« Y a comme un petit air de famille ! Ö » feat Cerbère ♥
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Sujet: « Y a comme un petit air de famille ! Ö » feat Cerbère ♥ Sam 30 Juil - 17:06
Cela devait faire trois jours maintenant que mon avion s’était posé à l’aéroport Charles de Gaulle. Trois jours que j’errais seule, avec pour seul bagage, la dernière adresse connue de mon géniteur. Ce dernier allait certainement se poser des questions lorsque je frapperai à sa porte. De un, parce que j’ignorais complétement s’il connaissait mon existence, et de deux, parce que j’étais crado. On pouvait peut-être trouver n’importe quoi à Paris, mais à ma connaissance, il n’y avait pas encore de douches publiques mise à disposition des Parisiens dans le centre ville. De toute façon, même s’il y en avait eu, je n’aurais pas eu l’argent pour m’offrir ce luxe. Mon père allait donc devoir m’accueillir dans l’état dans lequel je me trouvais, c’est-à-dire, flairante comme un putois et vêtue d’un jeans usé jusqu’à la corde. J’espérais qu’il ne faisait pas partie de cette catégorie d’hommes qui avaient du mépris pour les pauvres. Mais vu le portrait que ma mère m’avait dressé de lui, je pouvais être tranquille. Si je l’écoutais, Cerbère Sitael Kyros était le pire des enfoirés. Un vrai paumé dont le seul soucis était de se procurer sa dose quotidienne tout en ayant pas un sou en poche. Sur ce point-là, lui et moi, on se ressemblait. J’avais sacrifié toutes mes économies pour pouvoir me payer ce billet d’avion qui me permettrait de me rapprocher un peu plus de mon père. Rien que le fait de savoir qu’il se trouvait dans la même ville que moi me mettais de bonne humeur, même si c’était la peur au ventre que je m’étais mise à sa recherche. Et s’il ne m’aimait pas ? Et si sa seule réaction serait de me claquer la porte au nez ? Qu’est ce que je ferais, moi, seule, à Paris ? Parce que oui, je devais être la seule idiote à penser qu’après ces 17 ans d’absence – 17 ans pendant lesquelles il avait vécu sans se soucier de moi ou sans savoir que j’existais –, mon vieux m’accueillerait à bras ouverts comme si l’on venait à peine de se quitter. Cette façon de voir les choses, c’était tout moi. J’avais tendance à tout idéaliser, à toujours m’imaginer le meilleur sans jamais m’attendre au pire. Ca risquait de me jouer des tours, I know. Mais bon, quoiqu’il en soit, il était trop tard pour faire demi-tour, maintenant. J’aurais dû réfléchir aux conséquences de mes actes AVANT et si je me retrouvais à la rue, ça serait entièrement de ma faute. Je ne pourrais rejeter le blâme sur personne.
Bref, cela faisait exactement 72 heures que j’arpentais les rues de Paris à la recherche de ce fameux Boulevard Barbès. J’avais l’impression de tourner en rond. Tout se ressemblait et tout était différent à la fois. C’était assez déstabilisant. De plus, je n’osais pas m’arrêter pour demander mon chemin de peur de ne pas réussir à me faire comprendre. Parce que Paris a beau être une ville reconnue pour la diversité de sa population, je crois que les Parisiens qui parlent fréquemment le grec restent quelque chose d’assez rare. Je commençais à désespérer lorsque par je ne sais quel miracle, je tombai sur un plan de la ville qui m’aiderait peut-être à me repérer. Selon ce que je savais, mon paternel habitait dans le 18ème arrondissement. Et il se trouvait que miraculeusement, je n’étais plus qu’à un kilomètre ou deux – ce que j’avais déduit par rapport à l’échelle qui se trouvait en bas de la carte – de l’endroit où je désirais me rendre. M’efforçant à ne pas anticiper la réaction de mon géniteur lorsqu’il apprendrait que sa fille débarquait tout droit de Grèce pour lui faire une petite visite, je pris la direction de l’arrondissement de la butte Montmartre. Environ une demi-heure plus tard, je m’arrêtai devant une plaque annonçant le Boulevard Barbès. Je fis quelques pas dans la rue, cherchant le numéro 37 du regard. Quelle fut ma surprise lorsqu’en redressant la tête, je m’aperçus que je me tenais devant un sexshop qui n’allait probablement pas tardé à ouvrir. Je me concentrai alors pour faire abstraction de ce petit détail. C’est vrai quoi, je n’avais pas fait tout ce chemin pour me laisser décourager par un maudit magasin de plaisirs @@. Prenant mon courage à deux mains, j’enfonçai la sonnette d’entrée sur laquelle il était inscrit : S. Wood. Sûrement l’ancien propriétaire. Ou alors ma belle mère, j’en sais rien. Bref, j’avais arrêté de respirer. Lorsque la porte s’ouvrit, je crus sincèrement que j’allais m’évanouir. Je pris une grande bouffée d’air, jouant avec une mèche de cheveux pour tenter de me détendre avant de demander d’une voix timide, ne tentant même pas d’atténuer mon accent grec fort prononcé :
« Cerbère ? Cerbère Kyros ? »
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Sujet: Re: « Y a comme un petit air de famille ! Ö » feat Cerbère ♥ Dim 31 Juil - 2:38
L'appartement est vide. Si vide que j'ai l'impression d'être une lentille enfermée dans une boîte de conserve. La seule compagnie qu'il me reste est mon ombre, ou bien la télévision qui parfois me fait rire lorsqu'elle passe un dessin animé de bob l'éponge. J'ai beau chercher des activités, le temps semble s'écouler d'une lenteur assommante. J'ai l'impression que le temps ne cesse de ralentir. Mes moindres gestes semblent perdre de leur vitesse. J'hésite entre mourir dans ma solitude ou par ennuie. Alors, pour ne pas avoir à faire de choix j'ai décidé de me droguer comme un pauvre con que je suis. Je ne suis pas allé à mon rendez-vous pour ma cure de désintox parce que l'envie s'en est allée, elle s'est perdue je ne sais où. Hier j'ai donc défait mes valises, j'ai balancé contre les murs tous ce qui me passaient par la tête pour pouvoir évacuer la haine que j'avais envers moi. -Qui d'ailleurs est toujours là.- Pour le reste de la nuit, je ne garde que de brefs souvenirs, j'ai pourtant l'impression de sentir encore l'aiguille s'enfoncer dans ma peau. Simba n'est plus là alors pourquoi ne pas déconner pour de bon ? Il ne sera au courant de rien de toute façon, puis, tout le monde le pense. Personne ne le dit à voix haute mais tous les regards qui se posent sur moi sont les mêmes, ils reflètent la pitié et le dédain. Je suis le clochard par excellence, le putain de drogué qui n'est pas foutu de tenir sa parole. Celui qui soit disant profite de la fortune de son mec. Ouais ça paraît impensable que je sois amoureux. C'est fou ce que les gens peuvent imaginer des histoires sans queue ni tête. En fait je ne suis seulement un homme, sous l'emprise de l'amour et de la drogue. Celui qui s'autodétruit plutôt que de faire face à l'adversité. La sonnerie du réveil résonne dans l'appartement. Je ne sais même pas pourquoi il est encore réglé pour réveiller alors que je passe mes journées au lit. Hannibal s'est même fait la malle, j'ai pas encore eu le courage d'aller le chercher. Encore une fois j'ai fait semblant, comme si de rien n'était. J'ai pardonné l'erreur de Simba mais au fond j'ai toujours autant l'impression de le perdre. J'ai encore une fois salement perdu le contrôle de ma vie, en fait j'pense que je ne l'ai jamais eu. J'ai perdu la bataille. Un pauvre soldat fauché en plein galop.
