C'est l'histoire de la vie, le cycle éternel qu'un enfant béni rend immortel. Oui, désolée je devais mettre cette petite phrase du roi lion. Comprenez-moi c'était tellement tentant ! Pourtant, ma vie ne ressemble pas à un Walt Disney - comme la vie de chaque personne sur terre. C'est si facile d'imaginer une vie parfaite, si facile d'y croire. Et pourtant, quand on nous retire ce qu'on a, on se rend compte qu'on était plus heureux avant.

Dégages de chez moi ! Je ne veux plus jamais te voir ! Je suis cachée derrière la porte de la cuisine et j'entend ma mère gueuler après mon père. Je pleurs toutes les larmes de mon corps, j'essaye d'être silencieuse. Ils ne savent pas que je suis là, ils pensent que je suis dans ma chambre et que je ne les entends pas. Ella, c'était une erreur, je suis désolé. Je sais que mon père a fait une connerie, je sais qu'il s'est passé quelque chose mais je ne comprend pas. Je ne comprends rien à ce qui se passe mais en tout cas, je vois mes parents qui se déchirent. Derrière moi, j'entends du bruit. Nicholas est derrière moi. Je me jette dans ses bras et pleurs de plus belle. ça va aller ma puce.
Une erreur? Tu te fou de moi ! Je te retrouve dans notre lit avec une bimbo qui a dix ans de moins que toi et tu appelles ça une erreur ? Et voilà, maintenant on savait ce qui se passait entre nos parents. Un adultère, une connerie faite mon père. Je n'arrivais pas à en croire mes oreilles. Le couple de mes parents étaient un modèle pour moi, avant tout cela. Nicholas me traîne vers ma chambre. Je me met assise sur mon lit et continue à pleurer. Je ne peux plus rien dire. Quel con ! Je le savais, je m'en doutais. Je le regarde, j'essaye d'arrêter de pleurer. Mes yeux sont rouges, ils me piquent, j'ai le nez qui coule - bref, je suis dans un état pitoyable. Et puis, on entend claquer la porte, papa est parti.

Et voilà les enfants, nous sommes arrivés. Je sors de la voiture et découvre une maison, notre nouveau logement. Mais c'est moche ! Paris avait beau être mon rêve, ce lieu m'a séparé de mon père. J'entre dans la maison et y découvre tous nos meubles. Mon père n'avait plus rien, il devait recommencer à zéro. J'étais parti de Lyon depuis quelques heures et tout me manquait déjà. Je monte directement dans ce qui va devenir ma chambre et y découvrir une grande pièce. A la base, j'aurai dû me plaire. La pièce était trois fois plus grande que ma chambre lyonnaise, beaucoup plus éclairée et plus conviviale. Mais je n'avais pas envie d'être là. Instinctivement, je file vers la pièce d'à côté, la chambre de Nicholas. J'entre sans frapper et m'installe sur son lit, les jambes croisées. Alors, tu trouves comment? Mon frère s'installe avec moi sur le lit et me prend dans ses bras. Je sais que tu n'as pas envie d'être là, mais tu verras on y sera mieux. Oh non, je n'y serais pas mieux mais je ne dis rien. Je n'ai pas envie de m'engueuler avec mon frère. Alors je pose ma tête sur son épaule et reste silencieuse. En venant à Lyon, j'ai dû quitter ma famille, mes amis, mes habitudes, tout ce qui fait que je suis moi.

