à force d'avancer au milieu de la foule, tu te rends compte que tu crèves littéralement de chaud. qu'elle idée de débarquer en jeans et pull en pleine gay pride. tu fais tomber le haut malgré le fait que ne soit pas le mec le mieux foutu de la manif mais peu importe. quelques regards se tournent vers toi, des regards aguicheurs et tu ne peux t'empêcher de rire comme un idiot. ouais, voilà. t'aimes bien qu'on te remarque. t'as toujours été comme ça. dans l'instant présent, tu ne penses absolument pas à ta meuf, à lilith. tu ne penses pas souvent à elle, faut dire. tu ne sais même pas pourquoi t'es avec elle. sans doute parce que t'es toujours trop seul. alors que tu baisses deux secondes les yeux pour attacher ton pull autour de ta taille, t'entends la voix de lili. magie magie. tu lèves les yeux vers elle et tu vois qu'elle pleure. ni une ni deux, tu t'approches d'elle, passe tes bras autour de sa taille et lui embrasse la joue. " pourquoi tu pleures ma princesse? " ouais, "ma princesse" quel surnom à vomir. mais faut bien être gentil. malgré tout, la voir mal te touche. tu caresses doucement ses cheveux. " ca va aller, ok?" n'empêche, qu'est ce qu'elle fou ici?
Tu te sens mal face au regard de Doggy. Il te juge, il se fait de nouveau des films et tu en es bel et bien consciente. Tu soutiens son regard quelques instants avant de finalement baisser la tête et c'est à peine quelques instants plus tard que tu entends une voix familière te dire « pourquoi tu pleures ma princesse ? », c'est Alfonce. Tu reconnais ses bras passer autour de ta taille, une main passe dans tes cheveux et ta tête se blottit dans le creu de son cou. Tu soupires doucement, pendant qu'il te dit que ça va aller. T'as envie de le prévenir qu'il va se faire tuer s'il reste là... Tu commences par balancer un « J'ai perdu Nounou... On m'l'a volé... », des sanglots, toujours des sanglots, et tu baisse d'un ton pour chuchoter rapidement à Alfonce un « Cours... Vite... » et t'espère qu'il va réagir rapidement, parce que Doggy, lui, va être rapide. T'as pas envie que ton copain se fasse frapper par ton ex, et c'est évidemment sa phrase par rapport au haut qui te met la puce à l'oreille. Il est toujours jaloux et Alfonce risque donc d'être sa victime bientôt.
Elle ne cesse pas de pleurer. Peut-être qu’elle s’est simplement cassée un ongle. C’était possible. Cette femme était beaucoup trop sensible. Tu t’en fou un peu pour le coup, parce que la seule chose que tu vois, ce sont ses seins quasiment à l’air. Et bien sûr, tu n’aimes pas ça. Tu n’aimes pas le fait que d’autres personnes puissent la voir comme ça. Même si tu devais sûrement t’y faire, étant donné que vous n’étiez plus ensemble… « C'était pas voulu... » qu’elle te dit. Tu lèves les yeux au ciel. Bien sûr, on ne te la faisait pas, à toi. Comme si ce genre de choses n’étaient pas voulus. « C’est ça, oui. » que tu lances, toujours aussi froidement. Tu restais jaloux, malgré votre rupture. Tu restais jaloux parce que tu étais toujours amoureux. Et ce n’était pas un sentiment agréable, pas maintenant qu’elle s’exhibait devant tout le monde, et qu’elle avait potentiellement le droit de baiser avec qui elle voulait. « Les gens me prennent pour Frigide Barjot, j'ai perdu Nounou... j'sais pas où est Leho …Et puis, t'es là... T'arrive toujours au moment où il faut pas. »Pourquoi frigide Bardot ? Tu fronces les sourcils, Nounou, toujours Nounou. Il y en avait toujours que pour lui. Et puis Leho est sûrement quelque part, pas loin. Tu savais qu’il était là, obligé. Quant au fait que tu arrives toujours au moment où il ne faut pas… « C’est plutôt toi qui fait les mauvaises choses quand je suis là. » Elle perdait toute crédibilité. Evidemment. De toute manière, tu te doutais bien que ce qu’elle t’avait dit au téléphone, c’était du pipo. « J'veux retrouver Nounou... » Tu soupires. Nounou, l’amour de sa vie. Et en plus elle chiale, encore et encore. « Viens, on va… » tu t’apprêtes à lui proposer ton aide pour retrouver son fichu piranha de merde. Mais quelque chose se passe entre temps. Quelque chose qui ne te plaît pas, mais alors pas du tout. Un mec torse nu vient se coller à lilith, lui donne un surnom débile, et tout ça. Pas besoin d’être Einstein pour deviner qu’ils sont ensemble, entre autre. Ton regard noir passe par lilith, puis sur l’autre mec, là. T’as pas vraiment l’occasion de dire quoi que ce soit, parce que c’est plus fort que toi, ton poing part tout seul. Paf, dans sa machoire. Et, il faut dire que c’était plutôt violent. Non, tu ne pouvais pas accepter qu’il touche à Lilith –même si tu pouvais rien n’y faire. Alors ce poing, il le méritait. « C'est bien, tu es toujours aussi honnête avec les gens. » que tu lances d'un air mauvais. Tu fais allusion avec cet évènement il y a six mois, lorsqu'elle avait embrassé un autre mec. Ou encore à ce message. Ouais, tout ça, c'était que des conneries. Elle se foutait de ta gueule, elle avait déjà trouvé quelqu'un d'autre.
Du bruit, tout autours de nous il y en avait, beaucoup, tellement, les gens gueulaient, riaient mais je n'entendais rien, je ne voyais rien, rien, en dehors du bob tatoué arc-en-ciel, juste en face de moi. Alors je glissais mes doigts, je caressais, je me faisais même parfois insistant, comme pour cet illuminati là, tatoué juste sur le bas ventre. Je ne pouvais pas m’empêcher de tracer les contours, curieux. Pourquoi ce tatouage, et pourquoi tout les autres ? Et puis, bordel. Est-ce que j'avais l'air d'un flic ? j'hausse les épaules, me tait. Il n'a rien, ouai je sais, il n'a rien. Mais je fronce tout de même les sourcils. Si bob aime les flics, alors je serais son flic. "on sait jamais. tu sais, dans ce genre d'événement, les gens adorent prendre un tas de connerie." ah ça, je serais le premier à en témoigner. "surtout du poppers pour le coup...mais tu n'en as pas pris, hein ?" je le détaille, de la tête au pied. Non, pas de poppers, ce serait décevant. c'est fugace. C'est utile que pour s'envoyer en l'air. Sauf si bob a décidé de s'envoyer en l'air. je continue mes caresses, enfin, mon inspection appuyé et détaille. c'est beau en fait, ils ont probablement vachement bossé sur les motifs, pour tenter d'avoir un truc unique, qu'on ne trouverait pas sur n'importe qui. Je secoue la tête. Non, pas de tatouage, pas encore "un flic tatoué, ça fait acteur porno" je me force à rester sérieux, à ne pas sourire, ni à lui dire que ouai, j'voudrais bien m'en faire un. Dans la nuque, j'sais pas. "donc non" l'illuminati, il est entouré de deux colombes, j'me demande si y'a un truc en dessous. le genre que personne ne pourrait voir, sauf si t'es intime avec lui. Je fais la moue. je ne suis pas intime avec Bob. Mon cœur se brise. Je me met à genoux, me retiens de tirer sur le tissus et m’arrête presque immédiatement. Attends, calmes-toi leho. Un flic, ça ne déshabille pas les gens comme ça. "j'en ai pour deux secondes t'façon" juste l'temps de. je tire un peu sur le tissus, le glisse et m'rapproche un peu. Les gens n'ont pas besoin de savoir si bob se rase ou non dans c'coin là. Je fronce les sourcils. dubitatif. ah ? je penche légèrement la tête sur le côté et sourit. Maintenant, au moins, je sais. je remet le tissus en place et pose une main sur mon genoux pour me lever. Avant d'arrêter tout mouvement. je devais l'fouiller en fait. pas juste mater si un tatouage se cache ou non ici. Mince. je fronce les sourcils. lève les yeux et m'remet en place. Bon, j'fais quoi du coup ? j'vérifie s'il n'a pas cacher une troisième boule. c'est ça ? j'peux l'faire par dessus le tissus. ce n'est pas bien compliqué. alors bon, je me relève légèrement et glisse mes doigts, tentes de voir c'qui s'passe éventuellement dans son boxer. Pas serré trop fort, ni pas assez. Comme une caresse en fait non ? Ouai voilà. Une caresse, appuyé. Pas de troisième boule non. par contre "oh, joli..." je siffle "non vraiment, t'es bien...fin', tu vois quoi." j'me lève. lui sourit et relève à nouveau mon képi. "bon désolé mon gars, t'es clean. tu peux retourner t'amuser" je regarde la foule et cherche de loin. elle est où ma lili ? avec tout ça. je les aient perdu. "chope pas l'sida hein." et je m'éloigne, m'engouffrant parmi les gens.