Je me relève difficilement, j'ai des courbatures dans tout le corps et mon putain de bras me fait souffrir. Je commence à avoir une plaie dégueulasse qui se forme, ça m'apprendra à abuser de la piqure. J'enfile un simple t shirt blanc ainsi qu'un jean déchiré avant de m'approcher de la cuisine. Non, je n'y vais pas pour manger, juste pour prendre ma dose de cocaïne. Laissez un toxico seul en possession de ses réserves vous en retrouvez une véritable larve. =') A moins qu'il ne soit mort avant que quelqu'un ne le stoppe. C'est fou ce qu'en peu de jours on peut devenir encore plus accro qu'on ne l'était à la base. J'suis à la limite de me nourrir uniquement de drogue, j'ai pas avalé un seul truc depuis deux jours. Lorsque la poudre caresse les parois de mon nez, je sens toute la tristesse s'évaporer. Je ne fais que l'enfouir mais j'ai la belle impression que ça va aller mieux comme ça. Dans un long soupir, je me dirige vers le canapé sur lequel je m'éffondre littéralement. Ma main tremblante attrape la télécommande, je tape au hasard un numéro. Je ne suis pas vraiment sur ce canapé, je ne regarde pas non plus cette télé. Je suis quelque part, ailleurs, je ne sais pas exactement où mais je vois un océan. Il y a une plage, infiniment longue, les vagues semblent proches et pourtant j'ai beau courir sur ce sable, elles ne viennent jamais à moi. J'ai beau m'épuiser je cours après cet océan sachant pourtant qu'il est impossible à atteindre. Pourtant mon cœur me hurle de sauter dans cette eau. Comme si grâce à cela j'allais être lavé, nettoyé de tous sentiments noirs et désespérants. Mais, je n'y arrive pas.
La sonnette m'arrache de mes pensées. Dans un battement de paupière je reviens alors difficilement à la réalité. Je prends un instant avant de me décider à me relever. Qui peut bien me rendre visite ? Le factrice ? Nan c'est pas son heure. Ou alors un type ayant retrouvé Hannibal. Je me décide à ouvrir la porte, m'apprêtant dans tous les cas à voir je ne sais qui de mon entourage parisien dont je n'avais aucune envie de voir. Mes yeux rouges se posent alors sur le visage doux d'une jeune fille blonde. L'envie de lui claquer la porte au nez m'a traversé l'esprit lorsque j'ai pensé à la possibilité que ce soit un de ces scoots cherchant à vendre je ne sais quoi. Mais, sa voix à l'accent grec m'en empêcha. « Cerbère ? Cerbère Kyros ? » Comment peut-elle savoir comment je m'appelle ? Un frisson traverse alors ma colonne vertébrale avant de se perdre dans ma nuque. C'est à l'aide d'un signe de la tête que je lui réponds affirmativement. C'est en la détaillant du regard que je me rends compte de son état. Elle me fait penser à un de ces chiens errants qu'on a abandonné à l'arrivée des vacances d'été. Je reste un long moment bloqué sur ce visage, mes yeux se perdent dans les siens. Elle semble jeune, pas plus de 18 ans, ou alors elle fait très jeune. Passant ma main dans ma crête aplatie sur mon crâne, je cache de mon mieux mon bras pour enfin me décider à enchaîner la conversation.
« Je … Je peux vous aider ? » Ma voix fatiguée se brise dans le silence, ne lâchant pas pourtant son regard.
C'est à cet instant que j'étais loin de me douter que cette rencontre allait changer ma vie, à jamais.
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Sujet: Re: « Y a comme un petit air de famille ! Ö » feat Cerbère ♥ Dim 31 Juil - 14:45
Depuis que la porte d’entrée s’est ouverte sur un homme d’une trentaine d’années qui avait légèrement l’air dans le gaz, je n’avais pas cessé de le regarder. Il ne coïncidait pas du tout à l’image que je m’étais faite de mon père. Allez savoir pourquoi, je me l’imaginais blond. Faut croire que j’ai hérité ma couleur de cheveux de ma mère. Mais en fait, ce n’était qu’un détail. Je l’appréciais déjà, juste parce qu’il se démarquait des autres par son look un peu spécial. Apparemment, la bizarrerie, c’était la marque de fabrication de la famille. Ma mère n’avait finalement pas tort quand elle me disait que je ressemblais à mon père. J’ignorai si cette comparaison s’appliquait également à notre caractère mais je n’allais pas tarder à le savoir, du moins, si ce Cerbère m’acceptait dans sa vie. Parce que la réaction qu’adopte les parents biologiques qui se retrouvent face à leur enfant qu’ils ont abandonné des années auparavant dépend franchement des personnes. Même si son départ m’avait forcée à grandir seule avec ma mère, je ne lui en voulais pas le moins du monde. Après tout, pourquoi le tenir responsable ? Il ignorait qu’il avait un gosse à l’autre côté du monde. C’était évident, maintenant que je me retrouvais face à lui. S’il ne savait pas ou s’il avait fait semblant de ne pas savoir pour ne pas avoir à verser de pension alimentaire, il aurait de suite fait le rapprochement entre ma mère et moi. C’était impossible autrement. S’il y avait un truc de bien que ma mère m’avait légué, c’était sa beauté à couper le souffle. J’avais la chance d’être son mini-elle. Si Cerbère se rappelait d’elle, alors il n’aurait aucun mal à croire l’histoire que je m’apprêtais à lui raconter.
Pendant quelques minutes, un silence de mort régna entre nous. Il ne semblait pas vraiment en état d’accueillir quelqu’un. J’ignorais si je venais de le tirer du lit ou s’il était malade, mais il n’avait pas la tête des grands jours. Il semblait épuisé à l’extrême. D’ailleurs, à moins que mes yeux ne me jouent des tours, ses mains tremblaient. Sur le moment, j’avais eu tellement peur de faire des révélations à un homme dans un tel état de faiblesse que j’ai un instant hésité à lui proposer de repasser plus tard. Seulement, j’attendais ce moment depuis si longtemps que je n’avais pas pu m’y résigner. Si tel était son choix, je ne m’incrusterai pas dans sa vie. Il n’avait qu’à me demander gentiment – ou méchamment, d’ailleurs – de partir et je plierai bagages sans rechigner. Lui imposer ma présence était la dernière de mes intentions. Je n’insisterai pas. Cependant, j’ignorais encore ce que j’allais faire si je me retrouvais face à cette situation. Je n’avais nulle part où aller, pas un sou en poche pour me payer de quoi manger. De plus, je n’avais que les habits que je portais avec moi et ceux-ci étaient tellement crade que j’aurais honte de me présenter à un entretien d’embauche vêtue de la sorte. J’avais eu la bonne idée d’emporter le moins d’affaires possible pour passer inaperçue mais aussi, pour ne pas être encombrée pendant ma chasse au Cerbère. Inutile de préciser que j’aurais eu le bras en compote si j’avais dû trainer ma valise derrière moi pendant trois jours.
Ce fut finalement lui qui rompit le silence. Il passa alors sa main dans sa crête aplatie, ce que je pris d’abord pour un geste de timidité. J’étais loin de me douter que s’il faisait ça, c’était pour cacher ses sites d’injection parce que tout comme moi, Cerbère passait son temps à se défoncer. Je savais qu’il avait été un toxico dans sa vie passée mais pour je ne sais quelles raisons, j’étais persuadée qu’il avait arrêté de se droguer. Peut-être parce que 17 années s’étaient écoulés depuis ma conception et que 17 ans, c’est largement assez pour se débarrasser de cette merde ? « Je … Je peux vous aider ? » Alors, comment introduire le fait que j’étais sa fille sans qu’il ne risque la crise cardiaque ou le bio-choc ? Et surtout, sans me faire rembarrer à la vitesse grand V. Parce que même si ce fameux Cerbère n’avait pas l’air contraire, qui me dit qu’il n’allait pas me chasser à coups de pied au cul à l’ouïe de cette nouvelle ? Après tout, je ne connaissais rien de lui. Il avait peut-être l’air d’une bonne grosse larve bien sympathique, là comme ça, mais comme on dit, le feu qui semble éteint souvent dort sous la cendre. Décidée à aller jusqu’au bout, je pris une grande inspiration pour tenter de chasser le stress qui s’était insinué partout en moi et je finis par dire, tremblante comme une feuille.
