'est un peu comme le sommet le plus grand de la ville. Le sommet où notre voix résonne et se répercute sur le monde entier. Le sommet Théolix, abandonné par l'un de ces fidèles.
Mon corps rejoint celui de Time, s'assoit juste à côté, avec quelques centimètres d'écart quand même. Le centimètre pour respirer sans avoir l'impression d'étouffer l'autre. Le centimètre de l'amitié, ou une connerie dans le genre. Les pieds dans le vide, on pourrait bien tomber que l'on ne se briserait même pas le crâne.
Je me sens presque invincible, ce soir.
Pourtant, on fait juste que retarder un peu l'échéance du métro. Des retrouvailles avec Ondine. La nuit nous engloutira, à nouveau. Comme elle le fait si bien depuis des années. On y échappera pas.

J'viens souvent là la nuit ... J'abandonne Ondine - j'm'en occupe tellement mal tu sais depuis qu't'es parti, en fait - et j'viens ici quelques fois, te ... te parler.
Il a pas oublié, non, Théo, de venir ici. Si ça se trouve, on se parlait au même moment, à la même heure. On a p't'être engagé des conversations qui voulaient rien dire sans qu'on le sache. Mais c'est pas grave, parce que ce soir, nos mots peuvent retrouver un sens. Une beauté perdue, un peu effritée par le temps et les péripéties. Mes bras se lèvent vers le ciel, pendant que mon visage s'élève vers la lune. Les dernières gouttes de pluie viennent tremper mes cheveux déjà en bataille.
« J'te parlais, aussi, tu sais. Tout le temps, à n'importe quel moment de la journée. Quand quelque chose me faisait à toi ou à nous. J'parlais si souvent de toi aux autres aussi, qu'ils étaient jaloux de toi. De ta grandeur et de ta lumière. Ils voulaient te rencontrer, mais j'avais qu'une photo dans mes poches, pour imager c'qu'on est. » Ma main, mouillée, s'essuie sur mon jean sale et se perd dans l'une de mes poches. La photo, elle semble si petite, si lointaine et pourtant, rien n'a changé. Du moins, pas totalement. « On avait pris cette photo juste avant de partir vers Paris. C'était un vieil anglais qui avait immortalisé ce moment. On f'sait les fiers. » Sourire, sur mes lèvres tandis que je lui tends la photo. « J'ai envie, Théo, qu'on reprenne la musique dans le métro. Qu'on chante encore plus fort que d'habitude. J'ai envie d'faire danser les plus fous de la ville même si les gens nous regardent bizarrement. » Rire, avant de plonger mon regard gris dans le sien. Oui, gris par la nuit, gris par cette lune. C'est bien plus beau, le noir et blanc. « ça te dit ? »
Il a peut-être plus envie, après tout, de perdre son temps.
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MessageSujet: Re: VOYOU. (FÉLIX)   VOYOU. (FÉLIX) EmptyJeu 14 Nov - 21:09

