Sujet: pavane. { capucine; amy-loo Mar 2 Juil - 13:45
qu'est ce que tu fous là à une heure pareille? bonne question. t'es sagement assis sur le champs de mars, ton violon dans les mains. tu t'amuses à gratter les différentes cordes successivement pour expulser leurs sons. il est environ 5h du matin, ou peut-être un peu plus tôt. ou plus tard. t'en sais rien, t'as pas ta montre. t'as décidé de sortir, comme ça. sur un coup de tête. tu veux pas emmerder tes voisins si tôt alors t'as préféré sortir pour jouer. t'as eu cette pulsion soudaine de jouer du violon. autant sortir, le plus loin possible. y a des gens quand même. des types bourrés qui se tapent des fous-rires et qui se tapent dans le dos d'une manière plus que virile et brutale. le genre de gars que t'aimes bien, vite fait. t'es le genre à te bourrer la gueule le plus souvent possible, certes. mais de là à finir complètement cramer sur le champs de mars, c'est jamais arrivé. t'es toujours rentrer chez toi. ou chez ta conquête d'la nuit. tout dépend. tu choppes pas beaucoup en soirée. t'es plus dans ta bulle,dans ton univers. tu te souviens bien trop souvent de ce qu'il se passe alors t'évites les excès. surtout quand tu dois jouer du violon plus tard. ouais, t'accordes une grande importance à cette connerie de violon. tu l'aimes. t'aimes en jouer. t'es né avec, tu vis avec, tu crèveras avec, sans doute.
t'aimes assez l'idée de crever avec un violon entre les mains. l'idée d'entendre le son harmonieux et berçant qu'il renvoie juste avant de crever est quelque chose de plutôt ... tentant. c'est étrange ouais, mais tu t'en fous. toi ton rêve c'est pas de crever en faisant l'amour à la personne que tu auras le plus aimer (si il est possible que tu tombes amoureux, un jour). non, toi tu rêves de mourir la bouche ouverte avec ton violon. étrange? peut-être, au final. mais peu importe. t'as toujours été bizarre et c'est pas demain que ça changera. surtout pas. t'aimes bien l'idée d'être étrange, loin de toute cette normalité à la con, bien ennuyante comme on en voit tous les jours en marchant dans la rue. toi t'es le genre de gars à sortir à n'importe qu'elle heure du jour et de la nuit pour pouvoir jouer du violon dans divers endroits de paris. un jour, tu te devrais te ramener avec, au louvres. sait-on jamais, ça pourrait être cool.
t'es donc là, avachi sur le champs de mars à jouer des notes au hasard de violon. tu t'éclates tout seul dans ton coin alors que les clodos commencent à se réveiller en te gueulant dessus et que les blacks qui tentent de refourguer tout un tas de conneries en tout genre commencent à te tourner autour. allez vous faire foutre, je joue du violon. j'veux rien acheter, j'ai pas de thune. tu te dis que si l'un t'approche de trop près, tu peux, éventuellement, lui balancer ton violon à la gueule mais l'idée d'en repayer un autre n'est pas quelque chose de vraiment très jouissif. c'est que ça coûte un bras ces merdes et que c'est pas avec ton fric de dealeur à la noix que t'auras le fric nécessaire. limite si t'en as assez pour vivre. tu vis aux dépends des autres. comme toujours. tu joues. pour toi seul. pour paris endormi. pour la différence. pour la connerie.
Je me promène dans les rues, comme une pommée qui n'oserait pas demander son chemin aux parisiens et puis de toute façon y à que des soûlards et des vendeurs à la sauvette à cette heure. Je n'ai pas dormi de la nuit, j'aurais bien aimé, mais depuis que maman a revendu son atelier j'ai déménagé et je ne sais plus trop où j'habite. Je suis plus que perdu, mais je m'en fous un peu parce que j'ai ma gratte du feu des filtres un paquet de tabac et comme par miracle des feuilles. Je repère une plaque et l'éclaire avec mon portable pour voir ce qu'il y ad'écrit: Champs-de-mars, ça ne m'aide pas à me retrouver, mais je suis déjà venu ici et ça me rassure. Je continue à marcher en essayant de me rappeler ce que maman m'avais dit avant que ma batterie ne me lâche. Elle avait eu un peu de mal à se rappeler elle-même... Paris lui étais devenu étrangère tout comme elle m'a toujours été pour moi. Je soupire et regarde le ciel sans étoiles, les nuages de pollution qu'on trouve un peu partout dans le monde me semble plus oppressent ce soir... Je crois que j'ai peur, j'ai tout simplement peur de faire une mauvaise rencontre, j'ai peur d'abandonner. Je sers la guitare qui avait appartenu à mon père contre moi et puis là tout d'un coup j'entends un son... Le son d'un violon qui chante! Non il ne chante pas il fait des vocalise le violon... Je cherche du regard la personne qui peut bien jouer à une heure pareille dans la rue... Je le trouve assez facilement et je m'approche sans faire de bruit. Je reste tout de même assez loin et j'essaye de comprendre ce qu'il joue... Je ne connais pas ce morceau, ce n'en ai peut-être pas un? Je sorts ma guitare de son étui et je pince doucement les cordes pour qu'elles vibrent et produisent un son. Jouer en arpège me fait sourire, je n'avais pas joué comme cela depuis longtemps... Après la mort de papa je me suis contentée de gratter les cordes, l'arpège c'est lui qui me l'a appris... Il adorait, ça, pincer les cordes, les sentir vibrer sous ses doigts, moi aussi je préfère jouer comme ça, je trouve que le son est plus beau... Je soupire et regarde mes doigts, puis le violoniste...