Family can be a curse

Je suis née un premier novembre 1991 à Londres, d’un père anglais et d’une mère russe. L’accouchement ne s’était pas vraiment déroulé comme prévu, je manquais d’oxygène à ma naissance, et j’étais obligée de rester à l’hôpital durant plusieurs jours. En y repensant et en voyant la vie que je mène aujourd’hui, j’aurais préféré ne jamais naître, ne jamais exister, il ne faut pas croire ou penser que je suis suicidaire, loin de là, mais je ne fais tout simplement pas parti de ces gens qui tiennent à la vie, qui ont ce qu’on peut appeler « la rage de vivre ». La seule chose qui me rend quelque peu heureuse d’exister, c’est le dessin, enfin c'était, je ne sais plus pourquoi mais je ne dessine plus. Sûrement parce que je ne permets plus à mon esprit de s'évader, je le garde toujours prisonnier de mon cerveau et de ce que je crois être logique. J’aimais beaucoup dessiner différentes choses et ce depuis que je suis en âge d’écrire. Je rêvais d'avoir ma propre galerie d'art voire même ma propre ligne de vêtements. Et c'est toujours un rêve pour moi. Enfin bref, parlons de ma situation financière et familiale, on peut dire que j’appartiens à un milieu aisé, mon père possède plusieurs entreprises, et ma mère quant à elle a abandonné son métier de mannequin pour être femme au foyer, c’est d’ailleurs l’une des femmes les plus parfaites que je connaisse. Elle fait de son mieux pour satisfaire tout le monde, et s’occupe extrêmement bien de notre chez soi familiale. Mon père quant à lui est toujours occupé avec son travail, enfin c’est ce que je me suis obstinée à croire. Mes parents ont décidé de déménager de Londres, pour partir vivre à Paris, la ville de leurs rêves, ils l’ont surtout fait, parce que mon père s’apprêtait à y diriger une entreprise. Et donc un grand changement pour moi, enfin pas si grand, j’avais trois ans quand je suis parti vivre là-bas, je me suis vite adaptée à la langue, Paris est une belle ville, et mes cousines ont toujours enviée ma vie qui semblait parfaite à leurs yeux, mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, mon enfance n’a pas été des plus heureuses. En apparence, notre famille semble unie, et elle pourrait plutôt bien refléter l’idéale qu’on aperçoit des fois dans des publicités à la télévision, où l’on trouve une famille heureuse et soudée faire la promotion d’un quelconque produit alimentaire. Seulement la vérité est toute autre, car derrière tout ça, se cache une femme meurtrie par l’infidélité constante de son mari, un époux toujours insatisfait et beaucoup trop soucieux de la réputation de sa famille, et bien sûr moi qui n’était à l’époque qu’une petite fille seule et perdue vivant dans un milieu où seule l’hypocrisie et le mensonge règnent. Étant enfant, je ne comprenais pas beaucoup ce qui se passait à la maison, ma mère pleurait des fois dans sa salle de bain ou dans sa chambre, pour que je ne la voie pas, elle prenait beaucoup de médicaments, et aimait s’isoler. En grandissant et pour échapper à tout cela, je me contentais d'écrire ce que je ressentais, je passais tout mon temps libre à faire ça, un moyen plutôt efficace pour moi de m’échapper et d’oublier le monde dans lequel je vis. Bien sûr, à l’école, il fallait que j’aie de bonnes notes, que je me montre toujours gentille et polie avec tout le monde, j'étais entourée d'amis, bref la fille populaire de la classe, les garçons m'appréciaient et les filles voulaient me ressembler, mais malgré ça, je me sentais tout le temps seule, la solitude semble m’apprécier.