Morgane, je peux te parler s'il te plait. Je suis assise sur mon lit, dans ma chambre, Nicholas vient s'installer à côté de moi. Je me pousse légèrement et ferme le magazine que je lisais. Ecoutes ma puce, Elizabeth est décédée ce matin. Je regarde mon frère, sans rien dire. Je ne veux pas y croire, je me lève et lui met une claque. T'es pas bien de me dire ça ! T'as pas le droit de rire là-dessus ! Eli, c'était ma meilleure amie, ma confiance, mon âme soeur. Elle était mon double, celle qui me complétait. Momo, tu sais bien que je ne blaguerais pas là-dessus. Là, je me rends compte qu'il ne me ment pas et qu'il est sérieux. Alors, c'était ça le coup de téléphone d'il y a dix minutes. Je me mets assise et me met à pleurer. Je savais que ça allait arriver, je savais qu'elle allait nous quitter un jour. Depuis des années que je connais Elizabeth, depuis des années qu'elle est atteinte d'une leucémie et depuis des années qu'elle se battait. Et pourtant, elle a succombé à la maladie.
Je suis sur le premier banc à l'église, Nicholas est à côté de moi, pour me soutenir. Il connaissait à peine Elizabeth mais il sait à quel point elle comptait pour moi. J'ai les larmes aux yeux mais j'essaye de me contenir, pour la famille d'Eli. J'essaye de garder la tête haute, d'être forte mais le décès d'Eli me blesse terriblement. Je suis touchée et je ne m'y attendais pas. Le curé me demande de venir au micro. Je tremble mais m'approche quand même. Je sors le papier où j'ai écrit un discours, un éloge d'Elizabeth. Je ravale mes larmes. Elizabeth était un modèle pour moi, et pour beaucoup d'entre nous. ça fait dix ans que j'ai déménagée pour venir vivre à Lyon et dix ans que je la connais. Elizabeth est la première personne à être venu me parler, à m'avoir accepté. J'ai eu beaucoup de mal à faire ma place et Eli a été là pour m'aider. Je m'arrête un instant. Je me souviens de tout ce qu'elle a pu faire pour moi, des moments qu'on a pu passer ensemble. Les larmes me viennent mais je résiste. Désolée. Elizabeth était une de ces personnes qui ont un énorme coeur et qui aident les personnes sans les juger. Elle accordait le pardon, elle donnait une chance à chaque personne qui en avait besoin. Elizabeth était jeune, mais c'était une femme forte, réfléchie et battante. Je m'arrête de nouveau et fixe Nicholas. Il voit que je vais mal, il voit que je vais craquer. Il commence à se lever et je lui fais non de la tête. Elizabeth, tu vas me manquer, nous manquer et d'ailleurs tu me manques déjà. Reposes toi là où tu es et j'espère que tu y seras heureuse. On se retrouve dès que l'avenir en aura décider. Je replis mon papier et me dirige vers ma place. Installée, j'éclate en sanglot. Nicholas me prend dans ses bras.

Je suis à la gare de Lyon-Part-Dieu, un sac sur l'épaule. Je ne pars pas à l'aventure, je veux simplement rentrer à Paris. Quand Elizabeth est morte, j'ai fini mon année de terminale et j'ai décidé de repartir vivre à Lyon où mon père m'attendait. Par la même occasion, j'ai commencé des études de droit. A présent, j'ai fini mon master et je veux retrouver Paris, cette ville que j'ai tant détesté mais qui me manque. Je sors mon téléphone. Nicholas, j'ai besoin de toi. Si j'arrive à Paris dans quelques heures, est-ce que tu peux m'héberger? Bien entendu, mon frère approuve. Voilà quelques mois qu'on ne s'est pas vu mais je pense qu'il sera heureux de me voir et de m'héberger. Il me répond aussi que je suis sa petite soeur et qu'il est hors de question de me laisser à la rue. Alors, je monte dans le train direction Paris.
Je monte dans la voiture où Nicholas m'attend. Bon tu sais que je vis avec Robin, donc ça va être assez petit pour trois personnes. Alors, je pense que je vais te laisser ma chambre et puis je dormirai sur le canapé. Le prénom de Robin me fait frissonner. Je sais très bien qu'ils sont colocataires et à vrai dire, ça m'enchante totalement. Je t'en pris Nicholas, on peut dormir ensemble. On est frère et soeur ! Il approuve mais ronchonne car je vais lui retirer sa vie privée. Je rigole.

J'ouvre la porte de l'appartement de Nicholas et Robin et entre. Robin est sur le canapé, devant la télé. Salut ! Je jette mon sac par terre et lui fait la bise. Bon, il y a du ménage à faire ici. Va falloir que je m'y mette si je comprends bien Je me dirige vers la cuisine et me prends un verre d'eau. Je me sens comme chez moi alors que j'ai quasiment jamais mit un pied dans cet appartement. Dis Nicholas, en plus d'avoir une soeur canon, tu nous trouves une fille qui fait le ménage. Moi, j'approuve. J'étouffe un petit rire quand je vois le regard que lance mon frère à Robin. D'accord, même si je craquais sur lui depuis mon plus jeune âge, je crois que je n'ai pas intérêt à l'approcher. Touches pas à ma soeur Rob.