« Non … Euh enfin, si ! On ne s’est jamais rencontré auparavant mais je crois que vous connaissez ma mère. Elle s’appelle Ilithyie et elle se souvient parfaitement de vous. »
Je marquai alors un temps d’arrêt pour attendre une réaction de sa part qui m’indiquerait que je pourrais continuer sur ma lancée, qu’il était prêt à entendre la suite. Je n’arrivais toujours pas à croire que l’homme qui se trouvait face à moi était celui qui m’avait créé. J’appréhendais cette confrontation depuis si longtemps, et maintenant que le jour J était enfin arrivé, les mots venaient tout seul. Ce que je ressentais en ce moment était assez difficile à décrire. Un mélange de stress et de joie qui me provoquait des hauts le cœur. Quoique ces derniers étaient fort probablement lié au manque de drogue qui commençait à m’assaillir. Ma dernière prise remontait à il y a 6 heures. Je n’avais pas l’habitude de me priver aussi longtemps. Bref, ce n’était pas le moment de penser à la drogue. Je devais me concentrer sur ce que j’allais dire à Cerbère. Si seulement il savait à quoi il s’était engagé en ouvrant cette porte … Peut-être qu’il détestait les enfants et adolescents et qu’il allait m’accueillir juste par pitié. Je ne voulais pas que ça soit le cas. Je ne voulais pas être un fardeau. Je secouai alors ma tête pour chasser toutes ces idées négatives. Je lui répondis donc, en Grec toujours, en espérant qu’il pourrait me comprendre même s’il ne parlait plus couramment le grec.
« Je m’appelle Alecto Kyros. Je crois que je suis votre fille. Non, en fait, je suis sûre d’être votre fille. Je sais que c'est difficile à croire et que n'importe qui aurait pu débarquer en affirmant être votre progéniture, mais c'est la vérité. Je .. »
Here we are. Le moment crucial où j’allais enfin savoir comment il allait prendre la nouvelle. Je fermai alors les yeux, prête à entendre sa réponse.
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Sujet: Re: « Y a comme un petit air de famille ! Ö » feat Cerbère ♥ Lun 1 Aoû - 4:06
La voilà qui s'adresse à moi, en grec. Je pensais avoir oublié cette langue après avoir cessé de la parler à mon arrivée à Paris et pourtant, non. On oublie pas aussi facilement sa langue maternelle et, entendre la jeune fille me parler fit immédiatement ressurgir en moi des images du passé, douloureuses. Elle remuait, sans le savoir les cadavres du passé. Ce foutu passé que je m'efforçais à fuir comme la peste depuis mon arrivée à Paris. Ilithyie. je me souviens parfaitement de cette jeune femme, j'étais jeune, je découvrais depuis peu les plaisirs du sexe. Mes amis, plus vieux que moi, m'emmenaient avec eux dans des bordels, souvent le même. Un jour, je suis tombé sur une femme blonde, dont la beauté me fait encore frissonner rien qu'à l'idée de l'imaginer à nouveau. J'ai passé une nuit dans son lit. Une nuit donc je me souviens encore. Mes sourcils se froncent lorsque les paroles d'Alecto s'échappent de ses lèvres. Je crois que je suis votre fille. Non, en fait, je suis sûre d’être votre fille. Ma main serre alors entre ses doigts la poignet de la porte. Je ne suis pas tellement étonné, non, fallait bien que ça arrive un jour ou l'autre à force de sauter sur ce qui possède de belles jambes et des seins. Seulement, j'étais loin de penser qu'un gosse vienne me retrouver. Surtout la fille d'Ilithye. J'avais laissé derrière moi une image aussi sale que celle d'un chien ayant mordu un gosse. Je baisse les yeux, partagé entre la honte et la surprise. Je me rends alors compte que mes mains tremblent bien plus que tout à l'heure. A nouveau, mes yeux détaillent les traits du visage d'Alecto, elle ressemble à sa mère. Et pourtant, même si cette jeune fille est le portrait craché de sa mère elle me fait étrangement penser à moi lorsque j'avais son âge. Un gosse perdu, complètement flingué par la vie. Seulement, elle avait quelque chose que je n'avais jamais eu, le courage, je pense. Je n'avais jamais cherché à retrouver mon père même si l'envie n'y manquait pas. J'ai toujours baissé les bras lorsque ma mère me disait qu'il ne valait rien. Je l'écoutais bêtement et acceptais le fait que j'étais le fils d'un vaux rien. J'ai toujours admiré mon père sans jamais l'avoir vu. Je me suis fait une image de lui en acceptant de ne jamais le voir. L'image que j'avais de cet homme était à mes yeux parfaite. Après de nombreuses années, l'envie de le rencontrer s'estompa, de peur d'être déçu.
« Pourquoi tu viens ? » question conne, tutoiement montrant alors mon degrés de perte de contrôle. Cela fait si longtemps que je n'ai pas parlé grec.
J'ai beau chercher à retrouver mes esprits, j'ai juste envie de prendre un autre raï de coke pour m'aider à digérer la nouvelle. Je la vois dans un sale état, mon cœur trop grand m'ordonne alors de la laisser rentrer. Je me pousse de l'encadrement de la porte en lui faisant signe d'entrer. Le monde semble soudainement lointain, je ne lâche pas ses yeux. Hypnotisé par ce qu'ils dégagent. Plus rien n'existe. J'ai encore du mal à me dire que j'ai une gosse, que j'suis père. Fin 'père', c'est vite dit, j'ai jamais été présent dans sa vie, j'ai juste été foutu de participer à sa création. Ce qui m'emmerde encore plus est de ne pas savoir le pourquoi de sa venue. Je ne sais pas ce que sa mère lui a raconté à mon sujet. Certainement rien de bien glorieux. Alecto est peut-être là pour m'envoyer des tas d'insultes dans la tronche. Non, on fait pas un tel voyage pour simplement insulter une personne. Je ferme la porte dernière nous, sans prendre le courage de l'approcher. Je balaye du regard l'appartement, il ressemble légèrement à un champs de bataille. Traine ci et là des seringues usagées. Des habits gisent sur le sol, accompagnés par des bouteilles d'alcool. D'un geste vif je débarrasse le canapé de toutes les saletés qui le recouvrent en lui faisant signe de s'asseoir.
« Désolé pour le bordel. » J'attrape le dernier t shirt avant de la lancer dans une corbeille à linge sale.
Une douleur s'empare alors de mon bras. Je serre les dents afin de ne pas laisser s'échapper un gémissement de douleur. Je me dirige en direction de la cuisine, ramenant alors dans le salon un verre ainsi qu'une bouteille de coca cola. Sans me faire prier je lui sers un verre avant de m'assoir sur un fauteuil. Encore sous le choc, je ne parviens pas à lui décrocher de réels mots. Je me contente de la fixer en dissimulant toutes mes craintes.
« Je suis prêt à parier que tu me détestes. » Un rire nerveux traverse la barre de mes lèvres sèches. Mes yeux rouges brillent de fatigue.
A ce stade là, je suis aussi paumé que cette adolescente à la recherche de son père. J'espère qu'elle ne s'est pas faite une vision de moi trop parfaite, elle risque d'être déçue. Décevoir, c'est la meilleure chose que je sache faire. J'ai envie de lui dire des tas de choses mais j'y arrive pas. Ma gorge se serre, mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine et mon estomac se tord. Comme un véritable gosse. J'voudrais lui dire que je voulais pas la laisser. J'étais jeune. Puis aussi si j'avais su j'aurais peut-être fait quelque chose. Me voilà, encore, à la recherche d'excuses pour essayer de ne pas passer pour le con de service, ne cherchant qu'à se protéger. Puis aussi j'aimerais lui dire qu'elle ressemble à sa mère. Et surtout, petite, si tu veux être heureuse, pars tant qu'il en est encore temps. Je suis pas fait pour être père regarde-moi avec mon bras lacéré et mes yeux rouges. PARS. Je ne suis qu'un PUTAIN de toxico. Pas celui qu'on peut appeler Papa, pas celui sur qui on peut compter. Et puis j'ai ces putains de mains qui tremblent, pas seulement à cause de la douleur. J'crois bien que je faiblis face au regard de cette adolescente qui me ramène directement vers ce que j'ai toujours détesté. Connard de passé, quand me laisseras-tu ?