t'as juste le temps d'entendre le " cours vite " de lili avant de te recevoir le poing d'un type totalement inconnu dans le nez. tu fais deux pas en arrière, lâchant ta belle blonde par la même occasion. ton nez pisse le sang. t'es sonné, tu captes pas vraiment ce qu'il vient de se passer. tu relèves les yeux vers le gars qui t'as frappé. " non mais ... non mais putain t'as un problème? " en l’occurrence, c'était sans doutes toi le problème mais t'allais pas laisser ta copine là, comme ça. non, même si, au fond elle était plus une amie qu'autre chose, c'était pas ton genre de laisser les gens comme ça. surtout que là. là. t'avais les nerfs. et bravement. tu te rapproches du type, les yeux dans les yeux, poussant légèrement lili sur le côté pour éviter qu'elle se fasse mal par mégarde. ouais, tu fais gaffe à elle quand même. "on a quoi là? un gay refoulé? t'es frustré mon gars? " tu cherches la merde, tu le sais. tu rendras pas les coups. sauf si il continu à te prendre pour un punshing ball. là. là, ça allait pas l'faire. tu t'approches de lui et tu le pousses légèrement. " me fais pas chier. et fais surtout pas chier ma copine. " tu bombes le torse, tu fais l'beau mais t'as la gueule en sang et t'as mal. putain ouais, terriblement mal. mais faut que tu fasses le fier, le fort. pour lili. pour ton honneur. ton putain d'honneur.
Il existe deux types de personnes : celles capables de réagir rapidement face au danger et celles qui restaient tétanisées dans le coin, en attendant le passage de faucheuse. Je ne faisais pas partie des cons de la deuxième catégorie. Ce n’était pas mon truc d’être passif. Vraiment pas. Mais manque de bol pour moi, le gringalet à côté de moi que je venais d’agresser a mis trente ans pour réagir. Ouais, c’est vrai que dans le vif de l’action, je n’ai pas su être aimable, mais j’ai des circonstances atténuantes quand même. Bref, le mec a quand même daigné me filer sa chemise sous le conseil d’un autre mec qui ne se cachait même pas de reluquer le gringalet. Si j’étais quelqu’un de cruel, je lui aurais balancé l’alligator pour que ce dernier le bouffe. Seulement j’étais un bon Saint-Maritain, et la pauvre bête était apeurée. Fallait que je me barre très rapidement. Parce que les flics n’allaient pas tarder à arriver et qu’ils allaient tuer la pauvre bête. Parce que je trouvais le reptile beaucoup trop cool pour le laisser se faire tuer. Et surtout, parce que son maitre devait être un grand connard pour peinturlurer la bête de la sorte. Il ne la méritait pas.
Je me relevai juste après avoir dit quelques mots doux à la bestiole dans ma langue natale. Je jetai un bref coup d’œil au gars que j’avais allumé quelques minutes auparavant. Il me faisait vraiment de la peine sans sa chemise. Du coup, j’ai retiré mon t-shirt.
« Prends-le va. Je ne veux pas avoir un viol sur la conscience ! Dis-je tout en lui tendant l’habit. Le mec derrière lui le regardait vraiment bizarrement... »
Je portai ensuite la bête qui commençait à se faire la male. Puis y a eu un second mouvement de foule, beaucoup moins important que tout à l’heure et beaucoup moins bruyant. J’ai cru détecter des « Oulalah ! Ça se bagarre ! » Parfait, je ne demandais pas mieux pour me barrer. Je me faufilé très discrètement dans la masse, manière d’éviter de me faire remarquer par les flics et je me calai – un peu moins discrètement – près du char, tentant tant bien que mal – mais avec plus de mal que de bien – l’animal. C’était qu’elle était lourde la bête.
Dernière édition par Sid O'Leary le Lun 8 Juil - 11:27, édité 1 fois
Pendant que je cours en poussant les gens, je me dis que ma fin est proche, et que si Fauve me trouve, elle va me bouffer et on retrouvera de moi que des lambeaux de déguisement de poulet. Triste fin. Je repense à ma vie, à ce que j'ai bien pu faire de bien ou de mal, à mon enfance ratée, à mes amis, aux gens que j'ai pu croiser. A Slim. Slim vient occuper tout mon esprit pendant que je suis persuadé que mon espérance de vie s'est réduite à quelques minutes. Un déclic vient de se faire dans ma tête, je ne comprends pas tout de suite, mais quelque chose vient de changer. Je me rends compte que si je meurs, Slim sera seul, et je ne veux pas l'abandonner. Haletant, le souffle rapide, je m'arrête, prêt à faire face à la mort. J'attends que Fauve se pointe, je me sens même prêt à en découdre avec elle, régit par un courage nouveau mais elle ne vient pas. Je vis alors le plus grand soulagement de ma vie, je porte une main à ma poitrine en soupirant, le sourire aux lèvres. J'ai eu chaud sur ce coup là. Mais cet acte ne restera pas vain, il a provoqué une révélation en moi, quelque chose de fort. Je me mets à courir dans le sens inverse, cherchant désespérément Slim. Il faut que je lui demande. C'est maintenant ou jamais. Je erre, en regardant partout autour de moi, j'espère qu'il est venu, parce que je ne l'ai pas encore aperçu au milieu de toute cette foule. Mais finalement, je le vois, torse nu, tout peinturluré, et je souris, heureux qu'il soit là. Je m'en approche, essoufflé. « Putain Slim, ton alligator a essayé de me bouffer le cul, regarde! » Je me retourne pour qu'il voit les dégâts. Oui, je viens de montrer mes fesses à Slim, mais tout le monde les a vues, donc autant qu'il en profite aussi. « Mais tu sais, en passant aussi près de la mort, j'ai eu une révélation, et il faut que je te demande un truc. C'est très important, d'accord? » Très sérieux et solennel, je lui prends les mains et le regarde droit dans les yeux. Mon cœur bat si fort que je me demande comment ma cage thoracique n'a pas encore explosé. « Slim, est-ce que tu veux m'épouser ? » Je n'ai jamais été aussi nerveux qu'à ce moment précis. Je viens de faire la demande en mariage la moins romantique qui soit, déguisé en poulet, et les fesses à l'air. Mais j'ai quand même l'espoir, l'espoir d'une réponse positive. Parce que sinon, je ne m'en remettrai pas. J'offre à Slim une tête de chien battu tandis que des gens autour de nous qui m'ont entendu, lancent à Slim et à moi des sourires niais, mais encourageants. Je prie les dieux et tout ce qui peut être prié, pour qu'il accepte. Ma nervosité grandit en même temps que le silence de Slim s'éternise, et je serre les mâchoires, ayant plus peur de sa réponse que du retour de Fauve.
