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 Quiproquo fâcheux ~ Cerbère

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MessageSujet: Quiproquo fâcheux ~ Cerbère   Quiproquo fâcheux ~ Cerbère EmptyDim 10 Juil - 21:11

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23h53 à l’horloge. Sylvain vient de se garer au terminus et cinq personnes sortent de son véhicule. Il y a vraiment très peu de monde qui emprunte le dernier bus, surtout que celui-ci était en avance de deux minutes. Dommage pour les retardataires qui l’avaient vu passer devant leur nez, maudissant la RATP et contraint à prendre le métro. Mais pour notre cher chauffeur, cela n’avait pas vraiment d’importance. En fait, si, une mince, mais une quand même : cela lui faisait terminer le service deux minutes plus tôt et les minutes valent de l’or lorsque l’on est épuisé. Et de toute manière, les gens n’avaient qu’à venir en avance plutôt que de toujours attendre la dernière minute parce que sur telle ou telle applications de leur iPhone leur bus ne devait passer qu’à tel ou tel moment.

Pour une fois que Sylvain ne conduisait pas un noctilien, il y avait quelque chose à fêter ! Beaucoup de ses collègues, après avoir vérifié que rien ne traînait dans leur autobus, allaient à ce moment fumer une cigarette, sous l’abribus, tranquillement, mais Sylvain était de ceux qui ne buvaient pas et ne fumaient pas. Il ne prit donc pas longtemps à reconduire son bus jusqu’au centre d’Ivry et ainsi pouvoir rentrer chez lui, sautant cette pause rituelle chez la plupart des machinistes. Malgré l’heure avancée et sa fatigue, il convient de ne faire que quelques stations de métro, au lieu de se perdre dans les infernaux entre lignes, et de parcourir le reste de son chemin de retour à pied.

En effet, les changements de métro, il n’y a rien de plus énervant. On commence à se sentir bien, assis calmement à une place, et hop on doit sortir. On n’est même pas encore arrivé ! Le reste de la route n’en semble que plus long et désagréable. Certes, le trentenaire connaissait presque la totalité des stations à sa disposition, mais cela ne le rassurait en rien dans le fait de louper son arrêt ou autre connerie du style.

Sylvain arpentait donc les rues, dans la pénombre, appréciant la lumière des lampadaires, lorsqu’il y en avait. Seules quelques ruelles n’étaient pas éclairées, ou du moins, mal éclairées. Il essayait de les éviter, pourtant, dès lors que les premières plaques de rues du quinzième arrondissement de la capitale se livrèrent à ses yeux, il était près d’une heure du matin et il fut contraint de prendre une direction moins animée. Un désert total. Un simple lampadaire, éclairant la moitié de la zone visible de la rue… et pas un rat. Même ces bestioles pourtant profiteuses de l’obscurité semblait avoir déserté les lieux. Sylvain n’aimait pas trop passer par là, on ne sait jamais sur quoi on peut tomber… Mais, sous la contrainte, il y accéda. Ce fut à cet instant, alors que son sac en bandoulière dans le dos il venait d’avancer de quelques pas, qu’il entendit un son étrange. Tendant l’oreille, il crut d’abord que c’était un animal ou un pigeon, qui venait de battre des ailes ou de se faufiler entre des bennes à ordures.

Mais plus il marchait, plus il fut certain d’être suivi. Prenant son courage à deux mains, il finit par décider de se retourner. La voix légèrement tremblante, il demanda simplement : « Y a quelqu’un ? »
Question stupide. Car un futur agresseur n’allait pas répondre... Enfin, si peut-être…Mais c’était con.
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MessageSujet: Re: Quiproquo fâcheux ~ Cerbère   Quiproquo fâcheux ~ Cerbère EmptyDim 24 Juil - 2:54

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Je suis un mal nécessaire.