Le temps perdu peut-il se rattraper ? Trop de questions. Pas assez de réponses. Juste un silence destructeur et sauvage.
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Sujet: Re: « Y a comme un petit air de famille ! Ö » feat Cerbère ♥ Lun 1 Aoû - 15:43
Depuis que Cerbère avait engagé la conversation, je fixai mes pieds, leur trouvant un soudain intérêt. Je ne m’étais jamais sentie aussi mal à l’aise de toute ma vie. Je me sentais coupable de débarquer comme ça, du jour au lendemain, et de venir perturber son traintrain quotidien. C’est vrai, j’aurais pu prévenir, passer un coup de fil au préalable ou j’sais pas. Tout, mais pas passer à l’improviste. En plus d’être impoli, ce geste aurait pu m’attirer de drôles de surprises. Enfin soit, maintenant que j’y étais, il était trop tard pour revenir en arrière. De plus, Cerbère ne semblait pas trop mal prendre la nouvelle. Bien sûr, il était choqué, quoi de plus normal. Il tremblait comme une feuille, et ses tremblements étaient d’une telle intensité que je crus un moment qu’il allait s’effondrer sur place. Je ne connaissais que trop bien ces symptômes pour en être moins même victime. D’habitude, ces derniers étaient moins prononcés. Je suppose que la drogue et le stress cumulés ne faisait pas bon ménage. Le fait qu’il soit sous l’influence de je ne sais quelle substance illicite ne me dérangeait pas le moins du monde. Après tout, la majorité de mes fréquentations étaient elles-même des toxicomanes aguerris qui n’avaient plus rien à apprendre du milieu de la drogue. C’est ce côté-là que j’apprécie dans la drogue, c’est qu’on fait de nouvelles découvertes tous les jours. Les moyens et les façons de consommer sont illimités. Au fur et à mesure qu’on s’accroche à cette merde, on découvre de nouvelles techniques aussi délirantes les unes que les autres. Qui sait, peut-être qu’un jour mon père pourra me faire partager ses expériences ? S’il ne m’a pas foutue à la porte d’ici là, bien entendu. Car même si sa réaction était moins grave que je ne m’y attendais, rien ne me disait qu’il allait accepter de m’héberger chez lui. Vu l’allure qu’avait le bâtiment de l’extérieur, j’en jugeai que son appartement devait être minuscule. Et qui dit minuscule dit, pas de chambre d’amis. Et qui dit pas de chambre d’amis, dit pas les moyens de loger une adolescente de 17 ans aussi peu encombrante soit elle. Quoique le canapé restait encore une solution envisageable. Enfin bref, avant d’envisager mon avenir, je ferais mieux de me contenter de la réaction plutôt positive qu’il venait d’avoir et arrêter de me faire des illusions.
Lorsqu’il me demanda dans un grec relativement correct ce que j’étais venue foutre ici, je lui répondis en prenant garde de parler doucement et de détacher chacune des syllabes pour qu’il saisisse globalement le sens de ma phrase sans perdre le fil :
« Maman m’a foutue à la porte. Alors je me suis dit que je n’avais rien à perdre en venant à Paris à part le prix du billet d’avion. Au contraire, j’avais même un père à retrouver. »
Et puis à part ce dernier petit détail, je ne voyais aucune différence entre être clocharde à Athènes ou être clocharde à Paris. A part la barrière de la langue, bien entendu. Les rues de Grèce m’auraient certainement parue plus rassurantes dans la mesure où je comprenais ce qui se disait autour de moi. Là, j’étais à des milliers de kilomètres de chez moi et je me sentais agressée dès qu’un étranger – même si selon la logique des choses, c’était moi l’étrangère – m’adressait la parole. C’est pour ça que depuis que j’avais posé les pieds sur le sol parisien, je rasais les murs pour éviter d’attirer l’attention. Maintenant que j’avais mon père en face de moi et que ce dernier faisait l’effort de me répondre dans ma langue maternelle, j’étais soulagée d’un poids. J’avais moins le mal du pays, si on peut dire ça comme ça.
Comme s’il avait décidé que le trottoir n’était pas l’endroit le plus agréable pour discuter, mon père m’invita à l’intérieur de son humble demeure. Je m’engageai à sa suite et pris le temps de balayer la pièce du regard pendant qu’il s’empressait de faire un rangement de dernière minute. Son appartement ressemblait fort aux squats où j’avais logé avant de prendre l’avion pour Paris. Le sol était jonché de seringues usagées – ce qui confirmait la thèse du père toxico, à moins qu’il ne soit diabétique, ce dont je doutais – et de bouteilles d’alcool vides. Enfin, la comparaison avec un squat était loin d’être faisable. En effet, la pièce était quand même plus meublée et moins délabrée.
« Ca ne saurait pas être pire que le bordel de ma mère. Sans jouer sur les mots. »
En effet, ma mère avait toujours été trop occupée que pour se charger du ménage. Son travail de prostituée débutait tôt dans la soirée et s’achevait tard dans la nuit. Le reste du temps, elle était généralement trop crevée pour se lever ou alors, elle bossait en tant que serveuse dans un bar. Quant à moi, j’estimais que ce n’était pas mon rôle de mettre de l’ordre dans l’appartement, surtout que je n’étais pas responsable du désordre étant donné que je trainais tout le temps dehors, passant le moins de temps possible à l’intérieur. « Je suis prêt à parier que tu me détestes. » A ces mots, je haussai un sourcil. L’idée de le haïr pour son perpétuel absentéisme – absentéisme qui se serait prolongé jusqu’à ma mort si je n’avais pas décidé de partir à sa recherche – ne m’avait même pas effleurer l’esprit. Je ne sais pas lui, mais moi, je n’avais pas l’habitude de traverser la méditerranée pour aller à la rencontre des personnes que je détestais. Cette pensée m’arracha un sourire. Je laissai s’écouler quelques secondes avant de répondre d’une voix un peu plus assurée qu’au début de la conversation :
« Pourquoi, je devrais ? » J’éclatai d’un rire cristallin. Tout comme lui, j’étais nerveuse et mon stress se manifestait à travers mon rire. J’étais tellement tendue que j’avais envie de rire pour un rien. Je m’abstenais cependant, pinçant les lèvres, de peur de paraitre idiote. « C’est vrai que j’aurais pu après toutes les insanités que ma mère m’a racontée sur toi. Mais t’as de la chance, je suis le genre de personne qui préfère juger par soi-même. Si ça te dérange pas, je préfère faire comme si elle ne m’avait rien dit à ton sujet. A moins que tu ne veuilles que je te considère comme la pire des enflures ? »
Sourire. Je commencais tout doucement à me sentir à l’aise en sa présence. Je sais pas pourquoi, mais son économie ascétique des mots m’apaisait. Je devrais prendre exemple sur lui et limiter mes paroles. Parler me faisait souffrir. J’étais complétement déshydraté et mon gosier était désseché à un tel point que j’avais l’impression d’avaler du sable dès que je déglutissais. Et comme s’il avait eu la capacité de lire dans mes pensées, Cerbère se leva et ne tarda pas à revenir, un verre de coca à la main. Lorsqu’il le posa sur la table devant moi, je me ruai littéralement dessus et l’avalai d’une traite, comme si je n’avais plus rien bu depuis des lustres. Après cela, je posai le verre vide sur la table basse de salon, n’osant pas en redemander et je fis glisser mon regard sur lui. Ce dernier s’arrêta un niveau de son bras qui semblait le faire souffrir. Au creux de son coude, une plaie purulente indiquait clairement qu’il se droguait. Consciente que ce n’était pas très délicat de ma part de le dévisager de la sorte, je redressai la tête et finis par demander d’une voix embarrassée – le fait de jouer les chieuses dès mon arrivée ne m’enchantait pas mais je n’en pouvais plus d’attendre – :
« Est-ce que ça te dérange que j’utilise ta salle de bain ? Tu ne peux pas savoir à quel point je meurs d’envie de prendre une bonne douche. Enfin, libre à toi de refuser et de me condamner à puer jusqu’à ce que je m’en aille et bien après encore. »
Re-sourire. C’est fou ce que le manque poussait à dire comme connerie. Je venais à peine d’arriver et déjà, je lui mentais. Je ne crevais pas d’envie de me doucher, pas plus d’ôter mes vêtements crasseux mais plutôt de me reclure dans la salle de bain où je pourrais me sniffer un rail de coke en paix. Même s’il semblerait qu’il était au moins aussi toxico que moi, je n’avais pas spécialement envie de lui faire mauvaise impression. Parce que c’est vrai, peut-être qu’il était drogué jusqu’à la moelle mais rien ne m’affirmait qu’il tolérerait que sa fille consomme. Ce ne serait pas le premier cas de parent contradictoire sur terre, et sûrement pas le dernier. En effet, combien de parents interdisaient à leurs gosses de fumer alors qu’eux-même fumaient comme des cheminées ? Je ne les comptais plus. En tout cas, j’espérais que s’il venait à découvrir que je me droguais, il ne m’obligerait pas à arrêter d’un coup. C’était plus que je ne pourrais le supporter.