Le monde se dissipe petit à petit autour de nous. Mes yeux suivent les mouvements de l'inconnu. Ils approchent mon boxer. Je reste là, planté devant lui, comme un gland. Après plusieurs minutes de réflexions je finis par capter que ce n'est pas un flic. Si je ne bouge pas, c'est juste par curiosité. J'me surprends même à trouver ça pas spécialement désagréable. C'est tellement précipité et inattendu que ça rend la chose encore plus surprenante. Ma mâchoire se referme malencontreusement sur ma lèvre inférieure au contact de ses doigts dans mon boxer. Et il se relève, comme ça. Je le fixe, sans le toucher, sans même lui dire quoi que ce soit de plus. Vu mon état, c'est pas vraiment la peine d'engager une quelconque conversation avec lui. Autant lui laisser l'image de mon visage. Le reste, on s'en fout, c'est moche, c'est cabossé, ça tourne plus rond. Ouais, c'est moche. Atrocement indélicat et écorché. En plus, j'ai pas vraiment de compliment à lui faire en retour. C'est pas une main posée sur sa nuque qui va changer grand chose. Ah si, il a de beaux yeux. Mais c'est un truc de femmes ça, complimenter le regard d'un homme. Mes doigts quittent son épiderme tandis que l'inconnu se décide à me rendre liberté. Un sourire se dessine sur mes lèvres à sa dernière phrase jusqu'à le voir disparaître dans la foule. J'ai pas vraiment le respirer et reconnecter avec la réalité que la silhouette de Vadim se dessine juste devant moi. J'le vois, déguisé en poulet. Ça me fait rire sur le coup. Encore plus lorsque ses fesses apparaissent dans mon champs de vision. Je me retiens de les toucher. Non, pas maintenant, pas en public. Surtout après m'être fait tripoter par un inconnu. J'ai pas envie de passer pour une salope. J'en suis pas une, non. Mes sourcils se froncent lorsque le prénom de Fauve résonne à mes tympans. J'avais pourtant dit à Joséphine de la surveiller, putain. J'm'apprête à aller la voir lorsque les doigts de Vadim attrapent les miens. Il me parle de révélation, de mort. Je comprends pas grand chose, à cause du bordel qui nous entoure. Mais j'le fixe et reste près de lui, par respect. Je m'attends à une connerie de sa part. Un scoop sur batman et robin ou un truc genre. Des paroles à la Vadim quoi. « Slim, est-ce que tu veux m'épouser ? » J'crois que c'est à ce moment que j'ai royalement perdu les pédales, dans un grand sourire foutument niais. S'il me tenait pas les mains, je serais en train de les remuer comme l'une de ces folles. Vadim. M'épouser. Le gamin que je suis peut sentir son cœur s'emballer. J'en sais rien s'il est défoncé ou pas, s'il le pense vraiment ou pas. J'crois que j'en ai rien à foutre en fait. Il avait pas à me dire ça. Pas à Slim Curtiss. D'ailleurs mes jambes encerclent déjà sa taille pendant que je me pends à son cou comme une pauvre princesse. Princesse Curtiss, c'est plutôt joli. J'nous vois déjà tous les deux à élever toutes les races de chats de cette planète et les revendre au quatre coins du monde. « Bien sûr que j'le veux. » J'ai toujours aimé Vadim. D'une façon plus ou moins intense. Et là, ça me fout juste des paillettes dans les yeux. Pendant que je lui roule une pelle, à la façon d'une future épouse comblée, des applaudissements nous accompagnent. La scène est plutôt mythique mais les gens y croient encore. Alors, enfin, je me recule de Vadim et lui lance, sourire aux lèvres. « Faut qu'on aille annoncer ça à Fauve. » J'l'attrape par la main alors qu'elle vient de tenter de le bouffer. Je l'emporte avec moi dans le foule pour retourner à l'endroit initial. Celui où je l'avais laissée avec Joséphine. Mais y a plus personne. Ni de José. Ni de Fauve. Alors, les battements de mon cœur s'accélèrent, en même temps que la culpabilité apparaît. « C'est quand que tu l'as vu la dernière fois ? » J'ai beau lui poser la question, à Vadim, je n'attends même pas sa réponse. Non, je me fous à courir comme un malade dans la foule, sans jamais lâcher sa main. Je pousse les gens, un peu trop sauvagement, un peu trop méchamment. Y a que Fauve dans ma tête. Fauve et Vadim. Après des minutes interminables, je finis par la voir, dans les bras d'un mec. Il est de dos, mais je vois l'animal. Putain, mon cerveau fait trois tours. On est en train de me voler Fauve. Ma. Fauve. « hey connard, tu fous quoi ? » Ma voix tremble. Mon être tout entier même. Mon poing s'abat violemment sur le visage de l'inconnu. « Oh merde. » Je marque un temps d'arrêt devant le visage de Sid. Je viens de lui en retourner une, à lui. A Sid, mon compagnon de galère. Lui. Merde. Je me recule d'un pas, attrape à nouveau la main de Vadim et plaque mon dos contre son torse. « Sid ? » Ouais non, je dois rêver, il est à New York. Pas ici. J'ai beau fermer les yeux, il est encore là. Sous le choc, je peux sentir un liquide acide remonter le long de ma gorge. Mais j'me reprends, sur le fil, en liant fermement mes doigts à ceux de Vad. « Tu fais quoi avec Fauve ? Elle est … à moi. Fin … j'suis désolé. Je voulais pas te frapper, j'pensais pas que c'était toi. » J'évité d'ajouter que ça fait plaisir de le revoir. Je suis le seul responsable de notre éloignement. Alors, j'trouve rien de mieux que baisser les yeux pour ne pas avoir à affronter son regard. J'ai envie de pleurer, comme une madeleine, comme un gamin. De pleurer. Il doit m'en vouloir. Me détester. Seule la chaleur du corps de Vadim me donne le courage de ne pas fuir une nouvelle fois. Une demande en mariage et le retour de Sid. Putain, les urgences, elles sont où sinon?
Ah, la Gay Pride. Il y a les gens qui dansent, il y a les gens qui agitent des pancartes spirituelles, il y a les gens qui s’embrassent, ceux qui hurlent des slogans plus ou moins compréhensibles — et plus ou moins syntaxiques — sur des chars bariolés. Et tout devant, en tête du cortège, il y a l’autre monde : les responsables des organisations, les chargés de communication des lobbys, les politiques sympathisants. C’était une petite réunion informelle qui se tenait sous les feux de la rampe, mais très loin des dictaphones des journalistes.
Avec son pantalon, sa chemise blanche, ses lunettes de soleil, même si l’on voyait un peu son ventre, un peu son torse, Ashton était probablement l’un des plus chastes du cortège. Ça n’empêchait pas, bien entendu, bon nombre de regards lubriques de s’arrêter sur lui. Ils n’étaient pas rares, ceux qui pouvaient le reconnaître. Parfois, un homme bousculait les gens autour de lui pour l’atteindre et lui demander un autographe — signer sur son torse, dans le meilleur des cas, ailleurs, sinon.
La députée jeta un regard en biais au jeune homme. Les mains dans les poches, sans se soucier du fait que cinquante pour cent des types de la rangée de derrière fixaient les fesses soulignées par son jean en bavant, le Britannique esquissa une moue dubitative.
— It’s going to. Eventually. You know that. — I’m French. How do you expect me to… — You’ve worked at the Ambassy. In Washington. — And now I work in l’Assemblée nationale… — I don’t ask you to struck down the law all by yourself. I’m asking you to talk to some of your friends there. — I can’t help you, Ash. — Can’t or won’t ?
Ashton se retourna une seconde pour jeter un regard noir à un cow-boy trop enthousiaste qui venait de glisser une main au creux de ses reins.
Se balader tranquille avec un alligator dans les bras, c’est insolite. A Paris, ça l’est encore plus. Et quand les gens pensent que c’est une sorte de marionnette animée, je me dis que le monde tourne vraiment pas rond. Du moins, qu’il y a de quoi se faire du souci parce qu’apparemment, les gens ne sont pas très futés dans le coin. M’enfin, là n’est pas le propos. Mes bras et mon dos commencèrent à fatiguer sérieusement sous le poids de l’animal qui, plus les secondes passaient, moins elle allait bien. Fallait vraiment que je trouve rapidement le bon moment pour m’en aller, sauf qu’avec le cortège de flics qui accompagnait la fête, c’était plus facile à dire qu’à faire. Mais par chance, je suis arrivé à trouver une ouverture et je comptais bien en profiter mais je n’ai pas pu. Un « connard » m’a été adressé et, alors que j’allai me retourner pour voir de qui il s’agissait – ouais, je pars du principe que les noms d’oiseaux, c’est toujours pour moi – je me suis mangé une droite en pleine figure. Sous le coup de la surprise, j’ai failli lâcher la bête, mais j’ai quand même eu le réflexe de resserrer mon étreinte autour de la bête. Bizarrement, mon humeur festive s’est vite envolée. Ouais, je ne sais pas qui était le connard qui venait de me frapper mais, une chose était certaine, il allait le payer très cher. Ma haine venait de ressurgir et jouer du poing était mon exutoire.