Mes poings se serrent. Je lève les yeux au ciel en inspirant une longue bouffée d'air frais. J'ai l'impression de suffoquer, mes poumons me brûlent. J'enfonce mes mains dans les poches de mon jean pour les empêcher de trembler. Ce soir, je ne peux pas rentrer à l'appartement. Pas dans cet état. Je suis un déchet et encore, un déchet doit avoir meilleure allure que moi. De la transpiration coule sur mon front, je marche à l'aide de je ne sais quelle force. J'ai envie d'abattre mes poings sur n'importe qui m'approche. Je déteste être dans ce genre de situation, mon cerveau semble tourner à l'envers. Le manque de drogue tape sur mon système nerveux. Je suis comme un de ces lions, qu'on affame dans une cage sans son besoin essentiel de survie, la viande. Paumé dans les rues de Paris, je erre dans l'espoir de tomber sur un ami qui pourra me procurer un peu de drogue. Au stade où j'en suis, je suis capable d'avaler n'importe quoi. J'ai besoin de ça pour aller bien. Je souffre, j'ai mal, je veux planer, retrouver ce monde dans lequel je m'enferme souvent. J'ai l'impression d'être un homme que l'on opère sans anesthésier, celui qui ressent la moindre douleur, celui qui souffre. Celui à qui on offre pas ce dont il a tant besoin. Je baisse les yeux pour fixer le sol, je me surprends à compter le nombre de papiers que je croise. J'en arrive à oublier cette voix qui me hurle dessus, celle qui me menace de tout faire péter. Un homme me bouscule, je manque de m'effondrer, surpris par 'cette attaque'. Je lui réponds par un regard noir, je sens alors ma gorge qui se serre. Un rien peut me rendre complètement fou. Je ne cesse de me répéter qu'il ne faut pas que je rentre pourtant, une partie de mon cerveau me le supplie. Je suis déjà rentré à l'appartement complètement défoncé au point de pas pouvoir me lever pour aller pisser. Mais, en manque, jamais. J'ai aucune envie de faire endurer ça à Simba. Je ne contrôle aucun de mes gestes. Alors la seule solution que j'ai est de trouver une dose pour pouvoir rentrer.

Je me retrouve dans une rue sombre, comme les autres mais légèrement plus petite. L'air frais me glace la peau, pleine de transpiration. Fatigué de marcher, je cesse d'avancer pour fixer les passants. Il y en a peu à vrai dire. Le silence qui règne dans cette rue me rappelle mon état de manque. Putain de drogue. BORDEL DE MERDE. Mes yeux paniqués fixent les environs déserts lorsque se dessine dans mon champs de vision un homme. Je connais à peine son prénom où plutôt, j'm'en souviens plus, incapable de réfléchir au stage où j'en suis. Mes mains quittent mes poches toujours aussi tremblantes. La haine envers cet homme me noue le ventre, une vague de dégoût me ramène à ce même mot, qui me fait frémir lorsque j'y pense. Viol. Je suis quasiment sur que ce type, ce connard , a violé sa fille. Depuis le temps que je veux lui faire payer faut croire que c'est maintenant ou jamais. D'un pas lent je commence à le suivre afin de pouvoir lui foutre mon poing sur la gueule au bon moment. Et puis, tant pis si des témoins me voient, j'm'en balance, j'ai absolument rien à perdre. « Y a quelqu’un ? » Sa voix résonne dans la rue comme un signal de départ, tel un coup de fusil que l'on donne en direction du ciel. Ma main tremblante attrape le bras de l'homme pour l'emporter dans l'obscurité. Mon poing se serre, mon regard est alors habité par une haine dont je n'aurais jamais soupçonné d'exister en moi. Mes doigts se resserrent sur son poignet. Lorsque mes yeux se plantent dans les siens mon corps réagit de façon violente. Le premier coup de poing s'abat sur son visage. C'est comme un paquet de chips, lorsqu'on commence on ne cesse d'en manger qu'une fois le paquet vide. Et c'est là que le reste s'enchaîne. Une avalanche de coups qui ne cherchent qu'à faire souffrir, à la recherche d'un gémissement de douleur qui pourra les satisfaire. D'un geste vif, j'attrape une barre de fer qui traine près d'une poubelle qui dégueule des ordures. J'avais remarqué ce morceau de feraille rouillé depuis une bonne dizaine de minutes déjà. Et, j'avais de suite compris qu'elle serait une très bonne amie. La lumière du lampadaire éclaire les alentours de sa faible lumière ce qui me permet de voir le sang couler. La violence semble être le seul moyen que j'ai trouvé afin d'extérioriser ma rage. La barre de métal s'écrase à plusieurs reprises sur les côtes de la victime. Je souris. Le genre de sourire renforçant les traits de mon visage malade par la haine. Si j'avais eu une arme, je n'aurais pas hésité à lui mettre une balle entre les deux yeux. Mais, je n'avais que mes mains. C'est alors que je lui crache toutes les insultes du monde lorsque je le roue de coups pieds dans le ventre.

