un rayon de soleil perce sournoisement la grisaille de l'hiver. ce maigre espoir d'une température correct t'a décidé à sauter le pas. avec appréhension, tu te diriges encore en sous-vêtement petit bateau, en direction de cette armoire pleine à craquer. tu crains le résultat, à vrai dire. ce n'est que trop rare que tu décides à revêtir une robe. ou du moins, lorsqu'une telle folie te prend, tu tentes de casser la silhouette avec des boots, afin de te réfugier un peu plus dans ce masculin-féminin que tu t'es façonnée à ta manière. après tout, cela te va bien. tu aimes enfiler un slim taille haute, un t-shirt complètement loose, une paire de boots en cuir naturel qui ont vécues et un manteau pointu. ça te donne un charme fou, avec la rigidité du pardessus. alors, pourquoi décides-tu d'ainsi changer ? pour essayer ? une brusque envie de changement ? sans doute. tu glisses tes frêles jambes dans fourreau tenant lieu en un collant plumetis, puis tu te regards avec timidité dans le miroir. tu comprends enfin pourquoi tu as quitté le monde des jupes et autres : la dernière fois que tu en as arboré une, un imbécile t'a sommé d'aller manger un hamburger. ça t'a dévasté. après un bref soupire, tu enfiles une petite robe noire du plus belle effet. il s'agit d'une pièce de la collection lanvin de cette année, assez courte, près du corps, avec une adorable coupe dite "trois-trous". t'esquisses un sourire. tu portes une brosse à ses cheveux, les discipline quelque peu. ils sont coiffés en une raie au milieu, classique, mais mettant en valeur leur épaisseur. un gros gilet en laine gris chiné rejoint tes épaules, de même qu'un 2.55 et un manteau à la coupe droite. un sandro de l'année dernière. une paire de zizi repetto aux pieds, tu t'empresses de rejoindre paname. déjà, la foule te trouble. quelque peu agoraphobe, semble-t-il. t'es pas vraiment à l'aise, mais t'essaies de faire genre. soudain, quelqu'un est interpellé. ce ne sera jamais toi, tu penses à tord. un type brun passe devant-toi, tu t'arrêtes, simple réflexe. Séniorita, Vous êtes la plous belle femme qué yé vous dé toute ma vie... Vous yêtes juste magnifique! Buona giornata. l'accent te faire sourciller. il se moque de toi, ou bien ? avant que tu n'aies le temps de rétorquer, il s'enfuie. « hey ! » tu ne peux t'empêcher de l'interpeller. « espèce de cinglé ! » tu n'as trouvé que cela à dire. t'es pas d'accord, t'es loin d'être belle. enfin, t'es trop conne pour voir à quel point t'es magnifique.