Il s'offre au ciel en larmes, Félix. Ça, ça me coupe le souffle. Tu verras jamais un garçon qui vénère les dieux des cieux plus, et aussi bien, que Félix. C'est rien, rien qu'un petit bout de personne qui lève les bras, les yeux, le cœur au ciel, et pourtant. Pourtant putain.
C'est un spectacle magnifique.
Et puis il me dit des jolies choses. Du genre qui met mon cœur en fête.
- J'te parlais, aussi, tu sais. Tout le temps, à n'importe quel moment de la journée. Quand quelque chose me faisait à toi ou à nous. J'parlais si souvent de toi aux autres aussi, qu'ils étaient jaloux de toi. De ta grandeur et de ta lumière.
Oh, moi qui pensais que tu m'oubliais lentement.
- Ils voulaient te rencontrer, mais j'avais qu'une photo dans mes poches, pour imager c'qu'on est.
Photo défraichie et marquée. Parce que cette photo a tout vu, le métro, la mer, la route, la misère, et cette photo a été vue, on sent encore les regards qui se sont posés dessus, on les voit encore, à croire qu'il s'y sont promenés un jour et puis qu'il y sont restés. Parce qu'ils ont jamais rien vu de plus beau.
Deux gosses. Deux blonds. Deux gosses blonds et heureux.
C'est vraiment nous ça ?
J'souris.
- On avait pris cette photo juste avant de partir vers Paris. C'était un vieil anglais qui avait immortalisé ce moment. On f'sait les fiers.
Je prends le passé dans mes mains et j'effleure du bout des doigts ce qu'on était.
Ce qu'on peut redevenir.
On n'a que vingt ans. On parle comme si on en avait deux cents.
- J'ai envie, Théo, qu'on reprenne la musique dans le métro. Qu'on chante encore plus fort que d'habitude. J'ai envie d'faire danser les plus fous de la ville même si les gens nous regardent bizarrement. Ça te dit ?
Il me fait peur, là, avec tout le sérieux du monde dans ses yeux. Je suis rouillé, moi, comme un vieux vélo qu'a pas été pédalé depuis des années. Ma voix, elle peine à dire des jolis mots, et mes doigts, ils caressent mal la guitare.
Puis moi, je sais plus exactement faire tout ça.
Rouillé rouillé rouillé.
- Tu crois qu'on peut ? Refaire c'qu'on faisait ?
Elle est à jeter à la poubelle ma question finalement. Évidemment qu'on peut la retrouver, notre musique droguée à la liberté. Moi, je serais capable de tout, à ses côtés, je suis dingue, on m'arrête pas, tant qu'il est là avec ses yeux où je la puise, ma vaillance.
- J'te parle pas de répéter l'passé, on est pas Gatbsy, d'ailleurs ça lui a pas trop réussi au pauvre vieux. On est plus comme avant de toute façon. Avant quoi, j'sais pas, mais avant. Même physiquement, regarde-moi, j'ai ... j'ai d'la barbe.
Et je ris tellement c'est ridicule.
D'avoir attendu vingt ans pour l'avoir, celle-là, d'en être arrivé là et de même pas avoir de quoi la faire disparaitre d'un coup de rasoir. Voilà qu'elle va m'emmerder, tu vas voir.
J'arrête d'attendre la réponse, que je me suis donné tout seul, comme une évidence. J'attends des mots de sa part, quand même. Des mots sur son voyage vers l'inconnu. Qu'il mette dans mes yeux des images de ce qu'il a pu voir.
Vraiment, l'imaginer, face à la mer, seul, sans moi pour la contempler à ses côtés, je m'en remets pas.
Quinze ans à voir la vie au travers des yeux de l'autre, et là, il y a six mois qui nous séparent. Six mois durant lesquels nos yeux ont vu des choses qui ne ressemblent pas. Moi à Paris, lui on ne sait où.
Ça me fait un creux dans le ventre.
Comme s'il manquait un truc.
Je voudrais que tu me dises, allez. La forme des vagues, et leur douceur. Les trombines de gens, leurs voix. La gueule des étoiles salées par l'eau de la mer. Les routes. Les forêts et les villes qui les bordent. Les filles et les garçons, ils étaient comment ? Est-ce qu'ils étaient beaux comme nous on peut l'être à notre façon, gosses perdus au fond du métro ? Où est-ce qu'ils avaient plutôt des airs d'anges avec les ailes et tout le tintouin ?
Allez, allez. Moi si j'ai tes mots j'ai pas besoin de sauter de cet immeuble pour m'envoler.
Et en échange, je te dirais tout, moi. Paris. Les mois du printemps trop froids pour des mois d'avril et de mai, des mois passés à se geler les oreilles, des mois avec le froid aux joues et au cœur. Et puis si j'ai le courage, si jamais j'ose, je te dirais Ondine. Ondine-fantôme, Ondine-magnifique, Ondine-paumée.
Il dit rien, moi je me mets à le regarder. Pour de vrai. Parce que jusque là, je l'ai vu, mais pas observé. Y a des fois où j'aurais pu lui casser les dents ou me remettre à l'aimer trop fort, y a des fois où j'ai eu trop peur qu'il soit un fantôme et que mon regard le fasse disparaitre. Alors j'ai pas regardé.
Mais maintenant je sais, qu'il est là, qu'il sera toujours là si ça se trouve, si on a de la chance. Alors je l'observe de toutes mes forces et je comprends pourquoi les filles en sont folles. Je comprends aussi qu'elles voient sur lui un visage magnifique et c'est tout.
Mais mon dieu c'est tellement plus que ça.
- T'as vieilli. T'as grandi. J'me trompe ? T'as un truc qu'a changé en tous cas. Un genre de processus normal qui te donne pas du tout un air différent, différent de y a six mois. Un truc qui devait s'débloquer chez toi un jour ou l'autre. Qu'est-c'que t'as trouvé, là-bas ?
Je fais un sourire cabossé.
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MessageSujet: Re: VOYOU. (FÉLIX)   VOYOU. (FÉLIX) EmptyMer 20 Nov - 19:17

Les pieds dans le vide, les étoiles qui commencent à danser au dessus de nous. Un air pollué et pourtant capable de nous faire rêver encore un peu. C'est peut-être les vapeurs des voitures qui nous rendent si cons, parfois. Oui, c'est possible, une sorte de drogue qui nous prend aux poumons sans qu'on ne puisse s'en rendre compte. Et les rêves se diffusent dans notre esprit, s'envolent jusqu'aux cieux. La lune semble encore plus belle que d'habitude ce soir. Plus belle que toutes les autres: c'est elle la première témoin de nos retrouvailles. Elle m'a vu tendre les bras à Théo et l'enlacer. Elle m'a vu m'expliquer platement, les yeux un peu brillants. Mélangés entre la joie et le désespoir. C'est presque étrange cette sensation de sentir ses pensées légères mais ses pieds enfoncés dans le béton. J'ai l'impression d'être un ange à qui on a coupé les ailes. J'ai beau fermer les yeux, jeter de belles paroles, lever les yeux au ciel, la réalité, elle reviendra toujours. Félix Alègre, fantôme du métro. La preuve, même après six mois, c'est vers lui que je me tourne. Vers ce tunnel trop sombre qui gobe nos rêves pour nourrir son trop plein de vide.

