Boom. Il a la tête qui explose. Non, qui implose. Son cœur bat trop vite pour que ce soit normal et il n'en connaît pas vraiment les raisons. Plusieurs options, en réalité : le monde. Siméon, il supporte pas le trop plein de population, des dizaines de personnes qui s'agglutine dans un minable mètre carré pour jauger une plante qu'ils pourraient trouver dans un pré, c'est désagréable. Il en devient claustrophobe, d'être coincé entre eux, de devoir jouer des coudes pour se frayer un passage infime ou il se sent oppressé. Ou Jack. Jack disparu. Partit. Volatilisé. Le clébard à jouer les aventuriers, lui aussi. Les Indiana Jones canin. Mais il est tellement atrophié l'animal, que Siméon en a mal au cœur, rien que de le savoir perdu entre les jambes aveugles des Hommes irrespectueux. Alors il le cherche, il fouille les allées du parcs en fixant les pieds de chacun, espérant y déceler l'animal qui l'attendrait, qui traînerait sa patte dans les graviers et son œil fermé qui regarderait avec son air d'éternel enjoué l'horizon. Il pourrait lâcher l'affaire, après une demi heure à ne rien trouver, l'abandonner là, comme tant d'autre l'aurait fait. Mais c'est impossible. Parce que Jack c'est tout ce qu'il subsiste de ses voyages. Tout ce qu'il subsiste de ses espoirs.
Pas grand chose, en somme. Mais quelque chose, tout de même.
Puis il se fige, comme un enfant prit en flagrant délit. Comme si elle pouvait le voir et que c'était mal. Il voit Jack au loin, qui s'éloigne davantage, mais il ne parvient pas à bouger. Trouble insensé face à ce visage familier dans la foule dense. Au milieu des têtes qui l'indiffèrent, des mines impassibles, emmerdantes au possible qui se jaugent mutuellement en espérant pouvoir ce dire « oh, je suis mieux que lui, moins bien qu'elle », dans l'amas d'hypocrisie, il la reconnaît.
Garance.
Retour en arrière. Quelques années qui reviennent façon boomerang lanciner le cœur de Siméon. Garance, elle a pas changé. Elle a les mêmes cheveux blonds, aussi rayonnant que le soleil. Les même yeux bleus-gris, semblable à l'acier, parfois si doux, qui vous perforent, qui vous démolissent. La même apparence, celle d'une fille d'une autre époque, avec sa nonchalance coutumière, cette façon vous éloigner d'elle, parce qu'elle vient d'ailleurs. Mais de vous attirer, parce qu'elle est tout de même là. Ça le fait sourire, Siméon, de ce dire qu'après tout les endroits où il a jouer les aventuriers du dimanche, à la recherche de ses rêves perdues, c'est dans son enfer personnel qu'un petit bout de paradis fait son entrée. Puis malgré lui, dans ce parc noir de monde, il cherche Anna du regard. Des fois qu'elle se cache entre les fleurs avec son sourire enjôleur de princesse de réalité. Mais elle est nulle part. Elle n'est pas là et dans le fond, c'est peut-être pas plus mal. Il a pas envie, Sim, de revoir cette partie de lui qu'il a abandonné, cette partie de lui qui avait cessé de l'aimer autant qu'il l'aimait.
Satisfaction obsolète.
« Jack reviens-là ! » Le clébard se dessine dans la foule, relève sa tête. Accourt d'une manière minable puis se rend compte qu'il pourra pas avancer aussi vite qu'il le désir, alors il s'arrête. « Leroy ? T'as atterri du mauvais côté de la rive ? » Il a jamais su dire les choses comme il les ressent vraiment. Il est obligé, Siméon, de modelé la chose, d'en faire une remarque ironique. D'avoir l'air d'en avoir rien à foutre. Pas par faculté. Juste parce que dans le ce monde qui vous demande l'honnêteté mais qui ment tout le temps, il fait partit de ceux qui forge une vérité cynique. Pour avoir bonne conscience, voilà tout.
Ça le gêne, d'apprécier les gens. On est pas sentimental dans le monde d'aujourd'hui. Finalement, dans le foule, il se contente de fixer Jack, qui revient vers lui, la patte traînante.
