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 Paumé dans Paris - Libre

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MessageSujet: Paumé dans Paris - Libre   Paumé dans Paris - Libre EmptyDim 28 Aoû - 12:22

Mes yeux s'ouvrirent lentement alors qu'un fin filet de lumière doré venait taper sournoisement sur mon visage. Je grognais doucement puis me retournais, cherchant à cacher mon visage dans mon oreiller. Mauvaise nuit. Très mauvaise nuit. Ouvrant doucement les yeux, fixant le mur blanc de ma chambre je me permis de frissonner. Merde. Quelle merde. Me redressant lentement, les douleurs de la veille vinrent violemment et totalement me réveiller. J'avais mal. Je me demandais même si je n'avais pas quelque chose de cassé. Passant mollement une main sur mon visage, je grimaçais légèrement avant de baisser mon regard sur mon torse. Chier. Quelle idée avais-je eu de l'embrasser en pleine rue ?!! Voilà ce que cela m'avait apporté. Des ennuis. Poussant les draps pour me lever, ce fut d'un pas incertain que je me dirigeais vers la salle de bain. Je devais aller à l'hosto. Un soupire passa mes lèvres avant que je ne laisse tomber mon pantalon de pyjama, me retrouvant nu dans cette pièce froide et légèrement austère, je n'avais jamais eu le temps de la rénover. Elle était petite et moche. Mais, du moment que la douche marchait finalement, ce n'était pas bien important. Pénétrant dans le petit espace de verre, j'allumais l'eau, la réglant à bonne température avant de me glisser dessous. Mhmm qu'est-ce que cela pouvait faire du bien. Fermant les yeux, profitant de l'eau chaude sur mon corps, je gémis tout de même de douleur. L'eau passait sur certaines parties de mon corps un peu trop douloureuses. Franchement, la prochaine fois, je me contenterais de me barrer. J'avais eu envie de me laisser aller, pour une nuit. J'avais beau l'air d'être quelqu'un de sérieux, j'avais aussi mes besoins. Le sexe. Et hier soir j'en avais eu envie. Une envie qui avait bien vite disparut en voyant arriver ce groupe de connards homophobes ! Me lavant rapidement, je finis par sortir de la douche, me séchant un peu n'importe comment avant d'aller chercher des vêtements, enfilant prestement un jean et une chemise. Pour aller à l'hôpital je n'avais pas besoin de me faire beau. Et puis de toute façon, mon coquard ne m'aidait pas ! Je grognais. Mon père allait me faire un scandale quand il allait savoir ça. Même s'il ne connaitrait jamais les raisons de la dite agression. Oui, je devrais bien lui dire un jour, mais, pas maintenant. Sur ce point-là j'étais lâche. Mais, j'avais tellement peur qu'il me rejette, lui, la seule famille que j'avais dans ce pays. Soupirant je finis enfin par sortir de mon petit appartement, me dirigeant calmement, boitillant, vers les transports en commun. J'allais faire fuir les grands-mères avec mon allure de mort-vivant.

« Veuillez-vous asseoir dans la salle d'attente, nous viendrons vous chercher quand votre tour sera arrivé. »

Je lançais un regard un peu désobligé à la vieille bique qui faisait l'accueil des urgences puis, je me tournais vers la salle d'attente. C'était parti. J'étais certain de passer la journée ici. Vu le monde. Mince alors. Pourquoi devait-il y avoir autant de personnes malades ! Me laissant tomber lentement sur un siège de plastique hideux, je sortis un livre de mon sac. Jamais je ne sortais sans livre et finalement, j'avais bien raison. L'ouvrant là où je m'étais arrêté, je repris lentement ma lecture, guettant le moindre changement dans la salle d'attente, espérant que mon tour arrive assez vite. Il fallait juste que l'on vérifie que je n'ai rien de cassé ! Soupirant, je finis par me plonger totalement dans ma lecture, laissant les heures défiler à une allure lente, les gens autour de moins bougeant, partant, arrivant.