Je sentis un gout ferreux dans ma bouche. Je portai alors ma main à mes lèvres et j’y vis du sang. Ok, là, j’allai vraiment exploser le bâtard qui était venu me chercher. On ne me défigure pas gratuitement, surtout qu’en plus, j’en avais gros sur le cœur. Dans ces moments-là, je n’avais plus de pitié tellement je voyais rouge. J’étais dans ma bulle jusqu’à ce que la personne en face de moi soit couverte de sang. Bon, par pur orgueil, je ne laissai rien paraitre de ma douleur et je me mis à ricaner de manière diabolique avant de me retourner. Et là arriva le moment que je redoutais tant depuis mon arrivée à Paris. Je me trouvais face à Slim. Slim, le connard pour qui j’étais venu. Slim, le connard que j’aimais trop pour me résigner à le laisser filer. Sid le connard qui venait de me coller une droite. J’avais doublement envie de le déglinder putain ! Seulement voilà, c’était Slim, et le taper… ça me culpabilisait. Ça me dégoutait. Mais ça me faisait mal de l’avoir juste en face parce que toutes mes rancœurs et mes déceptions étaient là, en moi. Ça me vexait qu’il en ait rien à battre de moi. Je serrai les poings avec l’envie féroce de lui hurler dessus, mais j’ai rien fait de tout ça. Je ne pouvais rien faire de toute façon.
« Wow, tu te souviens encore de moi ! Commençai-je d’un ton ironique et très amer. »
Je fus coupé net lorsque je remarquai la main de Slim entremêlée avec celle du poulet. Un flot de rage me fit monter un peu plus en pression. J’étais tellement énervé que j’en entendais mon cœur battre anarchiquement, près à exploser ma cage thoracique. Tout ça me foutait la gerbe. Vraiment. Et en toute franchise, je ne savais pas par quelle opération du saint esprit j’arrivai à rester calme et à l’écouter déblatérer sa merde. Ma seule vraie réaction, ça a été de lâcher Fauve qui était surexcitée à la vue du poulet. Je ne savais pas tellement quoi faire de ma peau. Tout se bousculait violemment dans ma tête. Tout était beaucoup trop compliqué. Du coup, me connaissant, ça allait partir en couilles d’une manière ou d’une autre.
« Je pensais pas que c’était toi. Répétai-je comme un gosse. Sérieux, c’est tout ce que tu trouves à dire après des années de silence ? Quoi qu’apparemment, t’es définitivement passé à autre chose. »
Rouge, je remercie d'un signe de tête le superhéros de m'avoir prêter son t-shirt. T-shirt dix fois trop grand, je tiens à préciser. Le vêtement a aussi une petite odeur bizarre, mais bon, je me contente de l'ignorer purement et simplement. Voyant les regards appuyés des hommes autour de moi, je l'enfile en vitesse. J'allais remercier encore une voir le dompteur de crocodile, mais il a disparu, avec le reptile - et aussi avec ma chemise préférée. Maintenant, il faut que je reparte à la recherche de la Madame en trailli kaki et le Monsieur Policer. Ma Mère qualifiait les Gay Pride de, je cite : « un moment de débauche collective et malsaine approuvée par l’État » . Vous voyez l'état d'esprit. C'est en parti pour ça que je suis terriblement mal à l'aise dans ce milieu-là, et que je dois impérativement retrouver les autres, ces inconnus. La jolie blonde, c'est peine perdu. Elle doit être au début du cortège, à l'heure qu'il est. Il reste plus qu'à trouver le joli brun. Je me fraye un passage entre les gens, à la recherche d'un képi. J'en trouve deux. L'un rose bonbon - porter par un homme, vêtu de toute la tenu à latex, ça doit pincer - et un deuxième vert. Comme Peter Pan. Je m'éloigne. Enfin, ma bonne étoile me sourit. Il est là. C'est presque si je saute dans ses bras. - Monsieur le Policier ! (Ouais, je connais pas son prénom moi)Madame la militaire s'est fait volé son sac, elle s'est battu, après il y a un crocodile qui nous a attaqué mais un superhéros nous a sauver en lui sautant dessus, j'ai du lui passer ma chemise pour qu'il referme sa gueule et.. et.. et j'ai perdu la Militaire.. J'ai tout déballé le bébé vite, baissant la tête sur mes cinq derniers mots. Je me dandine un peu devant l'homme, mal à l'aise, fixant ses chaussures, attendant la sentence. C'est alors que je trouve mon histoire parfaitement impossible. Et non, je ne fume pas.
Aliénor dans sa robe blanche s'accroche au bout de carton dérobé orné d'une inscription « free hugs ». Elle s'y accroche de toutes ses forces parce qu'elle ne comprend rien à ce qu'il se passe autour d'elle. La foule court dans un sens, puis dans un autre, au milieu des sons festifs résonne tout à coup, à droite, des cris de lutte, puis des applaudissements... La jeune enfant regarde, de ses grands yeux, ronds comme des soucoupes. Ses pieds se déplacent sans qu'elle ne les contrôle, un coup à droite, trois pas, puis en arrière, demi-tour, on se baisse pour éviter un projectile. On dirait qu'elle danse. Elle a l'air étonnée. Elle l'est : tout le monde bouge dans tous les sens, et ça la sort soudainement de son état presque méditatif. C'est trop brusque pour son esprit. Raté. Un petit pas sur la droite mal chorégraphié. Aliénor trébuche, bam, elle se retrouve les fesses par terre. Mais elle n'a pas mal alors elle fronce les sourcils. Ca lui arrive souvent de trébucher et de tomber, et elle connait les trottoirs parisiens. Ils sont rarement accueillants pour son fessier. Elle regarde le sol gris sale de Paris, et découvre un sac à dos aux bretelles coupées, à moitié éventré. Sa main hésitante l'attrappe et farfouille. Une voix dans sa tête lui dit que ce n'est pas bien, mais une autre répond que c'est le meilleur moyen d'éventuellement retrouver le propriétaire de ce sac. Tout à coup, elle saisit une drôle de peluche, et c'est un flot de souvenirs qui lui remontent à l'esprit. Cette fille blonde absolument extravagante, qu'elle observait sur les bancs du lycée. Elle ne doit jamais lui avoir adressé la parole – elle n'a jamais osé. Elle était l'Intello de service, la préférée des professeurs, celle qui pleurait si elle avait moins de quatore. Cette jolie inconnue se fichait de tout, vivait ailleurs, et vivait libre. Aliénor ferme le sac et l'attrappe fermement. Elle retrouvera cette fille et le lui rendra, coûte que coûte. Elle se relève et bam. Retombe par terre. Une furie blonde vient de la percuter et c'est à peine si elle semble l'avoir remarqué. Aliénor, elle est facile à vivre et elle se plaint rarement, mais ça lui échappe, ça sort un peu plus fort qu'elle l'aurait voulu : « t'excuses pas, surtout, hein. » Pff. Elle s'époussète les fesses en serrant bien fort le sac.
