Cela faisait maintenant des mois que
ça traînait chez moi et particulièrement dans ma chambre. Je ne savais pas à qui il appartenait ni si son propriétaire avait remarqué sa non-présence lors de son départ. J'espérais, du moins, qu'il avait bien senti son absence. J'admirais donc
ça depuis un moment. Allongé dans mon lit, je le fixais car depuis peu j'avais appris à qui il était. Je connaissais son nom, sa profession et son lieu de travail. Une galerie dans le 7ème arrondissement. Soupirant face à la motivation que je n'avais pas, je me redressais difficilement, réfléchissant à la manière dont j'allais amorcer la conversation. Ce n'était pas un sujet habituel pour deux inconnus et je ne savais comment m'y prendre. Après tout ce que nous avions fait, la franchise ou l'humour seraient les seules solutions à mes yeux. Je me levais, attrapais à la volée l'objet de ma convoitise et sortis de mon appartement en quelques minutes avec une idée derrière la tête que me faisait tout bonnement rire. Adresse en main, je m'aventurais dans le méandre des rues parisiennes un vendredi après-midi alors que la plupart des travailleurs habituels sortaient du boulot. Avec
ça dans ma poche, je me sentais incroyablement con. Et si, maladroitement, je le sortais ? Que m'arriverait-il ? Pour qui me prendrait-on ? Un pervers ? Un pédophile ? Je n'osais imaginer la réaction des parisiens dans ce métro. C'est pourquoi, je gardais mes mains dans mes poches, évitant de les sortir pour que
ça sorte.
Dans la rue de la galerie en question, je marchais d'un pas déterminé, frôlant la course à pied tellement la situation m'amuserait. J'avais quelques freins mais la réaction de Vincenzo Paolinetti, identité du propriétaire du
ça, m'enchanterait plus qu'elle me ferait pleurer. Il fallait dire que c'était plutôt comique. J'entrais donc dans la galerie. Personne. Mais j'entendis au loin une voix masculine. C'était surement lui. Sourire narquois sur le visage, je m'avançais dans la galerie, sortant le boxer de l'homme en question que je placerais ici-même sur ce mur face à l'entrée de son lieu de travail. Je sortis ma boîte à épingle. Un dernier regard sur ce sous-vêtement que je tenais fermement entre mes mains et je l'affichais fièrement comme toutes ces œuvres d'art. Avais-je peut-être l'âme d'un artiste, qui sait ? Je penchais légèrement ma tête sur la droite avant de m'exclamer
« C'est parfait ! » Puis je me retournais, tombant nez à nez avec le fameux galeriste. Je jetais un regard sur ma gauche. Des post-it ! J'en attrapais un, glissais mon doigts dans la poche du jeune Paolinetti pour lui prendre un stylo et j'écrivais un mot que je collais au-dessus de son boxer avec un grand sourire :
JE CROIS QUE CECI VOUS APPARTIENT. VOTRE FUITE MATINALE SUITE A NOTRE NUIT BESTIALE VOUS A FAIT OUBLIER CE MAGNIFIQUE BOXER SOUS MES DRAPS.
AMICALEMENT, C.