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ooh la la paris, réouverture. 02/11/14.
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 à la mer les douces chimères (derp)

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MessageSujet: à la mer les douces chimères (derp)    à la mer les douces chimères (derp)  EmptyJeu 16 Mai - 2:18



Un soupir se glisse hors de tes lèvres, alors qu'avec tes doigts tremblants, tu essaie tant bien que mal de verrouiller la porte du magasin. Y’a une connerie qui s’expulse hors de tes lèvres, en même temps qu’la bouée. Un juron un peu con, un juron un peu trop fort. Tu t’en fiches pas mal ; t’as qu’une foutue veste sur le corps, pas même un manteau, et puis tu te les gèles, au milieu d’la rue. T’as l’air vachement con dans ta veste trop grande, mais t’es con, alors avec une veste ou pas, les choses changent pas. Un sourire danse sur tes lèvres, incertain, volage, alors que t’y arrives enfin. Tu crierais victoire, si t’étais pas si fatigué qu’ça. Mais là, t’as juste envie d’rentrer chez toi. T’as juste envie d’fermer les yeux, et puis d’te glisser sous tes draps. Tes doigts s’perdent dans tes poches, alors que ta tête fait la même chose, dans ton cou. T’aimerais lire tes sms ; t’as entendu ton portable vibrer, pendant qu’tu fermais, mais t’as bien trop froid aux doigts. Que d’la merde. Tu le feras une fois rendu chez toi ; tant pis. Les yeux levés, t’observes les étoiles une seconde. Ici ou ailleurs, elles restent les mêmes. C’est p’être la seule chose familière que tu connais vraiment, par ici ; ton seul point d’repère. Une grimace travers tes traits, et puis tu baisses les yeux. La nostalgie, c’pas trop ton truc. Même, t’as un certain mépris pour ça. Faut dire, t’es un peu du genre à avoir du mépris pour les trucs qui t’donnent des feelings pas trop sympa. Le mépris, c’pas tellement un truc que tu connais pas ; c’plutôt le contraire, en fait, et c’est p’être ça l’problème, au final. T’as une âme emplie d’mépris, et avec tout ça, t’oublies c’est quoi, la vie. Mais peu importe. Peu importe. D’toute manière, le monde est rempli d’incompris. C’pas toi qui vas faire la différence, au milieu d’une pareille connerie. Alors tu t’contentes de marcher, comme ça, pour tout, pour rien, avec juste comme pensée tes draps, et p’être une nuit bien au chaud. Une nuit sans insomnie. T’en rêves, t’en bave. Tu pourrais t’branler en pensant à une nuit sans insomnie, tant ça t’fait fantasmer, dernièrement. D’puis ton déménagement, ton débarquement. À croire que t’as l’mal du pays, comme on dit.

C’est un soulagement au travers d’ta gorge, au travers d’ton âme, quand t’arrives enfin d’vant ton appartement. T’as les doigts encore plus gelés, t’as les pieds plus froids qu’ton cœur. Lourde, ta carcasse se laisse trainer au travers des escaliers, et puis tu profites un peu d’la chaleur qui s’dégagent des murs. T’as l’esprit bien trop vide pour penser à quoique ce soit; t’es vide de force, vide de de foi, vide de toi. ton lit, c’est la seule chose qui pourrait attiser ta curiosité. Du moins, c’est c’que tu crois. Pendant un certain moment, c’est c’que tu crois. Mais la porte de l’appartement s’ouvre, et puis tu prends pas la peine d’ouvrir la lumière. T’avances à l’aveuglette, les yeux bandés par la fatigue. Au travers d’la noirceur décadente, tes pieds s’prennent dans un truc, là, au sol, tout en bas. Tes sourcils s’froncent parce que t’es du genre à jamais laisser traîner des souliers au bon milieu du salon ; tes souliers, tu les aimes trop pour les abandonner. Un soupir s’glisse entre tes lèvres. Tu l’sais, au travers du mystère, c’est qui l’coupable. Tu peux pas t’empêcher d’passer une main dans tes cheveux, une seconde, et puis d’te retenir, quand t’as envie d’te laisser tomber contre le canapé. Parce que tu sais qu’il est là. Et tu sais pas pourquoi. Tu sais pas pourquoi, et ça te démange, en d’dans. T’as pas la tête à te casser les couilles avec un camé, là présentement. T’as juste envie d’dormir, comme tu l’as pas fait depuis quatre mille ans. Dormir ; ça sonne doux, ça sonne tendre sur ta langue, contre ton oreille.