« Monsieur Cameron ? »

Me redressant violemment, fermant mon livre rapidement après avoir mis le marque-page, je me levais calmement, souriant à la jeune femme qui m'avait appelé, la suivant calmement, sans dire un mot, elle n'était pas là pour me soigner. Juste pour m'accompagner à la salle où le médecin m'attendait. Et d'ailleurs, il était là, droit et sévère. Mince, il faisait peur dis-donc. Qu'est-ce que je n'aimais pas l'hôpital. Franchement, ça sentait mauvais et puis c'était...je frissonnais un peu d'effrois m'installant sur le lit d'auscultation. Le médecin commençant à me poser des questions, répondant du mieux que je pouvais. J'espérais simplement que ça n'allait pas durer longtemps. Et, par chance ce ne fut pas le cas. J'eus le droit à une prescription de deux, trois médicaments puis, je pus m'en aller comme j'étais venu, passant à la pharmacie pour acheter les médicaments et enfin fuir de cet endroit trop blanc. Pourquoi était-ce blanc d'ailleurs ?! Pour faire croire que s'il l'on mourrait on s'approchait déjà du paradis. Je frissonnais. Stop. C'était idiot et...flippant. Debout devant l'hôpital, je jetais rapidement un coup d'œil à l'heure. Bien, qu'allais-je pouvoir faire de ma journée ? J'avais bien envie de me promener en ville mais, où ? Me souvenant alors que je souhaitais aller voir une petite salle d'exposition, je sortis le petit flyer de celle-ci et me mit en route. Elle avait l'air décalée mais, très intéressante, peut-être me donnerait-elle des idées pour ma thèse ?

Paumé. J'étais paumé ! Pourtant j'avais bien suivi le plan pour trouver ce que je cherchais mais non, impossible. Et maintenant ? Et bien maintenant j'étais perdu. Vraiment perdu. Et en plus dans un quartier qui ne me disait rien du tout. Franchement, j'aurais dû rester couché. Ma nuit avait été pourrie, ma matinée avait été pourrie et là...là ! Je grognais en regardant autour de moi. Quelle idée est-ce que j'avais eu ?!! Franchement ! J'aurais dû y aller avec un plan détaillé et surtout, avec mon téléphone portable ! Pourquoi est-ce que je l'avais oublié ?! Parce que là, je commençais légèrement à flipper, surtout que je n'arrivais pas à retourner sur mes pas. Je soupirais. Bon, aller, calme mon petit Freddie. Tu prends ta respiration, tu regardes autour de toi et tu demandes poliment ton chemin à la prochaine personne qui...passe... Non, non, pas à lui. Un autre. Unh, tu vas attendre un autre ok. Merde. Putain de merde. Regardant pour la énième fois le flyer de cette petite galerie je grimaçais. J'avais pourtant bien l'air dans le bon quartier mais...mais je ne trouvais pas. Peut-être qu'elle n'existait plus. Fixant le plan qui se trouvait au dos de la feuille je me mordis un peu la lèvre. Je ne voyais pas du tout où est-ce que j'étais. Franchement, si je pouvais juste trouver une bouche de métro ! Juste ça. Mais non, impossible, j'étais allé tout droit, à droit, à gauche, derrière moi et, au lieu de trouver le métro je m'étais juste perdu un peu plus. Me laissant tomber sur un vieux banc, je soupirais à nouveau, glissant une main dans mes cheveux. Fixant les personnes qui marchaient dans la rue. J'étais un peu flippé, oui. Mais, cela pouvait-être pire non ? Aller ! Me redressant, tournant le regard tout autour de moi, je me décidais enfin, approchant rapidement un jeune homme.

« Excusez-moi !? Vous ne sauriez pas où est la bouche de métro la plus proche ? »

Pourvu qu’il me réponde, pourvu qu’il ne m’agresse pas. Je souriais légèrement, un peu stressé. Je n’aimais pas vraiment aborder les gens comme cela, que je ne connaissais pas. Idiot n’est-ce pas ? Surtout pour un barman. Mais, le boulot était le boulot. Là, c’était différent, surtout que la veille je m’étais fait légèrement tabasser donc…J’aurais vraiment dû rester couché.
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MessageSujet: Re: Paumé dans Paris - Libre   Paumé dans Paris - Libre EmptyMer 21 Sep - 15:50

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« I'm lost, oh my god, I would like to have a little of help ! »

