le soleil venait à peine de se lever sur paris. la fraîcheur hivernale commençait à se faire ressentir et ce temps jouait beaucoup sur le moral de leïla. ça lui coupait son envie de sortir, de se promener dans les rues de paris qu'elle aimait tant, mais surtout, ça lui coupait son envie de se lever le matin. quand elle entendit son révéil, elle n'eut qu'une envie, jeter son smartphone contre le mur et enfouir la tête sous l'oreiller. mais esteban en décida autrement. le petit garçon dormait actuellement dans un lit parapluie qu'elle avait pris avec elle de nice, mais ils dormaient tous les deux dans une chambre d'ami, que paul leur avait prêté, le temps que la jeune femme trouve un pied à terre à paris. sauf qu'avec son maigre salaire de serveuse, elle ne trouvait rien. certes, elle pourrait demander à ses parents de l'aider, mais pour une fois elle avait envie de se débrouiller seule, alors elle squattait. d'un pas mal assuré, leïla sortit de son lit, vêtu d'un tee-shirt qu'elle avait piqué dans l'armoire de paul, et d'un simple boxer. elle attrapa son fils qui lui tendait les bras et le petit sous le bras, elle se dirigea vers la cuisine, afin de lui préparer son petit-déjeuner. quinze minutes plus tard, elle avait enfin installé esteban sur une chaise, et elle le regardait, l'air amusé, redécoré le sol de la cuisine avec son lait et ses céréales. si paul avait vu ça, il ne serait sûrement pas ravi, mais à vrai dire, ce dernier n'était plus si souvent chez lui, cette nuit il n'était pas rentré et rien que l'idée de savoir qu'il avait sûrement passé la nuit avec une femme provoquait un pincement au cœur de leïla. perdue dans ses pensées, elle n'entendit pas les clés tournées dans la serrure. appuyée contre le mur, une tasse de café à la main, c'est donc de cette manière qu'elle accueilli le père d'esteban. « attention ne marche pas dans.. » mais elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que le jeune homme posa un pied dansune flaque de lait et de chocapic. « les céréales. »

Citation :

La sonnette avait déjà retentit deux fois. Paul, sortant en justesse de la douche, avait fait au plus vite, mais apparemment ce n'était pas suffisant. « Oui, ça va, j'arrive. » Personne ne connaissait l'adresse de chez Paul. C'était un peu un secret d'état finalement. Sa mère tenait cet appartement en cachette, le faisant passer pour un entrepôt aux yeux de son mari. Elle y cachait en fait son fils, viré de chez lui à ses vingt ans. Elle avait les clés, ce ne pouvait donc pas être elle. Un peu inquiet, Paul regarda pas la visière avant d'ouvrir. Il reconnu quelqu'un. Quelqu'un qu'il n'avait pas forcément envie de voir. Il ouvrit la porte et, agacé, il se permit de parler en premier.  « Leïla. Qu'est ce que tu fais ... » Baissant la tête pour suivre la main droite de la jeune blonde qui se trouvait en face de lui, Paul s'arrêta net. Un petit garçon, très beau, se tenait juste devant Leïla.  « .. là ? » Paul n'avait aucune idée de ce que signifiait tout cela. Tout ce qu'il savait c'est que Leïla avait été un coup d'un soir qui avait duré plusieurs semaines, mais rien de plus. Elle était retournée à Nice depuis. Il n'avait jamais eu de nouvelles. Jusqu'à maintenant. Le jeune garçon courra à l'intérieur, pour se poser sur le canapé. « Esteban ! Non, attends. » Leïla entra donc aussi. Mais allez-y, c'est la fête. Open-house même. Vraiment agacé, Paul demanda des explications. « Wow, wow. Tu peux m'expliquer là ! » Elle se tourna vers Paul, Esteban dans les bras. « Ecoute, je suis désolée de débarquer comme ça. Mais je trouve qu'il mérite de savoir. Enfin. Je ... David. Je ... David est ton fils, Paul. » Sur le coup, un éclat de rire sortit de la bouche du jeune brun. Et puis, il regarda de plus près le petit David et en effet, des traits de ressemblance commencèrent à se dessiner. Comme si c'était une évidence. Paul s'étouffa et s'adossa contre son bar. Lui ? Père ? Non, ce n'était pas possible. Jamais il ... Non. « Non. Mais c'est impossible. » « Ecoute Paul, je ne vais pas te faire un dessin hein. Cet été là, les choses ont du mal tourner. Quand je suis rentrée à Nice, j'étais enceinte. » Paul fit une pause et demanda, essayant de garder son calme. « Et tu ne t'es pas demandé une seule seconde s'il fallait m'en parler ? » Leïla baissa la tête. « C'était déjà trop tard pour que le .. bref, c'était trop tard. » Elle jeta un coup d'oeil à son fils, qui s'endormait sur la canapé. « Je ne reste pas longtemps, je te le promets. Je sais que tu as des projets. Mais ... donne lui une chance ? » Une chance ? Une chance de quoi ? de tout gâcher ? De tout foutre en l'air ? Comment pouvait-elle débarquer comme ça. Non mais. Paul n'arrivait pas à y croire. Il se tourna vers le bar et se servit un whisky sec. La nuit allait être très longue.