Au final, tu finis par soupirer, et puis y aller. Parce que tu sais pas trop dans quel coin d’l’appartement il s'trouve, et dans quel état il est, et mine de rien, ça te tracasse. Ça te fout les boules, en fait, mais ça, tu le diras pas. Alors tu marches au travers de l’obscurité, et puis tu l’cherches. Tu l’regardes au sol, au cas qu’il soit comme une merde écrasée contre, mais pas d’signes. Et puis t’entends un bruit. T’entends la danse de l’eau, au travers d’l’appartement. Le bain. Ce con prend un putain d’bain. Tes pas accélèrent un peu, à peine, et puis tu le vois, quand tu pousses la porte. Une grimace prend place sur tes traits ; il est nu, évidemment. Nu dans ton foutu bain. Et complètement camé, à en voir ses yeux. « bordel, Derp. » Tu soupires, encore. Parce qu’il a l’air perdu, en même temps d’être là, et tu détestes ça. Tu détestes la drogue, et toutes les conneries qui s’en approchent. « t’as pas d’foutu bain, chez toi, ou t’avais juste envie d’te mettre à poil chez moi ? » Les mots fusent parce qu’il t’observe en silence, et ça aussi, tu détestes. T’as juste envie d’te retourner, et puis d’aller foutre le camp dans ton lit, la porte verrouillée. Mais tu sais qu’il frapperait pendant des heures, pour rentrer. Il est chiant comme ça, Derp. Chiant comme ça. « si t’as osé de raser les couilles avec mon rasoir, tu vas l’payer, mec. » La phrase est murmurée, alors que tu t’laisses tomber sur le siège d’la cuvette.


Dernière édition par A. Joachim Dandurand le Ven 17 Mai - 20:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: à la mer les douces chimères (derp)    à la mer les douces chimères (derp)  EmptyVen 17 Mai - 2:27



Dans ce café bondé d'imbéciles, nous deux Seuls nous représentions le soi-disant hideux Vice d'être "pour homme" et sans qu'ils s'en doutassent Nous encagnions ces cons avec leur air bonasse, Leurs normales amours et leur morale en toc ▲ verlaine

T’as le vide à tes pieds. Le corps un peu trop penché. Les cheveux doucement soulevés par le vent. Comme pour te pousser à aller de l’avant. Tu pourrais le faire, te laisser aller au néant. Tomber du sixième étage de ton immeuble bourgeois. Atterrir dans quelques colonnes de faits divers, ou tout au plus quelque lignes dans la nécrologie. Est-ce à ça que se résume notre vie ? Quelques caractères d’imprimerie sur un journal, ou bien encore une pierre tombale ? Y’a ce rire qui se fend dans ta gorge. Vestige de la fatigue et un peu d’alcools accumulés. T’as beau avoir été prêt à t’envoler, l’ivresse est maintenant retombée. Tu ne serais pas prêt à passer de l’autre côté. Ce n’est qu’une manifestation de l’ennui dont tu es la cible. Les yeux baissés, tu essaies de distinguer les passants. Sortes de fourmis mouvantes. Tu te demandes combien tu arriverais à déglinguer en laissant tomber quelques gros bouquins de ta bibliothèque. Ça serait idiot de crever comme ça, simplement en passant au mauvais endroit au mauvais moment. Avoir le crâne fracassé par l’intégrale de Proust ou les Misérables d’Hugo, est-ce que cela vaut mieux qu’une noix de coco ? Parce qu’ils sont bien plus nombreux qu’on le croit à trépasser d’un fruit égaré. Un soupir traverse tes lèvres et une idée ton esprit. Tu retournes à l’intérieur, jettes un coup d’œil à la pendule pour savoir l’heure. Il n’était pas encore trop tard, la nuit venait à peine de commencer. Un sourire glisse sur tes lippes, alors que tu t’habilles. T’attrapes les clés et une légère veste hors de prix. Faut bien savoir se faire plaisir, quand on en a les moyens. Tu dévales les escaliers, arrives très vite à leurs pieds. Il est plutôt à côté. Vous partagez le même quartier. Le pâtissier a même fini par te donner ses clés. Apparemment lassé de te retrouver endormi devant sa porte, il s’est finalement prit de pitié. T’es sûrement un peu trop envahissant. Mais tu te plais à croire que tu restes tout de même attachant. Dans le cas contraire, tu n’aurais jamais obtenu ses clés d’appartement. Tu sais qu’à cette heure-ci, il n’est pas encore rentré. Aussi, tu ne prends pas la peine de sonner avant de te faire entrer. T’allumes la lumière, laissant tes chaussures par terre. Tu cours t'affaler sur le canapé, persuadé qu'il ne devrait pas tarder à rentrer. Mais le temps s'étire, l'ennui le rallonge. Les minutes s'éternisent et le silence pesant. Point de Joachim dans l'escalier. Rien d'autre pour annoncer une quelconque arrivée. Tu t'es relevé, errant dans l'appartement. Et ton regard glisse sur la table de la cuisine, toujours recouverte d'une fine couche de farine. Vestiges de toutes les pâtisseries réalisées par le passé, promesses de celle qui seront à venir. Ton doigt passe machinalement sur cette poudre