Il est acide. Il est con. Il est froid. Il est tenace. Il est Sid. Mes yeux se relèvent en sa direction tandis que sa voix brise le silence, à son tour. Sa lèvre saigne un peu, mais pas trop. Rien de bien grave. Juste un petit coup donné pour chercher l'attention et rien de plus. Je colle un peu plus mon corps contre celui de Vadim, pour essayer de dissimuler la colère. Ne surtout pas entrer dans son jeu et laisser sortir les démons. La surprise de le voir se dissipe petit à petit en moi pour laisser place à la colère. Sa réflexion ne fait qu'alimenter un peu plus un sentiment de rage. J'sais même pas pourquoi. C'était pas prévu. Mais il a pas le droit de m'en vouloir. On a jamais été marié. Des potes, ça peut se laisser sur le bord de la route, non ? Puis même, il peut pas gueuler, pas aujourd'hui. Aujourd'hui, Vad m'a demandé en mariage et c'est pas rien. C'est même carrément le monde. Encore mieux que tout le reste. Certainement la plus belle chose qu'il me soit arrivé à Paris. Et Sid, comme toujours, faut qu'il vienne gâcher ce moment avec ses reproches à deux balles. « Toi aussi t'aurais pu te démerder pour prendre des nouvelles, me rechercher ou que sais-je. T'as rien fait alors tu ferais mieux de fermer ta putain de grande gueule, au moins une fois dans ta vie. » Ma voix est plus froide, plus sûre. Je marque une pause, me tourne légèrement vers Vadim, que j'embrasse comme tout à l'heure, quand il venait de me demander, pour le mariage. T'façon, j'ai jamais su l'embrasser autrement qu'un gamin en transe. « J'pense pas avoir été désespéré au point de baiser avec toi, Sid. Tiens, j'te présente Vadim, on va s'marier. » J'ai des paillettes dans les yeux, encore, toujours. Épouser ce mec c'est encore mieux que rencontrer le père noël. Je fixe à nouveau Sid, avec cet air qui veut tout dire. « Tu sais quoi ? Repasse me voir quand tu seras en état de parler. » J'ai jamais été du genre à être fort en dialogue et je lui demande de parler. C'est tellement con, putain. Encore plus venant de moi. J'mérite des baffes, des milliers de baffes. Sauf qu'à la place de ça, je quitte le corps de Vadim pour m'approcher de Sid et encercler Fauve de mes bras. « Rends la moi, j'rentre. » Passe moi Fauve qu'on tire un trait sur tout ça. Que je retourne à mon idylle.
Il aurait suffi d’un vulgaire « désolé » pour que l’affaire soit classée. Malgré ma rancune et ma grande colère, j’aurais fait table rase de tout ça. Quitte à passer pour le type qui aime se faire prendre pour un con. Ouais, j’aurais mis de côté mon égo blessé pour retrouver mon pote. Mais j’étais bien le seul dans ce cas. Apparemment, Slim se foutait bien de moi, de ma présence à Paris. Il était tellement con que l’idée que je puisse être là pour lui n’a pas traversé son petit esprit de minable. Non. Slim, il faisait toujours en sorte de prendre les choses de telle sorte à ce qu’au final, ce soit lui que ça arrange. Si je ne le connaissais pas si bien, il aurait pu arriver à me faire culpabiliser. Dommage pour lui, à trop vivre avec à ses côtés, j’étais rodé. Ce que j’ai moins supporté par contre, c’est qu’il fasse ça en public. Je n’ai pas pour habitude de me soucier du regard des gens, mais je savais que mes vilains défauts joueraient forcément en ma défaveur parce que 1) Slim manipulait les faits avec brio afin de faire croire qu’il était la victime et moi le vilain garçon et 2) j’ai une tête de coupable donc même quand j’ai raison, j’ai tort. En plus, être hyper violent dans une telle situation ce n’était pas très stratégique, même si ça remettrait les idées de Slim en place. Ou au moins, ça lui rappellerait que le mec c’est moi et pas lui. Conclusion : fallait que j’essaie de me calmer, quoi qu’il arrive.
Evidemment, c’était bien plus facile à dire qu’à faire. Je n’ai jamais été du genre à laisser qui que ce soit m’en foutre plein la gueule. Avant même que la personne ait prononcé ne serait-ce qu’une syllabe, mon poing était déjà parti. Je n’aime pas parler. J’aime encore moins laisser les gens parler. Et si je m’écoutais, j’aurais très certainement tué Slim. Il n’arrêtait pas de me prendre de haut, m’insulter. Honnêtement, je ne sais pas comment je faisais pour garder un tel sang froid pour ne pas laisser exploser ma rage parce que j’étais plus que bouillant à l’intérieur, même si je ne laissais presque rien paraitre à l’extérieur – si ce n’est ma mâchoire et mes poings serrés. Je ne pigeais pas le culot qu’il avait de ramener sa gueule comme il le faisait. A croire que c’était moi qui étais parti du jour au lendemain sans laisser d’adresse. Puis je me demande comment lui aurait réagi dans ma situation… Le connaissant, il m’aurait collé au cul jour et nuit, quoi que…
Enfin peu importe. Je venais de me faire humilier comme un rien devant quelques personnes. J’étais déçu de ne pas pouvoir laisser parler mes poings mais surtout de cet accueil auquel j’ai eu droit. Comment avais-je pu croire qu’en revenant ici, tout redeviendrait comme avant ? Slim allait épouser un poulet pédé. J’arrivais clairement après la bataille là. Même si ma jalousie m’entaillait violemment mon cœur, que pouvais-je dire ? Lui rappeler que j’avais été là dans les meilleurs et les pires moments de sa vie ? Slim s’en foutait royalement. Il avait tiré un trait sur moi. Me restait plus qu’à en faire de même, je crois.
Quand il a commencé à s’approcher de moi pour récupérer la bête, j’eus une espèce de mélange entre déception, colère, tristesse et nostalgie. J’avais envie de vomir. Vomir ce passé pour pouvoir passer à autre chose. Je n’avais pas pensé que ça se finirait de la sorte lui et moi. Je n’avais pas imaginé que notre amitié puisse se terminer un jour en fait. Ni ça, ni le fait que Slim devienne adepte de queues. C’était dingue la façon dont la réalité venait de me rattraper. C’était violent. J’étais K.O. Mon besoin d’ivresse s’est immédiatement fait sentir. L’ivresse était toujours au rendez-vous, elle.
Je n’ai donc pas cherché à retenir Slim, ou à riposter contre toutes les attaques que j’ai subies. Je n’avais pas la force pour ça – et encore moins l’envie. Je suis tout de même resté un court instant à le regarder tandis qu’il tenait la bête que je refusais de lâcher. Pas de regard noir, pas de regard triste. Juste du vide que j’allai rapidement remplir d’alcool.
« T’es mort pour moi, Curtiss. Finissais-je pas lâcher au bout de quelques secondes. »
J’ai lâché l’alligator sans rien ajouter et je suis parti.
Victor Trompette membre
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Elle n'entend pas. Et il n'entend pas qu'elle entend pas. Dialogue de sourds. Incompréhension totale.
Cohue.
Ça pousse, crie, rit, danse, bouscule. Nausicaa lui tombe dessus - un bleu sur le genou pour le Théo. Nausicaa gueule à l'adresse de l'agresseur.
- De toute façon tu t'en fous de moi... T'as Ondine. Y'a que Ondine. T'aurais du embrasser Ondine. Ca t'aurait apporté moins de problème... On s'en fout que je ressente quelque chose.
Voilà ce qu'elle lui balance, crache à la figure. Elle parle calmement, très peu nausicaaien, pourtant, ça le secoue plus que n'importe quelle insulte qui aurait pu s'échapper de ses lèvres.
Elle sait qu'il peut pas embrasser Ondine. Tout Paris s'en effaroucherait. Théotime et Ondine ? Non. Mais Nausicaa n'est pas substitution. Pour autant. Nausicaa est : autre chose. Nausicaa est une amie. Nausicaa est une âme en détresse. Et Théotime, il embrasse les filles qui ont besoin d'aide. Il embrasse pas les filles qu'il aime - les Ondines. Il peut pas se permettre de capturer leurs lèvres vermeilles. Il embrasse les Nausicaas; c'est plus facile, accessible, naturel. Le problème, que ce soit avec les Ondines et les Nausicaas, c'est qu'elles protestent toujours. Le Time, c'est pas un womanizer.
Elle l'abandonne. Au milieu de ça : une foule gay en délire. Soupir devant les déhanchements de Nausicaa. Pourquoi elle fait ça ? Ça te fait pas envie, Théo. Ça te dégoûte un peu. Il attend - sagement - qu'elle revienne. Il s'écarte de la foule, il s'adosse à un mur. Bras croisés. Mine fermée. Sourire disparu. Tête pleine de points d'interrogations.