la jeune femme sentait bien que si paul ne se montrait pas dans les parages, ce n'était pas par manque de temps, surmenage de travail ou qu'il avait un emploi du temps de ministre. il les évitaient, elle et esteban, ça lui paraissait évident. mais comme elle considérait qu'il lui fallait bien un peu de temps pour digérer la nouvelle qu'il avait un fils, elle ne voulait pas l'étouffer et lui mettre la pression. elle s'était donc dit qu'il viendrait bien vers eux quand il serait prêt. alors, tous les matins ils se croisaient sans vraiment se calculer, leïla faisait son petit bout de chemin de son côté, elle cherchait surtout un emploi et une nourrice, ce qui n'était pas des plus évidents. elle n'avait jamais laissé esteban à qui que ce soit auparavant, ses parents étaient là pour garder le petit, et il faut dire qu'elle avait du mal à se faire à l'idée de devoir laisser son fils à une inconnue. bref, elle avait beaucoup à faire. mais ce matin-là, elle ne se doutait pas qu'enfin, paul serait prêt à avoir une discussion. après qu'il ait mis les pieds dans les céréales et le lait, leïla s'attendit à une tempête, mais même pas, il resta calme. la jeune femme était certaine qu'il ferait un père formidable, quand il le voudrait. « esteban, si je te mets un dessin animé dans ma chambre, tu irais ? » quand esteban se tourna vers elle pour lui demander son accord en quelque sorte, leïla hocha la tête en souriant pour l'autoriser et le petit garçon se laissa emporté par son père sans dire un mot. entre temps, leïla commença à éponger les dégâts du petit garçon et paul l'aida quand il fut de retour. « bon, il faut qu'on parle. » alors qu'elle était concentrée dans sa tâche, la jeune femme releva la tête pour examiner paul. voilà, c'était maintenant. se relevant et tirant sur le tee-shirt qu'elle lui avait emprunté, se sentant légèrement vulnérable, elle répondit alors : « bien. j'attendais que tu sois prêt. » sans aucune réaction de paul, elle se décida à commencer. « écoute, je suis désolé de t'avoir caché esteban tout ce temps. en fait te le cacher n'était pas dans mes intentions, c'est juste que.. j'avais peur. le lendemain matin de cette nuit.. tu sais.. tu.. tu m'as clairement fait comprendre que les relations n'étaient pas pour toi. et moi, je tombe enceinte. pouf. alors j'ai eu peur. »