blanche. Tu te souviens alors de ton sachet de poudre d'une toute autre nature, sagement cachée au fond d'une de tes poches. Et cette vicieuse idée qui vient de germer, prend racine dans ton esprit. Décidément, l'ennui ne te sied pas au teint. Déjà, tu caresses le petit sac du bout des doigts. Il ne s’en apercevra même pas. Que sera deux trois poussière de coke au milieu de toute cette masse blanche qui parsèment la surface de la table ? La ligne se trace d’elle-même. Gestes mécaniques qui se répètent. La came qui monte dans le nez. Tu disperses le reste du bout des doigts, en laisse un reposer sur tes lèvres. Farine améliorée. En attendant les effets, tu retournes sur le canapé, t’allumes même la télé. Un des seuls écrans que tu ne regardes jamais. Faut dire que t’as jamais fait l’effort de t’en procurer. Tu n’y as jamais trouvé grand intérêt. Mais l’ennui est fort. L’ennui est pire que la peur, mieux que l’amour, ce monstre délicat vous fera faire n’importe quoi. Tu te focalises sur le dévoreur de neurone câblé. Bien enfoncé sur le canapé, tu te laisses doucement aller. Les couleurs tournoient, s’entrechoquent dans tes pupilles dilatées. Tu ne distingues plus bien ce que c’est. Seulement de longues formes qui ressemblent à des oreilles. C’est peut-être des lapins. Un monde peuplé de rongeurs psychédéliques qui creusent des trous partout pour se faire l’amour. Cette pensée t’arrache quelques rires. Tu glousses tout seul dans cette semi obscurité, complètement camé, de l’appartement d’un autre. C’est purement pathétique. Mais dans ton euphorie innocente, tu ne t’en rends pas compte. Tu ne cernes plus rien, les limites et les contours deviennent flous. Y’a ce monde fantasmagorique à ta portée. Tu pourrais presque le sentir au toucher, tant tu sembles halluciné. Tu t'es redressé pour errer dans ces lieux familiers. Tu finis par échouer dans la salle de bain. Ton reflet déformé dans le miroir. Rire écrasé au fond de ton gosier. Y'a ces taches sombres qui apparaissent sur ton corps. Boule d'angoisse nouée au creux de l'estomac. Quelles sont ces plaques qui t'envahissent ? Tes ongles s'y accrochent, t'as envie de te gratter jusqu'au sang. L'équilibre te fait défaut, tu manques de trébucher et t'effondrer dans la baignoire. Tête la première, crâne fendu sur l'émail. Blancheur aspergée, souillée de l'écarlate damnée. Mauvaise idée. Surtout pour le pauvre propriétaire des lieux qui découvrirait ce spectacle macabre, il en serait sans doute tout retourné. Sans parler de ceux qui devront nettoyer. T'as pourtant une autre idée. Tu ouvres le robinet. En attendant, tu retires ce qui recouvre encore ton corps trop maigre. T'as l'air d'un pauvre gringalet qui n'a pas dépassé la vingtaine. Tu te laisses glisser dans l'eau chaude, fermant les yeux pour mieux savourer l'instant. Oubliées les taches qui constellaient ta peau de bébé. Ton esprit est reparti voguer sur quelques mers méconnues, à la recherche de nouvelles chimères pour y jeter ton dévolu. À tel point que tu le l'entends pas même arrivé. Seul sa voix parvient à te tirer de ta rêverie. Tu tournes sur lui tes prunelles émerveillées, on y trouverait des centaines de galaxies. Tu observes ses lèvres bouger, quelques sons s'en échapper. Tu parviens toutefois qu'à saisir quelques mots à la volée. Certainement pas assez pour comprendre leur sens. Cela ne t'empêche pas de sourire d'un air béat. De l'extérieur, on pourrait croire qu'il vient de te demander en mariage ou quelque chose du même acabit. Et alors que lui se laisse tomber sur les cabinets, tu te redresses de toute ta splendeur, dans un grand bruit d'éclaboussures et surtout sans vraiment de pudeur. Tu t'approches bien de lui, passes tes bras autour de son cou en s'asseyant à moitié sur ses jambes pour le serrer doucement. Tu ne penses même pas que t'es en train de le tremper et que l'eau ruisselle encore le long de ton corps nu jusqu'au sol. « Tu m'as manqué, tu sais ? » Tu fais l'effort de bien articuler, tu veux te faire comprendre. « Je t'ai attendu super longtemps... » Un frisson te secoue, la température se fait ressentir maintenant que tu es sorti. T'en profites pour te coller un peu plus contre lui, comme dans l'espoir de te réchauffer. « Et comme j'étais un peu sale et bah j'ai pris un bain. » Tu formules ça, le plus normalement du monde, le sourire aux lèvres, le visage tout prêt du sien. « D'ailleurs toi aussi tu devrais venir. C'est sale dehors. Allez, allez, viens prendre le bain avec moi ! S'il te plait ! T'auras rien à faire même, je te frotterais le dos et partout ailleurs, si tu veux ! » Sale petit gosse capricieux. T'as déjà les doigts qui se faufilent entre les boutons de sa chemise pour les détacher.