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Sujet: Re: « Y a comme un petit air de famille ! Ö » feat Cerbère ♥ Ven 5 Aoû - 3:24
J’allais vous dire d’aller en enfer, mais je crois que vous y êtes déjà.
Maman m’a foutue à la porte. C'est fou ce qu'on peut se sentir con et coupable par de simples mots. Je me souviens bien d'Ilithyie. En plus d'être une femme à la beauté fascinante, elle me faisait penser à un oiseau, qui ne reste jamais perché sur la même branche. Libre malgré son boulot difficile, si on peut appeler ça un boulot bien sur. Je n'avais jamais songé à la voir mère, en fait, en y réfléchissant, rien ne pouvait lui correspondre. C'était un électron libre. J'étais jeune, je n'avais passé que peu de temps avec cette femme et pourtant, en tant que gosse j'étais tombé amoureux d'elle. Fin non pas amoureux, je l'admirais. Lorsque mes mains caressaient son corps j'avais l'impression qu'entre elle et moi résidait une barrière. C'était certainement sa vie qui l'y obligeait. Vous en voyez beaucoup, vous ? Des putes qui tombent sous le charme de leur client. J’avais même un père à retrouver. Ses paroles m'arrachent de mes pensées. Un père ? Un frisson traverse ma colonne vertébrale, l'envie de lui dire que je ne suis pas un père me traverse l'esprit mais je préfère ne rien dire. Par manque de courage ou juste par peur de la blesser. C'est fou ce que je peux m'en vouloir. J'ai incité Simba a abandonné le gosse qu'il avait Brooke. C'est devant cette gamine au regard perdu que je me rends compte de la méchanceté que j'ai eu. Ou plutôt de l'égoïsme, fin j'm'en balance, une personne méchante est une personne égoïste. L'état dans lequel est Alecto ne m'alarme pas, j'ai tellement l'habitude de voir des hommes habillés comme elle, puant après de nombreux jours sans douche. Puis même, la drogue m'empêche de réfléchir comme je l'aurais fait en temps normal. Mon regard mélancolique s'accroche au visage de la blonde. C'est ma fille, mon enfant, ma chair, mon sang. Elle est belle et semble tellement en connaître sur la vie à son âge.
Pourquoi, je devrais ? Son rire éclate dans l'atmosphère tendue que porte l'appartement. Je baisse les yeux, fixe alors mes mains. J'inspire longuement, m'efforçant à ne pas penser à la douleur saisissante que possède mon connard de bras. Les paroles d'Alecto traversent mes pensées, je les gobe sans vraiment en comprendre le sens, trop déstabilisé par la situation. Y a cinq minutes j'étais encore le drogué amoureux voulant se sortir de la drogue mais n'y parvenant pourtant pas. J'étais aussi un homme qui ne pensait plus au passé. Et, c'est en relevant les yeux, c'est en les ancrant dans ceux de ma fille que je me rendais petit à petit compte de l'impact que cette personne pourrait avoir sur ma vie. Je ne me suis jamais vraiment projeté dans le futur, préférant rester sur le présent rassurant dans lequel je vis. Je peux vous assurer que l'avenir a quelque chose de vachement effrayant. Mes muscles se contractent, douleur inévitable de ma blessure. J'ai l'impression que je vais crever sur ce fauteuil miteux. En plus de cette souffrance causée par la drogue j'ai l'impression qu'un camion vient de me foncer en pleine gueule. J'hésite entre une balle entre les deux yeux, une pendaison ou bien un taillage de veines pour pouvoir estomper la souffrance. Ouais j'ai déjà songé au suicide, comme tout le monde. Mais, n'ayant pas le courage de me loger une balle dans le crâne j'ai opté pour l'autodestruction. C'est peut-être long mais je m'en balance. Lorsque je plane j'ai plus toute cette putain de pression sur les épaules. Les lambeaux de rêves qui semblent s'échapper entre mes doigts renaissent. Ma force psychologique est aussi fragile qu'un château de cartes. Un coup de vent et me voilà en vrac. J'ai toujours été comme ça, lâche. C'est en prenant conscience d'avoir laissé cette gamine seule que l'envie de sauter par la fenêtre me vient. Mais non, pour une fois je vais pas jouer au con, je vais faire ce que j'aurais du faire depuis longtemps : lui proposer mon aide. Parce que c'est le moins que je puisse faire.
A moins que tu ne veuilles que je te considère comme la pire des enflures Je réponds d'un signe négatif de la tête. Ma raison tente de me résonner, folle à l'idée de me voir prendre sous mon aile ma fille dans mon état. Puis y a ce putain de cœur qui m'encourage à assumer mon rôle de père. Conasse de carapace. Jusqu'ici la raison l'a toujours emporté. Mais pas aujourd'hui, j'vais pas la laisser me détruire d'avantage. Si je ne garde pas Alecto à mes côtés, je vais m'enfoncer encore plus dans mon profond désespoir. Ma carapace ne va faire que se renforcer comme elle sait si bien le faire. Un cocon rassurant, celui qui vous donne l'espoir que vous contrôlez tous alors que vous ne faîtes que toucher le fond. C'est con mais, savoir que ma fille ne me déteste pas semble suffire à m'apaiser. Du moins c'est ce que je pense. Je la regarde boire son verre de coca avec rapidité sans prendre la peine de lui en proposer un autre. Ce n'est pas une mauvaise intention, non, loin de là j'ai juste pas le temps de réfléchir. J'écoute seulement ses paroles sans prendre le temps de m'arrêter sur ses gestes. Je me relève, ferme un instant les yeux, pris d'un soudain vertige. J'ai l'impression d'être sur un bâteau. Je préfère garder ce putain de silence, enterrer au plus profond de mon âme brisée mes sentiments. Une fois mes esprits presque en place, je lui fais signe de me suivre, laissant une esquisse de sourire se dessiner sur mes lèvres gercées. Du bout des doigts je pousse la porte de la salle de bains, seul endroit propre et épargné de l'apocalypse de l'appartement. Je laisse pénétrer la jeune fille dans la pièce, prenant soin d'attraper des serviettes propres afin de les lui donner.
