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 JUSTIN ▽ fleuve d'oubli, jardin de la paresse

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MessageSujet: JUSTIN ▽ fleuve d'oubli, jardin de la paresse   JUSTIN ▽ fleuve d'oubli, jardin de la paresse EmptyMar 25 Sep - 16:21

fleuve d'oubli, jardin de la paresse

« Pour engloutir mes sanglots apaisés Rien ne me vaut l'abîme de ta couche ; L'oubli puissant habite sur ta bouche, Et le Léthé coule dans tes baisers. »


Silhouette affalée sur l’canapé. Loque humaine. Réduit à l’état d’poupée désarticulée. Laissée à l’abandon d’un esprit embrumé. C’la drogue, poison exquis, dangereux élixir qui s’écoule dans tes veines. Elle fout ta vie en l’air, aussi sûrement qu’une balle qui s’logerait dans ton crâne. Tout cela est inutile. Tu n’sers à rien. Personne t’regrettera s’tu crèves d’overdose c’soir. Qu’tu t’étouffes dans ton propre vomi comme l’grand Hendrix. Légende urbaine. L’crash inévitable de l’étoile filante contre le sol. Mais tu n’peux prétendre à c’statut, t’es pas même capable d’te souvenir des trois quarts d’ta misérable existence. Quelque part au fond d’toi, réside toujours c’mince espoir d’pouvoir tout retrouver un jour. Malgré c’que les conneries d’hommes en blanc ont pu t’faire pendant que t’étais encore inconscient. Tu voudrais connaître tes parents autrement qu’par les chiffres d’leur compte bancaire transférés sur l’tien ou encore les quelques paroles qu’Azaïs a pu t’livrer. Tu donnerais n’importe quoi pour combler ces trous d’mémoire. Peut-être qu’tu devrais tout plaquer, t’barrer d’Paname et d’retourner à Lyon, ta ville natale, à ce qu’il paraît du moins, peut-être que quelqu’un pourrait t’en dire plus là-bas. Mais voilà la flemme qui s’en mêle. L’idée d’ne pas t’rappeler d’ces inconnus qui seront persuadés t’connaître, t’fout les boules. Alors, tu restes à pourrir dans cet appartement trop grand pour toi. Tu tournes en rond. Fauve affamé, coincé dans sa cage. Mais voilà l'vilain marchand d'sable, qui t'jette ses grains à la gueule. Il vient déchirer ton innocence à la moelle, t'briser les espoirs avant qu'ils n'germent. Va donc suivre l'foutu lapin blanc et t'laisser sombrer dans c'trou.

Comme un mauvais remake d'Alice au pays des cauchemars. Pauvre fou, bienvenue au pays des tarés et des cinglés, des violeurs et des psychopathes, ceux qui devraient croupir au fond des hospices et ceux shootés aux médocs et attachés par des lanières d'cuir. Alors, va, cours, vole, visiteur, ne les laisse surtout pas t'approcher. Spirale infernale. Ça tourne trop. Tu chancèles. Tu t'écroules. On s'penche au-dessus d'ta tête. En dernier recours, tu tentes un sourire, encore dans les vapes. On t'soulève. On t'emporte. Tu t'envoles. T'as des ailes. Mais Icare tombe des nues en s'brûlant les ailes. La chute vertigineuse. L'sol qui s'rapproche d'plus en plus. T'voudrais pouvoir fermer les yeux pour n'pas à voir l'sol qui n'fait que s'rapprocher. La peur t'prend aux tripes. La collision t'semble inévitable. Tes cordes vocales ont cessé d'fonctionner. Tu n'laissera point échapper d'dernière parole, ni crénom, ni rosebud, seulement l'silence. L'vide intergalactique. L'choc n'vient pourtant pas. Volutes de fumée qui t'emportent. Par l’plus heureux des hasards, tu t’écrases sur l’autre chenille droguée qui passait pas là. Tu l’écoutes distraitement divaguer sur quelques discours pipausophique. Mais voilà l’bataillon d’cartes qui t’traine au chateur d’la reine rouge et sa tête disproportionnée. Tout cela est si improbable et irréaliste. C’est encore pire qu’tu pensais. Tu convulses d’rire devant elle. Ses joues virent aussi écarlates d’sa touffe de cheveux hirsute qui s’dresse sur son crâne. L’rire redouble, devant l’assistance médusée. Des bras t’emmènent, sans qu’tu t’arrêtes pour autant. Les larmes t’montent aux yeux, ta respiration s’fait trop courte, t’vas finir par étouffer à c’rythme là. Ils t’jettent au cachot noir, ton corps s’heurte aux murs d’pierre. L’rire s’coince dans ta gorge, tu t’arrêtes brusquement.

T’y restes pas longtemps. En deux temps trois mouvements, t’as déjà l’échafaud sous ton nez. T’fais d’ton mieux pour n’pas regarder sa majesté, tâche plus difficile qu’il n’y paraît. Les nobles sont présents, cour laide et déformée. Louis, quatorzième du nom, en aurait été horrifié. Quelle bande d’cinglés notoires. Les choses commencent sérieusement à tourner au vinaigre. Où est l’super-héros quand on a besoin d’lui ? Parce qu’tu ferais bien l’demoiselle en détresse là tout d’suite, quitte à t’humilier pour l’restant d’tes jours. Mais l’pire reste à venir. L’bourreau n’est pas masqué par l’habituelle cagoule noire, mais l’homme lui est vêtu d’cette blouse blanche caractérisque qu’tu connais qu’trop bien. C’est pieds et poings liés qu’la peur vient t’saisir. T’vois la hache luire sous les rayons d’soleil. L’visage infernal d’la mort imminente qui s’impose devant toi. Mais voilà, cette sonnerie horriblement stridente. T’ouvres brusquement les yeux. Il t’faut quelques secondes pour réaliser que t’es bien chez toi. Foutu mauvais rêve. La sonnerie retentit encore. Tu tentes d’te bouger du canapé jusqu’à la porte, non sans manquer d’perdre l’équilibre plusieurs fois. Bordel, c’que tu peux avoir mal au crâne. La flemme surmonte la paranoïa et tu parviens finalement à ouvrir la porte, sans passer quelques minutes à tenter de l’identifier par l’petit trou prévu à cet effet. Tant pis si c’est un pervers sexuel ou un psychopathe.
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JUSTIN ▽ fleuve d'oubli, jardin de la paresse

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