Dernière édition par V. Derp Miczariel le Dim 19 Mai - 5:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: à la mer les douces chimères (derp)    à la mer les douces chimères (derp)  EmptyVen 17 Mai - 21:49



T'es las, tellement las ; le froid d'la cuvette t'fait grincer des dents, quand tu y poses tes fesses, et tu sens la fatigue qui danse, autour d'toi, s'éloignant un peu pour revenir toute contre ta peau. Tu clignes des yeux, l'esprit à moitié pas là, en observant l'autre idiot qui patauge dans ton bain, un peu comme un enfant. Tu le comprends pas. Tu cherches pas réellement à le comprendre, non plus. Mais tu l'observes, parce qu'il a quelque chose, autour de lui. Une fascination, une interrogation. C'est une saloperie de camé ; tu l'as su depuis le début,et pourtant, ce petit blond a les clés de ton appartement. T'as beau aimé boire comme un trou, p'être un peu moins qu'ton défunt paternel, mais la drogue, tu supportes tout bonnement pas. Et le môme, le blondinet qui patauge, il a le nez tout tacheté, il vide tes sacs de farine en pensant y trouver un peu d'coke. Une lamentation de la race humaine, un désespoir que tu parviens même pas à voir ; tu le supportes pas. et pourtant, il est là. Il est là, face à toi, et tu le laisses rester là. Tu t'emportes pas ; t'as jamais réellement la force de le faire, quand il se pointe face à toi. À croire qu'il calcule ses entrées, et qu'il se ramène toujours quand t'es à moitié foutu ou mort de par ta journée. Saloperie de salope. Ton dos s'appuie contre le dossier d'la cuvette ; t'y vois aucun confort, ça t'fait mal au cul, tu détestes ça. Et en plus, t'as froid. Y'a la chaleur, cette étrange chaleur qui émane de l'eau, dans l'air, mais t'as pas envie d'y goûter. T'es complètement vidé ; t'as la respiration lente, le corps penché vers l'arrière, les yeux à demi ouvert. Et tu l'observes, les pensées un peu amères, le coeur à l'envers, perdu quelque peu où tu te perds.
T'as envie d'détourner les prunelles ; après tout, le gringalet, il est nu. Nu dans ton bain, mais nu quand même. T'en as vu des masses, des mecs sans vêtement, des mecs sans déguisement dans les vestiaires, mais Derp, t'as cette impression que c'est pas pareil. T'as envie de détourner les prunelles, pour ne plus capter les siennes. Tu sais pas trop c'que tu pourrais y trouver, mais y'a une mer, toute au fond. Une mer amère qui vague, encore et encore, et dans laquelle tu pourrais t'noyer. T'as jamais réellement apprécier l'eau, t'aimes même pas prendre ta douche, t'essaie d'faire au plus vite. Alors te perdre dans ses yeux ? grand dieu, jamais. Autant détourner les prunelles, ouais.
Mais tu l'fais pas trop, sans savoir pourquoi.
T'aurais du. Voilà c'que tu t'dis, lorsqu'il se lève. Parce qu'il se lève, Derp, de toute sa hauteur, et il t'observe avec des yeux d'enfant ; tu te sens mal, va savoir pourquoi. T'as l'impression d'faire quelconque chose d'mal. Pourtant, c'pas comme si tu avais sa bite dans le fond d'ta gorge. La vision, furtive, t'arrache une grimace. Tu détournes les prunelles rapidement, et puis tu penses à t'lever un instant, pour aller te changer les idées à l'extérieur. Fumer une clope peut-être, malgré l'fait que tu sois pas un grand fumeur. Mais Derp décide autrement. Derp décide toujours autrement.
T'as ses bras autour de toi ; tu bouges pas, d'un coup. L'envie d'partir part ; t'as peur d'le briser, en faisant l'moindre mouvement. Il est maigre comme tout, après tout. Tu penses même pas à sa bite, tout près de toi. Tu penses même pas à lui, là, face à toi, qui s'cale sur tes genoux comme une meuf, qui se pend à ton cou comme tu t'étais son mec, sa dépendance. Tu fronces des sourcils, en l'observant, envahit par la mer sans l'vouloir ; t'as pas voulu aller vers elle, elle t'a frappé d'plein fouet. T'es mouillé, carrément mouillé. Et puis tu peux plus t'évader, sous peine de briser l'blondinet sur tes genoux. « Tu m'as manqué, tu sais ? » Et l'autre se met à dire des bêtises. Tu grognes, sans réellement ouvrir la bouche ; t'as les bras ballants autour de toi, et tu sais pas quoi faire. Tu l'retiens, pour l'empêcher d'tomber ? Nan, t'en as même pas envie. T'as pas l'habitude ;tes copines, tu les laisses jamais monté sur tes genoux, tu trouves ça d'un niais. Sa voix sonne enfantine ; est-ce un enfant, sur tes genoux, ou alors un grand ? Tu l'observes, à essayer de comprendre. Ton corps frissonne, tu sens tes nerfs qui jouent, qui dansent, qui t'énervent, et puis tu soupires. T'abandonnes. Voilà c'que tu fais sans cesse avec Derp ; t'abandonnes. « Je t'ai attendu super longtemps... » Tes yeux s'lèvent vers le ciel. Tu le trouves lourd ; pas de poids, c'est littéralement impossible, mais de mots. Tu supportes pas les meufs qui disent des mots doux, alors blondie qui t'en balance à poil, ça te rend pas trop chaud. « Derp. » Tu grognes, avec cet accent qui est tien. Il agresse l'air ; la puanteur parisienne s'en plaint, chigne et geint; tu t'en tape pas mal, t'en as juste marre, présentement.