« Des serviettes, et, normalement tout est là. » Je prends le temps de désigner du doigt le gel douche ainsi que shampooing. ( au point où elle en est la javel devrait suffire 8D ) « Si t'as besoin de quelque chose hésite pas. J'suis dans le salon. 'fin pas loin. »
Et, la porte se ferme, à nouveau le silence tombe apportant avec lui des émotions trop fortes. Mon visage plonge dans mes mains. L'envie de drogue revient au galop, de façon anormale. J'fais plus vraiment la différence entre la normalité et le reste. Épuisé, je me dirige vers la chambre, j'attrape une seringue pour me l'enfoncer dans le bras. Il suffit de serrer les dents, la douleur n'est qu'une affaire de quelques minutes. Ensuite, j'vais retrouver mon monde, j'hésite à le qualifier de paradis ou d'enfer. Le sang coule sur mon avant bras, j'me rends à peine compte de l'état dans lequel je suis. Un véritable déchet. Tout semble plus léger, plus doux, plus calme. Tel un astronaute effectuant ses premiers pas sur la lune. Puis, comme si je venais d'avoir une illumination, j'attrape les premiers vêtements de mon armoire avant de retourner vers la salle de bains. J'ouvre la porte et entre dans la pièce sans penser une seconde de retrouver Alecto nue. La seule chose que mon cerveau complètement ravagé puisse m'ordonner est de lui apporter ce t shirt et short. Ouais bon, rien de bien sexy mais j'm'en balance, juste de quoi pas puer le chien et être confortable. Mon cœur rate un battement devant la scène qui se présente fièrement face à moi. Les affaires tombent sur le carrelage de la salle de bains. Mon corps tout entier se met à trembler. Non pas elle. La seringue usagée par mes soins qu'elle tient entre ses mains me donne une sueur froide. Je n'sais pas d'où vient ma réaction mais je ne fais que suivre mon esprit totalement paumé. Me penchant en la direction d'Alecto j'attrape son poignet, le serre de toutes mes forces. Et je me fous de savoir si elle souffre ou pas. C'est dans son regard, dans ses gestes, que j'me vois à son âge. Vu ce que je suis à présent je ne lui souhaite pas de devenir comme moi. Le dégoût que j'ai de ma propre personne me rend complètement dingue.
« Qu'est-ce que tu fous ? » Ma voix tremble, ma main ne lâche pas son poignet tandis que j'attrape la seringue pour l'envoyer valser dans la baignoire. « Regarde-moi. On s'connaît peut-être pas mais... » Ma voix se brise, j'attrape son menton pour l'obliger à me fixer. Fou de rage, mort de trouille. « J'veux pas que tu finisses comme moi. REGARDE BORDEL DE MERDE ! Regarde où cette connerie mène. » Mon regard effrayé se perd dans le sien. Mon visage déformé par la tristesse semble pâlir devant cette jeune droguée. Ma fille. « Ça va pas te rendre meilleure, ça va pas te rendre invincible. PUTAIN ! » C'est fou ce que la langue maternelle peut revenir facilement pendant un moment de colère.
Ma voix se brise, je ne sais plus quoi dire. Dévasté, je ne la lâche pas, sa main peut bien devenir violette par une mauvaise circulation du sang que cela ne me ferait ni chaud ni froid. J'suis certainement encore une fois ce connard d'égoïste mais je veux pas qu'elle finisse dans le même enfer que moi. Un enfer dont il est facile de franchir les portes mais difficile d'en sortir. Et même si on en sort, les séquelles restent à jamais gravées dans les moindres parties de votre corps. J'me souviens plus vraiment de ma vie avant la drogue mais j'en garde un sentiment positif. J'suis capable de donner n'importe quoi pour retrouver ce moment, ne serait-ce qu'un souvenir. Je m'en veux d'avoir perdu cette sensation, celle d'être un homme heureux, n'ayant besoin de rien pour assurer sa survie. Alors, merde, Alecto va pas tout foutre en l'air pour une connerie pareille. Bon okay, pour une première approche j'suis peut-être pas le plus doux mais, un toxico reste un toxico.
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Sujet: Re: « Y a comme un petit air de famille ! Ö » feat Cerbère ♥ Ven 5 Aoû - 14:29
Si ma mère ne m’avait pas foutu à la porte parce que je me droguais, elle aurait très certainement trouvé une autre raison. Elle attendait le jour où elle pourrait me virer de chez elle depuis ma naissance. C’est juste que jusque-là, je ne lui avais pas donné beaucoup de raisons de le faire. Je me tenais à carreaux en sa présence parce qu’au fond, je m’y étais préparée. Je savais que je ne pourrais pas vivre indéfiniment chez elle, c’est pourquoi avant même qu’elle ne m’annonce qu’elle ne voulait plus que je remette les pieds dans sa maison, j’avais entamé des recherches concernant mon père. J’étais tombé sur des amis de longue date à ce dernier, probablement les mêmes amis qui l’avaient fait plonger dans le milieu de la drogue. Je m’en doutais parce que ces derniers étaient mes employeurs. C’était eux qui m’avaient en quelque sorte recueillie alors que j’allais mal. Ils avaient donné un sens à ma vie. Enfin, c’est ce que je croyais à l’époque. En réalité, ils m’avaient fait plonger dans un cercle vicieux. D’accord, je gagnais de l’argent en refourguant leur dose à certains clients qu’ils ne pouvaient tout simplement pas approcher sans éveiller les soupçons, mais en même temps, cet argent si durement gagné, je le dépensais presqu’aussitôt pour me ravitailler moi-même en cocaïne ou en héroïne. Bref, c’était de l’argent jeté par les fenêtres. Je savais que mon père était passé par là, lui aussi. Nos parcours étaient presque semblables. Nous étions tous deux nés d’une mère prostituée et d’un père fantôme – enfin plus si fantôme que ça à présent – et nous avions tous deux grandi dans la rue, tout comme nous avions fait les mêmes mauvaises fréquentations. 17 années s’étaient peut-être écoulées depuis son départ, mais les gens ne changeaient pas. Les rues d’Athènes pullulaient toujours des mêmes voyous dont seuls les traits avaient vieilli. Leur capacité de prendre des jeunes paumés dans les mailles de leur filet et de les recruter n’avait pas été touchée par le temps.
A nouveau, le silence régnait en maître. Je ne savais pas quoi dire pour briser celui-ci, alors je me contentai de regarder mon père et de le comparer à la description que maman m’en avait faite. Il n’avait strictement rien du connard dont elle m’avait parlé. A présent, même si je n’avais échangé que quelques mots avec lui, j’étais persuadé que s’il nous avait abandonnées toutes les deux, c’était parce qu’il ignorait qu’il avait mis ma mère en cloque. Sinon, il n’aurait même pas pris la peine de m’accueillir dans son appartement. Ce genre de personne se serait contentée de me claquer la porte au nez en espérant que je ne me pointerai plus jamais. En réalité, les seuls détails qui coïncidaient avec le récit de ma mère, c’était son addiction à la drogue et sa beauté. En effet, même si ma mère le haïssait de toute son âme, elle avait toujours été incapable de nier que mon père était un vrai Appollon. Et pour une fois, j’étais d’accord avec elle. Je n’avais jamais vu d’yeux aussi beaux. Ils étaient d’un bleu presque transparent. On m’avait souvent dit que j’avais de beaux yeux, mais j’étais persuadée que ces derniers étaient d’une laideur indescriptible à côté de ceux de mon père. D’ailleurs, cela faisait bien cinq minutes que je contemplais ceux-ci, comme fascinée. Me rendant compte que je devais passer pour une débile à le fixer de la sorte, je détournai mon regard de lui et jetai un coup d’œil par la fenêtre. Dire qu’il y a à peine quelques heures, c’est de l’autre côté de cette fenêtre que je me trouvais, en quête d’un abri où passer la nuit au cas où je ne trouverais pas mon père. J’avais vraiment eu de la chance de tomber sur cette carte de Paris, sans quoi, je serais probablement toujours en train de chercher dans une semaine. Mon père se leva et m’invita à le suivre pour seule réponse à ma question. J’en déduis qu’il était d’accord de me laisser squatter sa salle de bain pour quelques minutes, ce qui me laisserait le temps de me droguer et de me décrasser. Un sourire