► business.

« and then she started kissing me like I've never been before, you know ? She was just amazing. French girls are amazing ! ». j'écoutais William raconter ses exploits auprès de la gente féminine sans y porter grand intérêt. Le jeune anglais s'étonnait encore de l'ouverture d'esprit de certaines jeunes femmes françaises comme s'il avait eu la révélation du siècle et qu'il peinait à s'en remettre. De mon côté, j'avais noté la chose depuis mon arrivée dans la capitale parisienne, il était vrai que les françaises – ne faisons tout de même pas une généralité – avaient un fort penchant pour la fête et les bonnes choses. Mais c'était sans doute une coutume européenne puisque j'avais également pu le constater lors de mes sorties dans le pays shakespearien auquel j'appartenais. Mon pays natal, quoi. William continuait de nous délivrer ses anecdotes, et je m'amusais de voir que – pour quelqu'un qui n'avait connu qu'une ou deux filles à vingt-cinq ans – il ressemblait furieusement à un adolescent qui découvre les joies du sexe pour la première fois. « Did you call her back ? », lui demandais-je, désireux de savoir s'il avait rappelé sa belle après leur première nuit d'amour. « What for ? I took her, I don't need to. », me répondit-il. Il ne l'avait donc pas rappelée, grave erreur. Il faut toujours rappeler les conquêtes, même d'un soir, parce qu'elles peuvent ensuite se transformer en des relations bien plus abouties, plus suivies. Il faut savoir rester dans le coup. « You're such a dick. Now give her a call, you'll see she'll be glad. Be gentleman. », le conseillais-je après l'avoir insulté gentiment. Son manque d'expérience me faisait doucement sourire, aussi par politesse me contenais-je. J'allumais mon quatrième stick d'affilée et tirais doucement quelques lattes de la mixture que renfermait le joint. Fumer étant devenu une activité quotidienne, le shit n'avait plus beaucoup d'effets sur moi... Un retentissement me signala un nouveau message sur mon téléphone. C'était ma mère, qui me demandait de lui envoyer de l'argent, comme d'habitude. J'ignorais royalement ledit message et m'apprêtais à reposer mon portable quand une nouvelle sonnerie retentit à son tour, signifiant un appel. Je décrochai.

« Salut Rachel ! », répondis-je avant même que la jeune femme puisse dire quoique ce soit. Une personne normale se serait contentée d'un « allô ». Une voix féminine que je connaissais bien désormais me répondit. « Bonsoir belle gueule ! J'ai un petit service à te demander. Il fait froid dehors, mais j'aurais besoin de tes petites pilules magiques... tu veux bien m'en apporter à la maison ? Super, je te sms l'adresse ! ». Et la conversation en resta là. Entre-temps, William avait rappelé la fille de la veille, et tirait une tête de cent pieds de long, dépité. « What did she say ? », m'enquis-je. Et lui de me répondre : « She doesn't remember anything. She told me that she was alone last night and when she woke up this morning, she was still alone in her bed, and my name doesn't mean anything for her. She thought my call was a joke from one of her friends. ». C'était ce que la majorité des européens, même ceux qui ne parlaient pas anglais, qualifiaient de FAIL. Je lui lançais un regard compatissant bien que mon moi intérieur riait aux éclats. Sortir avec une fille défoncée qui ne se souvient de rien le lendemain... Ce n'est peut-être pas plus mal qu'il ne la revoit pas, si ça se trouve elle avait fait semblant de prétendre ne se rappeler de rien parce qu'il était un mauvais coup. Bon, on arrête de se faire de drôles de films, c'est pas ta vie Manech ! Et t'as du boulot, en plus.

Je me levai de mon canapé après avoir écrasé le carton de mon stick dans le cendrier, et je me dirigeai vers le tiroir de mon armoire dans lequel je conservais une partie de ma came – en tout cas celle qui intéressait Rachel. J'en pris un petit sachet pour elle et un autre de rab au cas où, je les enfournais dans la poche de ma veste et après avoir pris congé de William, je quittais l'appartement pour le froid parisien. Direction le onzième ! Considérant que j'avais un peu de temps devant moi histoire de ne pas arriver trop tôt – ce que je détestais – je sortis en voiture et c'est dans ma belle BMW noire que je me garais près de l'habitat de ma cliente. En deux temps trois mouvements, mon doigt appuyait sur la sonnette et presqu'aussi rapidement une petite bouille à l'épaisse crinière brune apparaissait sur le perron. « Allez viens beau brun ! Je sais même pas quelle heure il est ! […] Merci pour la livraison à domicile ! C'est plus cher ou tu vas me faire un prix ? », souria la jeune femme tandis que nous étions déjà installé, moi dans le canapé une bière fraîchement ouverte à la main, elle assise sur l'accoudoir dans une position qui, je devais l'avouer, était assez plaisante à regarder. J'adorais ce côté charmeur que Rachel possédait, j'ignorais si c'était sa manière habituelle de se conduire mais il me semblait l'avoir toujours connue ainsi.

« La livraison est offerte, cadeau. Estime-toi heureuse, d'habitude les frais de port sont payants. Pour ce qui est de la marchandise, les prix n'ont pas changés. », lui fis-je, toujours très professionnel. Portant la bouteille de verre à mes lèvres, je gratifiais la jeune femme d'un clin d'oeil. Je me mis à l'aise, me laissant glisser dans le canapé comme si j'étais prêt à m'installer pour de longues heures... Tournant la tête vers la française, sans doute à son apogée dans sa trentaine d'années, je ne pus m'empêcher de faire une petite remarque. « Au fait, je t'ai réveillée ? J'aimerais te dire que je suis désolé mais quand je vois ton pyjama je me dis que finalement je suis arrivé à la bonne heure. », la charmais-je, provocateur comme je pouvais l'être. J'adorais jouer ainsi avec les femmes, faire des compliments dissimulés, jouer avec les mots, avec les émotions, faire un peu de drague pour observer les réactions et sans forcément rien attendre de plus. Juste pour détendre l'atmosphère. Puis ce n'était pas comme si Rachel et moi n'avions jamais été plus proches, pas comme si j'ignorais ce qui se trouvait sous cette ravissante petite robe, alors ce n'était certainement pas elle qui allait s'offusquer de mon commentaire.