Et lui ; lui, il se colle encore plus à ta peau. Il s'y accroche, et toi, tu tombes. Tu tombes dans le creux de ses prunelles, dans la mer qui s'y trouve. « Derp. » que tu répètes avec une voix un peu plus ferme, un peu moins lasse. Tu comprends pas trop ce qui se passe; t'as pas envie de comprendre, non plus. T'oses même pas envisager une possibilité. Cette possibilité, celle-là, au bout de tes doigts, ce cri enfermé, dans l'creux de ton coeur. Et puis, il voit rien, il entend rien. « Et comme j'étais un peu sale et bah j'ai pris un bain. » Ça s'agite, en toi ; t'aimes pas ça. Comment tu pourrais tout bonnement aimer ça, hein ? C'est impossible. « Derp » C'est rauque, mort, éteint. Tu commences à être à bout. Tu comprends rien, tu veux pas comprendre. Pourquoi tu le laisses là, sur tes genoux ? Pourquoi tu le fais pas débarquer, pourquoi t'amorces pas un mouvement, peu importe lequel ? nan, tu restes là. comme ça, comme un vulgaire siège. T'es là, c'est tout. « D'ailleurs toi aussi tu devrais venir. C'est sale dehors. Allez, allez, viens prendre le bain avec moi ! S'il te plait ! T'auras rien à faire même, je te frotterais le dos et partout ailleurs, si tu veux ! » Et bam ; ça fait bam, en toi.
Froids, doigts, glace contre ta peau, chaleur brûlante; il te touche. La chose te frappe avec force. Il te touche, les doigts contre toi. Ça allume un feu, en toi, ça fait éclater la dynamite. Tes genoux se tendent, ton corps se lève. Et Derp, lui si gentiment perché, se voit écrasé contre le carrelage abîmé. T'entends l'coup, contre le sol, et la bruit humide de son corps mouillé. Tu l'vois glisser un peu, et tu l'observes t'observer, certainement aussi surpris qu'toi. « Bordel de merde, Derp. T'es fucking chiant, là. » T'as les bras ballants, la voix trop frappante. Tu passes une main dans tes cheveux, mais tu détournes pas l'regard. Il est toujours là, au sol, t'observant. Et toi, tu te sens mal, parce que y'a les trous à ses bras, qui t'observent, et puis un peu de rouge, là, près de son coude. Tu l'as blessé. T'as blessé Derp. « Merde. » Tu grognes, bas, encore, toujours. Tu grognes contre lui, contre toi, contre tout. T'en as marre. T'as besoin d'une clope, de farine, d'un peu de pâtisserie, pour te calmer. Tu détestes te sentir comme ça, tellement à vif pour si peu.
Au final, tu t'agenouilles près lui. Tu l'observes, dans sa nudité, et tu l'ramènes vers toi. Pour le redresser, et puis pour l'asseoir sur la cuvette. On dirait un enfant, d'la manière qu'il t'observe, et surtout, un mec.
Un mec, et c'est un peu ça, au final, le foutu problème.