J'suis complètement paumée. J'ai pas envie de réfléchir pour Time. Il veut pas comprendre. Qu'il est en tord. Qu'il fait du mal aux gens. En embrassant quelqu'un qu'il aime pas. En bouleversant les codes. Alors je pars. J'vais danser au milieu de la foule. On m'agrippe les hanches. J'aime pas. Alors j'me retourne. Et je frappe. Un genou à l'entrejambe. L'inconnu déclare forfait. J'me détourne. M'éloigne de la foule des danseurs. J'vois plus Time. Je m'inquiète. Le cherche. Le trouve contre un mur. Soupire. Il est chiant. Il fait la gueule. Il fait rarement la gueule. Je déteste quand il fait la gueule. Il est pas beau. Il est pas intéressant. J'reviens vers lui. J'me met contre le mur. Pose un pied contre le béton. Le regarde. « Tu boude ? ». Je soupire. J'veux pas avoir un cœur. J'veux être froide. J'veux être dure. J'veux le briser. Il me connaît comme ça. La briseuse. L'horrible. La salope. Nausicaa. J'aurais aimé qu'il comprenne. Je prend son menton entre mes doigts. Dépose un baiser mouillé sur sa joue. M'écarte. Me remet dans ma position initiale. Regarde le ciel. J'parle plus fort pour passer au-dessus de la musique ambiante. « J'ai peur. ». Peux pas le regarder. Alors je continue. « J'ai peur de ce que tu fais à mon cœur. J'ai peur de rien normalement. Mais tu fais quelque chose à mon cœur. Et j'ai envie de t'embrasser. Parce que j'aime bien ça. Et j'ai peur de changer. Tu sais pas comment tes baisers sont. Y sont magiques. ». Je souris. Tourne la tête vers lui. Me comporte comme une vrai fille. Pour une fois. Ca change de la Nausicaa sans cœur. Il devait comprendre. Il devait savoir pourquoi. Pourquoi j'étais comme ça. Pourquoi ça faisait mal en moi.
Il était quatorze heure. Quatorze heures. Soit trop tôt, quand même bien trop tôt pour commencer à picoler. Nan, je buvais pas pendant la journée. Enfin, sauf le (ou les) verre(s) de vin à midi et les bières entre temps, mais par boire, j'entends Boire avec un B majuscule. Boire comme un ado, quoi, ne plus savoir ce que je faisais, en somme, comme pour la soirée de la fête de la musique. Et, même si des fois il m'arrivait de lâcher des phrases du style oh, plus jamais ça, bien sûr, ça ne dupait personne et je recommençais le lendemain. Mais cette fois, non, ça se passait en plein jour, il faisait bien chaud, et puis non. Tout de même.
Alors déjà, première question. Que faisais-je là, dans une gay pride ? C'était bien simple. Qui disait gay-pride disait grosse manifestation, et disait conneries, et disait alcool, et disait bonne ambiance, très très pure, chaste et bon-enfant. Une gay-pride, quoi, sans aucune conation. Oui, non, il ne sert à rien d'être hypocrite, ce n'était sûrement pas pour manifester ma cause envers l'homosexualité ou autre. Deuxième question, en quoi consistait mon passage à la gay pride ? C'était donc les mains dans les poches que je me baladais, au fil de ce qui attirait mon regard ou pas, et je dois dire qu'un paquet de chose avait attiré mon regard. Des gens bizarres, partout, parlez d'une gay pride et c'est la porte ouverte à toutes les débauches, un mec à poil, un autre en train de se faire tripoter, un alligator, des problèmes conjugaux, des viols sur la voie publique, des gens qui se cassent la gueule, et tout le monde qui admire dubitatif ce beau spectacle un sourire pendu sur les lèvres. « I'M A BANANA ! I'M A BANANA ! I'M A BANANA ! » Hm, cette voix, cette voix, je connais cette voix, j'en étais sûr. Bon, pour la chanson, je repasserai, mais cette voix, ça ne pouvait être que Joséphine, ma nièce officieuse avec qui j'avais toujours été en bons termes. Hop, je jetai un coup d’œil parmi la foule des badauds, et je la reconnu immédiatement, quand bien même elle portait un ravissant costume de banane. Je sentis les muscles de mon visage se tendre et mes lèvres se fendre d'un sourire. Ah, je la reconnaissais bien là, Joséphine, elle suivait mon digne chemin, et c'est non sans fierté que, plus tard, je l'abordai, content, même très content que ma petite nièce se soit fait remarquer de la sorte. Et moi de lui crier « I'M THE BANANA KING ! C'est dans charlie the unicorn, the banana king, haha. En dehors de ça, joli costume, vraiment, j'adore ! J'ai hésité à voler celui du flic que j'ai vu, mais il m'avait l'air... Occupé, et puis j'ai pas trop osé le déranger, c'est vrai, ça se fait pas. » Et puis, parce que j'étais quand même très heureux de l'avoir poursuivie à travers rues et avenues pour pouvoir lui parler -j'étais fier de moi, et je n'avais aucune arrière pensée quant à cette gamine, arrêtez avec ces idées tordues-, j'ajoutai : « Je suis content de te voir ici, ça fait longtemps ! Tu sais, tu pourrais m'envoyer un sms de temps en temps -et par "de temps en temps" j'entends "plus souvent"- même si je pourrais le faire aussi, mais... Joli costume. Non, vraiment. » Je n'étais pas un as pour ce qui était de conclure un dialogue, mais bon, elle avait l'habitude, je suppose.
Victor Trompette membre
✧ ÂGE : la moitié de quarante ✧ COEUR : y a des fantômes ✧ MESSAGES : 636 ✧ HERE SINCE : 15/05/2013
Il fait la gueule. une tête de six pieds de long. Y en a marre. Il regrette. Nausicaa, les baisers. Que dis-je ? Il regrette rien du tout. Y avait bien longtemps que le Théo s'était pas senti aussi pleinement vivant. Il a eu conscience de tout : son cœur, sa bouche, son corps tout entier, il a senti qu'il était là, sur terre.
Et puis embrasser une fille. Ça flatte l'égo et le cœur. Ça les réconforte tous les deux. Eh, quelqu'un en a quelque chose à faire de vous, les gars. Et puis embrasser une fille, c'est être un homme. Théo, jusque là, était encore le petit garçon à sa maman Félix.
Et puis il y a Nausicaa qui danse. Elle le nargue presque. Elle a presque l'air de cette fille dont elle ne veut pas avoir l'air - cette fille belle et désirable. Mais on l'approche. On la colle. Trop près, trop fort, elle explose. Théo observe la scène de loin, avec un charmant sourire.
Il ne pense même pas à aller essayer de l'aider. Elle se débrouille très bien seule, avec ses poings. (Effectivement : l'inconnu est jeté par terre à coups de poing. Affaire classée.)
Et parce qu'elle comprend que là, tout de suite, maintenant, sa place est plus aux côtés de Time qu'au milieu de ces inconnus, elle revient. Elle adopte une position identique à celle de son ami, et : - Tu boudes ? Oui.
Il répond pas. Il a pas envie de lui parler. Gamin.
- J'ai peur. Tiens. Elle a capté l'attention du gosse blond, maintenant il l'écoute. - J'ai peur de ce que tu fais à mon cœur. J'ai peur de rien normalement. Mais tu fais quelque chose à mon cœur. Et j'ai envie de t'embrasser. Parce que j'aime bien ça. Et j'ai peur de changer. Tu sais pas comment tes baisers sont. Y sont magiques.
Oh, Dieu. Le cœur qui bat plus vite, les jambes en coton, le ventre en vrac. Elle le sait pas, mais : faut pas lui dire ça. Ça lui fait tellement, tellement plaisir, au Time. On a vu le résultat l'autre fois : un baiser volé, un départ précipité. Parce qu'il s'enflamme vite, pauvre garçon. Qu'il veut redonner du plaisir à sa Nausi, vite, mais en chemin, il se perd, et il fait le chéri. Il veut pas faire le chéri avec Nausicaa.
Sourire gêné, puis petit rire timide. - Faut pas me dire ça Nau. Ça me donne très envie de t'embrasser.