pétillant illumina mon visage. J’allais enfin pouvoir prendre ma dose. Après quelques pas, il s’arrêta devant une porte qu’il poussa et qui s’ouvrit sur une salle de bain plus propre que je ne me l’imaginais. Bien sûr, il y avait encore quelques seringues éparpillées par-ci par –là mais ce n’était rien comparé au salon. Lorsqu’il me déposa un tas de serviettes dans les mains, je le gratifiai d’un sourire. Je le regardai quitter la pièce et fermer la porte derrière lui. Je ne pris pas la peine de m’enfermer à double tour, trop pressée de me shooter pour ça. De plus, j’étais loin de me douter que mon père allait refaire irruption dans la pièce à peine quelques minutes plus tard. Pile au mauvais moment. En effet, il tomba sur moi, une seringue à la main. Cette vision ne sembla pas lui plaire du tout. Furieux, il lâcha les vêtements qu’il était venu m’apporter et se rua sur moi. Si j’avais été dotée d’un semblant de réflexe, j’aurais jeté la seringue dans la cuvette des toilettes avant même qu’il ne la voie. Mais c’était trop tard. Bref, il m’arracha violemment la seringue des mains et la balança dans la baignoire. Il m’attrapa alors par le poignet et se mit à serrer si fort que je ne sentais plus ma main. Les douleurs musculaires provoquées par le manque n’arrangeaient rien à la situation. Ma première réaction fut de me débattre comme mille hommes, mais voyant que ça ne servait à rien, que j’étais impuissante, je finis par m’avouer vaincue. Trop faible pour rester debout sur mes deux jambes, je me laissais tomber à genoux, sanglotant. « Qu'est-ce que tu fous ? » Ca me parait évidemment, non ? Je marche sur les traces de mon père. A cet instant même, j’eus envie de lui crier qu’il n’avait rien à me dire, qu’il ne valait pas mieux que moi – ce qui me rappelait ma dernière engueulade avec ma mère, celle qui s’était soldée par ma mise à la porte – mais je n’en avais pas le courage. De un parce que c’était mon père et que même s’il avait été longtemps absent dans ma vie, je lui devais le respect et de deux, parce que j’étais tétanisée par l’expression haineuse qui déformait les traits de son visage. « Regarde-moi. On s'connaît peut-être pas mais... » Non. Je ne voulais pas le regarder parce que je savais ce que j’allais voir. Le reflet de ce qui m’attendait d’ici quelques années. Je ne voulais pas faire face à cette réalité. Je préférais vivre dans mon monde en ignorant les conséquences que cela pourrait bien entrainer. Mais mon père ne semblait pas être de cet avis. Alors que je me bornais à river les yeux au sol, ce dernier m’attrapa le menton et me força à le regarder droit dans les yeux, plongeant son magnifique regard dans le mien. Ma main tremblait dans la sienne. Ces tremblements dû au manque étaient incontrôlables et si intenses qu’on aurait aisément pu croire que j’étais atteinte de Parkinson. « J'veux pas que tu finisses comme moi. REGARDE BORDEL DE MERDE ! Regarde où cette connerie mène. » Mes yeux dont les pupilles étaient largement dilatées cherchaient inlassablement à fuir les siens. Je savais que cette merde allait me mener tout droit à ma perte. Je savais que ça allait me tuer lentement mais sûrement mais j’en avais strictement rien à foutre. Je n’étais pas pressée de mourir, après tout. Si je prenais l’exemple de mon père qui se droguait depuis son plus jeune âge, j’avais encore quelques années devant moi avant de finir dans un cercueil en bois et de me faire bouffer par les vers. Cette idée me répugnait mais c’était plus fort que moi. L’envie l’emportait sur la raison. Toutes les cellules de mon corps réclamaient leur dose quotidienne et je ne pouvais pas lutter contre mon propre organisme. « Ça va pas te rendre meilleure, ça va pas te rendre invincible. PUTAIN ! » C’est à cet instant que je décidais de lui répondre d’une voix tremblante, paniquée :
« Peut-être mais je … J’en ai besoin. »
Je voulais qu’il me lâche. Je voulais pouvoir me droguer en paix comme je l’avais prévu. Pour l’inciter à libérer mon poignet de son emprise, les doigts de ma seconde main vinrent s’enrouler autour de son bras. C’est alors que je remarquai que le creux de son coude saignait abondamment. Détail qui m’avait échappé quelques minutes plus tôt. Soit je planais sans rien avoir consommé, soit il s’était injecté une quelconque substance illicite entre le moment où il m’avait laissée seule dans la salle de bain et celui où il était revenu. Mes doigts vinrent alors suivre la trajectoire d’une goutte de sang qui perlait le long de son avant-bras et je commis alors un acte de junkie désespérée. Je me penchai en avant et mordis sa main qui me retenait prisonnière. Le résultat escompté fut presque immédiat. A l’instant même où il lâcha prise, je me précipitai vers le WC et en rabattit le couvercle. Je sortis alors une petite éprouvette que je gardais précieusement dans l’une de mes poches. J’en renversai le contenu sur une ligne bien droite et la sniffai avant même que mon père ait pu m’en empêcher. L’arrivée des effets recherchés fut presque immédiate. Je me sentis planer pendant quelques secondes avant de me rappeler pourquoi j’étais là : prendre un bain. J’étais tellement déphasée que j’en avais oublié la présence de mon père, ce qui n’était pas un problème en soi, parce que j’avais également oublié qu’il fallait se déshabiller pour prendre un bain. Je me dirigeai donc à quatre pattes vers la baignoire et en sortis la seringue que mon père y avait jetée. Je la contemplais pendant quelques secondes avant de la déposer délicatement sur la cuvette, comme si elle avait été vivante. Je me penchai alors par-dessus le bord de la baignoire en tendant le bras pour atteindre le robinet, histoire de faire couler l’eau. Sauf que manque de bol, je perdis l’équilibre et passai cul par-dessus tête. Mon crâne percuta la tôle froide de la baignoire mais à part ça, j’étais plutôt bien retombée. Ca aurait pu être pire. Maintenant que j’étais allongée de tout mon long dans la bassine métallique, je fis couler l’eau chaude. Cette dernière ne tarda pas à détremper mon t-shirt et mon jeans. La sentir ruisseler sur ma peau à travers mes vêtements me fit un bien fou. Apaisée, je fermai les yeux, en oubliant complétement où je me trouvais.
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Sujet: Re: « Y a comme un petit air de famille ! Ö » feat Cerbère ♥ Lun 8 Aoû - 4:28
« Peut-être mais je … J’en ai besoin. » Besoin, ce connard de besoin qui vous écrase les entrailles, vous broie les os et vous tape sur le système nerveux. Elle en est donc à ce point ? Celui de la toxico qui ne peut plus se passer de sa dose quotidienne. La voir dans cet état me rend complètement dingue, je ne préfère pas parler du mien qui n'est pas mieux. Alecto se débat, voulant rejoindre son petit nuage. Je l'en empêche, comme si ce que je suis en train de faire pourrait bien changer quelque chose à sa vie, aussi pourrie que la mienne. Il n'y a que ses dents enfoncées dans ma peau qui puisse me faire lâcher prise. Une douleur s'empare de ma main, remontant jusqu'à la plaie douloureuse de mon bras. Mon poing se lève en sa direction, prêt à la frapper. Je tremble, impuissant. Mes yeux se baissent en même temps que mon bras laissant s'échapper un cri de rage. « MERDE ! » Parce que dans ces moments là plus rien ne compte. Plus rien n'existe, la notion du temps est dissoute, encore plus celle des liens qui nous unissent avec le reste du monde. J'ai envie de gueuler de toutes mes tripes sur ma fille, lui cracher à la figure des insultes qu'on ne dit pas à une gosse. Et, par je ne sais quelle force j'me retiens et prends sur moi, encore une fois. Je la regarde prendre sa dose, dégoûté de son acte, dégoûté de moi-même. Le monde est con, la vie est cruelle, les plus faibles ont besoin d'un petit quelque chose pour affronter les coups. Nous sommes faibles, Alecto. On va crever avant les autres à cause de ça. A cause de notre faiblesse et nos émotions incontrôlables. Notre danse avec l'enfer est loin d'être terminé.