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MessageSujet: Re: à la mer les douces chimères (derp)    à la mer les douces chimères (derp)  EmptyDim 23 Juin - 14:34



Dans ce café bondé d'imbéciles, nous deux Seuls nous représentions le soi-disant hideux Vice d'être "pour homme" et sans qu'ils s'en doutassent Nous encagnions ces cons avec leur air bonasse, Leurs normales amours et leur morale en toc ▲ verlaine

Y’a des nébuleuses dans tes yeux. Voile brumeux sur ton esprit, légèrement cotonneux. Deux gouffres sombres dans tes pupilles. T’as ce sourire si large qu’il te ferait presque mal, à force d’étirer, tu finis par écorcher. Tu flottes, tu planes dans ton monde merveilleux. T’es comme un imbécile heureux. On dirait que t’as vu le bon dieu. Mais, toi tu sais que Joachim est encore mieux. Tu ne connais aucun dieu qui te ferait de bonnes pâtisseries, qui possède autant de farine. Et Joachim, tu le colles trop. Tu t’es incrusté dans sa vie, sans même demander son avis. T’as imposé ta présence jusqu’à ce qu’il abandonne l’idée de pouvoir s’en débarrasser. Et t’as réussi, t’as fini par te faire apprécier. Il t’a même donné ses clés. Et chez Joachim, la déco est peut-être un peu moins belle, les meubles moins vieux, moins précieux, c’est peut-être pas aussi grand que chez toi, mais la nourriture est bien meilleure. Bien sûr, Jojo, il n’a pas arrêté de t’insulter pour autant, ou de ronchonner et parfois, il semblerait même prêt à te frapper. Mais Jojo, il est comme ça, jamais une phrase sans jurer. Au final, toi aussi tu t’es habitué. Tu sais bien ce qu’il ne lui plait pas. C’est cette poudre blanche, ni sucre ni farine qu’il affectionne tant, c’est ton péché à toi. C’est ce qui te fait voir le monde en couleur, ce qui fait battre ton cœur, sans doute un peu trop fort. Bien sûr, t’as fini par apprendre les dangers, outre les supernovas étoilés, les menaces de l’ombre, ta santé bousillé, paranoïa avancée. C’est trop tard, t’as déjà accroché. T’es perdu, comme naufragé, complètement paumé. Pauvre camé. Tu n’essaies même plus de lutter. Tu te sais incapable de résister. Pourtant, t’as encore ce sourire aux lèvres, éternel enfant. T’es comme une âme de gamin coincé dans un corps de grand. Parfois, tu essaies de faire l’adulte, mais très vite reviens ta véritable nature. Chassez le naturel, il revient au galop. Pauvre idiot. Tu rattrapes le temps que t’as perdu, oublié, mémoire effacée, disque dur reformaté. T’aimerais pouvoir te rebrancher, restaurer la dernière copie sauvegardé, backup des données. T’as beau fouillé la corbeille que rien n’y fait. Quelques fragments de jpg perdus, png tronqués, gif trouble, avi mal enregistré, txt impossible à déchiffrer. Fichiers disparus ou impossibles à décompresser. Winrar qui a enfin décidé à expirer, pour mieux te tourmenter. C’est sûrement l’ironie de la vie, énième mauvais tour du destin. Comble du hacker qui s’infiltre partout, mais incapables de récupérer ses propre données. T’es un autre de ces cas particulier, comme le cordonnier mal chaussé, le kinésithérapeute boiteux, l’opticien myope, le dealer ancien drogué, le psychologue aliéné. Héritier d’une fortune que tu n’as jamais mérité. Tu pourrais avoir le monde à tes pieds, argent, luxe et beauté. Mais t’es qu’une tare de la société. Trop étrange, trop singulier, pour le monde réel. Tu ne devrais plus exister. T’aurais dû périr avec ceux qui t’ont mis au monde, des parents que tu n’as jamais pu retrouver. Accident volatilisé. Comme s’il ne s’était jamais rien passé. Grand mystère de la vie. On se demande comment tu t’en es sorti. Comment t’en es arrivé ici. Complètement nu, dans la baignoire d’autrui. Seulement, ce n’est pas n’importe qui. Et Jojo, tu l’accueilles bien, dans son propre chez lui. Tu pourrais lui sauter au cou, si tout ne cessait de glisser. Si ton corps arrêtait de dégouliner. Même tes beaux cheveux blonds, qui sont sûrement un peu trop longs, se sont mis à onduler sous l’effet de l’humidité. Alors t’as encore assez de présence d’esprit de prendre tes précautions. Tes gestes sont lents, tu t’agrippes au rebord de la baignoire, avant de pouvoir l’atteindre lui. Et tu t’assoies sur lui, pas plus gêné que ça. T’es sûrement trop familier avec lui. Tu ne t’en rends pas bien compte. Y’a que des mots, des litanies sans queue ni tête, que débitent tes lèvres. Des reproches à demi formulés, il devrait rentrer plus tôt, dormir plus, il est trop fatigué. Tu l’as attendu, comme une épouse attendait son conjoint, au siècle dernier. Tu te rapproches trop, t’essaies de forcer le passage. Ou peut-être pas. Tu ne sais pas bien ce que tu fais. À t’accrocher comme ça. Ce n’est pas bien important. T’es parti trop loin. T’as laissé la logique derrière toi. Et t’as chaud, t’as l’impression de brûler peu à peu, de