En servant un énième verre aux clients, je remarquais rapidement que mon travail était plutôt répétitif. Faire un grand sourire à la personne se tenant devant moi, lui demander le plus gentiment possible ce qu'elle aimerait boire, lui servir dans le verre approprié puis récolter un peu d'argent que me sera distribué en fin de mois ; cette manipulation répétée plusieurs fois dans la soirée. C'était navrant de se dire que j'en étais arrivé là, à être un pauvre barman, alors que mon rêve était de faire la musique. Tendant le gobelet au type déjà bien bourré, je me disais que j'étais réellement incapable d'accomplir ce que je souhaitais vraiment, je n'en avais pas le courage. Pourtant, je ne voyais pas le problème, je faisais partie de la famille Langlois, je devrais bien réussir dans la vie. Mes parents avaient obtenu ce qu'ils voulaient, mon frère effectuait des études en médecine, rien de plus désolant de remarquer que j'étais le seul à servir de la bière dans ma famille, le seul sans diplôme, sans baccalauréat ou je ne sais quoi. Étudier ça n'avait jamais été mon domaine, sauf que j'aurais pu essayer, au moins. C'est souvent ce que je me répétais, ajoutant qu'il n'était pas encore trop tard, néanmoins j'en attrapais toujours très rapidement une flemme inchangeable. Le pire dans tout ça, c'était bel et bien de travailler et bosser pour des gens irrespectueux et malpolis. Ils pouvaient très bien faire tomber le contenu de leur verre à terre sans la moindre excuse, pensant que j'étais aussi engagé comme femme de ménage. C'était loin d'être le cas, mon boulot était juste de tendre le bras pour obtenir leur argent et leur donner leur maudit récipient rempli d'alcool. Parfois, j'avais le droit à certaines de leurs histoires. Elles ne m'intéressaient pas, mais je devais être gentil, alors je faisais mine d'écouter. Seulement, lorsqu'ils me demandaient conseil, je leur répondais simplement, comme si ça allait résoudre quelque chose "Un autre verre peut-être ?". Ma technique marchait toujours. J'abusais de leur naïveté et insouciance d'alcoolo, et ils remarqueraient sans aucun doute le lendemain, en voyant que le contenu de leur porte-monnaie avait bien descendu. Qu'est-ce qu'ils pouvaient boire quand ils avaient déjà bu quelques minutes plutôt. Au moins, ça rapportait de l'argent, c'était l'essentiel, non ?

Je devais rapidement sortir de cet endroit, la discothèque le Queen. Maintenant que j'avais compris que je n'étais qu'un pauvre gars sans avenir, j'allais avoir cette révélation dans la tête durant toute la soirée, et c'était impossible de travailler dans ce cas-là. Surtout que je penserais trop au fait que quand je serais plus vieux, mon directeur me vira sans aucun scrupule : il ne désire que des jeunes, ça fait plus de publicités, c'est plus branché, selon lui. Alors je n'aurais aucune chance de bosser là plus tard et il ne prendrait certainement pas en compte que j'avais travaillé ici plusieurs années. Il s'en foutra royalement. J'en avais bien conscience, mais je ne pouvais pas lâcher mon travail, tout simplement parce que je devais payer ma part de loyer et qu'au final, il me convenait parfaitement, même s'il était un tant soit peu répétitif. Le plus dur, c'était de vendre des boissons à ces tocards alcoolos. Si je pratiquais ce métier, ce n'était qu'une pour seule chose : draguer. Que ce soit des jeunes demoiselles ou beaux mâles, d'ailleurs. Mais la jeunesse fusait dans ce lieu et je ne pouvais qu'en profiter en étant le vendeur. Je finissais alors ma soirée tant bien que mal, attendant avec impatience le moment auquel mon patron me dirait que je pouvais y aller. Je travaillais neuf heures, je me sentais exploité mais j'étais contraint de me la fermer : il n'aimait pas qu'on le contredise, ou nous entendre dire que le boulot état épuisant ; il virait sans aucune hésitation ces gens-là, les insultant en passant de fainéants, leur disant même que dans la vie, fallait bosser et qu'il n'irait donc pas loin dans l'avenir. J'avais travaillé de 21 heures à 6, le temps de tout ranger, laver pour la soirée d'après. Comme les gens normaux, j'aurais du aller chez moi, me coucher et me reposer durant toute l'après-midi, mais je n'en avais pas l'envie pour plusieurs raisons : le fait que mon frère Yannie allait mourir m'achever. C'était sans doute à cause de ça que j'étais aussi épuisé, déprimé et triste à longueur de journée. Je n'avais envie de rien faire, alors je me promenai simplement dans la grande ville qu'est Paris, n'ayant aucune destination en tête. J'avançai juste, ne sachant pas réellement où j'allais. Parfois, ça me prenait de faire ce genre de promenade, sans doute pour ça que je connaissais un peu la ville désormais.