depuis qu'elle avait posé ses valises à paris, et surtout chez paul, leïla essayait de se faire le plus discrète possible. elle n'avait en aucun cas envie de faire peur au jeune père, et lui mettre esteban sous le nez au bout de deux ans n'avait été qu'un enchaînement d'évènements qui ont fait que c'était aujourd'hui et ni avant, ni après. elle aurait souhaité le lui dire plus tôt, mais elle avait mis un petit moment à comprendre qu'il n'y aurait jamais de « bon moment ». elle avait alors pris son courage à deux mains, pour affronter le jeune homme (et même sa mère avant ça). comprenant tout à fait que la nouvelle pouvait être difficile à accepter, elle ne lui avait pas fait de remontrances lorsqu'il ne faisait pas réellement attention à esteban, elle savait pertinemment que lorsqu'il serait prêt, il viendrait de lui-même, et lui mettre la pression ne ferait qu'empirer les choses. pour dire, elle ne s'attendait même pas à ce qu'il décide de parler aussi rapidement. agréablement surprise ce matin, leïla sauta sur l'occasion de parler de la situation. son cœur se mit à battre un peu plus vite que la normale, elle ne voulait commettre aucun faux pas, et puis, il fallait le dire, paul avait toujours eu cet effet sur elle, du moment où elle avait croisé son regard dans cette boîte de nuit, elle était tombée sous son charme, bien qu'elle ne l'avouerait jamais. « franchement, je comprends. je t'ai fait comprendre cela et c'était bien normale que tu aies peur. mais .. enfin. certes, j'ai été un bon vieux connard ce matin là, mais .. je pensais que tu avais au moins compris que j'aurai été capable de gérer tout cela. enfin, j'arrive pas à croire que tu te sois laissée vivre tout ça toute seule. » la manière dont paul réagissait permit à la jeune maman de lâcher la pression quelques secondes. il n'avait pas l'air énervé ou même d'humeur à se battre. elle chercha ses mots le temps de quelques secondes, histoire de trouver les bons moments et de ne pas déclencher une crise involontaire. « quelque part, quand j’ai appris la nouvelle, j’ai eu peur. très peur même. j’avais vingt-deux ans, un avenir incertain. et je connaissais tes ambitions, tes désirs dans la vie. et avoir un enfant en était loin. je ne voulais pas que mon bébé et moi soyons des boulets que tu aurais dû traîner et qui t'aurait empêcher de devenir ce que tu es aujourd'hui. j’ai pensé à.. avorter. » rien que le fait de prononcer ces mots lui faisait mal au cœur. elle n'avait pu se résoudre à abandonner ce bébé, elle l'avait aimer dès la première échographie. « mais je n’ai pas pu. ce petit être en moi, c’était impossible. alors j’ai essayé d’assurer, pour lui, pour nous. mais je me suis ensuite rendue compte que dans l’histoire, j’avais pensé à toi, à moi, mais pas à lui. il a besoin de son père paul.. »

si leïla paraissait sûre d’elle et de ce qu’elle devait dire dans sa manière de parler, elle n’en menait pas large en réalité. sous le regard de paul, et dans cette petite tenue, elle ne se sentait pas vraiment à son aise. pour maquer la situation, elle tenta de s'affairer, pour ne pas rester immobile à ne pas devoir le regarder dans les yeux. elle aurait pu enfiler un bas de survêtement, mais jouer les pudiques devant lui ne ferait que renforcer le malêtre, alors elle disparu quelques instants derrière le bar pour se servir une autre tasse de café. « je .. jamais je ne t'aurai demandé d'avorter, leïla. jamais. ce que tu as fait, la façon dont tu t'en es occupé, c'est remarquable. mais t'aurais pas du être seule. » leïla baissa les yeux à son tour, incapable de soutenir le regard du père de son petit garçon. elle savait que lui cacher sa grossesse, puis esteban par la suite n'avait pas été la meilleure solution, peut-être même la pire. c'est pourquoi elle souhaitait rattraper cette erreur en poussant paul à connaître le petit garçon qui ne méritait pas moins que de connaître son père. un mince sourire s'afficha sur son visage lorsque paul avoua qu'elle s'était bien débrouillé quant à l'éducation de son fils. elle n'était pas peu fière de ce petit être qu'elle avait élevé, il était même sa plus grande fierté. « tu penses sincèrement que si je t’avais appelé deux ans plus tôt pour t’annoncer que j’attendais un enfant de toi, tu aurais aussi bien réagi qu’aujourd’hui ? » elle ne voulait pas le braquer, mais elle était persuadée que si elle l'avait fait, paul aurait mal réagi. « et maintenant, c'est quoi le plan ? » question piège. leïla n'en savait rien du tout, mais étant donné qu'elle était celle qui avait traversé toute la france, elle savait qu'elle était censée en avoir un. baissant les yeux le temps de quelques secondes, leïla tenta désespérément de trouver une solution. « le.. plan. hm.. bon, déjà, je sais qu'on va devoir te laisser tranquille d'ici peu. alors je vais trouver quelque part où esteban et moi pourrons vivre, si tu veux bien de nous à paris. ça, c'est le premier point. puis, je sais pas, il faudrait qu'on trouve un moyen pour que tu le vois de temps en temps. peut-être il aller progressivement.. si tu es d'accord ? »