l’intérieur. Tu ne devrais pas pourtant, tu devrais avoir froid. Après tout, tu sors d’un bain loin d’être brûlant et tu es toujours trempé. Y’a la voix de Joachim un peu loin, y’a ton prénom sur ses lèvres. Tu ne comprends pas bien pourquoi il t’appelle. Mais ça te fait sourire. T’aimes bien la façon avec laquelle il le prononce, de son accent de l’autre côté de la mer. Et tu ne comprends pas plus lorsque tu heurtes quelque chose de dur et froid. Joachim s’est relevé d’un coup et toi, tu es tombé. Des secondes où tu le vois s’éloigner au ralenti, une nausée qui soulève ton cœur. On se croirait dans un mauvais film. Et le choc, tes bras qui tentent d’amortir et le carrelage dans ton dos. Tu clignes des yeux, encore interloqué. Y’a ce moment de flottement où règne le silence. Y’a ton regard perdu sur lui. Un seul juron que souffle ses lèvres. Des milliers de questions inaudibles, coincées dans vos gorges. Mais Jojo coupe court à toute cette litanie tacite, il s’est penché sur toi, te ramenant dans ses grands bras. Tu te laisses porté, jusque sur la cuvette des toilettes, là où lui-même été assis encore quelques instants plus tôt. C’est là que tu les vois, les estafilades carmin. Rouge obnubilant. Écarlate dégoulinant. Vermeil sanglant. Le long de ton bras s’accouplant aux gouttes d’eau pour descendre encore plus vite. Tu relèves les yeux vers lui, toujours un peu paumé. « J’ai pas mal. » Tu constates simplement. Malgré la présence de ce rouge si fascinant. C’est sûrement l’effet de la coke, poudre magique dans ton nez. « Tu crois que tu pourrais me donner quelque chose pour essuyer ? » Les serviettes sont derrière lui. Et tu préfères attendre encore un peu avant de te relever, comme t’es encore trempé. Ce serait idiot de retomber. Tu finirais par te fracasser la tête, sur la baignoire, les WC ou encore l’évier. Et tu penses avoir fait assez coulé de sang. « Tu sais si tu voulais pas prendre de bain, tu pouvais juste le dire. » Le monde devient plus cohérent. Il ne tangue plus autant. T’es plus ce funambule qui se déplace sur son fil, une vague perche dans les mains. « On devrait peut-être dormir, t’as vraiment l’air fatigué. Tu travailles trop, tu sais. C’est pas bien, faut que tu profites de la vie aussi. » Peu importe la douleur inexistante des blessures à tes coudes, t’es déjà passé à autre chose. « Tu sais un jour, faudrait que tu me fasses visiter chez toi, au Canada... 'Fin non, le Québec, j’veux dire. Quoique, ce sera juste à côté des amerloquains, on sait jamais ce qu’ils préparent, ces salauds. » Tu te perds un peu dans tes pensées, dans le chaos insondable de ton esprit embrumé. Alors, tu t’arrêtes un instant. Tu sais que Jojo n’aime pas quand tu parles trop.  
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MessageSujet: Re: à la mer les douces chimères (derp)    à la mer les douces chimères (derp)  EmptyLun 29 Juil - 4:05



Grands ; ils sont grands, ses yeux. Si grands que tu t'y perds, comme égaré en pleine mer. Tu ne sais pas où donner de la tête, tu ne sais pas où observer, pour te dévier de cette destination à laquelle tu sembles rattachée. Tu n'as pas envie d'y aller ; non, tu as l'impression, au fond de toi, que tu vas brûler. Que tu es en train de brûler, un pied déjà en enfer, pour ainsi l'observer. Pour ainsi l'observer, lui, le petit être abîmé, là, face à toi. Il t'observe pourtant, toujours, Derp, de ses yeux trop grands. De ses yeux trop grands et déconcertant. Il chavire ton monde, à ainsi t'admirer ; silencieux comme tout, il attend, attentivement, comme si une chose allait survenir. Comme si tu avais quelque chose à dire ; mais non, tu n'as rien à dire. Tu te contentes, tout bas, de grommeler en éloignant tes doigts. En ne le touchant pas ; tu ne veux pas, non, tu ne veux pas sentir la chaleur, vive, et pourtant froide, de sa peau contre tes mains trop rudes par le froid d'ailleurs, de ton coeur. Tu grommelles, bas, tout bas, en détournant les prunelles. Tu le détestes, Joa, juste là, maintenant, parce qu'il est stupide ; parce que ce n'est pas normal de prendre un bain, comme ça, chez quelqu'un que l'on connait à peine, et de se glisser comme ça, sur ses genoux. De lui proposer des choses comme ça, tout en étant un garçon. Tu aurais apprécié la chose, Joa, si tu étais tombé sur une fille un peu potelée, bien enrobée, avec des courbes en coincer, entre tes doigts. Avec des seins bien fermes, et des hanches où tes doigts s'épousent avec grâce. Mais ce n'est pas une fille, n'est ce pas ? Ce n'est que Derp, là, qui s'est perché à tes genoux, et qui a dit des choses qui ne se disent pas, entre mecs. Des choses qui s'énervent, et qui te font peur. Des mots qui, à peine prononcés, te font blêmir et rugir. Tu ne supportes pas ça. Tu ne les supportes pas, les gens comme ça.