Never judge a book by its cover

Comme on pouvait s’y attendre, à l’adolescence, cette solitude avait bien sûr empiré. Mes parents ont commencé à me chouchouter, à me dire des mots doux, peut-être pour compenser leur malheur. Je devenais de plus en plus allergique à ça, oui je crois bien que je suis allergique à toute marque d'affection. Bizarre non? Enfin qu'importe. J’étais au collège à l’époque, j’avais quinze ans et c’était un dix-neuf juin, le jour de la fête des pères. Comme j’avais terminé un peu plus tôt mes cours, j’avais décidé d’aller voir mon paternel à son bureau pour lui faire la surprise et lui souhaiter une joyeuse fête des pères tout en lui donnant son cadeau. J’avais tout mis en scène, tout préparé, je voulais que cette journée soit spéciale. Je suis donc rentrée à son bureau, comme je ne trouvais pas la secrétaire pour m’accueillir et me dire s’il était bien là ou pas, j’ai décidé d’aller voir par moi-même en entrant. Ce fut sûrement l’un des plus gros choque de ma vie, mais pas le plus gros, non celui là venait de ma mère. Je vis alors mon cher père tenant la main de la secrétaire, et l’embrassant. Était-ce vraiment mon père trompant ma mère avec une autre femme ? Je ne voulais pas vraiment y croire, mais dans ma tête tout s’expliquait. J’avais finalement compris pourquoi ma mère pleurait souvent sans raison quand j’étais petite, pourquoi elle semblait aussi triste et désemparée à chaque fois que je lui montrais des dessins de notre famille unie et juste à côté notre maison. Était-elle au courant à l’époque ? Au fond de moi, j’espérais que tout cela n’ait aucun sens, que ce soit faux. Je finis donc par rentrer chez moi pensive et choquée, j’espérais ne pas voir ma mère à la maison, mais malheureusement, elle était là à m’attendre, elle avait même préparé un gâteau pour mon père, et lui avait acheté un petit quelque chose. Ma mère voulait sûrement que je ou plutôt qu'on pense que notre famille est heureuse, je ne pu m'empêcher de me sentir vraiment triste, heureusement j'ai réussi à me contrôler et je n'ai pas pleuré. Elle ne se doutera donc de rien. Je me demandais si lui dire ce que j’avais vu était une bonne idée, ça ne ferait que lui gâcher sa journée. Mais je me devais de lui en parler, pour savoir si elle était déjà au courant de tout ça, ou pas. Je ne pouvais pas lui mentir « maman, Il faut que je te dise quelque chose de très important.... Papa..papa te trompe. Je..je voulais lui faire une surprise pour la fête des pères en venant à son bureau, et je l'ai vu embrasser la secrétaire. » Je m’attendais à ce qu’elle réagisse, à ce qu’elle pleure, à ce qu’elle soit triste, mais je n’eus droit à rien de cela, juste un petit sourire en coin et un regard profond et extrêmement mélancolique. « Tu sais Paély, il y’a des personnes qu’on ne peut pas changer, et ton père en fait parti. Il faut donc que tu oublies ce que tu as pu entendre ou voir, tu ne dois te soucier que de tes études. Est-ce que c’est bien claire ma chérie ? » Elle savait donc déjà qu’il la trompait toujours, qu’il n’avait pas arrêté. J’étais encore plus choquée par sa réaction, que par ce que j'avais vu au bureau de mon père, la vie c’était donc ça ? Elle n’était basée que sur des apparences, le mariage n’est donc qu’un mensonge ? Ce jour là fut sûrement le pire de tous, j’aurais préféré ne rien savoir, ne jamais me réveiller, et vivre dans cette hypocrisie le plus longtemps possible.

Depuis ce jour, j’ai décidé de ne plus être honnête, de mentir, mes parents excellent après tout dans ce domaine, et ça les arrange bien alors pourquoi pas moi? j’ai d’ailleurs aussi décidé de ne plus croire à la notion de famille, j’aurai d’ailleurs préféré être orpheline et pauvre que d’avoir à vivre ça. J’avais hâte de sortir de cette vie, de vivre chez moi toute seule. On dit que le temps guérit les blessures, mais dans mon cas, elles n’en étaient que plus profondes. Mais je voulais quand même vivre normalement, comme toutes les autres adolescentes, j’ai d’ailleurs déjà eu quelques petits amis, peut-être trois ou quatre, mais ma relation ne durait pas plus d’un mois, je finissais par leur briser le cœur à chaque fois, après que l’un d’eux m’ait brisé le mien. Après cela, j’ai décidé de laisser tomber, je ne suis sortie avec personne, j’ai toujours trouvé que ça ne servait à rien, encore une question d’apparence, ça doit sûrement faire plus « cool » d’avoir un beau petit ami. Plus je grandissais plus j’avais du succès avec les garçons, et plus je m'amusais à leur mentir, à jouer avec leurs sentiments. Concernant ma mère, j’ai maintes fois essayé de la convaincre pour qu’elle divorce avec mon père, mais en vain, elle ne voulait pas, d’ailleurs le fait même d’en parler la dérangeait. Ayant eu mon diplôme à 18 ans, j’étais finalement libre de décider de ce que je voulais faire de ma vie, mon choix s’est naturellement orienté vers le stylisme, je fais carrière dans le mannequinat en parallèle.

Je vis en ce moment en colocation avec une amie retrouvée sur internet, et un ami à elle, j'ai l'impression qu'il y'a quelque chose entre ces deux là, en tout cas elle est américaine, et on communique très souvent en anglais, ça fait du bien de parler en anglais avec d'autres personnes que ma famille quand je suis en france. Elle me fait souvent porter les vêtements qu'elle crée, vu que je fais du mannequinant, ça pourrait être de la bonne pub pour elle, enfin on va plutôt dire que je lui pique ses vêtements pour les essayer. Le mannequinat n'est pas vraiment une passion pour moi, mais je la fais juste pour avoir plus de relations, cela me permettra de connaître plus de monde qui travaillent dans la monde et cela m'aidera pour ma carrière de styliste.