Il a pas l'air tellement chamboulé par ce que je lui dis. Peut-être qu'il s'en fout. Peut-être qu'il pense à Ondine en ce moment. Cette salope. Si je pouvais l'assommer à coup de pelle je le ferais bien volontiers. Ca m'éviterait de passer pour une conne. Nos regards se croisent. Il répond. Enfin. Il a envie de m'embrasser. Lui aussi. J'comprend pourquoi c'est aussi compliqué. On a envie tous les deux. Mais on peut pas. Parce que sinon ça cause des problèmes. Parce que sinon ça nous met dans l'embarra. J'aimerais que ce soit plus simple. J'aimerais comprendre. J'aimerais que ce soit plus simple. Je le regarde. Me mord la lèvre. Baisse les yeux. « Ce serait si mal que ça... De... S'embrasser. Enfin j'veux dire. C'est pas comme si tu me passais la bague au doigt. ». J'ai soif de ses lèvres. De sa bouche contre la mienne. Cette seule idée me donne des frissons le long de l'échine. Je regarde le ciel. Il fait beau sur Paris pour cette journée et malgré la gêne ambiante. J'aurais tendance à dire qu'on est plutôt bien. J'ai l'impression d'avoir douze ans à nouveau. De dire à mon meilleur ami que je suis amoureuse de lui. Et de me prendre le plus beau des râteaux de la terre. Je soupire. Je sors une cigarette. L'observe quelques secondes entre mes doigts qui commencent à trembler. La range. Soupire. « J'ai pensé à toi... Depuis que t'es parti de mon appart comme un voleur après m'avoir embrassée. Tes lèvres me manquaient. Et mon cœur qui bat plus vite aussi. Et cette envie folle de t'embrasser qui me prend à chaque fois que j'te vois maintenant. C'est comme une drogue. Encore mieux que le sexe, le tabac ou de me faire tabasser. J'aurais jamais pensé ça de toi. Que tu embrasses bien... ». Je souris. Passe mes mains moites sur mes cuisses. Regarde Théotime. Hausse les épaules. « J'vais pas avoir des putains de nichons qui vont me pousser entre temps mais... C'est vrai que ça m'a fait un putain d'effet la dernière fois. ». Je sais que j'ai toute son attention. Théo il aime ça. Quand je parle. Quand je parle de sentiments. Il voit que j'ai cœur. Il aime que j'ai un cœur qui batte. Il aime que je ressente des choses. Et moi j'passe pour un être humain. C'est différent. Pas si désagréable.
Victor Trompette membre
✧ ÂGE : la moitié de quarante ✧ COEUR : y a des fantômes ✧ MESSAGES : 636 ✧ HERE SINCE : 15/05/2013
Il y a : embrasser Nausicaa. La faire se sentir belle et désirée pour ce qu'elle est - une espèce de brute. Réchauffeur son cœur figé. Le réanimer.
Et puis il y a : son désir à lui. D'embrasser, de toucher. De mélanger les langues, les salives. Une fois, il a touché une fille - elle avait disparu à son réveil. Il en a perdu son peu de confiance avec les dames.
Il pense à Ondine. Toujours, à jamais. C'est comme une habitude, il pense tellement toujours à elle, que parfois, il oublie qu'il pense à elle. Il pense à Ondine, qu'il a déjà trahie deux fois. Avec la Nausicaa.
Mais Ondine c'est l'amour. Et Nausicaa le désir.
- Ce serait si mal que ça... De... S'embrasser. Enfin j'veux dire. C'est pas comme si tu me passais la bague au doigt.
Il hoche la tête affirmativement. Elle a mille fois raison. Embrasser ça n'engage à rien, et ça fait foutrement du bien.
- J'ai pensé à toi... Depuis que t'es parti de mon appart comme un voleur après m'avoir embrassée. Tes lèvres me manquaient. Et mon cœur qui bat plus vite aussi. Et cette envie folle de t'embrasser qui me prend à chaque fois que j'te vois maintenant. C'est comme une drogue. Encore mieux que le sexe, le tabac ou de me faire tabasser. J'aurais jamais pensé ça de toi. Que tu embrasses bien...
Il a envie de dire : mais pour aussi Nau, c'est pareil, c'est mon ecstasy de t'embrasser, ça fait du bien et comme tout ce qu'est bien, on en redemande.
Mais elle est lancée.
- J'vais pas avoir des putains de nichons qui vont me pousser entre temps mais... C'est vrai que ça m'a fait un putain d'effet la dernière fois.
Il a le cœur qui hésite et la bouche gercée à force de la mordre pour se retenir de la plaquer sur celle de son amie.
- Je peux t'embrasser ?
Elle sourit. Bon.
Elle sent la cigarette, ça lui va bien, et lui, il pose ses mains sur ses hanches, il sent encore la trace des mains du gentil bonhomme de tout à l'heure, il s'en fiche un peu, il partage toujours tout avec tout le monde, Félix avec Ondine, Ondine avec Félix, Nausicaa avec tout Paris, il s'en fiche, donc, et il commence par enfouir sa tête dans son cou, il y dépose ses lèvres, doucement, et puis il remonte vers sa bouche, toujours des baisers, pour s'arrêter sur ses lèvres, finalement, qu'il embrasse tout gentiment, jamais avec passion, parce que ça lui ressemble tout simplement pas, pas sauvagement et rapidement comme tous les gens là-bas, mais à sa façon, à lui.
Désir, oui. Le désir Théotimien. Le désir enfantin.
J'essaie de le convaincre. De faire le premier pas. De sauter le cap. Il a l'air d'hésiter. Et puis il demande. S'il peut m'embrasser. Je réponds pas. Je compte pas répondre. Il le sait. Il a le droit. C'est même fortement encouragé. Je ferme les yeux. Me laisse tenter. On ressent plus de choses les yeux fermés. Il mène la danse et je ne suis que sa muse. Ses mains sur mes hanches ne me dérangent pas. Ses lèvres dans mon cou me font frissonner. Une certaine chaleur monte en moi. Je me mords la lèvre. Théotime n'est pas un homme comme les autres. Il est un prince. Quand Sid est un goujat. Ses lèvres m'avaient manqué et c'est presque avec un grognement que je les appelle. Nos lèvres se rejoignent une nouvelle fois. Des papillons volent dans ventre et je sens mon cœur qui va exploser. Cette tendresse me bouleverse. Me touche. Me retourne. Le baiser semble durer si peu de temps et lorsqu'on revient à la réalité je peux pas m'empêcher de penser que c'est pas assez. Je souris. Penaude. Prend la main de Time. La pause sur ma poitrine chaude. Le sang avait eu le temps de monter jusqu'à mon cerveau. J'étais moite. Déboussolée. Et mon cœur battait à cent à l'heure. Je l'observe en silence. Tente de lui faire comprendre du regard tout le trouble qu'il m'inspire. J'aurais aimé que les mots soient assez pour qu'il puisse comprendre. Mais ils étaient pas assez. Trop surfaits. Ils capturaient pas la délicatesse du trouble qui m'envahissait à cet instant précis. Le temps s'était arrêté entre nous. Les gens dansaient. Hurlaient. Faisaient la fête. Les temps s'écoulaient comme des secondes et si on avait pu être seul à cet instant précis ça aurait été la même chose. « J'ai caché des photos de moi avant quand t'es venu... Parce que j'avais l'air d'une fille dessus. Avant j'étais pas comme ça. J'avais des robes et des jupes. Et aucun bleu. Et j'portais des serres-têtes. ». Fallait bien qu'il l'apprenne d'un coup. J'crois que c'est sorti sans que je contrôle le flot de paroles. Je me rend compte de ma connerie. Entre ouvre la bouche. Je ferme les yeux. Regarde ailleurs. J'crois que je me sens conne à cet instant précis. Extrêmement conne.
Victor Trompette membre
✧ ÂGE : la moitié de quarante ✧ COEUR : y a des fantômes ✧ MESSAGES : 636 ✧ HERE SINCE : 15/05/2013
Quand c'est fini il en veut encore. Il veut de la bouche, il veut de la salive, il veut de la Nausicaa. Mais la Nausicaa, elle a envie de parler. Parce que c'est un tout nouveau gentleman et qu'elle doit pas avoir l'habitude de se confier comme ça, il la laisse parler.
Mais vraiment hein.
- J'ai caché des photos de moi avant quand t'es venu... Parce que j'avais l'air d'une fille dessus. Avant j'étais pas comme ça. J'avais des robes et des jupes. Et aucun bleu. Et j'portais des serres-têtes.
C'est très intéressant tout ça. Ouais ouais.
C'est vrai. C'est intéressant. De savoir qu'elle a été autre chose, un jour. Que ce qu'elle est maintenant, est le fruit de quelque chose du passé. Il dit même : - Nausicaa en robe. Un pour pour lui.
