« Mais Grace, tu m’emmènes où là ? On marche trop, j’suis désaltéré, il m’faut une bièèèèèère ! » Tu sais carrément pas où tu vas, mais t’avances sans broncher. T’as trop bu encore une fois. Ca commence à être vraiment trop fréquent, mais tu t’en branles. T’as toujours dit que t’avais qu’une jeunesse, et t’en profites à mort. Mais y a plutôt intérêt que la surprise soit bonne, parce que là, tu commençais à avoir mal aux pieds. Tes yeux sont à moitié ouverts, tu traines des pieds, tout est flou autour de toi. T’as encore bien fait le con ce soir.
Grace s’arrête enfin. Tu pousses un cri de joie, et maintenant, t’es impatient. T’as envie de savoir dans quoi elle va te fourrer, et tu ressembles à un gamin face à son cadeau d’anniversaire. « - Tu vas kiffer mec, c'est encore mieux que le Pays des Merveilles, la caverne d'Ali Baba ou l'usine Kinder Bueno » Tu regardes le bâtiment qui se trouve en face de toi, et là, t’essaies de lire ce qu’il y a d’écrit sur la façade. Mais t’as trop bu pour pouvoir comprendre quoi que ce soit. « Tu m’as amené à l’usine d’Heineken ou de Kronenbourg ? » dis-tu en entrant à l’intérieur de l’atelier. Il fait trop noir, t’y vois que dalle. Donc tu commences à chercher l’interrupteur à tes côtés. Sauf que quand t’appuies dessus, t’entends une porte roulante s’ouvrir et tu captes qu’il y a un problème. « T’es sûre que tu veux pas allumer la lumière toi pour le bien de ce bâtiment ? Tu la laisses pas répondre et tu commences à avancer, en posant tes mains un peu partout pour te repérer. Sauf que t’aurais dû analyser le sol, puisque tu te retrouvais allongé sur le carrelage après t’être pris les pieds dans un fil. Ca commence bien !

« Fais pas chier, t'as assez bu comme ça ! » T’as jamais assez bu. T’es une machine à ingurgiter de l’alcool, qui travaille du matin au soir, et dire que t’avais assez bu, c’était mal te connaitre. Tu bois plus de bières que d’eau, et dans ta chambre, t’as toujours une glacière remplie d’Heineken. Et puis, quand t’es trop bourré, il te suffit de gerber un peu et hop, c’est reparti. Pour l’instant, t’as encore la place pour une bonne girafe. Mais t’as pas l’impression qu’elle t’emmène à un endroit où tu vas te mettre la race. Ca t’intrigue, tu sais pas où t’es, et le manque de lumière ne t’aide pas à combattre ta curiosité. Donc tu cherches la lumière, sauf que tu fous le bordel. Et quand tu demandes à ta pote d’éclairer la pièce, pendant que tu commences à analyser les lieux comme si tu jouais à Cola Maya, t’enchaines les conneries en te retrouvant face contre terre. T’es le pire des boulets, et les rires de Grace prouve bien qu’elle le pense. « Si tu commences comme ça, tu vas sûrement me réduire les lieux en cendres. Et vaut mieux pas pour toi. Parce que j'te ferai regretter ça, haha. » T’es sonné, t’essaies de capter ce qu’il se passe autour. T’as les yeux qui brûlent, la lumière t’agresse. Tu te frottes le visage et plisses les yeux pour essayer de comprendre où t’es. « On est dans la chocolaterie de Charlie ? ». En fait, t’as peut être trop bu, ouais. Tu forces un peu plus, et c’est là que tu vois les métiers à tisser. Les vêtements sur cintres. Les robes empaquetées. « J’suis au paradis ? » dis-tu, avec une tête émerveillée. Tu te retournes et fonces vers elle pour l’attraper dans tes bras, la faire tourner et la reposer au sol de manière maladroite. « J’me suis donné la gerbe… » Tu reprends tes esprits quelques secondes. « C’est mon cadeau de Noël ? J’t’ai rien acheté moi ! »