Et pourtant, te voilà là. À genoux devant le petit, tu viens de le poser sur la cuvette des wc. Tu l'observes, les yeux petits, sourcils froncés, en essayant de voir s'il va bien. Si tu ne lui as pas fait mal, en te levant aussi brusquement. Tu as peur ; de lui, et puis de toi. De vous deux, peut-être. Tu ne sais pas ; tu lâches un juron, comme toujours, à cause de cela. Parce que tu ne comprends tout bonnement pas. Et lui... lui, il parle tout bas. « J’ai pas mal. » Tu es surpris, mais tes sourcils ne font que froncer. Tu en viens à soupirer, déboussolé, à réparer. « T'as pas mal... 'sti... » Tu es sous le choc, peut-être, complètement paumé. Tu ne sais pas quoi penser, tu ne sais pas lui parler, tout bonnement. C'est un peu bête, certes, mais c'est toi ; tu ne sais pas parler. Tu ne sais que marmonner, juron, et puis t'excuser. Voilà le récit de ta vie. Et comme toujours, il parle, le blond devant toi. Elle parle, la blondie, pour te rappeler sa présence. Tu clignes des yeux, comme si tu le voyais de nouveau. Comme si, un instant, tu avais été pris sous l'eau ; perdu dans l'éclat azuré de ses yeux. « Tu crois que tu pourrais me donner quelque chose pour essuyer ? » Tes yeux, malgré toi, s'affaissent contre son corps noueux. Il est maigre, beaucoup, beaucoup trop maigre. Il n'y a pas de chair, là, sur son corps. Tu as l'impression d'être un monstre de muscle, à côté de son être, alors que tu n'es pas des plus costauds, pourtant. Ça te fait halluciner, chavirer. Tu secoues la tête, pour ne plus y penser, et tu hoches de la tête, rapidement, en marmonnant tout bas des choses que toi-même, tu ne comprends pas. Tu prends sur toi, et tu te retournes, pour aller prendre une serviette, pour lui. Le mouvement à peine fait, il parle encore.
Il parle toujours, Derp, juste assez pour te choquer, te déboussoler. Te tourmenter. « Tu sais si tu voulais pas prendre de bain, tu pouvais juste le dire. » Va savoir pourtant, tu stoppes ton mouvement. Tu as mal, quelque part, au fond de toi, et tu ne comprends pas. Le simple fait qu'il pense ça, qu'il comprend ta réaction ainsi te fait mal. Et pourtant, ça ne devrait pas. Mais voilà, tu ne veux pas. Tu ne veux pas qu'il croit ça. Parce que, au final, si tu étais moins con, moins traumatisé, dégoûté, tu aurais accepté. Mais tu ne peux pas ; tu ne veux pas. Car Derp a une bite, entre ses cuisses, et celles-ci sont trop maigres, pour que tu puisses t'y agripper. Tu ne peux t'agripper à rien, sur son maigre corps, et tu as peur, quelque part, peut-être, qu'il puisse se défiler, t'échapper. Les filles enrobées, au moins, ça ne court pas très vite. Derp, lui, s'envole d'un simple coup de vent. Tu n'as pas à t'y attacher ; encore moins comme ça. Alors tout répond, tout bas ; « ouais, c'est ça. » d'un grognement retenu, et pourtant craché. Il n'entend pas, mais le simple fait de l'avoir dit te suffit. Blondie, lui, continue. « On devrait peut-être dormir, t’as vraiment l’air fatigué. Tu travailles trop, tu sais. C’est pas bien, faut que tu profites de la vie aussi. » Tu te tournes vers lui, la serviette à la main, alors qu'il parle de ton état. Face à ses mots d'enfant, tu ressens de nouveau toute ta fatigue, là, sur tes épaules. Tes épaules s'affaissent un brin, et tes traits semblent moins solides. Tu tentes un sourire, pour le rassurer, mais ce n'est qu'une grimace qui naît, là, sur tes lèvres. Profiter de la vie ? Il te semble, quelque part, que c'est un truc trop... léger, pour toi. Quelque chose de trop vague pour que tu puisses le comprendre. Tu hausses des épaules, avant de lui foutre la serviette sur la tête, lui frictionnant les cheveux, un instant. Tu te stoppes après quelques secondes, pourtant, et tu t'éloignes un peu, allant vers le lavabo, pour observer tes traits tristement lassés d'exister.
Tes doigts se crispent, là, contre le tub de dentifrice, parce qu'il parle de nouveau. Parce qu'il dit ces mots. « Tu sais un jour, faudrait que tu me fasses visiter chez toi, au Canada... 'Fin non, le Québec, j’veux dire. Quoique, ce sera juste à côté des amerloquains, on sait jamais ce qu’ils préparent, ces salauds. » Le Québec ; chez toi. Tu n'y penses que rarement, en fait, mais la réalité est tout près. Ton visa prend bientôt fin ; un an, voilà pour quoi tu es là. Qu'une année. Et la fin, étrangement, semble plus près que le commencement. Novembre, il semble tellement proche. Bien trop proche. « Hmmm » Que tu dis, tout bas, d'un grognement qui fait tout à fait toi, tes doigts se détachant doucement du tube qui a tout craché. « dans quelques mois, p'être... » que tu continues, comme ça, en étalant la mare de dentifrice sur ta brosse à dent. « novembre, p'être, s'tu veux, quand j'retournerais chez moi » Tu es lâche, alors, tu ne l'observes pas, au travers du miroir. Tu ne veux pas répondre à ses questions, celles qui suivront, alors tu fous la brosse à dent dans ta bouche, et tu frottes à t'en faire saigner les gencives, une éternité. Une éternité ; voilà ce que le voyage devrait durer. Voilà ce que ton visa devrait durer.
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