Tu crois qu'on peut ? Refaire c'qu'on faisait ?
C'est une bonne question, tiens. C'est pas tout d'en avoir envie, peut-être, il a raison Théo. Et ces mots, ils parviennent à faire naître un triste silence au bout de mes lèvres. J'ai les cordes vocales qui font un nœud et détruisent mes mots. La vérité, c'est que j'en sais rien. J'ai toujours été nul pour prévoir le futur, suffit de voir où on est aujourd'hui pour le comprendre. J'ai été un leader idiot, capable de promettre des tas de belles choses et au final ne rien avoir à offrir à qui que ce soit. Pourtant, un sourire reste tout de même dessiné sur mon visage, énième lueur d'espoir qui jamais ne prendre fin. Je suis peut-être un maso, au fond. J'aime voir mes rêves agoniser au sol. La seule qui compte, au fond, c'est d'essayer, après tout. Du moins, c'est que ma grand-mère disait toujours, elle a longtemps du le regretter, après mon départ. J'te parle pas de répéter l'passé, on est pas Gatbsy, d'ailleurs ça lui a pas trop réussi au pauvre vieux. On est plus comme avant de toute façon. Avant quoi, j'sais pas, mais avant. Même physiquement, regarde-moi, j'ai ... j'ai d'la barbe. Un rire franc brise le silence, fait danser de la poussière d'étoile entre nous deux. Mon regard se pose sur son visage, cherche la barbe, mais elle se cache. Comme si la nuit voulait camoufler les changements, le vieillissement, le temps qui défile sans cesse. Mes doigts commencent à se geler dehors, prendre une vilaine couleur sur ma peau trop pâle. Une grimace déforme mon visage à cette vue. La chaleur d'Espagne semble bien loin derrière maintenant. À des années lumières, un peu comme Azur. Les beaux souvenirs finissent tous par mourir dans le passé.

T'as vieilli. T'as grandi. J'me trompe ? Mes yeux quittent les siens, fixent les lumières de la ville. J'ai pas envie d'grandir ou de vieillir. Non, ça rend con de vieillir. Faut voir les regards blasés qui dansent tout autour de nous à Paris. C'est pas ça la vie, non. Les jours se doivent d'être colorés. T'as un truc qu'a changé en tous cas. Un genre de processus normal qui te donne pas du tout un air différent, différent de y a six mois. Un truc qui devait s'débloquer chez toi un jour ou l'autre. Qu'est-c'que t'as trouvé, là-bas ? Mon cerveau se remémore les six derniers mois. Il s'en est passé des tas de choses, en six mois. Je reste silencieux, d'abord, à la recherche d'une réponse certainement. Mais y en a peut-être pas. Pourquoi faut toujours des réponses à tout, après tout ? J'ai envie de lui dire, à Théo, que c'est comme ça, que j'y peux rien. Peut-être que les étoiles le savent, elles. Comme elles doivent savoir pourquoi on évolue si connement. Elles savent tout, les étoiles. Il suffit juste de savoir les lire, mais ça, c'est pas encore donné à l'humanité. Alors, ce soir, Théo se contentera de mes mots. De mes pensées. De toutes ces choses qui me font respirer encore aujourd'hui. Je prends d'ailleurs une longue inspiration. Il en faut de la force, pour parler.

« J'ai été jusqu'en Espagne. Ma mère avait des origines espagnoles. Et tu sais, ma grand-mère, elle avait des photos d'elle partout, sur les plages d'espagne. J'ai eu envie de les voir en vrai, de retrouver un bout de son âme, en même temps, aussi. C'était un peu naïf, je sais. Puis j'ai rencontré une fille là-bas. Tu l'aurais aimé. Une française. Elle crachait du feu et vivait dans une caravane avec ses trois frères. Elle courrait pieds nus en pleine rue. Tout le monde la regardait non pas parce qu'elle était ridicule mais parce qu'elle était magnifique. J'ai passé trois mois avec elle. » Des étoiles naissent dans mes pupilles, j'men rends même pas compte, idiot. « Elle m'a prouvé qu'il y avait toujours un espoir. Qu'il fallait surtout pas baisser les bras. Alors j'suis persuadé, Théo, qu'on peut continuer notre musique. On a peut-être perdu de notre lumière, mais elle est toujours quelque part, en nous. Fin. » Nouveau rire. « On a assez parlé de moi. Et toi, c'était comment Paris tout ce temps? »
Pas aussi moche que je le vois, j'espère.
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