Il imagine. Il se marre. Et puis, sa bouche commence à s'assécher, toute seule, comme ça.
Et rebelote.
Une main sur la joue, une main derrière le cou. Les lèvres accrochées aux siennes, comme un naufragé agrippé à une bouée. C'est-à-dire : comme si sa vie en dépendait. Il l'embrasse, comme s'il venait de naître et qu'il allait déjà mourir. Il l'embrasse bien, il l'embrasse fort. Il lui donne tout ce qu'il a de bonheur, d'amour et de compassion, cette fois en attendant quand même quelque chose en retour.
Ouais. Nausicaa en robe ça pouvait exister. Les gens me voyaient comme une petite fille normale. Un être humain. Sans bleu. Sans marques. Sans vie. J’aurais aimé rester cette petite fille avec son papa et sa maman. Le monde s’est brisé sous mes pieds et à chaque fois que ma psychologue tente de l’expliquer. Elle part dans des délires. Quelle connasse. Elle croit me connaitre alors qu’en réalité je suis un assemblage de choses. D’évènements. De souffrance accumulée. Je soupire. Théo aime l’idée d’une Nausicaa en robe. Ca doit le surprendre. Moi aussi par la même occasion. Je souris. Regarde autre part. Cherche Sid pour m’assurer qu’il n’a pas vu Time. Sinon y va m’en parler. De Time. Et il peut pas m’en parler. De Time. Les secondes s’écoulent lourdement à mesure que mes lèvres réclament celles de Time. Je me meurs d’envie. La chaleur m’étouffe. Ses lèvres reviennent enfin. Chaudes et désireuses d’amour. Je réponds timidement. Maladroitement à la demande. J’hésite. Mon cœur fait un bond. J’me laisse aller. Liberté. J’ai mal au cœur. Des larmes montent à mes yeux sans que je ne puisse les retenir. Douceur. La dernière fois que j’ai pleuré j’avais 16 ans. Un cœur brisé. Et une putain de haine. Une larme roule sur ma joue. Je frémis. Soulagement. Les secondes s’écoulent et j’agrippe son cou. Serre de mes mains moites sa peau. Comme pour ne jamais le laisser filer. Ce salop m’a délivrée. Je m’approprie ses lèvres. Sa peau. Son corps. Au moment même où la larme tombe. Je soupire. Consciente du pouvoir qu'il a sur moi. Je veux pas être un objet. Un jouet qu'on s'approprie. J'ai peur. Terrifiée. Je sépare nos lèvres. L'observe. Essaie ma joue. Souris sans fausse note. Tendresse. Reconnaissance. Sentiments.
Victor Trompette membre
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Elle est plus osée. Elle agrippe les cheveux, elle se colle à lui. Et bientôt, pourtant, c'est elle qui brise le baiser.
Oh, non, pas déjà.
Mais c'est ce truc qui l'a stoppée, surement, ce truc courant sur sa joue, un truc salé et froid, une larme. Elle l'essuie avec un sourire et c'est à se demander si elle est vraiment triste - ou émue.
Le Time s'emporte malgré tout. Les larmes, ça fait peur à beaucoup de gens.
- Oh non pourquoi tu pleures ? Il voudrait la joindre dans le monde des larmes - du moins, de la larme unique sur la joue gauche. Mais c'est dur de pleurer sur commande. Alors, il essaie de se faire du mal. Il repense à sa vieille vie. Sa vie du sud. Son accent qu'il a perdu. Cette fille dans le champs derrière chez ses aïeuls. Ses parents, morts, parait-il. Le chien Eclipse. Et leurs rêves, et leurs illusions. On va monter à Paris, Théo, et on sera aussi célèbre que Sardou, tu verras, sauf que notre musique, elle est mieux, elle est parfaite, tu verras. Et la réalisation du rêve. Paris. La musique. Ce rêve qui a tourné court. Fini au métro, avec l'Ondine.
Les larmes viennent bien, soudain.
Il a jamais pleuré à ce sujet. Sa vie de merde. Parce que Félix lui répète que ça sert à rien de pleurer sur leur sort. Il a jamais beaucoup pleuré. Son père disait qu'un homme, ça pleure pas.
Du coup, trois ans de malheur lui reviennent en pleine face. C'est pas une larme unique sur une joue. C'est un torrent de larmes de crocodiles. S'ils faisaient un concours avec Nausicaa, il aurait largement gagné.
Il a honte. Il dit en riant à moitié : - Voilà, comme ça moi aussi je pleure et t'es plus toute seule.
C'est peut-être pas l'une des plus belles fins mais c'est toujours comme ça avec la vie. Ça commence bien, avec des sourires, des regards, une complicité évidente. On pense que tout cela ne se terminera jamais. On vit au jour le jour, dans le regard de l'autre. C'est beau, oui mais ça ne dure pas. Ça ne dure jamais, et encore moins avec Sid. C'est parti en couille en même temps que mon mariage. À la même époque où Siham est tombée enceinte. Notre lien fusionnel s'est transformé en un gros tas de n'importe quoi. Plongé sur la haine et les non dits. Un truc franchement dégueulasse que personne n'aurait jamais aimé rencontrer dans sa vie. Aujourd'hui encore, nous faisons les frais de notre connerie. Surtout la mienne. J'ai brisé ce que nous étions pour parsemer le sol de nos souvenirs. Ils se sont ensuite retrouvés écrasé par le temps. Par la vie. Par les mois qui nous séparent et cette distance inexplicable. Je sais qu'il m'en veut. Comme Siham m'en veut. Si ce n'est pas plus. J'ai même l'impression qu'à l'heure actuelle, tout New York m'en veut. Ce n'est même pas une idée que mon cerveau se fait. C'est une vérité : Salem me l'a dit. Salem, le petit frère que je n'ai presque pas connu. Le seul à prendre le temps de me donner des nouvelles de mon ancienne vie. Ce doit être parce qu'il ne me connaît pas qu'il ne m'en veut pas. Contrairement au reste de la famille. Contrairement à Sid. Contrairement à Siham. Malgré tout, mon regard reste planté en sa direction, comme si j'attendais qu'il m'en foute plein la gueule. Mais rien ne vient, absolument rien. Le silence est encore pire que le reste, au final. J'encaisse tout de même, sans rien ajouter. J'ai déjà tout dit un peu plus tôt. Seule Fauve reste le lien qui nous relie.
Il y a du bruit, énormément de bruit. J'ai peur de ne pas entendre ce que Sid me dit. Pourtant, ses mots parviennent à mes tympans plus facilement que prévu. C'est clair dans ma tête, presque aussi clair que dans la sienne. T’es mort pour moi, Curtiss. Mort. Mort aux yeux d'une personne qui a compté plus que n'importe qui pendant un temps de ma vie. Ça fait mal. Mal partout. À la tête, au cœur, aux côtés, aux jambes. Partout. J'ai envie de lui dire qu'il a pas le droit. Qu'il arrête ses conneries et me laisse l'approcher. Qu'il garde sa rancune pour lui. Qu'il n'est pas le seul à souffrir. J'ai envie d'un tas de choses, comme le frapper à nouveau. Je suis un cocktail explosif. Une véritable bombe. Mes doigts se resserrent sur Fauve lorsque Sid la lâche. Et le poids sur mes épaules s'en va en même temps que lui. Les bras chargés, je me retourne donc en direction de Vadim et lui offre un sourire dans l'espoir de tout lui faire oublier. L'animal gigote dans mes bras. Ma main caresse doucement son crâne tandis que je tente de la calmer. « J'suis désolé de t'avoir laissé. » Sur le coup, on pourrait penser que je m'excuse auprès de l'alligator. Oui, c'en serait presque évident. Pourtant mes paroles vont aussi à Vadim. Parce que c'est vrai, j'aurai pas du faire ce que je fais : jeter ma haine sur Sid sous les yeux de Vad. C'était pas correct. Tant pis, c'est trop tard. Au moins, une chose est sûre : Sid est bien sur Paris. Plein de haine envers moi. Y a plus d'amitié et de souvenirs qui comptent. Plus rien. J'ai merdé, y a plus qu'à assumer, comme j'ai pu le faire avec Siham et Soan. À voir si j'en suis encore capable. Si j'en ai non seulement la force, puisque de toute façon, je suis mort.