plus rien ne lui semble pareil à autrefois, à cette merveilleuse époque où elle pensait encore que tout allait pour le mieux. que tout avait changé. malheureusement, rien de tout cela n'est arrivé. jamais, sans doute. elle doit être assimilée à ce type de galère que vous croyez délibérément que cela n'arrive que dans les histoires les plus tragiques, vous confortant dans l'idée que votre vie est, ainsi, pas si triste que cela. elle, s'est à répétition que cela lui arrive. cela frappe au moment où vous vous croyez pourtant en sécurité, hors de cette foutue ligne de mire. aujourd'hui, cet imbécile de contrôleur a déchargé toute la frustration que peut procurer un tel métier devant les yeux attentifs du wagon. lire sur ses visages ce rictus moqueur, sous les éclats d'un tel monologue. certes, voyager sans tiquer, c'est mal, cependant ce n'est guère une raison pour un tel traitement. il n'a cessé son sermon une bonne dizaine de minute seulement. louve a pensé innocemment que lorsqu'il partirait, elle aurait quelques instants de repos. vain espoir. les regards appuyés n'ont cessés, si bien qu'elle a préféré descendre au plus vite, quitte à faire un peu de marche. ce sentiment de rejet, même de la part d'inconnus peut être dévastatrice. elle dévale les rues, vacillante. comme si cela ne suffit pas ! comme si elle n'a déjà pas enduré assez de chose durant sa courte vie ! demain, qu'est-ce que ce sera ? elle soupire, essayant de refouler le flot de rancœur qui ne demande qu'à déferler. bientôt, la lumière ne sera plus, même s'il n'est pas bien tard. l'hiver, qu'elle déteste cela. comme dans d'autres choses, à vrai dire. la désillusion de rêves entrainent parfois à la haine de ceux-ci, et de la réalité, médite-t-elle tout en s'asseyant sur les marches d'un quelconque bâtiment. fébrilement, elle extirpe une cigarette de son 2.55, seul vestige d'une époque meilleure. le briquet lui, malgré les efforts de louve, ne veut donner de flamme. elle le serre furieusement entre ses doigts, avant de l'envoyer ainsi valdinguer. tout se déglingue. rien ne va plus. à y repenser, comme ce stupide haut qu'elle a connu n'avait rien d'extraordinaire. que de faux-semblants. son front se rabat sur les genoux de ses jambes recroquevillées. « putain... »