    « S'pèce de connard. » Je marque une pause, à bout de souffle. « Je sais ce que t'as fait. »


Je ne sais pas s'il écoute vraiment mes paroles mais cela n'a pas d'importance. Je ne cesse de lui foutre des coups, en fait je ne parviens même pas à m'arrêter. Soudain, une main se pose sur mon épaule. C'est alors qu'immédiatement je cesse de frapper afin de me pousser. « Tu vas le tuer ! » A nouveau, la main de cet inconnu tente de m'effleurer. Je recule, tel un animal sauvage. Je ne supporte pas qu'on me touche. Je prends le moindre regard qu'on me lance comme une agression. C'est alors que je me relève pour partir en courant. Fuir cette chose horrible et sans intérêt que je viens de faire. Je sais d'avance que je vais finir ma nuit sur un banc. A moins que je ne rentre à l'appartement. J'en sais rien, j'sais plus.
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MessageSujet: Re: Quiproquo fâcheux ~ Cerbère   Quiproquo fâcheux ~ Cerbère EmptyMar 26 Juil - 11:58

Sylvain n’avait quasiment jamais fait de mauvaises rencontres en rentrant du boulot…Mais celle-ci serait sans doute la plus cruciale car elle changerait sa façon de voir le monde. Le fait était que notre jeune homme ne s’y attendait guère et, apeuré, il se retourna. Gravissime erreur, il aurait dû continuer à avancer, à s’enfuir même ! Mauvais endroit au mauvais moment, cela nous arrive à tous. Regardant dans la ruelle, alors que la pénombre ensevelissait les lieux, Sylvain ne put apercevoir qu’une forme plus ou moins humaine. Une silhouette qui ne lui prodiguait rien de bon. Il eut l’envie de se retourner et de reprendre sa route, comme s’il n’avait rien vu, comme si ses yeux ne lui avaient chanté que des foutaises, faisant ainsi une mauvaise blague à son cerveau. Mais, il ne put pas faire plus de deux pas qu’il sentit une main venir le saisir par le poignet. Terrorisé, le cœur battant, il se tourna vers celui ou celle qui avait été l’auteur de ce geste. Son regard croisa celui d’un homme. Il ne l’avait jamais vu auparavant…Enfin, c’était ce qu’il pensait. Il ne l’avait peut-être jamais vu, mais lui, au contraire, l’avait déjà observé un certain temps. Sylvain déglutit, prêt à formuler une nouvelle question. Après tout, peut-être que ce type au regard de fou ne voulait juste que du feu pour allumer sa cigarette, n’est-ce pas ?

Malheureusement, le jeune homme fut vite détrompé. Il n’eut le temps de ne rien dire, de ne rien faire, qu’un coup violent s’abattit contre sa mâchoire. Il voulut se débattre, s’échapper, mais l’autre le tenait bien fort. Groggy par ce premier coup sévère l’ayant atteint droit au but, il ne put que crouler sous les suivants. Il avait été pris par surprise. De plus, tout le monde savait que Sylvain n’avait jamais été quelqu’un de violent et ne se battait presque jamais. Autant dire qu’il ne pouvait rien faire. Plus les coups pleuvaient contre son visage, plus il sentait qu’on allait finir par le tuer. Il sentit le goût métallique du sang lui envahir la bouche, alors qu’il en cracha légèrement, avant de ne se retrouver affalé contre le sol. Il tenait tant bien que mal de reprendre ses esprits, afin de pouvoir s’enfuir, trouver une issue de secours, mais rien y faisait. Il était anéanti. Il lança un regard suppliant à son tortionnaire, mais celui-ci l’ignora, formulant une phrase étrange. « Je sais ce que tu as fait. » Mais la douleur empêchait notre chauffeur de bus de réfléchir intelligemment. C’est pourquoi, il se tut, sentant des filets de sang lui couler sur son visage boursouflé par les coups violents qu’on venait de lui asséner avec rage. Dans les gestes de ce type, celui qui le battait, il avait senti de la haine, mais aussi de la détresse. Etait-il vraiment qu’un fou ?
Sylvain se protégea le visage des bras lorsqu’il le vit se saisir d’une barre de fer, trainant à proximité d’une poubelle, sentant que le pire était à venir. Il se roula en boule un peu comme un animal en détresse qui voyait un prédateur venir lui porter les coups ultimes. Etait-il victime d’une mise à mort ? Il le crut bien lorsqu’il sentit la barre de fer venir lui brûler les côtes à plusieurs reprises. La douleur devenait de plus en plus insoutenable. Sylvain cracha de nouveau du sang…

L’objet lui chatouilla les côtes encore et encore avant que celui-ci ne soient remplacé par des coups de pied. Sylvain était véritablement en souffrance. Cependant, lorsqu’il sentit qu’on arrêtait enfin le carnage, il parvint à hurler à l’attention de son agresseur, dans un gémissement de douleur :

« Mais…Qu’est-ce que j’ai fait ? »

Il voulait qu’on lui réponde, il souhaitait ardemment savoir ce qui lui avait valu tout cela. Encore un peu et il en serait mort. D’ailleurs, peut-être allait-il en mourir ?

Ce fut à cet instant qu’il sentit un inconnu se pencher à ses côtés, mais il se roula en boule, afin de se protéger, totalement sur la défensive. Il ne voulait pas qu’on le touche.
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