Le bruit de l'eau me fait lâcher du regard ce point invisible que je fixe depuis je ne sais combien de temps. Un rire résonne dans la salle de bains lorsque j'aperçois ma fille couchée dans la baignoire, complètement trempe. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé par terre mais je déploie toutes mes forces pour ramper comme un soldat jusqu'aux toilettes et me relever avec difficulté. C'est fou ce que le monde paraît moins agressif. Je suis dans ma bulle et rien ne semble pouvoir me ramener à la réalité et toutes ces choses inutiles qui me font souffrir. L'amour par exemple. L'amour m'a fait plonger dans la drogue, j'étais jeune et amoureux d'un homme. Quand on aime on fait des conneries, alors, comme un pauvre con j'ai commencé à dealé pour lui montrer de quoi j'étais capable. J'ai enchaîné les conneries jusqu'à ce qu'il me porte de l'attention. C'était beau, tellement beau, putain, j'étais le plus heureux des gosses. Je comprenais pas qu'il me menait par le bout du nez et, même si je l'avais découvert j'aurais rien fait pour que ça change. Je ne vivais que pour ses yeux, j'me sentais vivant. A sa mort, j'avais juste envie de crever. Le jour où j'ai accepté que plus jamais je ne le reverrais j'ai compris que j'étais définitivement enfermé dans le filet de la drogue. Trop tard. L'araignée avait tissé sa toile. C'est depuis ce jour, depuis cette rencontre précise que je ne suis le pire toxico. Je m'étonne parfois à être encore vivant. J'ai retrouvé un semblant de bonheur depuis que je suis avec Simba, c'est con ce qu'un homme peut produire comme bonheur autour de lui. J'ai décidé de mettre mon monde entre ses mains parce que j'ai plus la force de le supporter. Depuis son départ en Amérique, je ne suis plus le même, je passe mon temps la gueule à l'envers, j'ai aussi envie de passer mes journées à dormir dans l'espoir que le temps passe plus vite. Je suis dépendant d'un tas de drogues, ainsi que l'amour. L'amour est une drogue, quand on y pense. Le carrelage froid de la salle de bain sur lequel je me tiens laisse mes pensées s'évanouir tandis qu'un frisson s'empare de mon corps frêle.
Je me baisse, manque de tomber sur Alecto avant de fermer l'eau. J'peux pas la laisser comme ça. Après une longue inspiration je passe une main dans son dos afin de la relever. Du bout des doigts j'enlève une mèche de cheveux rebelle qui barre son visage. Une fois assise, je lui demande d'une voix douce de lever les bras. Ouais bon, pas très convaincant, j'attrape son bras droit afin de le lever en direction du plafond pour enlever la première manche et renouvelle le geste pour son autre bras. Une fois son t shirt enlevé, je le pose par terre avant d'attraper le sec que je lui avais soigneusement préparé. Bon, elle a l'air de comprendre que j'suis en train de la changer. Je trouve même assez facile de lui enfiler mon haut avec la tronche de Travis Barker imprimé dessus. Travis, un gars que j'admire parce qu'il joue la batterie comme un dieu. Alecto semble ne pas vouloir me compliquer la tâche en se débattant et rien que pour ça je l'en remercie. Je reste de nombreuses secondes bloqué sur ce t shirt, la bouche entrouverte. Un rien devient fascinant. Un sourire se dessine enfin sur mes lèvres. J'ai déjà oublié l'incident de tout à l'heure. Je tends mes bras en direction de la blonde, passe mes mains sous ses aisselles afin de la relever et la sortir de la baignoire. Lorsque je la lâche, je peux sentir son corps partir légèrement en arrière, de peur qu'elle tombe je la rattrape alors en riant comme un pauvre dégénéré.
« Reste avec moi ça serait con que tu m'laisses déjà. » Sans la faire attendre, j'ouvre la braguette de son pantalon et le déboutonne afin de le laisser tomber au sol. J'attrape enfin une serviette pour essuyer rapidement ses jambes. Ouais bon elles aussi mouillées que tout à l'heure mais on s'en balance. « On danse ? »
Qui a dit que nous n'étions pas en état de danser ? Franchement, quelle idée ! Sans prévenir je l'attrape et la tiens dans mes bras comme une princesse. On a pas vraiment la même allure mais l'idée est là. Le plus con la dedans est que je ne profite même pas des retrouvailles avec ma fille. Et, à la place d'essayer de la connaître je m'injecte une bonne dose de LSD pour être stone au point de paraître aussi léger qu'une feuille dans le vent. Oublier. Alecto n'est pas lourde mais assez pour me demander beaucoup d'effort, je la tiens dans mes bras mais l'un d'eux ne cesse de me faire horriblement souffrir. Je ne la lâche pourtant pas, de peur de la briser. Avec ses longs cheveux blonds et son visage pâle elle me fait penser à une poupée. J'ai l'impression d'être sur un bateau, le sol ne cesse de tanguer sous mes pieds. Que vois-je ? Des flèches sortent des murs pour tenter de me toucher. L'envie de danser s'évapore soudainement. Mon pouls s'accélère, je baisse la tête pour en esquiver une. Hallucinations aussi vraies que nature. La seule chose à laquelle je pense est de protéger ma fille. Tant pis si l'une d'entre elles traverse mon cœur. Mon regard s'accroche à la porte de ma chambre, je suis persuadé que si je traverse le salon, une fois dans l'autre pièce nous serons à l'abri. Mon pas s'accélère, je manque à plusieurs reprises de me casser la figure mais me retiens par je ne sais quel miracle. Mon sang ne fait qu'un tour lorsqu'une flèche frôle mon visage.
« On va y arriver Alecto ! ON VA Y ARRIVER ! » J'suis persuadé qu'elle aussi voit cette attaque.
Survivre. Courir. J'peux pas me laisser avoir par ces merdes. Non, j'vais passer entre leur lames tranchantes. C'est un peu comme sur un champs de bataille, le soldat, aveuglé par son casque et son envie de survie passe entre les balles sans comprendre pourquoi il a autant de chances. Ma main tremblante tourne la poignet, nous y voilà. Je pose alors Alecto sur le lit avant de retourner en arrière pour fermer la porte. J'ai peur de crever tellement que mon cœur bat vite. Je saute sur le lit pour m'allonger à côté de ma fille. Elle va bien, tout va bien. Ma petite poupée de porcelaine n'a pas une seule égratignure. Ma main caresse sa joue glacée, je lui pose un baiser sur le front. Premier baiser, premier contact de mes lèvres contre sa peau. Un père ordinaire aurait trouvé ce moment banal. Mais, même avec la drogue, j'ressens un pincement au cœur, ému. Je regrette des tas de choses, pourquoi ce moment, ce putain de moment magique n'arrive que maintenant ? Enfin, je décroche mes lèvres de sa peau douce. J'suis papa, bordel de merde, j'suis plus seul maintenant. Pour une fois je ne sens pas les émotions m'écraser le cœur. Non, j'ai l'impression de les contrôler. Ouais, c'est qu'une impression parce qu'en fait je contrôle rien du tout. Quand les effets de la drogue seront plus là, j'vais encore me laisser envahir par cette situation. J'vais me poser les questions qu'il ne faut pas. Connard de faible. Ma bouche se rapproche alors de son oreille.
« On va devenir invincible tu vas voir. On va y arriver. » J'veux plus souffrir. Un sourire plein d'espoir naît sur mes lèvres. « Nous aussi on va vivre … on va leur montrer. »
Et, j'y crois, de toute mon âme de pauvre type désespéré. Je recule mon visage, plante mon regard dans celui d'Alecto. Je transpire, effet secondaire causé par la douleur presque intenable. Je ne cesse de sourire et de caresser le visage de la jeune blonde du bout des doigts. Lorsque mes yeux lâchent ceux de ma fille, à nouveau des mirages se dessinent dans la pièce. Un paysage prend place, des bêtes informes s'approchent de moi. Je me recroqueville, voulant me faire tout petit. « Laissez-nous. » A nouveau mes yeux s'ancrent dans ceux d'Alecto. Le monde effrayant prenant place autour de moi n'existe plus, il n'y a que dans l'océan de ses iris que je trouve la paix.
Fatigué, je suis fatigué.
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Sujet: Re: « Y a comme un petit air de famille ! Ö » feat Cerbère ♥
« Y a comme un petit air de famille ! Ö » feat Cerbère ♥