Avançant petit à petit, j'arrivais rapidement dans le quartier des dealeurs et prostituées, d'après les rumeurs. Je ne pouvais que confirmer. Je passai tout le temps par là afin d'atteindre mon appartement et j'avais le droit par moments à des offres très... alléchantes. Je résistais tout le temps, parce que ça ne m'intéressait pas. Juste que parfois, j'avais ce besoin d'oublier quelques soucis, mais je savais très bien que ce n'était certainement pas la meilleure façon, alors je continuais mon chemin. Je marchai sans aucun but, sans aucune destination précise, je voulais me perdre dans les rues, ne plus retrouver mon chemin, mais je les connaissais pratiquement tous. Je savais que j'allais finir par être mort d'une journée aussi éprouvante, et par dormir sur l'herbe, après avoir fixé les étoiles. Heureusement pour moi, je travaillais peu, que trois jours dans la semaines -raison pour laquelle mon directeur nous faisait bosser autant en une soirée. Du coup, je pouvais faire ce que je désirais de ma journée. Au bout de deux heures de marche, je tombai sur un type, me demandant si je savais où se trouvait le métro le plus proche. Oh oui, que je savais. Je l'analysai rapidement et discrètement du coin de l'oeil, voulant savoir si c'était quelqu'un de louche. Apparemment oui, étant donné qu'il avait des blessures récentes sur le visage, ou du moins je ne pouvais voir le reste de son corps, mais j'imaginais que c'était le cas sur chacun de ses membres. Je me fierai à lui durant le voyage, ce n'était pas un soucis en soit.

« Oh bah écoute, suis moi. J'allais m'y rendre, donc aucun problème. Ça sera plus évident que de pauvres explications auxquelles tu comprendras que dalle, non ? Surtout que c'est disons, un peu compliqué pour y aller. Droite, gauche, tout droit, droite, droite... bref. »

Le temps pour aller au métro le plus proche, était d'environ quinze minutes, mais ça ne me dérangeait aucunement de les passer avec l'homme en question. Quand je pouvais aider, je n'hésitais pas une seule seconde, et ce fut le cas, d'autant plus que je désirais également me déplacer jusqu'à ce transport en commun, afin d'ensuite aller dans un bar. Boire, c'était mon envie depuis environ une semaine. Je n'avais besoin que de ça. Je commençai alors à marcher, d'un pas lent, d'une allure d'un gars crevé et ayant une tristesse de vivre. Rien qu'en me croisant, on pourrait vite conclure que je n'étais vraiment pas bien. D'ailleurs, même quand on me parlait, je prenais cet air las. Au garçon se tenant à mes côtés, je lui avais aussi répondu d'une manière bien différente à d'habitude, sans aucune énergie, comme si j'étais déjà mort, comme si je me forçais tout simplement à vivre. En continuant sur ma lancée du type sans vie et déprimé, je lui demandai :

« Laisse moi deviner ton histoire. Hier soir, tu voulais une petite dose de je ne sais quoi, pis tu avais encore une fois pas d'argent, alors ton dealeur t'a tabassé, pour te prévenir que ce sera bien pire la prochaine fois, si tu rembourses pas le crédit qu'il t'avait gentiment offert. Puis, te voilà, avec un nez fracassé, et une figure défigurée pour deux petites semaines. Vous vivez tous la même chose par ici, de toute façon. »

Je soufflai un petit coup, sans pour autant l'affronter du regard ou quoique ce soit. Vu ses blessures, ça devait être une histoire du genre qui lui était arrivée. J'avais souvent affaire à ce genre de types, qui me demandait de l'argent en pleurnichant, ou en essayant de faire pitié en montrant leur état de manque. Mais j'étais malheureusement un sans cœur envers eux.
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