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Sujet: Re: souviens-moi. Sam 25 Mai - 12:23
souviens-moi. siméon.
enfoncée dans ton canapé moelleux, tu as envie… tu ne sais pas de quoi, mais tu as envie. envie de faire quelque chose de ta journée, juste ça peut-être. le soleil ricoche contre la fenêtre du salon, jusque dans tes yeux bleus, noyés dans le vague. comme toujours, tu es en train de rêvasser. c’est péjoratif rêvasser ? comme tout ce que fini en -asse. pétasse, filasse, connasse… suffixe péjoratif que tu pourrais donner à beaucoup de mots. tu réfléchis. et puis soudain, tu te rappelle de ta première réflexion : sortir, t’inonder de soleil. c’est assez rare pour en profiter. oui comme toujours, tu es partie dans tes rêveries sans limites. tu écrases la cigarette qui se consumait au bout de tes lèvres dans le cendrier. comme à chaque fois, tu te dis « c’est la dernière. » mais tu sais que cette promesse ne durera qu’un instant. pourtant, tu devrais arrêter, la danse et la cigarette ne sont pas compatible. mais quand tu réalises ça généralement, tu te contentes de hausser les épaules. tu attrapes un jean, et un t-shirt, un peu grand mais c’est pas ta faute, c’est ton corps qui est tout petit. grande, élancée, mais toute fine… tu te poses devant le miroir, tu sors du tiroir ton dernier investissement : un rouge à lèvres rouge carmin, pour changer du vermillon. tu peins tes lèvres, en dessinant bien le creux de l’ange. et voila, tes lèvres sont devenues velours. tu souris. ton portable sonne, messagerie. trois appels de ta mère. depuis que tu es rentrée de londres, tu vas mieux, mais ta mère ne cesse de t’appeler douze fois par jour. tu sais qu’elle a peur que tu l’oublies elle aussi. comme tu as oublié… cette fille. tu n’arrives jamais à l’appeler par son prénom, tu as l’impression d’être irrespectueuse envers cette personne que tu devrais aimer et dont tu ne te souviens même pas la couleurs des cheveux, sauf que tu la vois en photo ; souriante à coté de toi. tu attrapes ton cardigan et tes clefs, avant de prendre la fuite. en marchant, tu rêves, quelle surprise. et tu te retrouves au jardin du luxembourg. tu venais des fois quand tu étais petite. il t’arrivait même d’y jouer du violon. mais pas trop souvent, c’était encore ton truc perso, le violon, à l’époque. tu flânes, tu laisses le soleil te coller à la peau. ça fait du bien. tu te sens de mieux en mieux en ce moment, un peu mélancolique, mais mieux. revenir à paris reste la meilleure solution qui ait pu s’offrir à toi, finalement… « leroy ? t’as atterri du mauvais côté de la rive ? » tu te retournes en entendant ton nom. tu mets quelques secondes avant de comprendre qui t’as parlé. et tu te retrouve avec ce garçon face à toi. tu le fixes, incrédule. il te connait. il te connait. tu ne sais de te répéter ça. tu devrais le connaitre toi aussi. tu détestes cette sensation. tu commences à te sentir un peu perdue et complètement mal à l’aise, face à ce type, qui sait qui tu es alors que tu n’as même pas la moindre idée de son prénom. pourtant, en continuant de le fixer un peu, tu as l’impression que ce visage t’es familier. mais tu vois tellement de visages… « excusez-moi, je sais pas… » tu ne continues pas ta phrase. « on se connait ? » tu demandes en toute honnêteté. tu as honte, comme à chaque fois que ta mémoire te joue des tours. tu as envie de prendre tes jambes à ton cou. un chien arrive clopin-clopant. tu le regardes, avec l’espoir que lui te dise quelque chose, que lui fasse partie de tes souvenirs. mais désespoir, tu ne sais pas. alors tu attends. tu attends que le brun - qui semble en savoir beaucoup sur toi, peut-être plus que toi, finalement - prenne la parole. qu'il dissipe le brouillard qui t'entoure, qui l'entour, qui vous entoure. tu as l'impression qu'il est un peu paumé lui aussi, mais pas pour les mêmes raisons…